L'ÉTERNELLE LEÇON DE VIE
Si Fâtimatou-Zahra (as) n’est pas l’insondable profondeur de la Création, elle apparaît en tout cas comme un des plus grands secrets d’Allah, un mystère de la manifestation divine qui, par essence, ne peut être expliqué entièrement sans perdre son caractère mystérieux (car on tomberait alors dans la sphère du profane, or Zahra (as) est justement d’essence sacrée).
Un hadith prophétique bien établi dans toutes les écoles atteste que « Fâtimatou-Zahra (as) est un ange à existence humaine », ce qui annonce une spécificité et une singularité à faire réfléchir.
« Les desseins de Dieu sont impénétrables », dicton plus vieux que Mathusalem ayant traversé des siècles et hanté l’esprit des religieux. En effet, nul ne peut cerner Allah à la manière d’un scientifique résolu dans son laboratoire à découvrir les plus infimes secrets de son sujet (‘’Allah ne ressemble à rien’’, ‘’Les yeux ne peuvent L’atteindre’’, ‘’Lui, Dieu, est Unique, Dieu l’Absolu. Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus. Et nul n’est égal à Lui»).
Cela nous amène à méditer sur le destin fabuleux qu’est celui de Fâtimatou-Zahra (as).
Une raison secrète - qu’Allah seul cerne de science certaine - a fait de la fille du noble Prophète (sawa) l’unique femme parmi les 14 personnes « purifiées de purification totale » (Coran, sourate 33, verset 33). De cette position privilégiée, elle porte éternellement une gloire et une grandeur auxquelles nulle autre femme après elle ne pourra prétendre. Sa conception et sa naissance, tout à fait extraordinaires, lèvent un coin du voile sur ses particularités.
En effet, c’est après une retraite spirituelle du noble Prophète (sawa) fort à propos, durant laquelle le noble Messager (sawa) n’a été nourri que des produits du paradis, que Dame Khadidja portera dans ses entrailles la fille qui sera décrétée « Profusion, Abondance’’ par Allah. Fâtimatou-Zahra (as) est donc la fille de Mouhammad (sawa), dernier et plus grand Messager du Seigneur des mondes, et de Dame Khadidja dont la fortune a contribué, avec l’épée de l’Imam Ali (as), à l’assise solide de la religion agréée par Allah. Son mariage avec ‘’Zoulfakar’’, ‘’Saïf Allah’’, l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib (as), d’abord célébré au ciel, puis sur la terre par son noble père, se révélera être la plus bénie des unions car c’est de cette union que seront issus 11 (Onze) des 12 (Douze) Imams immaculés, dont le premier est Ali (as), à qui est dévolue la gouvernance spirituelle et temporelle des croyants jusqu’à la fin des temps.
Voilà donc Fâtimatou-Zahra (as) : fille du dernier et plus grand Prophète Mouhammad (sawa) et du plus grand mécène féminin de l’Islam naissant dans des conditions d’hostilité exacerbées (nous aurions pu dire tout simplement ‘’mécène’’ puisque l’histoire n’a pas enregistré d’émule à Dame Khadidja en la matière) ! Ce n’est pas tout : d’après un ordre divin clair, elle deviendra l’épouse du meilleur porte-drapeau de l’Islam, le guerrier invincible et invaincu de la foi, qui eut l’honneur de coucher dans le lit du noble Messager afin que celui-ci puisse secrètement émigrer vers Médine et échapper à ses ennemis jurés qui étaient sans foi ni loi, cet Imam Ali (as) connu sans ambiguïté pour être la porte de la cité du savoir prophétique et dont l’annonce de la ‘’wilayat’’ aux masses croyantes a été un ordre d’Allah, ordre assorti de menace à l’attention du noble Prophète lui-même (sawa), ce qui en dénote la gravité et la solennité.
L’heureuse mère des deuxième et troisième Imams sanctifiés, Al-Hassan et Al-Hussein (as), les deux princes des jeunes du paradis, c’est encore elle, Fâtimatou-Zahra (as). Et, par ricochet, par une sorte de fil d’Ariane en permanence sauvegardé et protégé par Allah Lui-même, elle devient la bienheureuse grand-mère des neuf derniers Imams immaculés descendant d’Al-Hussein (as) par le lien doré inoxydable conçu par la science divine.
Ce qui précède met en évidence le rang spécial et la haute stature de Fâtimatou-Zahra (as). On peut aisément comprendre que le destin qui est le sien relève des prérogatives exclusives d’Allah. Tout comme Allah a choisi en toute science et en toute sagesse Ses Messagers qu’il députa à travers le temps et l’espace, Il choisit Fâtimatou-Zahra (as) pour un rayonnement qui traversera le reste du temps d’ici-bas.
