Le président français est critiqué pour ses propos sur les caricatures du Prophète. Dans plusieurs pays, manifestations et appels au boycott se multiplient.
Le Monde avec AFP Publié hier à 21h25, mis à jour hier à 22h35
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Des manifestants brûlent un portrait d’Emmanuel Macron en Libye, le 25 octobre. MAHMUD TURKIA / AFP
Le président de la République française, Emmanuel Macron, est depuis quelques jours sous le feu des critiques d’une partie du monde musulman, après ses propos sur les caricatures du prophète Mahomet. Lors d’un hommage rendu au professeur d’histoire-géographie assassiné Samuel Paty, mercredi à la Sorbonne, Il avait ainsi promis « ne pas renoncer » à ces dernières. Un outrage pour certains dirigeants politiques et religieux, élus mais aussi de simples citoyens.
La France a demandé, dimanche 25 octobre soir, aux gouvernements des pays concernés par cette vague de contestation à faire « cesser » les appels au boycott des produits français et les manifestations, provenant, selon Paris, d’une « minorité radicale ». Les autorités françaises souhaitent aussi que ces derniers s’engagent à « assurer la sécurité » des Français vivant sur leur sol.
« La liberté, nous la chérissons », écrit Macron sur Twitter
Dimanche soir, Emmanuel Macron s’est exprimé sur Twitter en trois langues, fait rare. « Notre histoire est celle de la lutte contre les tyrannies et les fanatismes. Nous continuerons », a écrit le président de la république, également cible d’attaques directes de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
« La liberté, nous la chérissons ; l’égalité, nous la garantissons ; la fraternité, nous la vivons avec intensité. Rien ne nous fera reculer, jamais », a tweeté le chef de l’Etat, avant d’ajouter ce message – traduit aussi en arabe et en anglais :
« Nous continuerons. Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix. Nous n’acceptons jamais les discours de haine et défendons le débat raisonnable. »
Du Maghreb au Moyen-Orient, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’attitude française
En Algérie, le chef du parti islamiste Parti de la justice et du développement a ainsi appelé au boycott de produits français et demandé la convocation de l’ambassadeur de France.
Au Maroc, le parti d’opposition Istiqlal (centre droit) a dénoncé « la persistance répétée à publier les dessins insultants à l’encontre du Prophète » ainsi que les « déclarations stigmatisantes de l’islam qui affectent le sentiment religieux commun des musulmans du monde, en premier ceux de France ». Le ministère des affaires étrangères a fait savoir que le royaume condamnait « vigoureusement la poursuite de la publication des caricatures outrageuses à l’islam et au Prophète », dénonçant des « actes qui reflètent l’immaturité de leurs auteurs » et affirmant « que la liberté des uns s’arrête là où commencent la liberté et les croyances des autres ».
En Tunisie, certains internautes ont critiqué les moyens employés pour défendre le Prophète, tourné en dérision les tentatives de boycott, et défendu la liberté d’expression.
Des manifestants piétinent un drapeau national français lors d’un rassemblement protestant contre les commentaires du président français Emmanuel Macron sur les caricatures du prophète Mahomet, sur la Place des Martyrs de la capitale libyenne, Tripoli, le 25 octobre. MAHMUD TURKIA / AFP
En Libye, des internautes ont appelé à manifester dimanche sur la grande place des Martyrs, dans le centre-ville de Tripoli. Mais moins de 70 personnes y ont répondu. Des portraits de M. Macron et des drapeaux français ont été piétinés et incendiés. Des scènes similaires avaient été observées la veille dans la bande de Gaza, et quelque 200 personnes s’étaient réunies devant la résidence de l’ambassadeur de France en Israël.
Un appel symbolique au boycott a aussi eu lieu à Bab Al-Hawa, point de passage frontalier du nord-ouest de la Syrie, aux mains des rebelles. Des manifestations ont aussi été organisées dans diverses régions échappant au contrôle de Damas, a détaillé à l’Agence France-Presse Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, précisant que des portraits de M. Macron avaient été brûlés.
Des hommes fixent une pancarte condamnant le président français Emmanuel Macron pour ses commentaires sur les caricatures du prophète Mahomet dans la ville d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, tenue par les rebelles le 25 octobre. OMAR HAJ KADOUR / AFP
En Jordanie, le ministre des affaires islamiques a estimé qu’« offenser » les prophètes ne relevait « pas de la liberté personnelle mais d’un crime qui encourage la violence ». Au Liban, la manifestation prévue devant l’ambassade de France dimanche n’a – comme la veille – attiré personne, à part des dizaines de soldats et de forces antiémeutes.
Au Koweït, le ministre des affaires étrangères, cheikh Ahmed Nasser Al-Mohammed Al-Sabah, a « rencontré » l’ambassadrice de France Anne-Claire Legendre. « Ils ont évoqué le crime odieux dont a été victime un enseignant français », selon un communiqué koweïtien, précisant que le ministre avait souligné « l’importance de mettre fin aux atteintes aux religions monothéistes et aux prophètes dans certains discours officiels (…) de nature à exacerber la haine ».
« Rien ne nous fera reculer » : Macron garde le cap face à la colère d’une partie du monde musulman
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