À tous les Résistants...

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À tous les Résistants...

Dans la nuit du 2 au 3 janvier 2020, à 01h20 précise, trois drones de type MQ-9 américains appuyés par un vaste réseau de renseignement et opérationnels US/OTAN/Israël ont tiré deux missiles de type Hellfire sur deux véhicules qui venaient à peine de quitter le tarmac de l’aéroport de Bagdad avec à bord le commandant en chef de l’axe de la Résistance,

le général Soleimani, le numéro deux de la Résistance irakienne, Hachd al-Chaabi, Abou Mahdi al-Mohandes et dix de leurs compagnons. Leur objectif étant d’abord de s’attirer au prix du sang des commandants de la Résistance la voix juive dans le camp de Trump puis de couper court sinon de contrer l’émergence de ce bloc nouveau-né sur les ruines de la Syrie et de l’Irak meurtris par Daech et qu’on baptise « axe de la Résistance ». En effet cet axe n’avait et n’a toujours rien du concept de bloc dans le sens occidental du terme où la dynamique centripète tourne autour d’un Suzerain et ses vassaux.

Prenons l’exemple de l’OTAN où les Etats-unis d’Amérique traitent l’Europe non pas à titre d’alliés mais à titre de mandataires, quitte à sacrifier leurs intérêts suprêmes sur l’autel de leurs intérêts conjoncturels : le cas d’AUKUS et le scandale géostratégique qu’il est en soi avec une France cocufiée et un axe anglo-saxonne qui a au mépris du droit internationale nucléarisé du jour au lendemain l’Australie illustre à merveille notre propos. L’axe de la Résistance ressemble-t-il à une sorte de conseille de coopération ? Non plus ; au sein de ce bloc il n’y ni maître ni esclave, ni centre ni contour. Pour les stratèges US/Israël, c’est un énorme énigme que de voir Hezbollah, Gaza, Ansarallah, Hachd al-Chaabi et Hachd de la Syrie opérer non pas suivant un ordre pyramidal mais en réseau, et en totale synchronie.  Le 3 janvier 2020, les Etats-Unis d’Amérique ont cherché à liquider cette synchronie ou ce que les manuels militaires occidentaux enseignent depuis des siècles sous l’appellation Network-Centric Warfare ou la capacité de mener une guerre en réseau. 

«  Il s’agit, dixit Wikipedia,  de la capacité de relier entre elles les différentes armées (terre, marine, air) ainsi que les armées de pays alliés, de récupérer des informations grâce à des drones et satellites, et de les diffuser en temps réel aux unités afin de frapper plus vite et plus précisément. »

Or ce concept que les Américains disent l’avoir inventé sans pour autant avoir jamais pu le réaliser, et qui est la quintessence même de l’axe de la Résistance, on le doit au superbe stratège Soleimani. Il y a six jours le chef du CentCom dont le nom restera sans doute dans l’histoire rien que pour cet aveu fait en janvier 2021 où il a reconnu la fin de la suprématie » aérienne de l’empire US au Moyen-Orient face « aux petits drones iraniens qui surgissent de nulle part sans qu’on puisse les arrêter » a fait un second aveux d’impuissance au journaliste de Newyorker, encore plus cuisant que le premier :

« La leçon d'Aïn al-Asad est que les missiles iraniens sont devenus une menace plus immédiate que son programme nucléaire. Pendant des décennies, les roquettes et les missiles iraniens étaient extrêmement inexacts. À Aïn al-Asad, ils ont frappé à peu près là où ils voulaient frapper. Désormais, ils  peuvent frapper efficacement dans toute la largeur et la profondeur du Moyen-Orient. Ils pouvaient frapper avec précision et ils pouvaient frapper avec volume. A Aïn al-Asad, les Iraniens ont frappé n’importe quel lieu qu’ils l’entendaient.» 

Au fait et comme le précise NewYorker dans la foulée du général, la frappe de représailles du 8 janvier 2020 contre la base américaine en Irak qui a impliqué pas plus que 13 missiles de type Qiam 13 a été « la plus grande attaque anti-US de toute l’histoire.»

Et McKenzie de faire la partie la plus cuisante de sa confession :

« L’Iran s'est concentré sur le développement de missiles avec une portée plus longue, une précision plus grande et une plus grande puissance destructrice. L'Iran est aujourd'hui l'un des premiers producteurs mondiaux de missiles. Son arsenal est le plus grand et le plus diversifié du Moyen-Orient. L'Iran peut tirer plus de missiles que ses adversaires, y compris les États-Unis et Israël, ne peuvent en abattre ou en détruire. Téhéran a atteint ce qu’on appelle le « surmatch » – un niveau de capacité dans lequel un pays dispose d'armes qui le rendent extrêmement difficile à contrôler ou à vaincre. "La capacité stratégique de l'Iran est désormais énorme et va plus loin. Les Iraniens ont un overmatch  sur le champ de bataille, la capacité de submerger, de neutraliser les autres.»

Et Newyorker de poursuivre : Selon le Renseignement américain, l’Iran dispose de milliers de missiles capables d’atteindre des cibles situées à 1300 km de distance et dans toutes les directions ou des missiles de croisière côte mer, furtifs aux meilleurs des satellites car leur moteurs ne produisent pas de la lumière au contraire des missiles balistiques.