L’infaillibilité est une grâce divine que le Seigneur des mondes accorde à ceux de Ses créatures choisies. C’est, par exemple, le cas, entre autres, de l’Imamat accordé au noble Prophète Ibrahim et à ses descendants qui n’ont pas commis de torts contre eux-mêmes : le saint Coran l’atteste éloquemment et, aussi, la formule de l’invocation des bénédictions divines sur Mouhammad et sa famille connue sous le nom de « salât Ibrahimiya », pratiquée au moins cinq fois quotidiennement pendant les prières par certains de nos frères d’une autre chapelle islamique, en renouvelle la véracité. Les femmes atteignent l’infaillibilité, nous le croyons. Allah, dans Sa sagesse infinie, nous en donne dans le saint Coran la preuve et l’exemple à travers Mariama (la Vierge Marie, mère heureuse divinement choisie pour porter l’enfant Nabi Issa ou Jésus, autre grande manifestation du mystère divin). Marie, la Vierge, donne miraculeusement naissance à Jésus, et Fatimatou-Zahra, dont l’essence a été tirée du paradis, est devenue la pierre angulaire des « Gens de la Maison » appelés à nous aider à nous sauver de la damnation suprême, à échapper à l’enfer éternel, au besoin par leur intercession. C’est là notre grand espoir, c’est là notre grande espérance d’hommes et de femmes pécheurs peuplant la terre.
FATIMATOU-ZAHRA (as) N'EST PAS N'IMPORTE QUELLE FEMME
A la différence des autres femmes, elle possédait un degré de profondeur spirituelle dans sa personnalité, ce qui faisait d’elle une manifestation du Message apporté par son glorieux père (sawa). En effet, le Message divin a toujours été présent en Fatimatou-Zahra (as), à l’intérieur de son esprit et dans son cœur, non sans irradier constamment son âme. Il ne pouvait en être autrement puisque, en dehors des 75 ou 95 jours (selon les récits) qui séparent son décès de celui de son honorable père intervenu avant, elle a vécu la totalité de sa vie avec le Messager (sawa) qui est l’Exemple parfait (« Il demeure très certainement dans le Messager de Dieu un beau modèle pour vous, pour quiconque espère en Dieu et au Jour dernier et qui se rappelle Dieu beaucoup », sourate 33, verset 21) ; le Messager de Dieu (sawa) s’est occupé de son éducation, de son instruction dans la Maison de la Révélation. La fille a été, en quelque sorte, constamment sous l’aile protectrice de son père de dernier Prophète d’Allah et sous sa tente à oxygène. C’est pourquoi, dans la vie personnelle de Fatimatou-Zahra (as), on ne saurait jamais rien trouver qui a trait aux loisirs, à la distraction, aux mondanités. Elle vivait avec le Messager (sawa) et apprenait chaque jour de ce dernier quelque chose d’utile, d’élevé, de sublime. Elle ne sacrifiait pas moins à ses obligations cultuelles : ses prières et ses invocations sont si connues qu’il n’y a aucune contestation possible sur sa piété. Son mariage avec l’Imam Ali (as) apparaît même comme un parachèvement de cette vie pieuse, sans cesse renouvelée et dédiée à Allah. Pour tout dire, Fatimatou-Zahra (as) vécut, chez son père comme chez son mari, la totalité du Message divin, en esprit et en détails. La venue au monde de ses deux fils, également Imams immaculés, n’est ainsi que la confirmation du destin grandiose à elle conféré par Allah.
Fatimatou-Zahra (as) n’a pas été qu’une privilégiée des dons divins. Au plan humain, elle a voué à son noble père un amour filial inégalable et, à son prestigieux mari, toute la dévotion recommandée. Elle s’acquitta de l’éducation de ses enfants comme il se doit, honorablement et avec un sens élevé de la piété. Dans la vie courante comme sur les champs de bataille, elle accompagnait son noble père en lui apportant tout le soutien nécessaire au point que, dans une grande satisfaction, on le voit, le noble Prophète Mouhammad (sawa) a dit : « Fatimatou-Zahra (as) est la mère de son père, ‘’Oum Abi’’ ». Parole lourde de sens émise par un Prophète (sawa) dont Allah a attesté qu’il ne parle jamais d’émotion ni d’impulsion. Et si on met bout à bout ces distinctions honorables avec l’autre parole déclarant que lui-même et Ali sont issus d’une même lumière, la luminance de Fatimatou-Zahra (as) apparaît dans tout son rayonnement terrestre et céleste.
