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Le rôle de l'Imam Al-Jawad (paix soit sur lui) dans la consolidation de la croyance

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Le rôle de l'Imam Al-Jawad (paix soit sur lui) dans la consolidation de la croyance

Au nom d’Allah le Très Misericordieux le Plus Miséricordieux

*Le rôle de l'Imam Al-Jawad (paix soit sur lui) dans la consolidation de la croyance*

_Quel est le rôle doctrinal que l'Imam Al-Jawad (paix soit sur lui) a pu jouer, et dont la communauté a profité malgré son jeune âge et la brièveté de sa vie ?_

Nul ne peut nier que la jeunesse et la courte durée constituent des facteurs influençant négativement les entreprises, qu'elles soient à vocation spirituelle ou non. Toutefois, cet impact défavorable n'est pas absolu ; il ne se manifeste pleinement que lorsque ces entreprises sont privées de la sollicitude divine et des flots de la Grâce providentielle.
Il est indéniable que la jeunesse et la brièveté du temps constituent généralement des facteurs handicapants pour toute entreprise, qu'elle soit à vocation spirituelle ou autre. Néanmoins, cet impact restrictif n'a rien d'absolu : il ne s'applique qu'aux projets privés de la sollicitude divine et des flux de la Grâce providentielle. Dans le cas contraire, la Volonté et la Puissance d'Allah – exalté soit-Il – transcendent toute limite spatio-temporelle et défient toute contingence matérielle, conformément à Sa parole : {Quand Il veut une chose, Son commandement consiste à dire : "Sois", et c'est.} (Sourate Yâ-Sîn, 82).

Par conséquent, l'échec ne saurait concerner un projet comme celui de l'Imamat et des missions assumées par les Imams (que la paix soit sur eux). En effet, toutes leurs actions étaient le fruit d'un plan divin et d'une gestion providentielle que les Imams (as) ont su mettre en œuvre de manière parfaite. Ils ont su appréhender avec sagesse les circonstances et les conditions de leur époque, accomplissant ainsi leurs missions avec succès grâce aux bénédictions du tawakkul (confiance en Dieu), au recours à Lui et à leur parfaite obéissance à Sa volonté. Ainsi, le succès fut leur compagnon et la réussite couronna leurs entreprises.

C'est ainsi que les bénédictions du rôle doctrinal de l'Imam al-Jawad (p) se manifestèrent comme une victoire éclatante pour le chiisme et ses adeptes. Son action correspondait parfaitement à la description rapportée par Yahya as-San'ani : « J'entrai chez Abû al-Hasan ar-Ridâ (p) à La Mecque alors qu'il épluchait des bananes pour les donner à manger à Abû Ja'far (l'Imam al-Jawad). Je lui demandai : Que je sois ton sacrifice, est-ce ce nouveau-né béni ? Il répondit : "Oui Yahyâ, c'est cet enfant dont la naissance n'a pas d'équivalent en Islam - un nourrisson dont la bénédiction pour nos partisans est plus grande encore." » [Al-Kâfî, vol.6 p.360]

L'importance de son rôle (p) apparaît clairement lorsqu'on l'examine sous différents aspects :

Premier aspect : Préparer les esprits à accepter l'Imamat de l'Imam al-Mahdi (que Dieu hâte son apparition) malgré son jeune âge.
Il est évident que l'Imam al-Mahdi (que Dieu hâte son apparition) assuma l'Imamat à l'âge de cinq ans seulement. Pourtant, les chiites acceptèrent cela tout à fait naturellement. Son jeune âge ne constitua jamais pour eux un obstacle à le reconnaître comme preuve entre eux et Dieu, ni à affirmer son Imamat de génération en génération.
Le mérite de cette acceptation et de cette soumission revient avant tout à notre maître l'Imam al-Jawad (que la paix soit sur lui). En effet, lorsqu'il assuma l'Imamat à l'âge de sept ans, il dut personnellement faire face aux réactions de la communauté chiite et atténua le choc qui les avait frappés. Cela alors que la conception dominante parmi la grande majorité d'entre eux était que l'Imamat ne pouvait être conféré qu'à une personne avancée en âge. Cette réticence initiale trouvait probablement sa source dans le fait que tous les Imams ayant précédé l'Imam al-Jawad (que la paix soit sur lui et sur eux) avaient largement dépassé l'âge de la majorité religieuse (taklîf). En effet, le plus jeune à avoir assumé l'Imamat avant lui était l'Imam Mûsâ al-Kâzim (p), qui avait alors vingt ans.

