Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Vers la fin du mois de Dhul-hijja, deux occasions en rapport avec les Gens de la Famille de saint Prophete(p), ont eu lieu.
La première est l’exécration réciproque (mubâhala,le 24 Dhul-hijja) évoquée dans le Noble Coran au sujet des Chrétiens de Najrân .
Ainsi,au neuvième année de l’héjire, le Prophète (P) avait remporté beaucoup de victoires militaires et des délégations arabes affluaient à Médine pour se convertir à la nouvelle religion.
Dieu a signalé cet événement en disant : ((Lorsque viennent le secours de Dieu et la victoire ; lorsque tu vois les hommes entrer en masse dans la religion de Dieu ; célèbre les louanges de ton Seigneur et demande-Lui pardon)) (Coran CX, 1-2-3). Parmi ces délégations on comptait celle des Chrétiens de Najrân qui voulaient polémiquer sur des questions comme la véracité de l’Islam et la personne de Jésus (p). Le Prophète (P) les a accueillis avec beaucoup de respect et ne possédant pas une demeure pour les installer, il les a reçus dans sa propre Mosquée où d’habitude il recevait ces hôtes croyants ou incrédules. Les chrétiens de Najrân ont voulu faire leur prière à l’intérieur de la Mosquée du Prophète (P) tout en se dirigeant vers l’orient et tout en faisant sonner leurs cloches. Certains Musulmans ne l’ont pas apprécié, mais le Prophète (P) leur a demandé de les laisser agir comme ils l’entendaient pour leur montrer ainsi la tolérance de l’Islam.
Ils ont entamé la polémique en demandant au Prophète (P) : « A qui tu appelles ? ». Le Prophète (P) a répondu : « J’appelle à Dieu l’Un, l’Unique et je dis que ‘Issâ (Jésus) (p) est le serviteur de Dieu, son messager et son Verbe qu’Il a projeté en Marie… ». « Comment, répliquaient-ils, pouvait-il être un humain alors qu’il n’a pas de père », du fait qu’ils croient que Jésus (p) est une incarnation de Dieu, c’est-à-dire qu’il a une dimension divine et une dimension humaine, et c’est ce que nous entendons des Chrétiens lorsqu’ils disent que leur Seigneur est Jésus Christ. Alors, le Prophète (P) leur a parlé d’Adam et leur a récité les deux versets coraniques qui disent : ((Lorsque ton Seigneur dit aux anges : ‘Je créerai un humain d’argile. Quand Je l’aurai façonné et insufflé en lui de Mon Esprit, tombez devant lui prosternés)) (Coran XV, 28, 29). Puis, il a récité le verset : ((‘Issâ est pour Dieu à l’exemple d’Adam. Il l’a crée de terre, puis, Il lui a dit : ‘Sois !’ et il fut)) (Coran III, 59). Alors, ils ont été confondus et le Prophète (P) leur a expliqué que, par Sa Puissance, Dieu est capable de créer un humain sans père ni mère, car Il n’est soumis à aucune loi puisque Sa volonté est la loi : ((Son ordre, quand il veut une chose, tient à ce qu’Il dise : ‘Sois !’, et elle est)) (Coran XXXVI, 82).
Les discussions ont abouti à l’impasse, alors le Prophète (P) (sous l`ordre d`Allah swt, Sourate, Âle 'Imrân, 3: 61) , a proposé l’exécration réciproque. C’était une pratique connue dans les autres religions : Au cas où les discussions n’aboutissent à rien, les deux parties se dressent devant Dieu et chacune invoque Dieu de maudire l’autre et de la châtier.
Voici le verset 61 , sourate Al-Imran :
Si l’on t’oppose là-dessus des arguments, après ce que t’est venu de science, dis : ‘Venez, confrontons nos fils et les vôtres, nos femmes et les vôtres, nos propres personnes et les vôtres. Puis, livrons-nous à l’exécration réciproque, appelons la malédiction de Dieu sur qui aura menti.
