Un a analyse sur Bada, en arabe : البداء

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Badâ’ (en arabe : البداء) est un terme théologique qui signifie l’apparition d’une chose inattendue pour les êtres humains de la part d’Allah. Lorsque l’on dit qu’Allah a fait Al-Badâ’, c’est à dire qu’Il a effacé ce que l’homme attendait et a fait apparaître une chose inattendue.

Certains versets coraniques ont parlé d’Al-Badâ’. Aussi, d’après les hadiths, la connaissance sur Al-Badâ’ est nécessaire pour atteindre l’Unicité divine. Les sources chiites rapportèrent beaucoup de hadiths sur Al-Badâ’.

Al-Badâ’ dans le Coran

Certains versets coraniques parlent d’une façon directe ou indirecte d’Al-Badâ’ :

  • Certains versets déclarent qu’il y a deux sortes de prédestination, la prédestination sûre et la prédestination qui n’est pas sûre et qui peut changer sous certaines conditions que seul Dieu sait. Comme le verset suivant :
« C'est Lui qui vous a créés d'argile; puis Il vous a décrété un terme, et il y a un terme fixé auprès de Lui. Pourtant, vous doutez encore! ».[8]

D’après ce verset, certaines prédestinations divines ne sont pas fixées et peuvent changer.

  • Les versets qui déclarent que l’homme peut changer son avenir par ses actions :
« [L'Homme] a [des Anges] attachés à ses pas, par devant lui et par derrière lui, qui l'observent, sur l'ordre d'Allah. Allah ne modifie pas ce qui est en un peuple avant que celui-ci ait modifié ce qui est en lui-même ; quand Allah veut du mal à un peuple, il est impossible de repousser [ce mal], et [ce peuple] n'a pas en dehors de Lui de patron ».[9]
« C'est qu'en effet Allah n'a point changé un bienfait dont Il avait gratifié un peuple, avant que ce peuple ait modifié ce qui était en lui-même. Allah est audient et omniscient ».[10]

Les versets qui parlent directement d’Al-Badâ’ :

« Que ne s’est-il trouvé une cité qui ait cru et à qui sa foi ait servi ! Excepté le peuple de Jonas. Quand ils eurent cru (sic). Nous écartâmes d'eux le Tourment infamant, en la Vie Immédiate, et les fîmes jouir [de cette vie], pour un [certain] temps ».[11]
« Quand l'enfant eut atteint [l'âge] d'aller avec son père, celui-ci dit : « Mon cher fils ! en vérité, je me vois en songe, en train de t'immoler! Considère ce que tu en penses! ». « Mon cher père, répondit-il, « fais ce qui t'est ordonné! Tu me trouveras, s'il plaît à Allah, parmi les Constants. ». Or quand ils eurent prononcé le salâm et qu'il eut placé l’enfant front contre terre, Nous lui criâmes : « Abraham! tu as cru en ton rêve! En vérité, c'est là l'épreuve évidente! ». Nous le libérâmes contre un sacrifice solennel ».[12]
« Ô mon peuple !, entrez dans la Terre Sainte … [Le Seigneur] répondit : « [Cette terre] est interdite [aux Fils d’Israël] ».[13]
« Nous fîmes pacte avec Moïse durant trente jours que Nous complétâmes par dix [autres], en sorte que le temps [de rencontre] (mîqât) de son Seigneur fut de quarante jours ».[14]

D’après tous ces versets coraniques, il y a des événements dont les gens ignorent, mais Allah sait tout. Donc, Dieu les fait apparaître aux gens alors qu’ils attendaient le contraire.

Al-Badâ’ dans les hadiths

D’après plusieurs hadiths dans les sources chiites, les Imams parlèrent suffisamment d’Al-Badâ’ et éclaircirent bien ce sujet. Ils nous donnèrent une interprétation confirmée par le Coran.

D’après les Imams, tous les prophètes croyaient à Al-Badâ’. L’Imam as-Sâdiq (a) dit :

« Les prophètes n’atteignirent pas le statut de la prophétie sans avoir croire à cinq choses : Al-Badâ’, la volonté divine, la prosternation, l’adoration et l’obéissance à d’Allah ».[15]

Dans un autre hadith, l’Imam as-Sâdiq (a) dit :

« A chaque fois qu’al-Badâ’ se fait, Allah le sait avant sa réalisation ».[16]

Certains hadiths déclarèrent l’importance d’Al-Badâ’ parmi les Imams et le considérèrent comme un signe de la croyance en l’Unicité divine.

