Al Hossein naquit le troisième jour du mois de Châ’abâne de l’an 4 après l’Hégire.
Dés sa naissance, une dame du nom de Assmâ porta l’enfant au Prophète (P). Ce dernier le regarda longuement puis se mit à pleurer. Devant la dame interloquée et suppliant le Prophète (P) de lui expliquer la raison d’un tel épanchement, ce dernier lui révéla que l’enfant qu’elle venait de lui mettre entre les bras allait être un martyr de l’Islam. Al Hussein (P), disait le Prophète (P) sera tué par des dissidents ignobles et dévergondés en faveur desquels, assura-t-il, il n’intercédera point.
Al Hussein (P) reçut du Prophète (P) les mêmes sacrements que ceux reçus par son frère à sa naissance (l’azan et l’iqâma dans les oreilles, le rasage, le don d’une certaine quantité d’argent, etc.).
Comme son frère Al Hassan (P), Al Hussein (P) bénéficia auprès du Prophète (P) d’une éducation très riche et sans faille, sous-tendue par une instruction tout aussi vaste que dense embrassant tous les domaines de la Connaissance. Il grandit dans le même amour infini du Prophète (P).
A l’âge de 7 ans il perdit son père le Prophète de l’Islam (P) mais retrouva cet autre illustre père qu’était l’Imam ‘Ali (P). Ce dernier prit donc en charge de continuer à parfaire l’éducation de ses enfants Al Hassan (P) et Al Hussein (P) qui, ne n’oublie pas, étaient désignés par Dieu pour être des Imams comme l’avait déjà annoncé le Prophète (P).
C’est ainsi que le père (‘Ali) et les deux enfants (Al Hassan et Al Hussein) furent éduqués par la même personne : le Prophète (P) à la fois cousin et beau-père pour l’un mais aussi père et grand-père pour les autres. Dieu assurait ainsi la pérennité de Ses Enseignements à travers une Sainte Lignée, celle des Descendants du Prophète (P) dont l’éducation était l’œuvre de Dieu Lui-même à travers les mains du Prophète Mohammad (P) , le meilleur de tous les êtres que Dieu a créés.
Après la mort de l’Imam ‘Ali (P) et l’empoisonnement de l’Imam Al Hassan (P), il revint à l’Imam Al Hussein (P), à l’âge de trente ans, de prendre la lourde responsabilité de conduire la Umma sur le chemin de la Perfection.
L’héritage était encore une fois très lourd à porter. En effet Moâwiyah avait imposé Yazid son fils aux différents dignitaires de la région - sauf à Médine - en leur demandant de lui prêter allégeance de gré ou de force. Or l’histoire nous apprend que Yazid était une personne sans scrupule qui n’avait que trois passions : l’alcool, la femme et la chasse. D’ailleurs l’annonce de la mort de son père le trouva en pleine séance de chasse.
Dés son accession au pouvoir en remplacement de son père, Yazid demanda à son représentant à Médine, Walid Ibn Oth’ba, de dire à Al Hussein (P) de lui prêter allégeance. Et au cas où il refuserait l’ordre était donné à Walid de lui trancher la tête et de la lui envoyer.
Walid convoqua Al Hussein (P) une nuit pour lui faire part des ordres qu’il avait reçus de Yazid. Al Hussein (P) demanda d’abord de réserver sa réponse pour le lendemain en plein jour vu l’importance de la question. Puis en réponse à l’énervement de Marwâne Ibn Hakâm – qui conseilla à Walid de ne pas laisser Al Hussein (P) sortir de là-bas vivant sans avoir atteint son objectif – Al Hussein (P) dévoila tout ce qu’il pensait en son for intérieur. Il dit : « Quelqu’un comme moi ne prête pas allégeance à quelqu’un comme Yazid car nous sommes la Maison de la Révélation, la Source de la Connaissance,...».
Sorti de ces lieux, Al Hussein (P) qui savait alors que sa vie et celle des membres de sa famille et de ses partisans étaient menacées, décida d’émigrer vers la Mecque. La ville sainte était en effet le seul endroit où les arabes, même avant l’avènement de l’Islam, évitaient toujours de verser le sang.
Une fois arrivé à la Mecque, Al Hussein (P) envoya son cousin Muslim Ibn ‘Aqîl, comme messager en Irak, plus précisément à Koûfa, pour vérifier si l’état des consciences dans cette contrée lui était encore favorable. Rappelons que la ville de Koûfa était la base de son père ‘Ali (P).
Plusieurs milliers de lettres lui parvinrent de Kûfa, l’invitant à venir s’y établir. Ibn Ziad, le représentant de Yazid à Koûfa, ayant appris que Muslim Ibn ‘Aqil avait été envoyé en éclaireur en Irak, le fit tuer avec son hôte Hâni Ibn Urwa ainsi que d’autres partisans. Après avoir commis un tel forfait, Ibn Ziad ferma les portes de la ville. Il interdit mais aussi découragea toute velléité de révolte en faisant croire aux populations que l’armée de Yazid avait encerclé la ville et était prête à réprimer dans le sang les désobéissants. Tout ceci afin d’éviter que l’assassinat de Muslim ne s’ébruitât ; ainsi pour Al Hussein (P), la ville de Kûfa était toujours prête à le recevoir.