Mais les missiles est-ce cela le secret de surmatch/overmatch de la Résistance ? Bien que non ; l’arsenal US/Israël n’est pas né de la dernière pluie. Le secret de cette invulnérabilité assassine que reconnait McKeznie réside dans cette capacité de synchronisation qui régit l’axe de la Résistance et qui fait que chacune de ses composantes opère en complémentarité avec une autre, et ceci on le doit au génie militaire du stratégiste hors pair que fut Soleimani. Mais ce n’est pas tout, la Résistance n’est ni musulmane ni chiite encore moins religieuse C’est une école transfrontalière, transcendantale qui s’active là où il y a de l’hégémonisme, de l’impérialisme , de l’expansionnisme du maximalisme, au Moyen-Orient en Afrique, au Maghreb, même en Europe et aux Etats Unis …  Au Moyen-Orient cette alliance non écrite se cristallise autour de la lutte contre le sionisme qui est le sale héritage du colonialisme, en Afrique elle serait anti-colonialisme en Amérique latine anti-impérialiste et en Amérique anti-ségrégationniste.

Au fait l’axe de la Résistance tient son nom d’une antonymie, à l’opposé de ce que l’ex-président Bush et son gourou d’adjoint Bolton ont baptisé l’axe du mal juste avant qu’il ne se lance dans une longue et interminable guerre contre les nations de l’Asie de l’Ouest pour leur injecter une bonne dose du "chaos organisé". 

Mais ces trois décennies de guerre ont eu leur revers car à mesure des crimes commis la Résistance s'est renforcée, prompte à rapprocher les nations de la région, sans qu’il y ait un quelconque accord officiel ou une structure institutionnalisée ; c'était une alliance spontanée face aux développements et événements successifs dans la région, une réaction aux tentatives israélo-américaines pour monopoliser tout dans la région, et ce, en faveur du régime sioniste et en défaveur des Arabes et des musulmans en général et des Palestiniens en particulier. Dans une note pour Al-Mayadeen, l’écrivain syrien Mohammad Nader al-Omari évoque les différentes étapes de l’émergence et du développement de l’axe de la Résistance :

« L’émergence de l’axe de la Résistance remonte aux années entre 1979 et 1990 où le premier noyau de la Résistance a pris forme. Cette époque est marquée par la signature des traités de paix de Camp David entre le président égyptien Anwar Sadat et le régime sioniste et le rétablissement des relations diplomatiques égyptiennes avec Tel-Aviv. Ainsi, l’Egypte s’est retirée du conflit arabo-israélien, y laissant seule la Syrie face à un Israël qui bénéficiait d’une suprématie militaire considérable avec le soutien américain.

C’est à cette époque même que la Révolution islamique, avec le leadership de l’imam Khomeiny a renversé le régime de Shah, l’un des valets des Américains dans la région. L’imam Khomeiny défendait la libération de la Palestine. Khomeiny s'est littéralement opposé à Israël en quoi il a vu à juste titre la plus grande base militaire US dans la région, une machine liée au complexe militaro- industriel occidental qui en mettait la poche via des guerres à imposées aux peuples de la région. Dans les années 80, l'Iran jouait un rôle politique et logistique majeur pour les mouvements de la Résistance dans la région tandis que la Syrie avait la responsabilité de l’entraînement militaire de ses forces  de même qu’elle les soutenaient politiquement et militairement.

Et le feu Bassel Assad (Fils de Hafez, NDLR) s'est imposé dans les opérations commandos qu'ont menées ces mouvements et qui ont pris de court le régime occupant Qods et dont des exemples fragrants ont eu lieu en juillet 1993 et puis en avril 1996 lors des opérations « Raisins de la colère »… Ce , jusqu’au tournant du 24 mai 2000 où la Résistance libanaise a réussi à chasser les militaires israéliens du sud du Liban. Mais cette première Résistance ne se confinait pas à la Syrie ni au Liban. Elle s'est rapidement étendue à Gaza que l'armée d'occupation a fuit en toute humiliation en 2007, subissant là l'un des premier schisme en son sein. 

Après l’attaque américaine contre l’Irak en 2003  Damas et Téhéran ont décidé de consolider leurs coopérations militaires et politiques et de se focaliser sur la promotion des capacités de la Résistance, ce qui a donné lieu à la cuisante défaite d’Israël au Liban face au Hezbollah et partant à un changement définitif dans l’équilibre des forces dans la région. Israël ne s'en est jamais remise et cette confusion stratégique s'en est allée croissant dès 2011 où Washington et Tel-Aviv, comprenant qu’ils ne pourraient pas atteindre, manu militari, leurs objectifs, ont lancé le projet « Printemps arabe » avec en toile de fond une guerre internationale contre la Syrien puis trois ans plus tard contre le Yémen avec entre temps le plan Daech contre l'Irak. 

Ces deux méga guerres plus Daech qui auraient du, suivant les plans US/Israël et Cie déboucher sur la fin de la Résistance, mais c'était sans compter avec Soleimani :  Le général Soleimani a identifié et communiqué avec les différents groupes et mouvements de Résistance qui avaient été créés, spontanément, en Irak, en Afghanistan, en Syrie et au Liban, pour combattre les terroristes et leurs sponsors. Puis, il les a rassemblés sous une même bannière, en tissant des liens forts entre différents noyaux et en tirant un front uni qui commence en Iran pour aller jusqu'à la Méditerranée en passant par l'Irak, l'Afghanistan, et le Yémen… Sa mort a-t-elle interrompu ce mouvement? la réponse c'est à McKenzie qu'il faut la demander ...  »

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