Ainsi, confier l'Imamat à un enfant de sept ans constituait une situation totalement inédite pour eux. Ils imaginèrent donc non seulement son improbabilité, mais même son impossibilité. Dans ce contexte, leur acceptation, leur consentement et leur soumission à l'Imamat d'un jeune enfant représentaient un défi considérable, nécessitant un effort multidimensionnel. C'est précisément cette tâche que notre Imam al-Jawad (que la paix soit sur lui) assuma pleinement et accomplit de la manière la plus parfaite.
En effet, il parvint à prouver son imamat et sa légitimité spirituelle par des preuves qui suscitent la certitude et la conviction, non seulement chez les chiites, mais également chez les sunnites, y compris leurs savants et leurs autorités. Ce témoignage lui fut accordé en raison de la science qu’il manifesta dans divers domaines : l’exégèse coranique, le hadith, le fiqh, la théologie, l’histoire des prophètes et des nations, et bien d’autres encore. Sans parler de ses nombreux débats au cours desquels il réduisit ses adversaires au silence. [Voir : Al-Iḥtijāj, vol. 2, p. 238]

Cela amena ses contemporains parmi les savants des autres écoles à lui reconnaître science et mérite. L’éclat de sa renommée suscita même l’étonnement du calife al-Mu‘taṣim, qui organisa lui-même pour lui des débats au sein du palais califal. Mais plus il paraissait devant les gens, plus sa stature grandissait. Al-Mu‘taṣim et les Abbassides commencèrent alors à craindre pour leur pouvoir face à l’influence de l’Imam. Ils tentèrent donc de limiter son activité et d’en restreindre l’impact par le biais d’un complot : le mariage arrangé avec Umm al-Faḍl, fille d’al-Ma’mūn, mais la lumière de l’imamat ne cessa de briller sur le front d’al-Jawâd (paix sur lui).

Ainsi, al-Mu‘taṣim ne trouva d’autre issue que de se débarrasser de lui, en recourant à la nièce de son frère pour l’empoisonner. Et c’est ainsi que l’Imam (paix sur lui) fut assassiné.

Quant à la manière dont le mérite revient à l’Imam al-Jawâd (paix sur lui) dans la préparation des esprits à accepter l’imamat de l’Imam al-Mahdî (qu’Allah hâte sa délivrance) malgré sa jeunesse, cela tient au fait que les conditions politiques et sécuritaires dont il bénéficia n’étaient pas disponibles pour son petit-fils, l’Imam al-Mahdî (qu’Allah hâte sa délivrance).
Le simple fait de révéler l’endroit où se trouvait l’Imam al-Mahdî représentait un danger mortel pouvant mettre fin à sa vie et anéantir son projet en tant que réformateur mondial attendu. Si l’Imam al-Jawâd (paix sur lui) n’avait pas préparé les esprits à accepter l’idée de l’imamat d’un enfant, les chiites auraient connu un trouble intellectuel et une crise doctrinale aux conséquences désastreuses, dont seul Dieu connaît l’ampleur.
Cela constitue ainsi l’une des preuves les plus importantes que son existence (à l’Imam al-Jawâd) fut une immense bénédiction pour les chiites, comme cela a été évoqué précédemment dans le hadith.

Deuxième aspect : Préserver les deux fondements doctrinaux du monothéisme et de la justice divine contre toute altération
Après l’interaction civilisationnelle et culturelle entre les musulmans et les nouveaux convertis non arabes à l’islam, et avec l’essor du mouvement de traduction durant l’époque abbasside — notamment des ouvrages issus des courants philosophiques —, un courant de zandaka (libre pensée ou hérésie) fit son apparition dans les milieux islamiques. Les zindiqs côtoyaient alors les musulmans et vivaient parmi eux. Parallèlement, plusieurs courants théologiques islamiques se sont imposés sur la scène doctrinale de manière marquante, tout en s’écartant de la voie du monothéisme. Parmi les plus notables figuraient les mufawwida (délégataires), qui ont sombré dans une forme de négation (ta‘ṭīl) des attributs de la divinité, allant jusqu’à Lui dénier toute capacité.
Puis vinrent les mujbira (déterministes), qui attribuèrent tous les actes des créatures à Dieu, ce qui revenait, par conséquent, à Lui imputer l’injustice — exalté soit-Il au-dessus d’une telle chose. Ensuite, les mujassima (anthropomorphistes), sous la conduite d’Ahmad ibn Hanbal, attribuèrent à Dieu des caractéristiques corporelles. Il était donc nécessaire que l’imam al-Jawâd (paix sur lui) prenne position pour préserver la pureté de la doctrine du monothéisme. D’autant plus que, comme le rapporte un hadith : « Si les gens entendaient les belles paroles des Gens de la Maison (paix sur eux), ils suivraient leur voie » [cf. ‘Uyûn al-Akhbâr, vol. 1, p. 275].

