la philosophie du jeûne du mois Ramadan

Rate this item
(0 votes)
la philosophie du jeûne du mois Ramadan
C’est un verset du Coran qui institue le ramadan, neuvième mois du calendrier hégirien, en mois de jeûne : « Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés. Peut- être serez-vous pieux ? »
 
Mais comme l’indique ce verset, le jeûne religieux est une pratique antérieure à l’islam. Les fidèles d’Abraham jeûnaient aux éclipses, aux équinoxes et aux solstices. La religion israélite prévoit des jeûnes périodiques, dont le Yom Kippour est le plus célèbre. Le carême est une période de 40 jours, où le chrétien se prépare chaque année à vivre les Pâques en jeûnant. Les Sabéens jeûnaient 30 jours par an ; les plus pieux jeûnaient le dimanche et le lundi. Zoroastriens, totémistes, prêtres indiens d’Amérique jeûnent à diverses occasions.
 
Selon les exégèses du Coran, la raison essentielle de ce jeûne est exprimée dans le verset : « Peut-être serez-vous pieux ? » La piété, l’investissement au service de Dieu, est donc l’objectif recherché par le jeûneur musulman.
 
 
 
De la nature de l’Homme en islam
 
Le jeûne est en rapport avec la nature de l’humain qu’enseigne le Coran. L’être humain, dans le Coran, est constitué d’une entité d’essence matérielle et d’une entité d’essence spirituelle. À l’image d’une statue, faite d’un matériau et de formes, l’être humain est la conjonction des cellules de son corps et des valeurs en son âme.
 
À la manière des animaux, le projet de l’entité génétique est de satisfaire ses besoins pour continuer à fonctionner. Dans ses réflexes, il penche inexorablement vers les conditions qui entretiennent sa survie, son bien-être, son confort. Fait de cellules matérielles, le corps se nourrit d’autres cellules matérielles. Il est localisé dans l’espace et le temps, où il se déplace et vieillit.
 
Il en est autrement pour l’âme. La quête de conscience est projet essentiel de l’âme. Par nature, elle est porteuse de valeurs et se nourrit d’éthique. Dans son « association » avec l’entité corporelle, l’âme humaine est comparable à un cavalier sur sa monture. Le cavalier n’est pas la monture. Mais qu’est-ce qu’un cavalier sans monture ? Le fait est que nos cinq sens sont continuellement sollicités par les besoins naturels de l’entité génétique. Cette demande est pressante et continue. Elle est capable de remplir une existence humaine avec le risque d’endormir l’âme, de la détourner de son projet.
 
Le dispositif islamique instaure cinq moments de répit quotidiens appelé la salât, la prière musulmane. C’est un exercice spirituel au rituel codé, dont le but est de rappeler l’âme à son projet spirituel. Le jeûne du mois de ramadan est un exercice qui s’inscrit dans cette optique.
 
 
 
Un training spirituel intensif
 
En s’abstenant de manger, de boire et de volupté, du lever au coucher du soleil, le jeûneur musulman contrecarre des penchants naturels de son corps. En réfrénant discours et initiatives superflus, il s’exerce à discipliner son mental. Il raffermit sa volonté, car il voit poindre ses pulsions et se dispose à les appréhender pour les canaliser.
 
Certains besoins physiques étant sublimés, contenus et reportés dans le temps, le jeûneur échappe à leur emprise et devient mieux disponible à l’expérience spirituelle. Durant ce mois sacré, le musulman intensifie ses exercices spirituels. Méditation, recueillement, charité sont ses priorités.
 
L’heure du repas, l’iftar, sonne alors une victoire, dont la saveur est profondément intime. Ni régime diététique ni ramdam nocturne, le jeûne du ramadan n’est pas une mortification du corps. Il se veut un mois de training intensif, où l’entité génétique est affaiblie, coupée de ses sources d’énergie, et l’entité spirituelle est revigorée, nourrie d’actes de piété.
 
C’est pourquoi la symbolique coranique cite ar-Rayyân, une des portes du Paradis spécialement réservée aux jeûneurs !
Read 2304 times