L’humanité a parfaitement le droit de tirer gloire de ses souvenirs anciens et de les entourer d’un halo de majesté et de sacralité lorsqu’ils concernent ses croyances et ses valeurs. Les rites du pèlerinage participent d’une histoire glorieuse et donnent accès à des trésors de spiritualité et de sentiments exubérants, c’est pourquoi s’y attacher constitue un des piliers de la Religion. Dieu dit :
« Voilà ! Et quiconque exalte les emblèmes de Dieu, oui, c’est en effet de la piété des cœurs »
Sourate 2, Al Hajj (Le pèlerinage), verset 32
Ces paroles appellent quelques explications. Pourquoi, des cinq continents, vient-on, par voie de terre, de mer ou d’air, vers la Maison Sacrée, les coeurs emplis de désir ardent et les yeux chargés de lueur ? En vérité, cette Maison est digne d’un tel honneur, car l’intention qui a présidé à sa construction par le père des Prophètes, Ibrâhîm, était d’en faire une citadelle de la confirmation de l’Unicité, et un lieu de rencontre entre les priants s’inclinant et se prosternant devant Dieu. Avant son édification, Ibrâhîm livra à l’idolâtrie une bataille sans merci, qu’il gagna. Il établit avec l’aide de son fils Ismâ’îl les assises de la Maison, affirmant la victoire sur la négation et établissant une distinction avec elle. Dieu dit :
« Oui la première Maison qui ait été désignée aux hommes c’est bien celle de Bakka, bénie, pour la guidée des mondes.
Là sont les signes évidents, où Ibrâhîm s’est tenu debout ; et quiconque y entre est en sécurité. Il incombe aux hommes de faire pour Dieu le pèlerinage de la Maison, à qui en a la voie. Et quiconque mécroit, alors Dieu est vraiment, à l’abri des mondes ! »
Sourate 3, Al ’Imran, versets 96-97
La première mosquée du monde mérite que l’on s’y dirige et que des délégations y viennent pour lui rendre hommage. Toute mosquée que l’on érige de par le monde doit lui être affiliée et tous les croyants doivent prier dans sa direction :
« Et d’où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée Sacrée. Et où que vous soyez, tournez-y vos visage [...] »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 150
Il est autre chose, dans l’histoire de l’humanité, qui nous lie, nous les musulmans plus particulièrement, à la Ka`ba ennoblie : construisant cet édifice et faisant émerger ses assises, Ibrâhîm adressa à Dieu une prière fervente afin qu’il suscite [dans ces lieux saints] une communauté et un Prophète issus de sa descendance. En effet, Ibrâhîm et Ismâ’îl invoquèrent Dieu en ces termes :
« Notre Seigneur ! Et fais de nous deux de Tes Soumis, et de notre descendance une communauté à Toi soumise. Et montre-nous nos rites et accepte de nous le repentir. Oui, Tu es accueillant au repentir, vraiment, miséricordieux !
Notre Seigneur ! Et suscite-leur un messager des leurs, qui leur récite Tes versets et leur enseigne le Livre et la sagesse, et les fasse croître en pureté »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), versets 128-129
Nous sommes la progéniture soumise à Dieu dont il est question dans cette invocation, et notre Messager Muhammad saws qui est l’ultime Prophète, est notre père spirituel et l’esprit le plus pur qui ait compati au sort des habitants de ce monde. Notre noble Prophète saws s’est efforcé, durant toute sa mission, à faire prendre conscience à tous du sens véritable de la vie. Et comment, après l’énumération de tous ces faits, ne pourrions-nous pas nous attacher à cette Maison et pourquoi nous n’aurions pas raison de la visiter autant que possible ? Ô combien Eminents sont les souvenirs qui l’entourent et ô combien fidèles sont les délégations qui parcourent les distances pour la voir et y puiser du bien et de la bonté ?