D’après un hadith :

« (la croyance en) Al-Badâ’ est une meilleure façon d’adorer Allah ».[17]

Ainsi, l’Imam as-Sâdiq (a) dit :

« Si les gens connaissaient la récompense de ceux qui croient en al-Badâ’, ils ne seraient pas fatigués d’en parler ».[18]
*L'imam Al Redha (as) dit:*

*"Aucun prophète n'a été envoyé que par l'interdiction du vin et la reconnaissance d'Al Badae."*

*"Rien ne paraît [Bada] à Allah sans qu'il soit dans son savoir avant qu'il lui apparaisse."*

*L'imam Al Sadiq (as) dit:*

*"Allah n'a pas envoyé un prophète sans lui rendre 3 caractéristiques obligatoires:*

*lui reconnaître la soumission, l'éloignement des ennemis, et qu'Allah avance ce qu'il veut et retarde ce qu'il veut."*

*"Allah a deux savoirs:*
*-un savoir dissimulé chez lui qu'il est le seul à connaître, alors c'est en cela qu'il y a Al Badae, et *-un savoir qu'il a enseigné à ses anges et ses prophètes et ses messagers, et nous le connaissons."*
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Critiques sur Al-Badâ’

La croyance des chiites en al-Badâ’ causa de critiques de la part des sunnites. Ces derniers croient que les chiites inventèrent al-Badâ’ et que ceci ne provient pas d’une source religieuse. Donc, dans leurs livres, ils mirent al-Badâ’ en question en déclarant plusieurs critiques.

Al-Badâ’ et le Savoir divin: Les sunnites croient que le savoir divin ne change jamais. Donc, Al-Badâ’ est impossible, car il nécessite le changement du savoir divin. D’après les chiites duodécimains, depuis le début, Allah savait ce qui va apparaître et il était au courant de tous, mais ce sont les hommes qui ne le savaient pas. Donc, Al-Badâ’ nécessite le changement dans le savoir des êtres humains, non pas dans le savoir divin. Car comme il est dit, Al-Badâ’ est l’apparition de ce qui était caché aux gens. Il n’était pas caché à Allah. Alors, c’est le savoir de l’homme qui change.

Al-Badâ’ et la prédestination divine

D’après certains sunnites, Al-Qadâ’ wa al-Qadar (la prédestination divine) refuse Al-Badâ’. Car d’après la prédestination divine, toute est écrit avant la création de l’homme, donc rien ne changera.[19] Mais d’après les ulémas chiites, Al-Qadâ’ wa al-Qadar sont en trois sortes :

  1. Al-Qadâ’ wa al-Qadar sûrs et certains que seul Dieu sait : Cette sorte de prédestination divine est contre Al-Badâ’, donc Allah ne fait pas Al-Badâ’ dans cette sorte de rédestination.
  2. Al-Qadâ’ wa al-Qadar sûrs et certains qu’à part Allah, les anges et les prophètes le savent et le Seigneur a dit à ses anges et à ses prophètes que cette événement se produirait certainement : Dans cette sorte de prédestination aussi, Allah ne fait pas Al-Badâ’.
  3. Al-Qadâ’ wa al-Qadar incertains : Cette sortes de prédestination est changeable, car elle n’est pas sûre. Donc, Al-Badâ’ a lieu dans cette sorte et n’est pas contre la prédestination divine.[20]

Les chiites croient que Al-Lawh al-Mahfûz (tablette préservée où Dieu inscrivit les destins de toute créature), Al-‘Ilm al-Makhzûn (Science emmagasinée et enfermée) et Umm al-Kitâb (Mère du Livre) qui se réfèrent tous au Savoir innée d’Allah, ne changent pas. De plus, Al-Badâ’ ne nécessite aucun changement dans le savoir divin. Car Allah sait tout et ce qui apparaît et est inattendu pour l’homme, est dans le Savoir divin. Donc, le changement a lieu dans le savoir de l’homme, non pas dans le Savoir divin.

