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Biographie de Maria al-Qibtiyya

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Biographie de Maria al-Qibtiyya

Maria al-Qibtiyya était une des épouses du prophète (as), ancienne esclave envoyée par Muqawqis, gouverneur d’Égypte, au prophète de l’islam. Seul l’honneur d’être l’épouse du prophète (as) permettait à Maria al-Qibtiyya de supporter cette société remplie d’ignorance où le prophète était le seul défenseur du monothéisme et profitait de chaque occasion, pour encourager les vertus morales notamment la valeur que l’islam donne aux vertueux et non aux riches, et non les valeurs en fonction des différences sociales ou des discriminations de ce monde. Le comportement du prophète (as) envers Maria al-Qibtiyya et la place de cette femme vertueuse dans la vie du prophète (as) le montrent bien. Elle

échappa aux calomnies avec le soutien du prophète (as), calomnies qui mettaient en question sa vertu mais aussi la vérité de la mission prophétique, acquérant une telle réputation qu’elle devint, grâce à l’aide de Dieu, honorée du titre de « mère d’Ibrahim », fils du prophète (as). Maria al-Qibtiyya était la fille de Sham’un et d’une femme romaine, et naquit dans la région de Gharieh’i Hafan en Égypte.

Aucun livre d’histoire ne fait allusion à ses origines et seul le nom de son père est cité, peut-être à cause du fait que pour les Arabes, une esclave n’avait pas de statut social et aussi parce que Maria al-Qibtiyya n’appartenait à aucune grande tribu arabe. La seule information est celle de la date de son entrée en Hedjaz, c'est-à-dire la 6ème ou la 7ème année de l’hégire.

L’invitation du prophète (as) aux dirigeants des autres pays

La 6ème année de l’Hégire, le prophète (as) envoya des ambassadeurs aux dirigeants de différents pays, pour les inviter à l’islam. Il envoya donc Hatib ibn Abi Balta'ah en Égypte, auprès de Muqawqis, gouverneur d’Égypte, avec une lettre dont voici le texte :

« Au nom de Dieu, clément et miséricordieux

Lette de Mohammad Ben Abdoullah à Muqawqis, gouverneur d’Égypte, avec mes salutations aux défenseurs de la vérité.

Je vous invite à vous soumettre à l’islam si vous le faites Dieu vous récompensera le double et dans le cas contraire, vous serez considérés comme responsable du péché des

Coptes. Nous disons ceci : « Dis : "Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous n'adorions qu'Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d'Allah". Puis, s'ils tournent le dos, dites : "Soyez témoins que nous, nous sommes soumis ». (Coran 3 :64) »

L’envoyé du prophète se rendit au palais de Muqawqis à qui il remit la lettre. Muqawqis lut la lettre et la plaça dans un récipient d’ivoire, puis il dit : « Si Mohammad est vraiment l’envoyé de Dieu, comment ses opposants ont-il pu l’expulser de sa terre natale et l’obliger à s’installer à

Médine ? Pourquoi ne les a-t-il pas maudits et exterminés ? »

L’émissaire répondit que Jésus (as) était l’envoyé de Dieu auquel ils croyaient et qu’il n’avait pas non plus maudits les fils d’Israël qui voulait l’assassiner.

Muqawqis reconnut qu’il avait raison et dit : « Bravo ! Tu es un homme intelligent, envoyé par un homme intelligent ! »

L’émissaire ajouta : « Avant vous, quelqu’un (le pharaon) régnait dans ce pays, qui se prenait pour Dieu. Dieu l’a anéanti et en a fait un exemple pour les nations. Tachez de ne pas devenir (comme lui) un exemple pour les gens ! Le prophète (as) nous a invités

à une religion pure et les Koraïchites l’ont combattu de façon injuste, ainsi que les juifs. Les gens les plus proches de lui sont les chrétiens. Je jure par Dieu, que Moise (as) a annoncé la prophétie de Jésus (as) comme Jésus a annoncé la prophétie de Mohammad (as). Nous vous invitons à l’islam comme vous avez invité les partisans de la Bible (les juifs) à l’Évangile. Tout peuple qui entendra l’invitation du prophète (as) doit le suivre. Je vous ai transmis l’invitation de Mohammad (as) et il vaudrait mieux que vous et votre peuple répondent à cette invitation ».

Après plusieurs jours, Muqawqis invita Hatib ibn Abi Balta'ah à lui parler de l’islam et du prophète, et à présenter ses particularités.

Hatib ibn Abi Balta'ah déclara que Mohammad invitait à l’adoration du Dieu unique et ordonnait de faire les prières cinq fois par jour, de jeûner un mois dans l’année, de faire le pèlerinage à la «Maison de Dieu », de respecter ses engagements et de s’abstenir de consommer du sang et des animaux morts. Puis il présenta certaines particularités du prophète de l’islam (as).