FATIMATOU-ZAHRA, « AL-KAWTHAR»
Allah, l’Omniscient, a mentionné Fatimatou-Zahra (as) comme étant “Al-Kawthar”. Ce mot a beaucoup retenu l’attention de ceux qui réfléchissent, qui méditent, comme le suggère exactement le saint Coran, parole d’Allah. En effet, « qui a meilleure parole qu’Allah ? » La beauté et l’excellence de la parole d’Allah, depuis la toute petite lettre jusqu’aux mots, en passant par la ponctuation, etc., résident dans la réalité que notre Créateur est le seul capable de dire en une locution plusieurs évidences, simples ou complexes à saisir, tant dans leurs couleurs que dans leurs profondeurs indescriptibles.
Le mot coranique « Al-Kawthar » est donc d’une importance capitale, d’une profondeur à donner le vertige (mais, Dieu merci, les âmes croyantes et qui invoquent beaucoup Allah échappent au vertige). Situons-nous dans l’histoire et dans l’espace de la vie du noble Prophète (sawa) pour tenter de comprendre. Dans l’Arabie avant l’islam, la terrible tradition d’enterrer vivantes les filles nouvelles-nées était des plus assises. C’est comprendre, au regard de cette effroyable pratique sociétale, l’ampleur du malheur de notre Prophète (s’il n’avait été qu’un humain ordinaire) du fait que la volonté divine aura été qu’il ne laissera point d’héritier mâle. Vue à la loupe de cette effroyable pratique sociétale, l’honorabilité d’un homme était, en grande partie, tributaire des descendants mâles qu’il laissait après sa mort.
Rappelons-le, nous sommes toujours dans l’Arabie avant l’islam où la naissance d’une fille n’est jamais un bonheur dans une famille ; c’est plutôt un triste évènement, une malédiction même. Alors, sans frémir le moins du monde, on enterre tout simplement vivante la fille nouvellement née en croyant - quelle abjection !-, se débarrasser d’un motif de chagrin, d’opprobre social, de honte.
Là-bas, dans cette Arabie, l’honneur et la gloire d’un homme sont tributaires des enfants mâles qu’il laisse derrière lui, preuve de la continuité de sa lignée, de son nom.
C’est donc dans une telle circonstance et dans une telle atmosphère impie que le noble Prophète Mouhammad (sawa) vint à perdre son dernier enfant mâle.
Il va sans dire que se lève contre lui une furieuse tempête de moqueries multiples, que s’abattent sur lui des avalanches d’ironies. Nous voyons bien aujourd’hui, plus de quatorze siècles plus tard, le rictus des sourires narquois des contemporains incroyants de notre vénéré Prophète Mouhammad (sawa), nous voyons bien la rigueur de leurs sarcasmes les plus morbides qui peuvent fendre et faire saigner le cœur le plus tendre et le plus pieux. Pour les ennemis de notre Prophète (sawa), ça y est, les jeux sont désormais faits : Mouhammad (sawa) est tout simplement "foutu" car, voilà quelqu’un qui prétend recevoir la Révélation, qui affirme que l’Archange Gabriel vient régulièrement le visiter, et qui est brusquement, si ce n’est brutalement, totalement abandonné par Son Allah qu’il dit pourtant être capable de tout, mais qui se révèle incapable de lui assurer une descendance pérenne!
On peut donc conspuer à souhait un tel Prophète : "ah ! ah ! ah ! oh ! oh ! oh !" Même chez nous encore, tout homme qui meurt en ne laissant derrière lui que des filles est considéré comme n’avoir pas été particulièrement favorisé par la nature. On se lamente sur son cas en disant : « Dommage, il a vécu seulement pour agrandir d’autres familles!» (par le mariage de ses filles). De même, toutes les femmes souhaitent, dans leur for intérieur, donner à leurs maris au moins un enfant mâle, sans quoi elles souffriraient doucement dans leurs cœurs de mères. Ceci est vrai ici comme ailleurs.
Ceci est même vrai dans les milieux les plus pieux. Le saint Coran nous en donne un exemple éloquent. La famille d’Imran a sans doute voué à Allah un culte sincère et assidu. Par la force de l’invocation, Allah bénit l’heureux couple qui avait tardé à enfanter. Et lorsque vint l’heureuse nouvelle de la grossesse, quelle ne fut la joie de la femme d’Imran :
« La femme d’Imran dit :
‘’Mon Seigneur !
Je te consacre ce qui est dans mon sein.
Accepte-le de ma part.
Tu es, en vérité, Celui qui entend et qui sait’’. » (Coran, Sourate III, verset 35).
Après avoir accouché, cette joie première, attendue du reste avec fébrilité, on s’en doute, va vite laisser la place à une sorte de doute, de déception post- délivrance. La femme d’Imran voulait très certainement un garçon, et voilà qu’Allah contrarie son souhait.