Les paroles de l’Imam eurent un impact considérable sur la couche consciente de la société ainsi que sur le groupe des vertueux. Ses propos se distinguaient par leur grande rigueur et la solidité des arguments qu’ils avançaient. C’est pourquoi ils réduisaient au silence les théoriciens de ces courants et écoles de pensée déviantes, les couvrant de honte devant l’opinion publique.

Parmi ces paroles, on peut citer par exemple :

• Cette réponse qu’il donna à une question au sujet de ce verset : {Les regards ne peuvent L’atteindre, mais Lui atteint tous les regards} [Sourate al-Anʿâm, 6:103].
Il dit : « Ô Abû Hâchim, les illusions du cœur sont plus subtiles que les regards des yeux. Par ton imagination, tu peux concevoir le Sind, l’Inde et d’autres pays que tu n’as jamais visités, mais tu ne peux les voir de tes yeux. Si les illusions du cœur ne peuvent L’atteindre, comment les regards des yeux le pourraient-ils ? » [Al-Kâfî, vol. 1, p. 99]

• En réponse à celui qui lui demanda : « Est-il permis de dire que Dieu, exalté soit-Il, est une chose ? », il (paix sur lui) répondit : « Oui, cela permet de Le distinguer des deux extrêmes : celui de la négation absolue (taʿṭîl) et celui de l’anthropomorphisme (tashbîh). » [At-Tawḥîd d’as-Sadûq, p. 107]

• En réponse à celui qui l’interrogea sur le sens du mot « al-Aḥad » dans la parole de Dieu : {Dis : Il est Dieu, l’Unique} [Sourate at-Tawḥîd, 112:1],
il (paix sur lui) répondit : «Celui sur l’unicité duquel il y a consensus. N’as-tu pas entendu Sa parole : {Et si tu leur demandes : “Qui a créé les cieux et la terre, et soumis le soleil et la lune ?”, ils diront certainement : “Dieu”},
et pourtant, après cela, ils Lui attribuent un associé et une compagne ! » [Al-Iḥtijāj, vol. 2, p. 238]

• Parmi ses enseignements, il y a aussi l’appel à boycotter les adeptes des doctrines corrompues et à se désavouer d’eux.
Ainsi, dans un hadith authentique rapporté par ʿAlî ibn Mahziyâr, il dit : «  J’ai écrit à Abû Jaʿfar Muhammad ibn ʿAlî ibn Mûsâ ar-Riḍâ (paix sur eux) : « Que je sois ton rachat ! Puis-je prier derrière quelqu’un qui croit que Dieu a un corps… ? »
Il (paix sur lui) répondit par écrit : « Ne priez pas derrière eux, ne leur donnez pas de votre zakât, et désavouez-vous d’eux — Dieu Lui-même les a reniés ! » [Amâlî as-Sadûq, p. 352]

Troisième aspect : Sa défense de la croyance en la prophétie et des prophètes (paix sur eux)
L’époque abbasside fut marquée par la multiplication des prétendants à la prophétie, à tel point que ce crime finit par devenir toléré, voire encouragé, par leurs califes — en particulier ar-Rashîd, al-Ma’mûn et al-Muʿtaṣim. Ils allaient même jusqu’à offrir des dons et des récompenses généreuses à ceux qui formulaient de telles revendications. [Voir : Murûj adh-Dhahab, vol. 3, p. 473 ; al-Mustaṭraf, vol. 1, p. 811]
Il était donc tout à fait courant que l’on tienne des propos offensants à l’encontre d’un prophète parmi les prophètes (paix sur eux). C’est pourquoi l’Imam (paix sur lui) s’efforçait de repérer ce genre de propos pour y répondre et les réfuter. Cela ressort notamment du récit rapporté par Jaʿfar ibn Muḥammad aṣ-Ṣûfî, qui dit : « J’ai interrogé Abû Jaʿfar (paix sur lui), Muḥammad ibn ʿAlī ar-Riḍā (paix sur lui), et je lui ai dit : « Ô fils du Messager de Dieu, pourquoi le Prophète a-t-il été qualifié d’“ummî” (illettré) ? »
Il répondit : « Que disent les gens ? »
Je lui dis : « Que je sois ton sacrifice, ils prétendent que le Prophète est appelé "l’Illétré" parce qu’il ne savait pas écrire ! »
Il dit : « Qu’Allah les maudisse, c’est un mensonge ! Comment cela serait possible alors que Dieu, exalté soit-Il, dit dans Son Livre clair : {C’est Lui qui a envoyé parmi les illettrés un messager issu d’eux, auquel Il récite Ses versets, purifie et enseigne le Livre et la sagesse} ?
Comment aurait-il pu leur enseigner ce qu’il ne maîtrisait pas lui-même ?!
Par Dieu, le Messager de Dieu (paix et bénédictions sur lui et sa famille) connaissait la lecture et l’écriture dans soixante-douze, voire soixante-treize langues. Il fut appelé l’Illettré uniquement parce qu’il était originaire de La Mecque, et La Mecque est l’une des mères des villages (c’est-à-dire des villes importantes), comme le dit Dieu, exalté soit-Il, dans Son Livre : {Afin que tu avertisses la mère des cités et ceux qui l’entourent} » [Baṣāʾir ad-Darajāt, p. 246 ; ʿIlal ash-Sharāʾiʿ, vol. 1, p. 124]