Al-Badâ’ dans les sources sunnites

Certains ulémas sunnites critiquent les chiites pour leur croyance à Al-Badâ’ et le considèrent comme une innovation dans la religion de la part des chiites. Alors que dans certaines sources sunnites, il est rapporté des hadiths sur Al-Badâ’ :

« Parmi les enfants d’Israël, trois personnes tombèrent malades. Allah a fait Al-Badâ’ et les éprouva ».[21]

Ibn Hajar interpréta ce hadith en disant :

« Ce que ce hadith dit sur Al-Badâ’, veut dire qu’Allah le savait et décida de le manifester. Donc, ce hadith ne veut pas dire qu’Allah l’ignorait et après peu de temps, Il l’apprit. Car il est impossible qu’Allah ignore ».[22]
  • Dans l’exégèse du verset 42 de la sourate Az-Zumar, Ibn Abî Hâtim rapporta un hadith d’après Ibn Abbas, en disant :
« Si Allah fait al-Badâ’, Il prend l’âme ou Il retarde la mort de l’homme ».[23]
  • Haythamî dans son livre Majma’ az-Zawâ’id rapporta un hadith sur Al-Badâ’.[24]
 

Effets de la croyance à al-Badâ’

D’après les ulémas chiites, Al-Badâ’ prouve le Pouvoir absolu d’Allah et distingue le savoir divin de celui des prophètes.

Donc, parfois les prophètes et les Imams attendent quelque chose, mais Allah apparaît une chose inattendue.

Aussi, Al-Badâ’ a beaucoup d’effets dans la vie des êtres humains. Si un homme croit que sa destination ne changera jamais et que tout est prédestiné par Allah, il perd son espoir pour construire son futur comme il veut. Alors que pour celui qui croit à Al-Badâ’, c’est tout à fait différent.

Un musulman qui croit à Al-Badâ’, sait bien que c’est lui qui peut construire son avenir et qu’il peut changer sa prédestination incertaine. Donc, il a beaucoup d’espoir pour vivre et pour atteindre ce qu’il désire.[25]

Références

  1.  Ibn Manzûr, Lisân al-Arabe, B D W
  2.  Râghib al-Isphahânî, Al-Mufradât, p 113
  3.  Ibn Fâris, Mu’jam Maqâyîs al-Lugha, p 212
  4.  Al-‘Allâmat at-Tabâtabâ’î, Al-Mîzân, v 11 p 381
  5.  Al-Fakhr ar-Râzî, Muhassal Afkâr al-Mutaqaddimîn wa al-Muta’akhkhirîn, p 602
  6.  Le Coran, la sourate ar-Ra’d, v 39
  7.  Shahristânî, Al-Milal wa an-Nihal, v 1 p 171
  8.  Le Coran, la sourate al-An’âm, v 2, Traduction de Hamidullah
  9.  Le Coran, la sourate Ar-Ra’d, v 11, Traduction de Régis Blachère
  10.  Le Coran, la sourate al-Anfâl, p 53, Traduction de Régis Blachère
  11.  Le Coran, la sourate Yûnus, v 98, Traduction de Régis Blachère
  12.  Le Coran, la sourate As-Sâffât, v 102 - 107, Traduction de Régis Blachère
  13.  Le Coran, la sourate al-Mâ’ida, v 21 et 26, Traduction de Régis Blachère
  14.  Le Coran, la sourate al-A’râf, v 142, Traduction de Régis Blachère
  15.  Cheikh as-Sadûq, At-Tawhîd, p 333
  16.  Kulaynî, Al-Kâfî, v 1 p 198
  17.  Kulaynî, Al-Kâfî, v 1 p 197
  18.  Cheikh as-Sadûq, At-Tawhîd, p 334
  19.  Al-Ash’arî, Maqâlât al-Islâmîyyîn, p 11, 55 et 120
  20.  Khoi, Al-Bayân, p 387 - 388
  21.  Al-Bukhârî, Sahîh al-Bukhârî, v 4 p 1761 h 3464
  22.  Ibn Hajar, Fat’h al-Bârî, v 6 p 502
  23.  Ibn Abî Hâtim, Tafsîr, v 10 p 3252
  24.  Haythamî, Majma’ az-Zawâ’id, v 8 p 8
  25.  Khoi, Al-Bayân, p 391 - 392

 

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