« Après avoir mis sa fille au monde, elle dit :
‘’Mon Seigneur ! J’ai mis au monde une fille’’.
-Allah savait ce qu’elle avait enfanté,
un garçon n’est pas semblable à une fille. »
La femme d’Imran, malgré tout, garde sa confiance en Allah :
« …‘’Je l’appelle Marie’’
Je la mets sous Ta protection, elle et sa descendance,
contre Satan, le Réprouvé’’
Son Seigneur accueillit la petite fille
en lui faisant une belle réception.
Il la fit croître d’une belle croissance
et Il la confia à Zacharie… » (Coran, Sourate III, verset 37…).
Le reste du récit, émaillé de lourds soupçons de dépravation de la part de la noble Marie, est bien connu. En accordant à la femme d’Imran une fille qui suscita, en quelque sorte le scepticisme des heureux parents, Allah nous révèle le grand secret qu’Il a mis de science certaine dans les femmes préservées. Marie, née de la femme d’Imran, sera celle qui donnera miraculeusement naissance à Issâ (Jésus Christ). Toute une leçon qui mérite d’être sans cesse apprise, assimilée et dissertée sainement.
La femme d’Imran confie donc à Allah sa fille (à la place de laquelle elle souhaitait un garçon) que le Seigneur des mondes envoya à elle et à son mari comme consolation. Elle l’a mise sous la protection d’Allah, elle et sa descendance, contre Satan, le Réprouvé. C’est bien cette descendance-là qui est quotidiennement citée dans la formule des invocations divines rappelée au moins cinq fois par jour dans les prières de certains de nos frères, formule de bénédictions divines connue sous le nom de « çolowat Ibrahimiya » ; et il est aisé de savoir que cette descendance-là, celle du grand Prophète Ibrahim (as), est citée en parallèle, dans la formule en question, avec la descendance du noble Prophète Mouhammad (sawa). Ceci explique bien cela.
Or, le Prophète Mouhammad (sawa) a perdu ses deux fils morts à bas âge. Aubaine pour ses détracteurs, ses ennemis, non seulement de s’en réjouir, mais de se moquer surtout de lui en le qualifiant de « abtar », c’est-à-dire de «sans postérité », celui qui ne laisse pas de trace, qui est un mutilé de la vie, comme on dirait aujourd’hui d’un tel malheureux, ‘’il a vécu pour rien’’ ou, pour parler comme nos frères Ivoiriens, ‘’il est mort cadeau’’.
Pour les ennemis de Mouhammad (sawa), le noble Messager d’Allah demeurait bien le « abtar » (sans postérité) ; ils ne savaient pas qu’avec la naissance de l’honorable Dame s’ouvrirait bientôt le cycle de l’Imamat grâce à son béni mariage avec l’Imam Ali Ibn Abi Tôlib (as), de laquelle union naîtront les deuxième et troisième Imams immaculés, Hassan et Hussein, et de ce dernier une descendance préservée de neuf Imams sanctifiés qui perpétueront, en tant que dépositaires du noble sang prophétique, la lignée sanctifiée de Mouhammad. Non, grâce à Allah, le Prophète n’est pas « abtar »! Sa descendance purifiée demeure la gardienne vigilante et infaillible du message divin jusqu’à la fin des temps. Il est curieux que certains musulmans, lisant pourtant tous les jours la sourate ‘’Al-Kawthar’’ qui leur dit clairement que ce sont plutôt les ennemis du Prophète (sawa) qui seront sans postérité aucune, continuent à dire que Mouhammad (sawa) n’a laissé aucune postérité et que les familles chérifiennes (les Sayyid justement issus de sa progéniture par le mariage de Ali et Fatima) sont une imposture ! Soubhanallâh ! Soubhanallâh ! Soubhanallâh !
Plaise à Allah qu’ils se rendent compte, vite, que ‘’Al-Kawthar’’, ce sont les Ahlul Bayt (Gens de la Maison, Demeure prophétique) : « … En vérité, Dieu ne veut autre chose, que faire partir de vous la souillure, ô Gens de la maison, et vous purifier totalement » (Coran, sourate 33, verset 33).
Le cycle de l’imamat, ouvert par Ali Ibn Abi Tôlib (as) et qui se boucle, à la finale, par son noble descendant Mouhammad Ibn Al Hassan, le Mahdi attendu (actuellement en grande occultation), est le prolongement naturel du cycle de la prophétie clos par le Prophète Mouhammad (sawa). Ceci est un autre débat.