Nous rendons hommage à la Maison Antique en tournant autour d’elle et en nous dirigeant vers elle dans nos prières ; lors de nos sept tournées rituelles, nous veillons à ce que la Pierre Noire demeure à notre gauche et nous évoquons Dieu en ces termes : « Gloire et louange à Dieu ; il n’y a de dieu que Dieu ; Dieu est le Plus Grand » et nous adressons à Dieu nos prières pour qu’Il nous accorde les bienfaits de ce monde et de l’autre :
« On ne vous fera pas de grief d’aller en quête de quelque grâce de Votre Seigneur [...] »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 198
»
C’est que les hommes ont besoin de Dieu qui détient les clés de trésors inépuisables.
Il s’est trouvé, pourtant, des insensés parmi les missionnaires qui pensèrent que les musulmans entretenaient avec la Ka`ba et avec la Pierre Noire en particulier des relations purement matérielles ; une telle attitude suscite ironie et rire plus qu’autre chose, car le monothéisme qui emplit les coeurs des musulmans procure une certitude exceptionnelle, d’autant plus que la supplication qui domine parmi les cortèges des pèlerins depuis le départ est : « Me voici à Toi, ô Mon Dieu, me voici à Toi ! Me voici à Toi, pas d’associé à Toi, me voici à Toi ! En vérité la louange, le bienfait et le Royaume sont à Toi ! Pas d’associé à Toi ! » La voix des pèlerins augmente en puissance chaque fois qu’ils atteignent une colline, dévalent une vallée ou rencontrent un groupe de gens, dans le calme de la nuit ou du point du jour. Dans ces instants, le pèlerin a le sentiment que l’univers entier fait écho à ses prières conformément à ce hadîth : « Lorsque le pèlerin prononce la Talbiyya, tout ce qui se trouve à sa droite et à sa gauche comme arbres, pierres, argile, jusqu’à l’horizon la prononce après lui. » Il n’est pas étonnant que l’univers qui chante les louanges de Dieu joigne sa voix à celle de l’homme qui s’est dépouillé de lui-même entreprenant un voyage pieux en vue de l’agrément de Dieu. Le Prophète saws avait l’habitude de prononcer, alors qu’il s’apprêtait à partir en voyage, l’invocation suivante : « Mon Dieu ! Accorde-moi davantage de crainte pieuse, pardonne-moi mes péchés et conduis-moi au bien, quelle que soit la direction que je prenne. Mon Dieu ! Tu es Notre compagnon de voyage, et c’est Toi qui veilles sur notre famille, nos biens et nos enfants pendant notre absence. »
Le pèlerin est un homme qui se consacre exclusivement au culte de Dieu, aspirant avidement à l’agrément et à la rétribution de Dieu et craignant son châtiment. Tout son être est animé par les sentiments d’ardent désir et d’amour. Il n’existe pas, à ma connaissance, de rassemblement humain qui mérite davantage que se répandent sur lui la clémence et le pardon de Dieu que ce noble rassemblement qui est le pèlerinage.
La course entre les deux monts d’As-Safâ et AlMarwâ intervient généralement à la suite des tours autour de la Ka`ba, et les rites s’y rapportant renouvellent et perpétuent le sentiment de confiance en Dieu [Tawakkul] qui avait jadis empli le coeur de Hajar la mère d’Ismâ’îl, sur lui la paix, de même que celui de son époux Ibrâhîm l’Ami Intime [de Dieu].
La confiance en Dieu est un sentiment à la fois précieux et étrange ; sa place est telle qu’elle ne s’établit pas dans n’importe quel coeur ; seul en effet en est capable l’homme dont la relation à Dieu est étroite, et qui est en mesure de s’appuyer sur Dieu et de puiser auprès de Lui la force. Lorsque l’aide des humains fait défaut, que les causes secondes disparaissent et que la mélancolie envahit l’esprit, rien ne dissipe celle-ci en dehors de l’espérance et de la confiance en Dieu, qui réfute les pensées lancinantes et apaise les craintes. J’imagine Agar regardant son enfant assoiffé, et courant ici et là d’un pas troublé à la recherche d’une aide ou d’un secours. Elle avait une bonne opinion de Dieu, c’est pourquoi avait-elle dit à son époux avant qu’il ne l’abandonne dans une vallée désertique et sans vie : « Est-ce Dieu qui t’a ordonné d’agir ainsi ? » « Oui, répondit-il ». « Alors, il ne nous abandonnera pas, dit-elle ». Eprouvée, Hajar se tourna vers le Ciel attendant son aide qui ne tarda pas à arriver. La source de Zamzam jaillit du sol et la vallée autrefois aride se vivifia ; le nourrisson qui était dans la difficulté laissa une descendance qui allait constituer une communauté nombreuse et opulente incluant le maître du Message sublime, l’Islam. Procède donc des rites établis par Dieu, la course entre As-Safâ et AI-Marwâ conformément à l’attitude de hajar guettant l’Insondable [Ghayb] avec un espoir sans bornes.