Muqawqis fut agréablement surpris et déclara qu’il pensait auparavant que le dernier prophète viendrait de Cham qui est la terre des prophètes mais qu’il avait compris qu’il était apparu en Hedjaz. Il ordonna ensuite à ses scriptes de rédiger une lettre en arabe qui disait :

« À Mohammad fils d’Abdoullah, de la part de Muqawqis, chef des Coptes.

Avec mes salutations. J’ai lu ta lettre et ce que tu avais écrit, et entendu ton invitation. Je pensais que le dernier prophète viendrait de Cham. J’ai bien reçu ton envoyé et j’envoie avec lui, deux esclaves, des habits tissés dans la grande région des Coptes et des montures, et termine cette lettre en te saluant ».

Muqawqis donna cette lettre à Hatib en s’excusant de ne pas pouvoir accepter l’invitation du prophète (as), lui conseillant de ne pas divulguer ce qu’il avait vu et entendu. Hatib revint à Médine avec deux esclaves nommées Maria et Sirin, un eunuque, 4000 grammes d’or, vingt vêtements tissés en Égypte, un mulet gris, du miel, de l’encens, du musc et des parfums.

Maria et sa sœur pleuraient à chaudes larmes sur la route de Médine, pensant que leur vie s’arrêterait et qu’elles ne connaitraient jamais le bonheur. Hatib se rendit compte de leur peine et leur raconta des récits sur la Mecque et Hedjaz, leur parla de l’islam et du prophète, et en entendant ces paroles sur la grandeur de l’islam, le prophète et sa grande bonté, elles se convertirent à l’islam. Ce groupe arriva à Médine la 7ème année de l’hégire, alors que le prophète venait de rentrer d’Éthiopie.

Hatib se rendit auprès du prophète (as) pour lui faire le rapport de son voyage et lui remettre les cadeaux du gouverneur égyptien. Le prophète (as) épousa Maria peu de temps après, et maria sa sœur à Hesan ben Thabet qui était un poète célèbre, puis distribua les cadeaux aux compagnons.

Un an après, Maria qui était très satisfaite de la place qu’elle avait auprès du prophète (as) dont elle recherchait constamment la satisfaction, accoucha d’un fils au mois de Zil Hadjah. La sage femme nommée Salami, annonça la naissance à son mari Abou Rafe’ qui l’annonça au prophète (as) qui lui offrit un esclave et nomma son fils Ibrahim, du nom de son ancêtre Abraham. Il tua un

mouton le 7ème jour, et offrit le poids de ses cheveux en argent aux pauvres.

Anas ibn Malik a déclaré : « Quand Ibrahim est né, l’Ange Gabriel s’est adressé au prophète (as) de cette manière : « Salut à toi, père d’Ibrahim ».

Après la naissance d’Ibrahim, le prophète (as) dit : « Hier soir, j’ai eu un fils que j’ai nommé Ibrahim, du nom de mon père (mon ancêtre Abraham)»

Les femmes de Médine se disputaient l’honneur d’allaiter Ibrahim pour se rapprocher de Maria et ce fut Umm Khuleh bint Manzar ben Zeid qui eut cet honneur. Mais Ibrahim tomba

gravement malade et le prophète (as) très affligé déclara :

يا إبراهِيم لَو لا اَنَّهُ اَمْرٌ حَقٌّ وَوَعْدٌ صِدقٌ، وَأنَّ آخِرَنا سَيَلْحَقُ بِأوَّلِنا، لَحَزِنّا عَلَيْكَ حُزْناً هُوَ اَشَدُّ مِنْ هذا، تَدْمَعُ الْعَيْنُ وَ يَحْزَنُ الْقَلْبُ وَ لا نَقُولُ إلاّ ما يَرضي رَبَّنا وَاللهُ يا إبْراهِيم، إنّا بِكَ لَمَحْزُونُون.

« Ibrahim, si la mort n’était pas une promesse et une volonté divines, et si nous n’étions pas à la fin, destinés à ce qui avait été écrit au début, nous serions plus peinés par ce qui t’arrive, nos yeux sont remplis de larmes et nos cœurs de tristesse, mais nous ne dirons rien qui déplaise à Dieu bien qu’Ibrahim, ta disparition et ta mort nous rendent très tristes »

Certains s’étonnèrent de ce discours et dirent au prophète (as) qu’il leur avait auparavant interdit de pleurer, le

prophète (as) leur répondit qu’il ne leur avait pas interdit de pleurer lors de la perte de leurs proches car cela était un signe de bonté et que celui qui n’avait pas de chagrin face à la peine des autres, n’obtiendrait pas la grâce divine.

Le prophète (as) ordonna qu’on lave et qu’on mette Ibrahim dans un linceul, puis il prit son corps et l’enterra au cimetière de Baghi où se trouve sa tombe actuellement.