Et voilà qu’Allah Lui-même se charge de répondre aux ennemis de son noble Prophète (sawa), en bloquant net leurs torrents de moqueries, de sarcasmes, et d’injures mêmes, par la révélation de la sublime sourate coranique ‘’Al Kawthar’’ (la Profusion, l’Abondance) qui annonce la prochaine venue au monde d’une Dame honorée, Fatima, qui perpétuera sa noble lignée. Voici, avec tous ses secrets, sa profondeur ésotérique, son éloquence, etc., la dense et superbe sourate de seulement trois versets :
«Au nom de Dieu le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux,
Oui, Nous t’avons accordé la profusion (l’abondance).
Pour ton Seigneur, donc, célèbre l’Office (la prière rituelle) ; et immole(à Sa gloire)
Oui, celui qui te hait, le voilà, le sans-trace !» (c’est ton ennemi qui sera sans postérité aucune).
Alors naquit Fatimat-Zahra (as) pour être « Al-Kawthar » ou la Profusion, l’Abondance. Les commentateurs chevronnés du saint Coran abordent le « Al-Kawthar » avec un immense espoir. De toute évidence, il s’agit d’une source intarissable de bonheur ou une profusion des bonheurs des mondes. On parle également de « Al-Kawthar » comme étant un fleuve au paradis pour étancher la soif des élus ; eau bénie donc.
La métaphore divine peut nous renvoyer à l’immensité des eaux terrestres et célestes, l’eau étant ce produit indispensable à la vie, toutes choses elles-mêmes ayant été créées à partir de l’eau. Cette notion d’eau en tant qu’élément indispensable à la vie, pour peu qu’on y prête attention, revient bien à propos dans le saint Coran. En effet, demander pardon à Allah pour accéder au bonheur est pour nous une donnée essentielle, un cadeau divin. De l’autorité du noble Prophète (sawa), nous savons que les Ahloul Baït (as), c’est-à-dire les « Gens de la Maison » prophétique sont la porte de la rémission de nos péchés.
Parler des « Gens de la Maison » prophétique revient à mentionner les 14 infaillibles dont l’unique femme faisant partie est Fatimatou-Zahra (as). Notre espoir de rémission de nos péchés et notre espérance d'accéder au paradis éternel se trouvent ainsi logés dans le secret des 14 infaillibles, dont Fatimatou-Zahra (as). On remarquera que ces Gens distingués, élus, sont aussi appelés « Arche de Noé ». Or, c’est dans la sourate Noé que le Grandiose Prophète (as) invite son peuple à demander pardon à Allah : « … J’ai donc dit : ‘’Implorez pardon, de votre Seigneur,- Il reste grand pardonneur, vraiment,-pour qu’Il vous envoie la nuée qui tombe abondamment en pluie, et qu’Il vous aide de biens et d’enfants, et vous assigne des jardins et vous assigne des ruisseaux… » (Coran, sourate 71, versets 10-11). Pluie, jardins, ruisseaux, n’est-ce pas l’eau, le fleuve paradisiaque qui alimente peut-être tous les cours d’eau de la création ? « Al-Kawthar » s’entend sans doute ainsi.
Telle est aussi Fatimat-Zahra (as), à la fois fille, épouse, mère et grand-mère des Arguments infaillibles d’Allah sur Ses créatures enclines aux péchés.
En revenant encore à l’histoire, aux circonstances de la conception de Fâtimatou-Zahra (as) et de l’annonce au noble Prophète (sawa) de sa venue prochaine au mondr par Allah Lui-même pour être « Al Kawthar », on a sans doute un baromètre et une balance : on mesure avec précision, en effet, la place et le rang de Fâtimatou-Zahra (as) qui est la plus grande des Dames du monde, selon plusieurs compilateurs de hadiths dont Boukhari, et on la met dans la balance des bonheurs comme étant celle qui a été envoyée à Mouhammad (sawa) comme consolation, consolatrice donc. Dans cette balance, nous n’oublierons pas de mettre Mouhammad (sawa) lui-même comme étant celui qui « n’a été envoyé aux mondes que comme miséricorde ».
En clair, Fâtimatou-Zahra (as) a été accordée et envoyée à Mouhammad (sawa) comme consolatrice. Or, Mouhammad (sawa) est lui-même le Consolateur par excellence, le Ahmad dont, selon le saint Coran, la venue a été annoncée solennellement par Jésus, mais aussi le Paraclet (‘’Parakletos’’) de la Bible. Donc, Zahra (as) est la Consolatrice du Consolateur par excellence chagriné fortement par ses contemporains mécréants au moment de la perte du dernier de ses fils.