Les tenants des idéaux ont grand besoin de la confiance en Dieu, car à elle seule, elle peut leur conférer force et puissance fussent-ils peu nombreux et semblassent ils humiliés, et transformer leur attachement à Dieu en un principe qui suscite le respect. C’est entre autres sens ce qu’implique le verset suivant :
« As-Safâ et A1-Marwâ sont vraiment parmi les emblèmes de Dieu. Donc quiconque fait le grand pèlerinage de la Maison ou le petit pèlerinage, pas de péché sur lui à faire le tour de ces deux monts. Et quiconque fait de surcroît ceuvre bonne, alors Dieu est reconnaissant, Il sait »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 158
Les historiens rapportent qu’après le départ d’Ibrâhîm, alors que hajar et son fils Ismâ’îl devaient affronter leur destin dans cette contrée isolée, le Diable se présenta à lui alors qu’il traversait Minâ. Il lui dit : « Peut-on laisser sa famille mourir ainsi de faim et de soif ! Retourne auprès des tiens et sauve-les de la mort ! » Mais Ibrâhîm lui jeta des cailloux et poursuivit son chemin en adressant à Dieu cette oraison fervente :
« Ô Notre Seigneur, j’ai établi une partie de ma descendance dans une vallée qui, vraiment, est tout autre qu’agricole, près de Ta Maison sanctifiée, afin, ô Notre Seigneur, qu’ils établissent l’Office. Fais donc que se précipitent vers eux les coeurs d’une partie des gens. Et nourris-les de fruits. Peut-être seront-ils reconnaissants ? »
Sourate 14, Ibrahim (Abraham), verset 37
Dieu exauça cette prière sincère et Ibrâhîm déjoua la ruse de Satan, car son coeur croyant était confiant en Dieu. La tradition de la lapidation des stèles [Ramy AI-Jamarât] fut instituée pour que tous sachent que la promesse de Dieu demeure infaillible et que les insinuations du Diable sont pure divagation, qui ne s’insinuent que dans les coeurs dénués de la mention de Dieu :
« Il n’a, en vérité, aucune autorité sur ceux qui croient et qui placent confiance en Leur Seigneur.
Rien d’autre : il a autorité sur ceux qui le prennent pour patron, sur ceux aussi qui donnent à Dieu des associés »
Sourate 16, An-Nahl (Les abeilles), versets 99-100
Il est à noter qu’en parlant de la lapidation des stèles à Minâ, le noble Coran a utilisé non le terme de lapidation, mais de mention de Dieu durant des jours comptés. Dieu, exalté soit-Il, dit : « Et souvenez-vous de Dieu pendant les jours comptés. Ensuite il n’y a pas de péché, pour qui se comporte en piété, à partir au bout de deux jours ou à s’attarder non plus ».
Comme si un tel rite avait pour finalité l’évocation à voix haute du Seigneur des mondes, la lapidation des stèles demeurant, quant à elle, un simple symbole.
En vérité, le pèlerinage n’est, en définitive, qu’évocation de Dieu par des multitudes humaines dont la seule préoccupation est d’exalter Dieu et de L’implorer en prononçant les formules de la Talbiyya. Et il est regrettable que le rite de la lapidation des stèles soit devenu si difficile à observer que seules les personnes les plus endurantes et les plus téméraires soient en mesure de s’en acquitter et que des pèlerins trouvent, à cette occasion, la mort étouffés ou piétinés. Ces événements malheureux sont dus au fait que l’on se conforme à l’avis juridique prépondérant qui stipule que la lapidation des stèles ne peut se faire qu’entre le déclin du soleil et son coucher. Le résultat en est que les vagues de pèlerins font face, à ces moments critiques, à un danger périlleux. J’ai, quant à moi, refusé cet avis juridique qui ne se fonde ni sur le Livre de Dieu ni sur la Tradition du Prophète saws et j’ai lapidé les stèles à des instants où l’affluence et la chaleur étaient faibles.