Quatrième axe : Sa guidance des gens vers l’imamat et les particularités des Imams (paix sur eux)
De nombreux récits sont rapportés de l’Imam al-Jawâd (paix sur lui) concernant l’imamat et la wilaya. En voici quelques-uns :
• Ce qu’il (paix sur lui) a dit au sujet de l’imamat se trouve notamment dans ces récits où il éduque à accepter l’idée de l’imamat du plus jeune.
Parmi eux, un hadith authentique rapporté par ʿAlî ibn Asbât : « J’ai dit à Abû Jaʿfar le deuxième (paix sur lui) : « Ô mon maître, les gens contestent ton jeune âge ! » Il répondit : « Que m’importent leurs contestations ? Par Dieu, Dieu a dit à Son Prophète (paix et bénédictions sur lui) : {Dis : Voilà mon chemin, j’appelle à Dieu avec clairvoyance, moi et ceux qui me suivent}, et celui qui le suivit n’est autre quʿAlî (paix sur lui), qui avait neuf ans ! Et moi aussi, j’ai neuf ans. » [Tafsîr al-Qummî, vol. 1, p. 358]

• Il est rapporté de ʿAlî ibn Asbâṭ : «  J’ai vu Abû Jaʿfar (paix sur lui), et lorsqu’il se présenta à moi, je le regardai attentivement, observant sa tête et ses pieds, afin de pouvoir décrire sa taille à nos compagnons en Égypte.
Alors que j’étais absorbé dans mon observation, il s’assit et dit : « Ô Alî, Dieu a argumenté en faveur de l’imamat de la même manière qu’Il a argumenté en faveur de la prophétie. Il dit : {Et Nous lui avons donné la sagesse alors qu’il était enfant} et : {Puis, lorsqu’il atteignit sa maturité}
et : {Lorsqu’il atteignit l’âge de quarante ans}.
Ainsi, il est tout à fait possible que la sagesse soit accordée à un enfant comme à un homme de quarante ans. » [Al-Kāfī, vol. 1, p. 384]

• Ce qu’il (paix sur lui) a rapporté au sujet de la rencontre entre al-Khiḍr et l’Amir al-Mu’minin ʿAlî (paix sur eux), et la question qu’al-Khiḍr posa à ʿAlî sur trois sujets. L’Imam confia la réponse à son fils, l’Imam al-Ḥassan (paix sur lui). Une fois la réponse donnée, al-Khiḍr prononça la shahāda (témoignage de l’unicité de Dieu), reconnut la prophétie du Messager de Dieu (paix et bénédictions sur lui et sa famille), et désigna les Imams, en les nommant un par un, comme étant les successeurs légitimes et les preuves de Dieu auprès de la création. Puis il prit congé et partit. [Voir : Al-Ghayba de Nuʿmânî, p. 66]

• Ce qu’il a rapporté de son grand-père, l’Imam al-Sâdiq (paix sur eux deux), qui a dit : «  Par Allah ! Nos âmes, ainsi que celles des Prophètes, se rendent chaque nuit du vendredi (laylat al-jumu‘a) au Trône divin (al-‘Arch). Elles ne retournent dans nos corps qu’avec une immense quantité de science (jamm al-ghafîr min al-ilm). » [Basâ’ir al-Darajât, p.152].

C’est ce que Dieu, exalté soit-Il, nous a permis de rédiger en ce lieu.

En conclusion, que Dieu nous accorde à tous la visite de l’Imam (paix sur lui) en ce monde, et son intercession dans l’au-delà.

Louange à Dieu, Seigneur des mondes.

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