Conforté par les nouvelles qu’il avait reçues de Kûfa, Al Hussein (P) se mit en route pour cette ville en compagnie de sa famille, de tous ses partisans et des membres de leur famille.
Arrivé à Karbala, il rencontra l’armée envoyée par Ibn Ziad et dirigée par Hûr Ibn Yazid Ar-riyahi et ‘Umru Ibn Sâ’ad.
Ils furent encerclés par cette armée plusieurs jours durant. Toutes leurs provisions étaient déjà épuisées et donc les hommes affamés et assoiffés, lorsque le 10 du mois lunaire de Muharram, Ibn Sa’ad et ses soldats s’abattirent sur le fils du Prophète (P) et les membres de sa famille. Ils furent tous massacrés avec une extrême cruauté. Les chevaux de l’ennemi piétinèrent le cadavre décapité de Al Hussein (P) tandis que les femmes, attachées derrière les chevaux étaient violemment traînées et humiliées à travers plusieurs villes. Un seul fils adulte d’Al Hussein (P) échappa à l’horrible tuerie : Ali Ibn Al Hussein (P) plus connu sous le nom de Zein El-Abedîne, qui était malade.
Zeynab (P), la sœur de Al Hussein (P), fut horrifiée et pleine de compassion et de tristesse en voyant la tête décapitée de son frère suspendue à la pointe d’une lance. Elle fit un poème fort poignant que nous préférons vous transcrire en arabe avant de tenter de le traduire :
« mâza takhûlûna iza khâlâ nabi yulakum
mâza fa altum wa antum akhîrul umamî
bi hit’ratî wa bi hah li bâ’da muf takhadî
mine hum ussâra wa mine hum daraju bidami
mâkâna hâza jazâ’i iz nassakhtu lakum
antukh li fûnî bi su’ine fî dzawî rahîmi
înî la afchâ aleykum an yukhmala bikum
mis’lal azâbi lezi yakh ti alal ûmami.“
Que direz-vous lorsque le Prophète (P) vous demandera,
Vous le peuple qu’il a laissé derrière lui,
Qu’avez-vous fait de ma descendance et de ma famille après ma mort ?
Parmi eux des prisonniers de guerre et des corps baignant dans leur sang
Lorsque Yazid reçut la tête tranchée de Al Hussein (P), il fit un poème dans lequel il dit :
« La tribu des Hâchimites (celle du Prophète) s’est amusée avec le pouvoir. Il n’y a eu ni nouvelles, ni révélations venues de Dieu. Je regrette que mes ancêtres morts à Badr ne soient pas présents en ce jour de gloire. »
La nouvelle de la mort de Al Hossein (P) se répandit à la vitesse du son. Et ses ennemis de répandre des commentaires dénués de tout fondement sur le martyr. Reprochant à Al Hussein (P), auprès de qui voulait les entendre, de s’être intéressé à la politique au détriment de la religion en allant jusqu’en Irak pour former une armée et combattre Yazid.
Cependant la sœur de Al Hussein (P), Zeynab (P), mena tout le long du parcours sur lequel on les traîna, elle et ses sœurs, une campagne d’explication des nobles desseins de Al Hussein (P). Elle le fit dans de mémorables discours qu’on peut trouver notamment dans plusieurs ouvrages.
L’œuvre magnifique et surtout le sens du sacrifice du frère de Al Hassan (P), fils de Ali (P) et de Fâtima (P) et petit-fils du Prophète (P), sont restés si longtemps mal compris et expressément déformés par les Omeyyades que certaines traditions qui nous sont parvenues le présentèrent tel que le décrivirent ses assassins.
Or donc Al Hussein (P) n’était allé à Kûfa que dans le but de préserver ses partisans et surtout le lourd héritage qu’il avait reçu de son frère. Les preuves en sont nombreuses :
- Il est parti avec les femmes et les enfants donc il n’avait nullement l’intention d’attaquer qui que ce soit.
- Ses partisans de Kûfa l’avaient invité avec beaucoup d’insistance à venir rester auprès d’eux afin de continuer l’œuvre de ses prédécesseurs : le Prophète (P), Ali (P) et Al Hassan (P). A ce propos, des personnes qu’il avait rencontrées alors qu’il était presque arrivé à destination lui dirent ceci : « Le cœur des gens de Kûfa est avec toi mais leurs sabres sont sur toi. ». Hélas il était trop tard.
- Sachant qu’il était l’Imam qui devait rester « debout » et confirmant en cela la prédiction du Prophète (P), il n’avait aucune autre alternative que celle d’agir. Car sa mort est une action posée contre les ennemis de l’Islam, une preuve d’amour pour ses partisans et surtout pour la cause de l’Islam. En effet elle provoqua au sein de la Umma une réelle prise de conscience du poids de la charge (Al Amana), et mit à nu toutes les déviations et autres perversions des Ommeyades. Cela eut pour conséquence la renaissance de l’Islam vrai et donc sa conservation à travers la Sainte Lignée du Prophète (P) qui se perpétua avec Zein El Abédine (P) que Dieu avait miraculeusement protégé du massacre de Karbala.
Sous la tente où Zein El Abédine (P) était alité, Al Hussein (P) lui avait légué le pouvoir qu’il détenait et lui avait transmis, comme l’ont fait ses prédécesseurs, la liste des Imams qui auront à lui succéder.
3 Châ’abân , la naissance de l’Imam Al Hussein (P)
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