Au nom d’Allah le Très Miséricordieux le Plus Miséricordieux
*Les crimes de Mu'awiya contraires à l’islam*
Il faut savoir que les transgressions de Mu‘âwiya envers la loi islamique sont très nombreuses et ne peuvent être recensées dans une seule réponse. Elles se divisent en trois catégories :
1. Celles par lesquelles il s’est écarté de la foi et de la religion.
2. Celles qui vont à l’encontre de la législation islamique.
3. Celles où il a ignoré les valeurs célestes, les principes humanistes de l’islam et son éthique morale.
Nous présenterons ici des exemples, en nous limitant à ses crimes et ses actes d’impiété.
*1. Sa menace d’enterrer le souvenir du Prophète (pslf) et de l’effacer de l’existence :*
Le juge et savant de La Mecque, al-Zubayr ibn Bakkâr, ainsi qu’Ibn Abî al-Hadîd al-Mu‘tazilî et d’autres ont rapporté d’après al-Mutarrif ibn al-Mughîrah ibn Shu‘bah, d’après son père, que Mu‘âwiya lui dit au cours d’une longue conversation : « … Et certes, le fils d’Abî Kabsha [c’est-à-dire le Prophète (pslf)] est proclamé cinq fois par jour : “J’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu”. Quel acte ou quelle renommée pourrait subsister après cela ?
*2. Sa participation dans le meurtre de l'Émir des croyants (paix sur lui) :*
Il a participé au meurtre de l'Émir des croyants (paix sur lui) en l’ayant planifié de concert avec ‘Amr ibn al-‘Āṣ et al-Ash‘ath ibn Qays.
*3. Sa participation dans l’assassinat de l’Imam al-Hassan (paix sur lui) :*
Il a contribué à son empoisonnement (paix sur lui) avec la complicité de son fils Yazid, de Marwān ibn al-Ḥakam, alors gouverneur de Médine ainsi que de Ju‘ayda bint al-Ash‘ath.
Ce fait a été rapporté par plusieurs savants sunnites [voir : Maqātil al-Ṭālibiyyīn p.30 ; Tadhkirat al-Khawāṣṣ p.191 ; ‘Uyūn al-Anbā’ p.173 ; Masālik al-Abṣār t.9 p.322 ; al-Ta‘rīf bi-l-Ansāb t.1 p.3 ; Rabī‘ al-Abrār t.1 p.438, entre autres].
*4. Il ordonna à ses gouverneurs d’insulter l’Imam ‘Alī (paix sur lui) :*
Muslim a rapporté dans son Ṣaḥīḥ d’après ‘Āmir ibn Sa‘d ibn Abī Waqqāṣ, d’après son père, qui dit : « Mu‘āwiya ibn Abī Sufyān ordonna à Sa‘d : “Qu’est-ce qui t’empêche d’insulter Abū al-Turāb (l’Imam ‘Ali) ?”
Il répondit : “Je me souviens de trois choses que le Messager d’Allāh (paix et salut sur lui [et sa famille]) a dites à son sujet, je ne l’insulterai jamais…”» [Ṣaḥīḥ Muslim, vol. 7, p. 120]
De nombreux savants sunnites ont déclaré explicitement que Mu‘āwiya insultait l’Amir al-Mu’minīn (Alī, paix sur lui), qu’il ordonnait aux gens de l’insulter, et qu’il avait donné cet ordre à Sa‘d.
Al-Balādhurī, al-Ṭabarī et Ibn al-Athīr ont rapporté que lorsque Mu‘āwiya nomma al-Mughīra ibn Shu‘ba gouverneur de Kūfa en l’an 41 (de l’hégire), il le convoqua pour lui faire plusieurs recommandations, parmi lesquelles il lui dit : « … Et je ne vais pas omettre de te recommander une chose : ne cesse pas d’insulter Alī, de le dénigrer, de prier pour ‘Uthmān et de demander pardon pour lui, de critiquer les partisans de Alī et de les écarter, et d’exalter les partisans de Uthmān et de les rapprocher… » [Sources : Ansāb al-Ashrāf vol. 5 p. 243, Tārīkh al-Ṭabarī vol. 4 p. 187, al-Kāmil fī al-Tārīkh vol. 3 p. 472].