Nous pouvons même oser un parallèle entre le cas du grand Prophète Noé (as) et celui du vénéré Mouhammad (sawa). De par la Révélation qu’il reçut d’Allah, Noé entreprit de construire l’Arche du salut. Or, il vivait dans un espace totalement désertique. Ses contemporains incroyants, qui ne cessaient de passer pour se moquer, se disaient entre eux : « En voici un vrai fou qui construit une Arche sur le désert ! Sur quelle eau cette embarcation que ce fou dit être le vaisseau du salut va-t-elle un jour naviguer ? » De la même manière, on peut saisir la suspicion des contemporains de notre Prophète honorable par excellence quand il leur annonce la sourate « Al Kawthar » dont la matérialisation est sa fille qui sera celle qui prolongera sa descendance : « Tu n’as pas de garçon et tu crois que tu auras des descendants nombreux ! Comme ce pourrait être inintelligent ! »
QUELQUES HADITHS BIEN CONNUS
« Elle est la Reine des femmes de l’univers, de la première à la dernière », a dit de Fatimatou- Zahra (as) le Prophète de l’islam. Selon d’autres sources parmi les plus fiables, le saint Prophète Mouhammad (sawa) a dit : « Marie était la Dame des femmes de son époque, mais ma fille Fatima est la Dame de toutes les femmes du monde, de la première à la dernière »
La grandeur de Fatima aux yeux de son père, l’Envoyé de Dieu, et de son époux, Ali Ibn Abi Tôlib, son exemplarité au regard des musulmans, relèvent, à la fois, de son statut et des qualités personnelles qu’elle développa au cours de sa brève existence. De même, l’affection immense que lui vouait le Prophète, et qui transparaît à travers nombre de hadiths, prend source non seulement dans le lien paternel qui l’unit à elle, mais aussi et surtout, sans doute, à la noblesse de caractère de Fatima et à sa grandeur d’âme. En témoignent, notamment, certains propos du Prophète, relativement à tel comportement ou telle parole de Fatima : « Fatima est une partie de mon être » ou « Ô Fatima, je témoigne que tu es une partie de mon être »(Bihar al-Anwâr, I. 43, p. 24). Ce qui atteste la permanence de cette affirmation prophétique.
Quelle vision aurions-nous de Fâtimatou-Zahra (as) si toutes les paroles de l’Envoyé de Dieu la concernant, si le récit de tous ses mérites étaient parvenus jusqu’à nous ? Dieu Seul le sait. Il suffit d’entendre et comprendre, avec le cœur et les oreilles de la piété, la parole suivante du noble Messager d’Allah : « Fâtimatou est un ange à existence humaine ». Il y a dans ce signalement à notre intelligence une profondeur que notre esprit est incapable de sonder tous les coins et recoins.
Sur la dense vie de Fâtimatou-Zahra (as), nous avons éternellement matière à méditer. Arrêtons-nous sur les quelques anecdotes que nous ont transmises les rapporteurs de hadiths et sur la portée des paroles du Prophète à la lumière du verset coranique suivant : « Votre camarade ne s’égare ni n’est dans l’erreur/ Ni ne parle pas sous l’emprise de la passion… » (Coran, sourate 53, l’Etoile, versets 2 et 3. Donc, avec une foi inébranlable en Allah, aucune des paroles du noble Prophète n’est à prendre à la légère ; tout ce que le vénérable Messager déclare porte le sceau du Seigneur Très-Haut, qui continue, dans la même sourate, à proclamer à son sujet : «… ce n’est là que révélation révélée/ Un fort en fait de puissance l’a enseigné… » (Sourate 53, l’Etoile, versets 4 et 5).
Or, voici que le Prophète dit de sa fille :« Fâtima est la Reine des femmes du Paradis. » (Bihar Anwâr, t. 43, p. 36). Puis : « Fâtima est une partie de mon être, elle est la lumière de mes yeux, le fruit de mon cœur et de mon esprit… » (Riyahin al-chari’a, t. I., p. 21). Encore : « Dieu se courrouce du courroux de Fâtima et se complait de sa satisfaction. » (Bihar Anwâr, t. 43, p. 19 et 26).
Revenons à Fâtima (que nous n'avons d'ailleurs pas quittée). Elle grandit, nous l’avons déjà dit, dans la demeure de la Révélation, dans l’atmosphère d’exaltation des premiers temps, témoin des allers et venues des nouveaux musulmans venant auprès de son père apprendre comment adorer le Tout-Puissant. Dès sa plus jeune enfance, elle se familiarisa avec les enseignements de l’Islam, tout en côtoyant les épreuves imposées aux musulmans qui caractérisaient cette époque : menaces, humiliations, tortures, meurtres, pressions économiques, etc.- des conditions fort difficiles qui forgèrent son endurance.