Il est heureux que le gouvernement saoudien ait enfin pris des mesures en vue de faciliter la lapidation des stèles, notamment en admettant que les pèlerins s’acquittent de ce rite à n’importe quel moment de la journée, à condition toutefois de le faire pendant les jours déterminés par la Religion . Des vies ont ainsi été épargnées et la conformité à ce rite divin a été rendue plus aisée. Il est des musulmans qui pensent que le pèlerinage est une suite de difficultés insurmontables ; ils ont rendu difficile ce qui à l’origine était facile et ils ont forgé des actes qui n’ont aucun fondement dans la religion de Dieu. D’aucuns imaginent qu’il existe des invocations spécifiques à chacun des sept tours de la Ka`ba et chacun des sept trajets entre As-Safâ et AI-Marwâ ; des livres d’invocations ont même été composés sans s’appuyer sur quelque argument légal.
Il y a aussi des faibles d’esprit qui soutiennent qu’il est plus méritant d’accomplir la course [entre As-Safâ et Al-Marwâ] à travers le parcours se situant à même le sol que de le faire en empruntant l’itinéraire aménagé à l’étage par les autorités en vue de réduire l’affluence. De même, ils pensent qu’il est plus méritoire de se tenir au niveau du sol, plutôt qu’à l’étage, pour lapider les stèles ! Ils ignorent certainement que le Prophète saws a fait les tours rituels autour de la Ka`ba monté sur sa chamelle et qu’il a salué de loin à l’aide de son bâton la Pierre Noire. Le pèlerinage est une adoration aisée et agréable qui se fonde sur la station à Arafat et les tours rituels accomplis autour de la Ka`ba en plus de quelques autres rites qu’il est facile d’exécuter. La Religion, tout entière, a pour essence la sincérité, le bon caractère, et la bonne relation à Dieu et à Ses serviteurs. Le Coran ne dit-il pas à propos du pèlerinage :
« Le pèlerinage touche les mois bien connus. S’y décide-t-on ? Alors, plus d’épouses, plus de perversité, plus de dispute, pendant le pèlerinage. Et le bien que vous faites, Dieu le sait. Et prenez vos provisions ; mais vraiment la meilleure provision est la piété. Et craignez-Moi, ô doués d’intelligence »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 197
Ce voyage à travers les lieux saints de l’Islam polit, en outre, le caractère, purifie le coeur et fait croître le sentiment d’amour à l’égard de Dieu, de Son Envoyé saws et de la communauté des musulmans. D’où ces paroles du Prophète saws : « Celui qui fait le pèlerinage à cette Maison sans commettre ni immoralité, ni dévergondage, retourne [chez lui] aussi pur qu’il l’était le jour où sa mère l’a mis au monde. »
Il a été établi que La Mecque constitue le centre du monde physique ; Husayn Kamâl Eddîne, professeur de géométrie à l’université de Riyad a pu en effet prouver, en s’appuyant sur des calculs mathématiques, que l’emplacement de La Mecque se situe bien au centre des continents, explicitant ainsi concrètement cette parole où Dieu dit :
« Et ainsi te révélons-Nous une Lecture arabe, afin que tu avertisses la Mère des villes et aussi ceux qui sont autour d’elle, et que tu avertisses du Jour de la Réunion, pas de doute là-dessus »
Sourate 42, As-Sura (La consultation), verset 7
Autour de la noble Ka`ba, se dessinent des cercles de priants inclinés ou prosternés, dont l’ampleur ne cesse d’augmenter au fur et à mesure qu’on s’en éloigne. Tout au long des lignes de latitude et de longitude s’élèvent les voix des muezzins appelant à la prière, s’inclinent et se prosternent des hommes devant Dieu, le Seigneur des orients et des occidents, le Seigneur des mondes, le Digne de louange et de gloire.