Alors que les savants sunnites ont rapporté dans leurs livres de hadiths d’après Abū ‘Abd Allāh al-Jadalī, qui a dit : « Je suis entré auprès de Umm Salama. Elle m’a dit : « Est-ce que le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille) est insulté parmi vous ? »
J’ai répondu : « Qu’Allah nous en préserve ! Gloire à Dieu ! ou une parole similaire. »
Elle dit alors : « J’ai entendu le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille) dire : “Celui qui insulte Alī, c’est comme s’il m’avait insulté.” »
[Sources : Musnad Aḥmad vol. 44 p. 329 ; Sunan al-Nasā’ī vol. 7 p. 441 ; al-Mustadrak vol. 6 p. 36]
Et al-Arna'ūṭ a déclaré : « Sa chaîne de transmission est authentique ».
Et les savants des deux écoles – chiites et sunnites – sont unanimes quant au fait que celui qui insulte le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui et sa famille) est considéré comme mécréant, et que son châtiment est la peine de mort, sans aucune divergence à ce sujet.
[Voir : al-Ṣārim al-Maslūl p. 4 ; Jawāhir al-Kalām vol. 41 p. 432]
*5. Son appel aux gens à renier Alī (paix sur lui), sous peine de mort :*
Ma‘āwiya a mis à mort de nombreux musulmans en toute connaissance de cause, après les avoir sommés de renier l’Imam Alī (paix sur lui), ce qu’ils ont refusé de faire.
Parmi eux figure, par exemple, le vénérable compagnon Ḥujr ibn ‘Adiyy al-Kindī, réputé pour sa piété et sa droiture, ainsi que ses six compagnons. Ibn Khaldūn rapporte : « Ḥujr fit ses ablutions, pria, puis ils le tuèrent, ainsi que six autres avec lui : Shurayk ibn Shaddād, Ṣayfī ibn Faḍīl, Qabīṣa ibn Ḥanīfa, Muḥriz ibn Shihāb, Karām ibn Ḥabbān. Ils les enterrèrent et prièrent sur eux sous l’imamat de ‘Abd al-Raḥmān ibn Ḥassān al-‘Anazī. Puis Karīm ibn al-Khath‘amī fut amené à Ma‘āwiya qui lui demanda de renier Alī. Il garda le silence. Samura ibn ‘Abd Allāh al-Khath‘amī intercéda en sa faveur auprès de Ma‘āwiya, qui accepta de l’épargner à condition qu’il ne remette plus les pieds à Kūfa. Il s’installa alors à Mossoul.
Ensuite, Ma‘āwiya interrogea ‘Abd al-Raḥmān ibn Ḥassān au sujet de ‘
Alī, et celui-ci en dit du bien. Lorsqu’il fut interrogé sur Uthmān, il répondit : "Il fut le premier à ouvrir la porte de l’injustice et à fermer celle de la vérité". Alors Ma‘āwiya le renvoya à Ziyād pour qu’il le tue de la pire des manières. Il fut enterré vivant, devenant ainsi le septième de ses compagnons à subir ce sort. »
[Tārīkh Ibn Khaldūn, vol. 3, p. 13 ; Siyar A‘lām al-Nubalā, vol. 3, p. 462 ; al-Awāṣim min al-Qawāṣim, p. 219]
Et les savants de la majorité (ahl al-sunna) ont rapporté avec leur chaîne de transmission d’après Ibn Luhay‘a, qui a dit : «Lorsque Mu‘âwiya accomplit le pèlerinage, il entra chez ‘Â’isha.
Elle lui dit : « Ô Mu‘âwiya ! As-tu tué Ḥujr et ses compagnons ?! Par Dieu ! Tu as tué à Marj ‘Adhrâ’ sept personnes pour lesquelles Dieu et les habitants des cieux se mettent en colère ! »
Il répondit : « Ô Mère des croyants, je n’avais point à mes côtés un homme de bon conseil !» [Références : Târîkh al-Ya‘qûbî, vol. 2, p. 231 ; Mir’ât al-zamân, vol. 7, p. 237].
*6. La terreur répandue par Mu‘âwiya et son effusion du sang des musulmans, jeunes et vieux :*
Il est bien connu parmi tous les musulmans – et de nombreux savants sunnites l'ont confirmé – que Mu‘âwiya a nommé Busr ibn Arṭāt commandant d'une grande armée, qu'il a envoyée vers le Ḥijāz, Médine, La Mecque et le Yémen. Il y a commis des massacres d'une violence inédite dans l'histoire des musulmans.
