Le rôle historique du Sahifa

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Le rôle historique du Sahifa

Les musulmans de l’époque de l’Imam Zayn ul-‘Ābédine (psl), en dehors du domaine politique et militaire, furent confrontés à deux dangers majeurs contre lesquels il fallait prendre des mesures radicales :

 

1- Le premier de ces dangers est né de l’ouverture des musulmans face aux cultures diverses, à des normes législatives et à des situations sociales différentes. Ces confrontations furent causées par le mixage entre les musulmans et les peuples qui se convertissaient en masse à la religion d’Allâh. Le besoin d’un fondement scientifique confirmant l’identité intellectuelle et la personnalité législative particulière des musulmans, en s’aidant du Coran et de la Sunna, se fit alors sentir. Il fallait aussi un mouvement intellectuel et un « savoir-faire religieux » qui permettent d’ouvrir l’horizon intellectuel des musulmans afin qu’ils puissent porter le flambeau du Coran et de la Sunna. Cela devait se faire sous l’égide de l’autorité suprême de la religion à son époque ; le grand dignitaire clairvoyant, entreprenant et diligent qui arrive à en déduire ce qui est utile face à chaque nouvelle situation pouvant surgir à tout moment.

Il fallait ancrer la charia islamia et semer les graines de l’Idjtihad (produire tous les efforts possibles afin de déduire le décret d’Allâh pour chaque question liée à la vie religieuse, politique, économique, sociale… et pouvant concernant la communauté musulmane, qui puisse représenter les principes de la jurisprudence islamique). C’est exactement ce que l’Imam Ali ibn al-Hussein Zayn ul-‘Ābédine a fait en constituant un cycle de cours dans le mausolée du Prophète Mohammad (pslf) à Médine suite à son retour de Karbalā.

 

2- Quant à l’autre danger, il découlait du mouvement de relâchement qui domina la société musulmane. Car ce genre de mouvement expose la sociétés à l’emprise des délices du monde matériel, à l’excès dans les jouissances de cette vie limitée, mais aussi à la mort de la conscience des valeurs morales, des liens spirituels avec Allâh, de la croyance en l’au-delà et des objectifs lumineux que ces liens peuvent placer devant l’homme. Tout cela s’était déjà produit dans la société de l’époque. Il suffit de lire le livre Al-Aġāniécrit par Abul Faradj al-Is,fahāni pour réaliser plus clairement cette amère vérité.

L’Imam Ali ibn al-Hussein vit bien ce danger et commença à y remédier. Il adopta la supplication comme fondement du traitement et le S&ahifa en fut le fruit grandiose. Ce grand Imam put, grâce aux capacités dont il disposait – une éloquence unique ; superbe pouvoir d’expression, mais aussi une clairvoyance de source divine -, illustrer clairement les relations de l’homme avec son Seigneur, son amour pour le Créateur et sa dépendance envers Lui ainsi que la concrétisation de toutes les valeurs morales, les droits et les devoirs qu’expriment les principes cités plus haut.

L’art de s’adresser à Allâh est fin et délicat, il exige un niveau très élevé de crainte, de politesse et de maîtrise. C’est ce qui manque à l’homme éloigné de l’école des prophètes. Les prophètes ont été envoyés pour initier à cet art, enseigner comment il faut s’adresser à la source de la perfection et comment exposer son besoin à Celui dont tous ont besoin, tandis que Lui n’a besoin de personne. Dans les pages des Écritures passées, on trouve des repères analogues, tels que dans les Psaumes de la Bible, auxquels on a parfois abusivement assimilés le S&ah$ifa. Nous savons que cette assimilation n’est pas du tout exacte pour différentes raisons dont :

 

- Pour commencer, les psaumes qui nous sont parvenus aujourd’hui contiennent des éléments non attribuables à un prophète quel qu’il soit, et ils ont par ailleurs un aspect tribal limité géographiquement.

- De plus, les psaumes ne nous sont pas parvenus dans leur langue originale, ce qui a causé la perte de la majeure partie des finesses de ce texte. Ce n’est pas le cas du S&ahifa, provenant de l’un fils de l’école du Saint Coran, et n’utilisant en outre que les formes et les styles de la supplication.

Les formes et les styles adoptés, mis à part le fait qu’ils constituent la meilleure réponse, permanente, à l’un des besoins les plus essentiels de l’homme (la supplication), jouaient un autre rôle important : après l’évènement de ‘Āchourā, les survivants de cet horrible massacre découvrirent le vrai visage des autorités qui se proclamaient les califes successeurs du Prophète Mohammad (pslf). La responsabilité suprême et la direction des affaires reposaient normalement sur les épaules de l’Imam de l’époque : Ali ibn al Hussein (psl). C’est lui qui était habilité à ces tâches. Yazid se proclama être le calife du Prophète Mohammad (pslf) et son successeur. Walid ibn ‘Abdul Malik surveillait très attentivement toutes les activités de l’Imam. Dans un environnement particulièrement hostile, où tout était sujet à surveillance, la transmission de quelques supplications ne pouvait pas engendrer les soupçons des agents des autorités au pouvoir. De cette façon, la protection des trésors de science et de sagesse était assurée.

Ainsi, l’Imam Ali ibn al-Hussein put, grâce aux aptitudes et aux capacités qui lui avaient été données, créer dans la société musulmane une atmosphère spirituelle qui contribuait à renforcer l’homme musulman contre les tentations fortes de la vie terrestre et matérielle et ainsi mieux le rattacher à son Seigneur. Mais aussi, cela raffermissait les valeurs spirituelles du fidèle musulman afin qu’il demeure aussi constant lors de l’aisance et de l’abondance nouvelles qu’il l’avait été à l’époque de misère et de carence du début de l’appel à l’Islam.

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