En 619, ‘’Année de la Tristesse’’, la mort de sa bien-aimée mère Khadidja, puis celle d’Abou Tôlib, oncle et soutien de son noble père le Prophète, affectèrent profondément celui-ci. C’est Fatima qui prendra la relève des deux et se dévouera au service du vénéré Messager du Seigneur des mondes, alors devenu une fois de plus orphelin par la perte de l’épouse chérie et de l’oncle attentif, tous deux piliers solides de la nouvelle foi. Pour cela, Fatima recevra du noble Prophète le surnom de ‘’Oum Abiha’’ (‘’Mère de son père’’).
Nous avons tantôt parlé du mariage de Fatima avec Ali Ibn Abi Tôlib. L’évènement eut lieu en l’an 2 de l’Hégire (624). Le noble Prophète qualifia ainsi ce lien sacré : « Cette affaire est conforme à la volonté de Dieu. Nul autre qu’Ali n’était digne d’épouser Fâtima.»
Pour comprendre le sens de cette assertion prophétique, il faut savoir que, auparavant, d’autres musulmans parmi les plus connus, notamment Omar et Abou Bakr, avaient eu à demander la main de Fâtima, mais le noble Prophète (sawa) leur avait toujours répondu invariablement : « J’attends la décision d’Allah. »
C’est que, de par la volonté divine, et rien d’autre que par la volonté divine, Fâtima portera le destin et l’avenir de la foi, car d’elle seront issues les sublimes personnalités exemptées de péchés, les Ahlul Bayt (Gens purifiés de la Demeure prophétique), à qui est immuablement dévolue la guidance saine et pieuse de l’humanité.
C’est donc un couple béni prédestiné qu’Ali Ibn Abi Tôlib et Fâtima étaient appelés à former, un foyer pieux à fonder et à entretenir pour préparer les lits aux flots de la Profusion (de l’Abondance). Dès le début de leur vie commune, Ali et Fâtima s’en remirent au noble Prophète (sawa) pour la répartition des tâches entre eux. C’est ainsi que le vénérable Messager (sawa) chargea Ali des responsabilités extérieures comme apporter le bois ou puiser l’eau, et Fâtima des tâches intérieures comme moudre le blé ou l’orge et faire le pain. Ce partage des tâches était déjà souple, Ali et Fâtima le rendirent plus élastique : Ali secondait, en effet, Fâtima lorsqu’il le pouvait, de même qu’en l’absence d’Ali, Fâtima se chargeait des tâches extérieures. Ali dira de son aimable et pieuse épouse : «Lorsque je rentrais à la maison et que je regardais Fâtima, tous mes soucis s’évanouissaient »(Manaqib, Kharazmi, p. 256). Et encore : « Par Dieu, je n’ai jamais rien fait qui courrouce Fâtima, et Fâtima ne m’a jamais mis en colère » (Manaqib, Kharazmi, p. 256). Bienheureux couple qui doit nous inspirer, nous et nos épouses !
Un de nos amis a dit un jour publiquement que si Dieu n’avait pas fait subir au Prophète et aux siens les affres de la pauvreté, aucun pauvre n’aurait accepté l’Islam. Il n’a peut-être pas tort. Pour Ali et Fâtima, comme pour Mouhammad, la vie n’a pas été que de roses, loin s'en faut. Elle a même été rude pour eux. La pauvreté régnait sur leur quotidien comme sur celui des autres musulmans. Pour Fâtima particulièrement, les tâches ménagères étaient fort pénibles. A propos, on rapporte que le noble Prophète (sawa), voyant un jour Fâtima vêtue d’un vêtement rêche et en train de tourner la meule de sa main, tout en allaitant son enfant, lui dit, les larmes aux yeux : « Ma fille ! Endure l’amertume de la vie à titre de préliminaire à la douceur de l’au-delà… » (Bihar Anwâr, t. 43, p. 85- 86).
De l’union d’Ali et Fâtima naquirent quatre enfants : Hassan, Hussein, Zaynab et Oum Koulthoum. Un cinquième, qui aurait eu le nom de Mohsen s’il avait vu le jour, ne naîtra pas. Des agresseurs ayant fait irruption sur la maison de Fâtima et Ali en la bousculant vulgairement sont à la base de la mort de la fille du noble Prophète (sawa) et de la perte de son enfant Mohsen qu’elle portait dans ses entrailles. Il y a là une histoire que tout musulman doit chercher à connaître.