À ce sujet, Ibn Abî al-Ḥadîd écrit : « Il convoqua Busr ibn Abî Arṭāt – un homme dur de cœur, brutal, assoiffé de sang, sans pitié ni compassion – et lui ordonna de prendre la route du Ḥijāz, de Médine, de La Mecque jusqu’au Yémen.
Il lui dit : « Ne t’installe dans aucune ville dont les habitants soutiennent Alî sans les terroriser par tes paroles, au point qu’ils croient qu’il n’y a aucun salut possible et que tu es sur le point de les anéantir. Ensuite, abstiens-toi [de les tuer], et appelle-les à prêter allégeance à moi. Si quelqu’un refuse, tue-le, et tue les partisans de Alî où qu’ils soient. »
[Sharḥ Nahj al-Balāgha, vol. 2, p. 6 ; voir aussi Tārīkh al-Ya‘qūbī, vol. 2, p. 197].
Busr resta un mois à Médine, où il fit couler le sang de nombreux compagnons du Prophète, de leurs disciples et des partisans de l’Imam Alî (paix sur lui). Il disait : « Quiconque a soutenu Uthmân, on le laisse, mais celui qui a aidé à sa chute, on le tue. » Il disait aussi : « Ô gens de Médine, si ce n’était l’engagement de l’Émir des croyants [Mu‘âwiya], je n’aurais laissé aucun adolescent vivant ici sans le tuer. »
Il tua ensuite un grand nombre de personnes au Yémen, où il commit des massacres sanglants, égorgea soixante-dix vieillards, et tua certains enfants sur les marches des bouchers, devant les yeux de leurs mères. Il fit cela notamment aux deux fils de ‘Ubayd Allâh ibn al-‘Abbâs, alors que leur mère assistait à la scène, ce qui la rendit folle de douleur et elle erra par la suite sans but.
[Voir : Tārīkh al-Islām, vol. 5, p. 369 ; Al-Bidāyah wa al-Nihāyah, vol. 10, p. 682 ; Al-Muqaffā al-Kabīr, vol. 2, p. 241].
*7. La captivité et la vente des femmes musulmanes par les armées de Muʿâwiya :*
Les armées de Muʿâwiya ont commis des actes qu’aucune autre armée islamique n’avait osé commettre auparavant. En effet, les femmes musulmanes capturées par Busr ibn Arṭât — notamment de la tribu de Hamdân ainsi que des femmes du Yémen — furent prises en esclavage puis exposées et vendues sur les marchés comme butin.
Plusieurs savants sunnites ont rapporté ces faits sans les contester, parmi eux : Ibn Abî Shayba, Ibn Abd al-Barr, al-Dhahabî, al-Ṣafadî, et d’autres encore.
[Voir : Al-Muṣannaf d’Ibn Abî Shayba, vol. 21, p. 385 ; Al-Istîʿâb, vol. 1, p. 161 ; Tārīkh al-Islām, vol. 5, p. 369 ; Al-Wāfī bi al-Wafayāt, vol. 10, p. 82].
*8. L'incendie et la destruction des maisons des musulmans par les troupes de Muʿâwiya :*
Le commandant des armées de Muʿâwiya, Busr ibn Arṭāt, a incendié de nombreuses demeures de musulmans à Médine, y compris celles de certains Compagnons du Prophète (paix sur lui). Parmi les maisons brûlées figurent celle de Zurārah ibn Ḥarūn — des Banū ʿAmr ibn ʿAwf —, celle de Rifāʿa ibn Rāfiʿ al-Zuraqī, ainsi qu’une maison appartenant à Ibn Abī Ayyūb al-Anṣārī, entre autres. Il a également fait démolir encore plus de maisons que celles qu’il a brûlées.
[Voir : Sharḥ Nahj al-Balāgha d’Ibn Abī al-Ḥadīd, vol. 3, p. 10 ; Al-Bidāya wa al-Nihāya, vol. 10, p. 682].
