Avec l’émergence de l’Islam politique et le "printemps arabe", le mot "charia" est passé dans le vocabulaire commun comme synonyme de "fanatisme". Un retour aux sources et à l’histoire récente des mouvements intellectuels et politiques du monde musulman semble vraiment utile pour prendre la mesure de ce qui se passe au sud de la Méditerranée.
La charia, normativité référée à l’Islam et à ses textes fondateurs, appartient à ces vocables constamment utilisés et jamais étudiés, ou si peu. Il n’existe en tout cas aucun ouvrage de langue française tentant d’aborder la question, non pas dans ses représentations fantasmées, mais dans ses formes et ses pratiques concrètes, vide que ce livre entend combler. L’objectif est de le faire «au temps présent», dans le phénomène de référencement à la charia que l’on peut observer à l’œuvre dans le contexte contemporain, tout en ne négligeant pas la nouvelle dimension politique que ce terme et ses usages n’ont manqué de prendre.
Les rapports du droit à la référence Islamique ont connu des bouleversements profonds au cours des cent cinquante dernières années. Aux niveaux législatif et judiciaire, les instances du droit ont eu à se prononcer sur la place de la charia dans les différents systèmes juridiques. L’ouvrage s’attache à observer comment la formulation des règles référées à l’Islam, leur usage et leur autorité sont fonction du contexte social, politique et institutionnel de chaque État.
Faut-il en conclure à la relativité de la charia? Au lieu de chercher à connaître la nature de la règle Islamique, il convient davantage d’observer, en contexte, comment ces règles sont invoquées, élaborées et mises en œuvre dans le cours ordinaire de la vie de sociétés où la présence musulmane est importante.