Plusieurs questions peuvent nous interpeller avant d’aborder la lecture d’un
Do’â ; par exemple, que veut dire invoquer Dieu et pourquoi ?quel est le but recherché à travers l’invocation ?pourquoi ceci nous est demandé par Dieu ?est-ce pour satisfaire nos besoins quotidiens, matériels ou bien y’a quelque chose d’autre de plus important et fondamentale ?
Commençons par un beau hadith prophétique de notre maître Mohammad (que les prières de Dieu et la paix soient sur lui et sa sainte famille) qui dit : « L’invocation est le noyau de l’adoration » c'est-à-dire si l’adoration contenait une écorce et un noyau, son noyau en serait l’invocation (Do’â),ou encore le centre de la circonférence.
Beaucoup de gens conçoivent le Do’â comme un moyen pour résoudre leurs problèmes de la vie, alors que d’autres voient l’invocation comme une nécessité, un besoin et un but en soi.
Lorsque nous voyons certains Do’âs des imams d’ahlolbayt (a.s) et grands mystiques de l’Islam, nous constatons que selon leurs optiques, l’invocation est une finalité et un désir ; et non un moyen pour accéder à une autre requête.
Au moment où ils se sentent au fond d’eux-mêmes éloignés et séparés ou bien besogneux par rapport à leurs
Bien-aimé qui ne peut être que Dieu et sans Lui ils se voient qu’ils ne sont rien et dans ces cas là, le do’â est le seul recours et chemin pour parvenir à leurs Bien-aimé.
Le Do’â est un dialogue avec le Bien-aimé et la nourriture spirituelle des mystiques (‘orafâ).
Certains exégètes ont dit que la réponse adressé à Dieu par Moussa (a.s) concernant le bâton était trop longue c'est-à-dire que Moussa (a.s) prolongeait la discussion avec Dieu car il prenait plaisir et il aimait
cela.
L’imam Hossein (a.s) dans le Do’â ‘Arafat nous montre que son invocation n’était nullement en vue d’avoir quelque chose mais plutôt à cause de l’affection et l’attachement qu’il a trouvé avec son Bien-aimé.
En voici quelques passages de l’invocation de ‘Arafat : « Aveugle est l’œil qui ne Te voit pas alors que Tu es son gardien ! Perdante est l’affaire du serviteur en qui Tu n’as pas placé une part de Ton amour ».
« Qu’a trouvé celui qui T’a perdu et qu’a perdu celui qui T’a trouvé » et un peu plus loin il dit :
« O celui qui a fait goûter à ceux qu’il aime la douceur de Sa compagnie »
« Mon Dieu, demande –moi par Ta Miséricorde jusqu’à parvenir à Toi, attire-moi par Ta grâce jusqu’à arriver auprès de Toi ».
Le Commandeur des croyants, l’Imam Ali (a.s) disait dans le Do’â de komayl : « O mon Dieu, mon Seigneur, mon Maître et mon Suzerain, à supposer que je puisse endurer Ton châtiment, comment pourrais-je endurer d’être séparé de Toi ? »
Et dans l’entretien intime du mois de cha’bân, sayyidonâ ali (a.s) disait « O mon Dieu, accorde-moi de me consacrer totalement à Toi, illumine les visions de nos cœurs par la lumière de leur regard sur Toi jusqu’à ce qu’elles déchirent les voiles de lumière et atteignent ainsi la source de Ta Grandeur, et que nos esprits soient suspendus à la Gloire de Ta sainteté »
Les Do’âs des gens de la maison du Prophète (a.s) sont des entretiens intimes et chants d’amour ; cet amour que le Bien-aimé a projeté dans le cœur de l’amant comme le souligne si bien le coran en montrant une relation
réciproque dans le verset 54 de la sourate la table servie « Il les aime et ils L’aiment ».
L’imam khomeyni (r.a) disait que les prières, invocations et ziyârât des Imams ne sont pas des textes qui parlent de la voie et la montrent, mais bien de véritables guides « qui prennent la main de l’homme en quête de la Réalité divine et le mènent vers Lui ».
Concluons avec un quatrain du grand poète persan sa’di shirâzi tiré de son golestân (jardin de roses) qui dit :
« Si tu cherches ton ami pour ses faveurs,
tu t’attaches à toi-même et non à ton ami,
c’est une attitude déloyale à la voie des saints
que de désirer de Dieu autre que Dieu Lui-même. »
1. généralement on traduit do’â par invocation, supplication et prière de demande.
2. voir: bihar al anwâr volume 90
3. le Do’â ‘Arafat a été traduit en français par Leila Sourani dans son livre, Le Hadj , Ed.B.A.A.
4.ce passage de Do’â komayl a été traduit par Christian Bonaud (Yahya ‘Alawi) dans le livre, L’Imam Khomeyni,un gnostique méconnu du XXe siècle,Ed.albouraq.
5. la monâjât ash-sha’bâniyat a été traduit par Leila Sourani dans, Entretiens Intimes avec Dieu, Ed.B.A.A.
6. Sourate TAHA; verset 17 et 18.
7. voir page 107 du livre,L’Imam khomeyni, un gnostique méconnu du XXe siècle.