Le jour de la mort d’Ibrahim, il y eut une éclipse solaire à Médine, les gens prétendirent que c’était à cause du décès d’Ibrahim. Le prophète (as) entendant ces paroles, monta en chaire et déclara :

اَيُّهَا النّاس إنَّ الشَّمْسَ وَ الْقَمَرَ آيَتانِ مِنْ آيات ِاللهِ لاتَخْسِفانِ لِمَوْتِ اَحَدٍ وَلا لِحَياتِهِ.

« Le soleil et la lune sont deux signes du pouvoir de Dieu et sont sous Son contrôle, et une éclipse n’arrive pas à cause de la mort ou de la naissance de quelqu’un ».

Des revayats ont rapporté qu’il a dit :

إنَّ الشَّمْسَ وَالْقَمَرَ لايَنْكَسِفانِ لِمَوْتِ اَحَدٍ وَلا لِحَياتِهِ فَإذا رَأيْتُمْ فَصَلُّوا وَادْعُوا الله.

« Une éclipse du soleil ou de la lune n’arrive pas à cause de la mort ou de la naissance de quelqu’un. Si vous assistez à une éclipse, faites la prière ».

Maria fut très attristée par la mort d’Ibrahim et répétait sans cesse le verset de la sourate Baghara :

"اِنّا لِلّه وَاِنّا اِلَيهِ راجِعُون" (156)

Maria aimait beaucoup le récit d’Adjar que Dieu avait aidée alors qu’elle était

seule en faisant jaillir la source de Zamzam. Elle savait que le récit d’adjar resterait dans l’histoire et que son parcours entre Safa et Marwa deviendrait une des principales cérémonies du Hadj. Elle comparait sa vie à celle d’Adjar, deux esclaves devenues épouses d’un prophète, avec la seule différence qu’Adjar était la mère d’Ismail et que Maria n’avait pas s’enfant du prophète (as). Après le décès de Khadija, le prophète (as) n’eut aucun enfant de ses autres épouses, c’est seulement de Khadija qu’il eut six enfants dont deux fils, Abdoullah et Ghassem qui décédèrent dans l’enfance.

Maria resta un an dans la maison de Hareth ben Na’man, puis sur sa demande partit au nord de Médine, dans une petite palmeraie nommée

actuellement « Mashrabeh Umm Ibrahim » où elle accoucha d’Ibrahim et où les pèlerins sont invités à faire une prière lors du hadj. Cet endroit est aujourd’hui, devenu un cimetière abandonné où se trouve la tombe de la mère de l’Imam Reza (as), de descendants des Saints Imams (as) et de partisans des Ah-ul-bayt (as). Actuellement de hauts murs ont été construits pour empêcher que les pèlerins viennent dans ce lieu.

Au sujet des grandes qualités morales de Maria, on a dit qu’elle était une femme vertueuse et généreuse, que le prophète aimait beaucoup. Le prophète (as) avait dit à son sujet : « Comportez vous bien avec les Égyptiens, lors de la conquête de l’Égypte, car je suis leur gendre »

Hazrat Ali (as) et Fatemeh Zahra (as) avait pour Maria une attention particulière et furent très heureux lors de la naissance d’Ibrahim. Après le décès du prophète (as), les deux premiers califes lui accordèrent un salaire pour lui permettre de vivre.

Il ne fait aucun doute que le premier verset de la sourate al-Tahrim a été révélé au sujet de Maria al-Qibtiyya dont les qualités et l’attention que lui vouait le prophète (as) avaient attiré la jalousie de certaines autres épouses. Ce verset s’adresse au prophète (as) en ces termes :

 

"يا ايّها النّبيّ لم تحرّم ما أحلّ الله لک تبتغي مرضات أزواجک و الله غفورٌ رحيم".

1. Ô Prophète! Pourquoi, en recherchant l'agrément de tes femmes,

t'interdis-tu ce qu'Allah t'a rendu licite? Et Allah est Pardonneur, Très Miséricordieux.

Les hadiths de certains livres chiites disent que les versets 11 à 13 de la sourate Noor :

11. Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Ne pensez pas que c'est un mal pour vous, mais plutôt, c'est un bien pour vous. A chacun d'eux ce qu'il s'est acquis comme pêché. Celui d'entre eux qui s'est chargé de la plus grande part aura un énorme châtiment. 12. Pourquoi, lorsque vous l'avez entendue [cette calomnie], les croyants et les croyantes n'ont-ils pas, en eux-mêmes, conjecturé favorablement, et n'ont-ils pas dit : "C'est une calomnie évidente? "

concernent ceux qui avaient fait des déclarations au sujet de Maria, selon lesquelles Ibrahim ne serait pas le fils du prophète (as) mais le fils d’un copte nommé Jarih, esclave envoyé au prophète (as) par Muqawqis, avec Maria.

Ce verset interdisait toute critique de la famille du prophète (as) et de Maria qui décéda cinq ans après le prophète (as), au mois de Muharrem de la 16ème année de l’hégire, et fut enterrée après la prière mortuaire dirigée par le second calife, au cimetière de Baghi.

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