Pendant la saison du pèlerinage, des délégations venues des différents points du globe, des hommes qui professent l’unicité de Dieu, et qui aiment leur Seigneur convergent tous vers La Mecque, la première mosquée et la mère des mosquées de ce monde. Les visages se croisent et les âmes se reconnaissent mutuellement au cri de la Talbiyya répondant ainsi à l’injonction d’accomplir le pèlerinage, appel ancestral que l’Islam a perpétué et rendu plus fort. Dieu dit :
« Et fais aux gens une annonce pour le pèlerinage : qu’ils viennent à toi, à pied, et aussi à dromadaire de toute espèce, de tout chemin creux afin qu’ils témoignent eux-mêmes d’avantages qui sont leurs, et qu’ils rappellent le nom de Dieu, pendant quelques jours bien connus »
Sourate 22, Al Hajj (Le pèlerinage), versets 27-28
Les gens qui viennent à La Mecque forment une société où seule comptent la mention de Dieu et l’exaltation de Son Nom béni.
Si dans les quartiers commerciaux dominent l’échange des marchandises et les transactions, si dans les administrations gouvernementales l’action notoire est le va-et-vient entre les bureaux, les pèlerins, eux, animent un marché où la marchandise est la bonne oeuvre. Leurs cris de Talbiyya et de Takbîr sont forts et emplissent les horizons au point que l’on dirait que la terre s’est métamorphosée en un espace qui abonde d’Anges adorateurs.
Décrivant les actes accomplis par les pèlerins, l’imam An-Nawawî a dit : « Il est recommandé [au pèlerin] de répéter la Talbiyya en toute occasion, qu’il soit debout ou assis ; qu’il marche ou qu’il soit à dos de monture ; qu’il soit en état d’impureté ou non [et s’il s’agit d’une femme, qu’elle ait ses règles ou non] ; et lors de tout changement de situation tel qu’au lever du jour ou à la tombée de la nuit, à l’aube ou en compagnie des amis, lorsqu’il se lève ou s’assied, gravit une colline ou la descend, enfourche une monture ou en descend, ainsi qu’à la fin de chaque prière et dans chaque mosquée... S’il voit quelque chose qui lui plaît, il dira : « Me voici Mon Dieu, il n’est de vie que la vie dernière ! » se conformant ainsi à la Tradition de l’Envoyé de Dieu saws ».
Ach-Châf’î rapporte, d’après Mujâhid, au sujet de cette invocation : « Le Prophète saws avait l’habitude de dire dans sa Talbiyya : « Me voici à Toi, ô Mon Dieu, me voici à Toi ! Me voici à Toi, pas d’associé à Toi, me voici à Toi ! En vérité la louange, le bienfait et le Royaume sont à Toi ! Pas d’associé à Toi ! » Or, un jour, il vit les pèlerins qui l’entouraient le protéger et cela lui plut, c’est pourquoi il dit : « Me voici Mon Dieu, il n’est de vie que la vie dernière ! » Ibn Jurayj a dit : « Je crois qu’il s’agissait du Jour de ’Arafa. »
Les pèlerins avaient tout à fait le droit de se presser en foule autour de leur Prophète alors qu’il évoquait Dieu à voix haute, car il fut à l’origine du bien dont Dieu les avait comblés et il fut leur guide spirituel. Cependant, Muhammad le grand ne s’était point enorgueilli d’un tel témoignage d’amour ; son coeur était tourné vers Dieu et il n’aspirait qu’à Sa rencontre, se rappelant la vie dernière et espérant en elle.