Lorsque, sur son lit de mort, le Prophète annonça à Fâtima qu’elle serait la première à le rejoindre, elle sourit à travers ses larmes. Le fait est que, en effet, elle devait mourir, peu de temps après son auguste père, des suites d’une agression qui demeure une honte en islam et pour l’islam, allez savoir. Il faut dire que la mort du noble Prophète (sawa) en l’an 11 de l’Hégire (632) fut une grande épreuve pour les musulmans ; ce fut aussi pour eux un examen auquel Dieu les soumit. Conséquemment, les évènements avaient contraint Fâtima à prendre la défense de la ligne du noble Prophète (sawa). Au regard de son statut à elle octroyé par Allah dans Son omniscience, elle ne pouvait nullement se défausser de ses responsabilités. Elle les assuma donc résolument et avec une bravoure digne de son noble sang. Elle réclama dignement Fadak usurpé par le calife, en apportant les arguments tirés du saint Coran et des paroles authentiques de son vénérable père. Elle mit au pied du mur ses contradicteurs les plus acharnés et put ainsi démontrer l’imposture ambiante en cours contre les droits de la famille prophétique. Durant tout son combat mené de haute lutte contre les usurpateurs, elle souffrait des séquelles de l’agression inouïe dont elle fut la cible par des enragés cherchant coûte que coûte à faire prêter par Ali serment d’allégeance à Abou Bakr. Enfin, lorsqu’elle sentit approcher sa dernière heure, elle appela à son chevet son glorieux mari, Ali Ibn Abi Tôlib (as), et lui demanda de l’enterrer nuitamment afin que ceux-là qui sont la cause de ses malheurs ne puissent point venir se recueillir sur sa tombe, encore moins prier sur elle.
Fâtimatou-Zahra (as) rejoignit ainsi son vénéré père, le noble Prophète (sawa). Nous retiendrons utilement qu’elle ne fut pas n’importe quelle femme et qu’elle ne sera jamais une personne anonyme dans l’histoire de l’humanité. Fâtimatou-Zahra, c’est le grand secret de notre religion, cette religion musulmane que Dieu a agréée sous le nom de l’Islam. Fâtima est la Profusion, l’Abondance pour nous, pour notre bonheur ici-bas et dans l’au-delà. Au privilège singulier d’être née de Mouhammad et de Khadidja, elle a la gloire éternelle d’avoir été choisie par Allah pour être la prestigieuse « Mère des Imams », ces beaux et lumineux Princes immaculés de la fin des temps que Tabarani mentionne ainsi, citant Ibn Abbas en reprenant les paroles du noble Prophète (sawa) : « Les étoiles sont une sécurité contre la noyade (en mer) pour ceux qui vivent sur terre et les Ahlul Bayt sont, pour eux, un refuge contre la discorde » . Le noble Prophète (sawa) peut se réjouir en s’adressant à sa fille Fâtima : « Dieu t’a choisie, Il t’a purifiée et choisie parmi les femmes de l’univers. »(Manaqib, Ibn Chahr Achoub, t. 3).
De l’éminence du caractère de Dame Fâtima, on retiendra surtout la parole suivante de Aïcha, épouse du Prophète (sawa) : « Je n’ai jamais vu personne plus sincère et véridique que Fâtima, si ce n’est son père. »(Manaqib, Kharazmi, p. 462).
On demanda à l’Imam Dja’afar Sadigh pourquoi Fâtima a été appelée Zahra (l’Eclatante). L’honorable Imam (as) répondit : « C’est parce que, lorsqu’elle se tenait en prière dans son mihrab, sa lumière brillait pour les êtres du Ciel comme la lumière des étoiles brille pour les habitants de la terre. » (Bihar Anwâr, t. 43, p. 12).
Il a été rapporté, par un récit digne de foi, que le Prophète (sawa) avait acheté pour le mariage de Fâtima une robe neuve pour remplacer celle, rapiécée, qu’elle portait. Lorsqu’un mendiant, quémandant un vieux vêtement, vint frapper à leur porte, Fâtima voulut lui donner sa robe rapiécée, mais elle se souvint alors du verset coranique suivant : « Vous n’atteindrez pas à la piété vraie tant que vous ne donnerez pas en aumône ce que vous aimez… » (Coran, sourate 3, Al Imran, verset 92).
Un penseur a dit : « Fâtima, c’est Fâtima ». Ce qui laisse à comprendre qu’elle restera une grande leçon de vie jusqu’à la fin des temps. Eternelle Dame !
AMADOU DIALLO
Directeur de l’Agence « Djannatou Ahlil Bayt » et du journal « La Sakina-Achoura » (République du Mali)
E-mail : sakina92110@yahoo.fr
amaddiallo110@gmail.com
NB : Ce texte a remporté le Grand Prix du meilleur article sur Zahra (as) à l’issue du premier concours international organisé à cet effet par l’Université Jamiyatou Moustapha d’Abidjan (République de Côte d’Ivoire). La remise du prestigieux Prix a été faite le 23 mai 2015 à Abidjan.
FATIMATOU-ZAHRA (as), LA FILLE DU NOBLE PROPHÈTE (sawa)
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