Le Martyre de Karbala

Rate this item
(0 votes)

Karbala est le nom de l’endroit où le petit-fils du Prophète Mohammad, Dieu le bénisse lui et les siens, est tombé martyr au milieu de ses fidèles compagnons, victimes de la soldatesque du calife usurpateur Yazîd fils de Mo‘âwiya, qui emmenèrent ensuite les femmes et les enfants de la famille du Prophète en captivité.

"Achoura" désigne le dixième jour du mois islamique de Moharram au cours duquel ce martyre eut lieu, et au cours duquel il est toujours commémoré avec la plus grande ferveur.

Karbala et ‘Achoura’ sont le cœur palpitant des fidèles de la Famille du Prophète, que la Paix soit avec eux, coeur palpitant qui n’a cessé, au cours des siècles, de maintenir en vie l’esprit de justice et de vérité et continuera de le faire jusqu’au Jour dernier.

Plutôt qu’une analyse historique, qui ne peut qu’escamoter les dimensions à la fois les plus profondes et les plus humaines de cette tragédie, c’est à un récit que je vous convierais, un récit semblable à ceux qui se transmettent depuis des siècles dans les réunions commémoratives du martyre de Karbala’.

Mais avant de commencer, je vous invité à goûter quelques propos des Gens de la Demeure prophétique, que la Paix soit avec eux, et quelques vers d'un de leurs fidèles poètes.

Le grand savant Ahmad Ibn Hanbal rapporte dans son Mosnad (vol.1, p.85, had.648), que l’Imam ‘Ali, que Dieu ennoblisse son visage, a dit :

“Un jour que j’entrais chez le Messager de Dieu, Dieu le bénisse lui et les siens, ses yeux débordaient de larmes. Je lui demandai : « O Messager de Dieu, quelqu’un t’aurait-il fâché ? Pourquoi tes yeux débordent-ils de larmes ?

- L’ange Gabriel, me dit-il, vient de me quitter.

Il m’a raconté que [mon petit-fils] Husayn sera tué au bord de l’Euphrate. “Veux-tu que je te fasse sentir de la terre [où il sera tué]?”, me dit-il. Je répondis que oui. Il tendit alors la main, prit une poignée de [cette] terre et me la donna…

Alors je n’ai pu empêcher mes larmes de couler.»

(Mosnad Ahmad Ibn Hanbal, vol.1, p.85, had.648).

Il est aussi rapporté de l'Imam 'Ali Ibn Moussa ar-Ridâ, petit-fils de l'Imam Dja'far as-Sâdiq, lui-même arrière-petit-fils de l'Imam Hossein, que la Paix soit avec eux, qu'il a dit:

“Moharram est un mois durant lequel les gens de la Djâhiliyya considéraient comme illicite de faire la guerre, et voilà qu'ils ont considéré licite d'y verser notre sang, qu'ils y ont porté atteinte à nos dignes épouses, qu'ils y ont capturé nos femmes et enfants et qu'ils ont mis le feu à notre campement et pillé ce qui s'y trouvait de nos trésors: ils ne firent en rien preuve du respect dû au Messager de Dieu en ce qui nous concerne.

En vérité, le jour de Hossein a meurtri nos paupières et fait couler nos larmes. Celui qui nous est cher a été avili en une terre de Karbala qui nous laissa en héritage l'affliction (karb) et l'épreuve (balâ') jusqu'au jour où tout sera fini.

Que ceux qui pleurent donc sur quelqu'un comme al-Hossayn, car de pleurer sur lui diminue les grands péchés.

Lorsqu'on entrait dans le mois de Moharram, jamais on ne voyait mon père rire. Il était dominé par la peine jusqu'à son dixième jour, et lorsque ce jour arrivait c'était pour lui une journée de malheur, de tristesse et de pleurs, et il disait: "C'est le jour en lequel on a tué Hossein…"

Le grand shaykh égyptien al-Bousîrî, auteur de la célèbre qasîda connue sous le nom d'al- Borda, a également composé un autre grand poème faisant l'éloge du Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, connu sous le titre de al- Hamziyya fî madhi khayri l-bariyya (le Poème rimant en hamza à la gloire de la meilleure des créatures).

Voici quelques vers de ce dernier poème dans lesquels le shaykh s'adresse au Prophète, Dieu le bénisse lui et les siens, en évoquant les malheurs qui s'abattirent sur ses deux petits-fils, les Imams al-Hassan et al-Hossayn, que la Paix soit avec eux:

Que j'honore ces deux martyrs dont ni [la bataille du] Taff ni [celle de] Karbala ne me font oublier les malheurs .

En ces deux, les subordonnés ne respectèrent point ton droit

Quant aux chefs, ils trahirent bien leur engagement envers toi.

Ils invertirent l'affection et le soutien à tes parents

Et les hypocrites sortirent leurs têtes de leurs trous trompeurs

Et leur coeurs se sont endurcis à l'encontre de ceux-là dont

La terre déplora la mort tout comme les pleura le ciel.

Et toi aussi, pleure-les donc autant que tu peux les pleurer

Car c'est bien peu que de pleurer quand le malheur est aussi grand.

Chaque journée et chaque terre, de par mon affliction pour eux,

Est Karbala et 'Achoura', [de par mon affliction pour eux]

(Al-Hamziyya fi madhi khayri l-bariyya, "Poème rimant en hamza à la gloire de la meilleure des créatures")

Read 2816 times