Sur la colline d’As-Safâ, il disait : « Dieu est le Plus Grand ! Dieu est le Plus Grand ! Louange à Dieu, Dieu est le Plus Grand pour nous avoir guidés, louange à Dieu ,Pour les bienfaits qu’Il nous a accordés ! Il n’y a de dieu que Dieu, l’Unique qui n’a pas d’associé, c’est à Lui qu’appartient la souveraineté et c’est à Lui que revient la louange. Il donne la vie et la mort. Le bien est entre Ses Mains et Il est capable de toute chose. Il n ’y a de dieu que Dieu. Il a tenu Sa promesse, fait triompher Son serviteur et défait à Lui Seul les coalisés. Il n’y a de dieu que Dieu. Nous n’adorons que Lui, en Lui vouant un culte exclusif, n’en déplaise aux négateurs ! Mon Dieu, Tu as dit : « Invoquez-Moi et Je vous exaucerai », et Tu ne faillis jamais à Ta promesse. Tu m’as guidé vers l’Islam, et je Te demande de ne pas m’en détourner jusqu’à ce que Tu me fasses mourir musulman. »
Gloire à Dieu ! Le Prophète saws a adressé à Son Seigneur la même imploration que les Prophètes qui l’ont précédé. Joseph le véridique, ne pria-t-il pas Dieu, alors qu’Il lui avait donné la royauté, afin qu’Il le fasse mourir soumis à Lui :
« [...] Créateur des cieux et de la terre ! Tu es Mon Patron, ici-bas tout comme dans l’au-delà. Achève-moi Soumis. Et fais-moi rejoindre les gens de bien »
Sourate 12, Yusuf (Joseph), verset 101
C’est ainsi que Muhammad a invoqué Son Seigneur pendant le pèlerinage d’adieu, après avoir brisé les idoles, annihilé l’Ignorance, et établi un état sur les bases de la confirmation de l’unicité de Dieu ! Il est plaisant de constater l’excellence du caractère de Muhammad saws sa reconnaissance envers Son Seigneur était telle qu’il continuait, cinq ans après la bataille des coalisés, à évoquer la victoire que Dieu lui avait donnée, laquelle était venue couronner une lutte difficile et terrible.
Dieu a tenu Sa promesse et défait Seul les coalisés ; Lui Seul était à même de les mettre en déroute, de les disperser et de déjouer leur ruse. C’est Lui qui mérite louange, crainte et c’est Lui qui détient le pardon.
Le combat de la foi n’a cessé depuis, car les forces de la négation ne cessent de nourrir à l’égard des gens du Vrai de l’animosité et jamais elles ne pourront s’abstenir de comploter contre eux. Mais les hommes de l’Islam persévéreront sur la Voie n’en déplaise aux négateurs !
En examinant les invocations que le Prophète saws prononça à l’occasion du pèlerinage, je m’attendais à trouver des prières longues, mais je fus surpris par leur concision. Cependant les musulmans ont inventé, après lui, des formules invocatoires pour chacun des tours autour de la Ka`ba, pour chacun des trajets entre ’As-Safâ et Al-Marwâ, et ils firent de même pour le jour de `Arafa. Les sentiments qui sont à l’origine de ces innovations sont louables, et il n’est pas surprenant qu’un croyant s’applique à rechercher toute parole capable de traduire son désir ardent et son espérance ou toute lettre susceptible d’être, à son avis, la clé de la miséricorde divine sublime.
Il n’est pas de musulman qui n’aspire à l’agrément de Dieu et à la stabilité et pour lui-même et pour les siens. Il ne fait, en fin de compte, que se conformer à cette invocation de Moïse, sur lui la paix, qui dit :
« [...]Seigneur ! J’ai grand besoin du bien que Tu feras descendre sur Moi ! »
Sourate 28, Al Qasas (Le récit), verset 24
Le Prophète saws ne cessait de répéter à l’occasion de ses tours autour de la Ka`ba et de ses trajets entre As-Safâ et AlMarwâ l’invocation suivante :
« Notre Seigneur ! Accorde-nous des biens en ce monde et des biens dans la vie ultime. Préserve-nous du châtiment du Feu »
Sourate 2, Al Baqarah (La vache), verset 201
Le chant qui résonne dans les cimes des montagnes et dans les vallées est le suivant : « Il n’y a de dieu que Dieu, l’Unique et sans associé ; à Lui appartient la Souveraineté, Il est digne de louange et Il est capable de toute chose. » Les multitudes humaines le proclament et le font leur.