Sur l’article d’'Odnako' : le rêve américain du Proche-Orient, par Pierre Dortiguier

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La carte illustrant les accords Sykes Picot de 1916 – et qui faisait la part belle à la Russie- donnée par ce périodique , qui est proche des vues du Président Pouitine, en bref patriote,

n’est pas sans arrière-pensée. Car cette distribution généreuse entre la France et l’Angleterre se révéla être un accord de dupe : la distribution énergétique accordant Mossoul à la France impériale ne fut pas seulement refusée ensuite par l’Angleterre, mais la charge de la Syrie fut le fardeau dont ne voulait point l’Anglo-sionisme ; et la France y épuisa ses ressources et la chair à canon de toutes ses colonies, puisque le total des troupes –de l’aveu de De Gaulle qui s’y trouvait- monta à 50.000 hommes !

Un tel piège d’occupation ne siérait point à la Russie, et le marchandage proposé de surveiller son allié syrien pour qu’il diminue son hostilité à l’entité sioniste, traduisez qu’il ôte son soutien au Hezbollah et aux Palestiniens se révèlera un trompe-l’œil ! le plus fin de cette histoire est non pas le contenu de l’annonce faite par notre cher compatriote méridional et ami Meyssan dont nous savons l’information- mais que ce soit publié dans un journal quasi officieux. La Russie entendrait-elle mesurer pu sonder les intentions US qu’elle ne s’y prendrait pas autrement ?

Le jeu américain n’est point ,concédons-le, de maintenir son emprise sur l’exploitation pétrolière et gazeuse, que l’on présente en effet comme une affaire de salut national économique, une affaire vitale de défense ; l’autonomie est en effet réalisée par l’extraction du schiste ; mais le sens des accords du « Quincy » conclus au moment (faut-il le rappeler) de l’écrasement anglo-américain de Dresde -, entre Roosevelt et le roi d’Arabie, était sur l’emprise monétaire sur les échanges énergétiques : et ce monopole ou contrôle des prix est permanent, et le restera tant que l’impérialisme anglo-américain subsistera ! Ce contrôle est « mondial », ou plutôt est-ce contrôle qui donne le sens du concept de monde, dans l’ordre de ce nom !

Quand M. Poutine est allé en Israël, l’influence russe avait pour les sionistes le sens d’un affermissement continué des échanges entre la partie spécifiquement sibérienne et leur enclos palestinien : l’immigration et le reflux –car ces deux mouvements sont réguliers, comme le balancier d’une pendule- sont une réalité continue depuis la fondation de l’Etat dit juif, proposé –il faut s’en souvenir par Staline- : loin de parler d’un contrôle russe du Proche Orient, il serait plus réaliste de mesurer la pénétration en Russie de cette colonie, véritable circonférence –disait ironiquement le peintre Salvador Dali- dont le tracé est partout et le centre invisible ! restons sérieux, et reprenons l’argument dont fait état l’article d’Odnako » : l’isolement de la Chine, la rupture reproduite des deux grands empires, tout comme en 1966 ? Sur le plan militaire ? Cette alliance est de peu d’importance pour des financiers US qui ne connaissent que l’arme économique, celle dont ils jouent contre l’Iran !

Ce calcul américain, impliquant une mise à distance du sionisme, a une apparence logique, mais non point une consistance matérielle : qu’Israël soit discipliné, ce ne peut être que par sa partie américaine, ce que Marx désigne comme le judaïsme pratique (qui n’a plus rien d’apparemment religieux) ; et il n’est que trop vrai que si demain il est décidé que l’entité sioniste se métamorphose, ce ne pourra être qu’au prix d’une subversion entière du « monde arabe », d’un élargissement de la sphère de dépendance des nations arabes envers les anglo-américains (mettons-y les Français, si une ombre peut agrandir un corps !), d’une véritable victoire des Emirats et du Wahabisme, dont précisément le plan US envisage l’enracinement en Jordanie devenue le cimetière politique, certainement républicanisé, où sera inhumé la nation palestinienne !

En fait, nous allons vers une épreuve de force d’autant plus grande entre l’Eurasie et les reste des pays composant la flotte américaine –dont visiblement l’Afrique recolonisée-, que les déclarations politiques américaines se feront plus hypocritement hésitantes, faisant mine de lâcher des régimes ou des clients dont l’importance lui est vitale ! C’est à une véritable chasse ou éviction de la Russie et de la Chine que nous avons assisté depuis l’odyssée libyenne ! la prochaine victime algérienne, avec son Président de santé fragile, renforcera cette emprise, et si au Proche- Orient l’entité sioniste est diminuée ou se plaint de l’être, ou de devenir (ce qui fait une grande différence), c’est qu’elle sera déjà assise par « islamistes » interposés sur les trônes de ses adversaires du bout des lèvres : pour ce genre de civilisation matérialiste les mots sont bons à être inflationnés, seule demeure la servitude financière, l’illusionnisme. Et en cas de résistance ou de dénonciation l’on verrait le bon Obama II, dont le premier chef de campagne électorale est depuis déjà longtemps le président de l’AIPAC hypersioniste, prendre un ton de pasteur pour bénir les armes qui frappèrent hier l’Europe et l’Asie et demain ce qui ferait obstacle à son leadership-telle fut la prophétie de Bzrezinski et tel sera le crime, que Dieu de veuille- dont se rendra coupable le régime qui a profité des deux derniers conflits mondiaux !

Que Poutine et l’équipe russe en soient persuadés, la publication de l’article de notre compatriote dans le journal Odnako en est la preuve, tout comme la démonstration que la partie d’échecs a commencé, en dévoilant l’adversaire, ou en faisant mine de sacrifier des pions!

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