La tentation du diable : les raisons du regain d’intérêt pour Israël

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La tentation du diable : les raisons du regain d’intérêt pour Israël

LES PAYS ARABES FACE A LEUR RESPONSABILITE

La tentation du diable : les raisons du regain d’intérêt pour Israël

L’inimaginable il y a quelques années encore se déroule sous nos yeux. Sous le fallacieux prétexte de « faire la paix », des pays Arabes vivent dans la tentation de renouer leurs relations avec Israël. Le dernier en date ? Les Emirats Arabes Unis et Bahreïn. Au nom de la haine qu’ils vouent à l’Iran, plusieurs monarchies pétrolières franchissent le rubicond. Comme toujours, le schisme entre Sunnites et Chiites continue à profiter aux ennemis de l’Islam…

Après l'Egypte en 1979 et la Jordanie en 1994, les Émirats arabes unis sont le troisième pays arabe à reconnaître officiellement l'Etat d'Israël. Cette normalisation intervient alors même qu'aucune solution ne se dessine dans le conflit israélo-palestinien depuis de très longues années. Le génocidaire Benjamin Netanyahu a parlé d'une « nouvelle ère » entre Israël et les pays arabes et appelé les voisins des EAU à suivre le même chemin. Le lâchage des Palestiniens par leurs frères Arabes se poursuit alors qu’Al-Quods n’est toujours pas libéré…

Ce dernier acte dans la« normalisation » entre Israël et certains pays de la Ummah pourrait probablement ouvrir la porte à des accords de paix avec d'autres pays arabes comme on l’a vu avec Bahreïn en attendant l'Arabie saoudite. On a vu récemment que le royaume saoudien a autorisé le survol de son espace aérien à des aéronefs de l’Etat juif. Et des sources concordantes font état d’une rencontre secrète entre le prince Mohamed Ben Salmane d’Arabie saoudite et le Premier ministre Israélien. En tout cas, cette tendance modifierait profondément les équilibres géopolitiques au Proche-Orient en rompant définitivement l'isolement d'Israël dans la région et en renforçant sa position face à l'Iran. Mais surtout au grand détriment du monde musulman

Cet accord a surpris tout le monde même si l'existence de relations officieuses entre l’Etat sioniste et des pays arabes est un secret de polichinelle. Depuis les accords d'Oslo en 1993, c’est comme si on avait ouvert la boîte de Pandore alors que les droits des Palestiniens continuent à être bafoués en toute impunité. La défaite de Donald Trump et l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche pourrait-elle changer la donne ? En tout cas, le lobby juif aux Usa reste

le groupe de pression le plus influent avec celui des armes à feu. Dans les milieux judéo-chrétiens américains, on tente vaille que vaille de former une alliance entre les pays arabes sunnites et l'Etat juif pour contrer la menace iranienne. Mais il semble que ce soit une liaison à trois.Les monarchies pétrolières cherchent coûte que coûte à s’attirer les faveurs de Washington qu’elles pensent obtenir en courbant l’échine devant Israël

Obnubilés par la menace que fait peser l'Iran, économiquement affaiblie à cause des iniques sanctions qu’elle subit depuis des décennies, mais militairement très puissante, des pays arabes estiment que l'alliance avec Israël prévaut sur la question palestinienne. L'accord entre l’Etat hébreu et les Emirats d’une part, avec Bahreïn d’autre part, n'exige aucune concession de la part de l'Etat juif hormis la suspension d'un processus d'annexion de la Cisjordanie qui n'avait pas encore débuté. « Un accord a été trouvé pour mettre fin à toute annexion supplémentaire », a récemment affirmé le prince héritier, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane sur la chaîne Al Arabiya. Sauf que le Premier ministre israélien a martelé le contraire, en affirmant qu'Israël avait « reporté », mais « pas renoncé ». « J'ai apporté la paix, je réaliserai l'annexion », a-t-il expliqué. De qui se moque-t-on ?

En réalité les causes de la reconfiguration des alliances au Proche-Orient sont plus anciennes. Cela résulte principalement de la réorientation de la politique extérieure des États-Unis sous l’administration Obama, celle dite du pivotement vers l’Asie-Pacifique. Pour se consacrer à ce projet, l’ancien Président a remis les “clés de la région” à la théocratie chiite au détriment des alliés traditionnels de l’Amérique, les pays arabes sunnites. Confrontés aux mêmes menaces existentielles que représente la puissance iranienne (via le croissant chiite du Yémen au Liban, en passant par l’Irak et la Syrie), Israël et les pays du Golfe, hormis le Qatar, se sont rapprochés pour mettre en place une coalition, basée sur des intérêts partagés et bien compris. Initialement discrète, elle est désormais officielle. Et après les Émirats, d’autres États du Golfe tels que Bahreïn ou Oman devraient annoncer à leur tour leur normalisation. Toutefois, « l’accord d’Abraham », ainsi que les juifs nomment leur alliance avec les Emirats, n’est pas un accord de paix comme ceux signés entre Israël et l'Egypte en 1979 ou avec la Jordanie en 1994, ces deux pays ayant eu de forts affrontements guerriers, mais plutôt du début de la feuille de route marquée par Washington pour normaliser les liens entre un Etat du Golfe, avec lequel Israël avait déjà des contacts en matière de renseignements et d'échange d'armes.

Depuis 2002, le consensus régnait parmi les pays arabes sur le fait que la résolution du conflit israélo-palestinien était une condition sine qua non pour une normalisation des relations avec Israël, qui occupe la Cisjordanie et Jérusalem-Est depuis 1967. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’il existe un lien étroit entre la persistance de ce conflit et l’absence de pressions américaines sur Israël à cause des relations privilégiées qui lient les deux pays. Ces relations qui remontent au début des années 1950, lorsque le gouvernement israélien abandonne sa neutralité pour prendre position aux côtés des Américains pendant la guerre de Corée, avaient connu un essor considérable après la guerre arabo-israélienne de juin 1967. A partir de 1976, Israël devient le plus important bénéficiaire de l’aide américaine à l’étranger avec plus de trois milliards de dollars par an. Mais comment expliquer ce refus des administrations américaines successives d’exercer quelque pression sérieuse sur le gouvernement israélien pour l’amener à répondre aux exigences de la paix ? L'assimilation d'Israël à l'Occident, - à tort ou à raison – et sa culture ont amené l'élite politique américaine à s'identifier à elle, contribuant par là au renforcement de l'alliance entre les deux pays. En outre, la représentation que se fait cette même élite américaine des intérêts nationaux des Etats-Unis au Proche-Orient la pousse à soutenir Israël et à utiliser sa force pour protéger les intérêts américains dans cette région et faire pression, quand cela est nécessaire, sur les Arabes. Mais, est-ce qu'Israël est susceptible, à un moment donné, de constituer un fardeau pour la politique américaine au Proche-Orient ? On ne saurait le penser car les Américains pensent avant tout à l’argent. Un argent majoritairement détenu par les juifs aux Usa.

Par Cheikh Oumar TALL

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