*9. Le pillage des biens des musulmans et des effets des pèlerins par les troupes de Muʿâwiya :*
Selon un récit d’Ibn Masʿadah — commandant dans l’armée de Muʿâwiya, ce dernier donna l’ordre à Ḍaḥḥāk ibn Qays al-Fihri de se diriger vers la région de Koufa : « Passe par les alentours de Koufa en restant à distance autant que possible. Si tu trouves des bédouins fidèles à ʿAlī, attaque-les. Et s’ils possèdent des biens ou des chevaux, attaque-les aussi. Passe la journée dans un endroit, et la nuit dans un autre. Ne reste jamais sur place si tu apprends que des renforts ennemis viennent vers toi. »
Muʿâwiya envoya avec lui une troupe de trois à quatre mille cavaliers. Ḍaḥḥāk se mit alors à piller les biens des gens et à tuer ceux qu’il croisait parmi les bédouins. Il passa par la région de Thaʿlabiyya, où ses cavaliers attaquèrent les pèlerins, s’emparèrent de leurs effets, puis continuèrent leur chemin.
Ils croisèrent ensuite Amr ibn ʿUmays — neveu de ʿAbd Allah ibn Masʿūd, le célèbre compagnon du Prophète (paix sur lui et sa famille) — et le tuèrent près de Qaṭqaṭāna, sur la route du pèlerinage, avec un certain nombre de ses compagnons.
[Références : Al-Ghārāt, vol. 2, p. 422 ; Sharḥ Nahj al-Balāgha d’Ibn Abī al-Ḥadīd, vol. 2, p. 116.]
*10. L’assassinat de plusieurs compagnons et successeurs par Muʿâwiya :*
Muʿâwiya fit exécuter un certain nombre de compagnons du Prophète (paix et bénédictions sur lui et sa famille) ainsi que des successeurs parmi les meilleurs musulmans, soit par haine personnelle, soit pour consolider son pouvoir. Parmi ceux qui furent tués figurent : Saʿd ibn Abī Waqqāṣ, Mālik al-Ashtar, Ṣaʿṣaʿa ibn Ṣūḥān, Muḥammad ibn Abī Bakr et ʿAbd al-Raḥmān ibn Abī Bakr.
Al-Bukhārī, Ibn Abī ʿĀṣim, et al-Ṭabarānī rapportent, par différentes chaînes de transmission, un dialogue entre Marwān ibn al-Ḥakam, Saʿīd ibn al-Musayyab, et al-Qāsim : « Muʿâwiya vint à Médine et demanda à être reçu par ʿĀʾisha. Elle lui permit d’entrer seul, sans que personne ne l’accompagne. Lorsqu’il entra, ʿĀʾisha lui dit : “N’as-tu pas craint que je place ici un homme pour te tuer, comme tu as tué mon frère Muḥammad ibn Abī Bakr ?” Il répondit : “Tu n’aurais jamais fait cela.” Elle dit : “Et pourquoi donc ?” Il répondit : “Parce que je suis dans une maison sûre.” Elle dit : “C’est vrai.” »
[Références : Al-Tārīkh al-Awsaṭ, vol. 1, p. 95 ; Al-Āḥād wa al-Mathānī, vol. 1, p. 474 ; Al-Muʿjam al-Kabīr, vol. 9, p. 319.]
En plus de ceux qu'il a tués à Ṣiffīn, où le nombre atteint, selon les sources, environ vingt-cinq mille soldats de l'armée de l'Imam ʿAlī (que la paix soit sur lui), parmi lesquels plus de cent compagnons, dont vingt-cinq qui avaient assisté à la bataille de Badr, tels que ʿAmmar ibn Yāsir, Abū al-Haytham ibn al-Tayyahān, al-Ḥuzayma ibn Thābit al-Ansārī (le détenteur des deux témoignages), Thābit ibn ʿUbād al-Ansārī, Abū Faḍāla al-Ansārī, et d'autres, ainsi que parmi les successeurs, Ūways al-Qarnī.
L'une des particularités de Muʿāwiya est l'histoire d'Amr ibn al-Ḥimāq al-Khuzāʿī, qui avait fui son autorité. Muʿāwiya fit emprisonner sa femme pendant deux ans et envoya des hommes pour le traquer. Lorsqu'ils le retrouvèrent mort, ils lui coupèrent la tête et l'envoyèrent à Marwān ibn al-Ḥakam, qui l'envoya à son tour à Muʿāwiya. Celui-ci fit exposer la tête aux yeux des gens, avant de l'envoyer à la femme du martyr en prison, ce qui fit d'elle la première tête transportée d'une ville à l'autre dans l’histoire de l’islam !
Tout cela n'est qu'un petit aperçu de ses crimes, et ce qui est caché est bien plus grand.
Louange à Allah, le Seigneur des mondes.