Les Chrétiens ont accepté de relever le défi mais leur chef leur a demandé d’attendre pour voir qui sont les personnes que le Prophète (P) allait choisir pour être à ses côtés dans le rituel de l’exécration réciproque. Le Prophète (P) s’est présenté couvert d’un manteau noir avec al-Hassan (p) et al-Hussayn (p) dans ses bras,‘Alî (p) et Fâtima (p) marchant derrière lui. Il leur a dit : « Dites : ‘Amen’ lorsque je finirai d’invoquer Dieu ». Constatant qu’il s’agissait de la fille du Prophète (P), de son gendre et de ses deux petits fils, le chef de la délégation chrétienne a dit à ses compagnons : « Ô Chrétiens ! Je vois des personnes qui même si elles demandaient à Dieu de déplacer une montagne, Il la déplacerait pour elles. Ne participez donc pas à l’exécration réciproque ». Ils ont été convaincus que si le Prophète n’avait pas été véridique, il n’aurait pas emmené les personnes qui lui étaient les plus chers pour les exposer à un tel danger. Alors la délégation a accepté de conclure un pacte de paix avec le prophète (P) et de verser un impôt après avoir refusé de se convertir à l’Islam. Dans son commentaire du verset de l’Exécration réciproque, Fakhruddin ar-Râzî affirme que lorsque le Prophète (P) avait couvert al-Hassan, al-Hussayn, Fâtima et ‘Alî (p) de son manteau, il a récité le verset qui dit : ((Ô vous les Gens de la Maison ! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement)) (Coran XXXIII, 33). Cela prouve la place privilégiée qu’ils ont auprès de Dieu.
Cet évènement a été considéré comme une grande considération pour les Gens de la Famille (p), du fait que le Prophète (P) ait ramené les personnes qu’ils aiment le plus. Ce verset nous apprend que ‘Ali (p) est comme le propre personne du noble Prophète (P), que sa raison est la sienne, son âme est la sienne, sa science est la sienne et sa spiritualité est la sienne, puisqu’il dit : ((nos propres personnes et les vôtres)).
Il nous apprend aussi que l’exécration réciproque est une règle générale qui peut être pratiquée par tous dans des conditions semblables. En outre, il prouve que le Prophète (P) était ouvert au dialogue avec les Chrétiens dans la mesure où il a accepté de polémiquer avec eux et qu’il les a traités avec beaucoup d’égard leur permettant de faire leur prière dans sa mosquée, preuve supplémentaire de la générosité de l’Islam et de son ouverture vis-à-vis des autres religions.
Le Coran a affirmé tout cela en disant : ((Ne controversez avec les Gens du Livre que de la plus belle sorte, sauf avec ceux d’entre eux qui auraient fait preuve d’iniquité. Dites : ‘Nous croyons à ce qui a été révélé à nous, à ce qui a été révélé à vous. Notre Dieu ne fait qu’un avec le Vôtre. A Lui nous nous soumettons’)) (Coran XXIX, 46). Et en disant : ((Ô Gens du Livre, venez à une formule moyenne entre nous et vous : De n’adorer que Dieu sans rien Lui associer, de ne pas nous prendre les uns les autres pour maîtres en place de Dieu)) (Coran III, 64).
La seconde occasion évoquée par le Coran représente les vertus des Gens de la Famille (p): al-Hassan et al-Hussein (p) sont tombés malades, à ce moment là, le Prophète (P) leur a rendu visite et dit à ‘Ali et à Fâtima (p) de prononcer le vœu de donner de l’aumône ou de jeûner si Dieu les guérirait.
Ils l’ont fait et fait le jeûne pendant trois jours. Et comme l’Imâm ‘Ali (p) ne possédait rien, il a emprunté de l’argent à un Juif de Médine et, achetant trois mesures d’orge, Fâtima (p) a préparé du pain. Au moment de se mettre à table avec leur servante Fidda, on a frappé à la porte, un mendiant s’est présenté et il a eu le tiers du pain. Puis un prisonnier suivi d’un orphelin ont eu droit aux deux tiers restants et l’Imâm et Fâtima n’ont eu, pour rompre le jeûne, que de l’eau. Aussi, Dieu a révélé les versets suivants : ((Ils s’acquittent de leur vœu, craignant le Jour où le mal universel sera déployé. Bien qu’aimant leur nourriture, ils la donnent à un mendiant, à un orphelin et à un prisonnier. Nous vous donnons la nourriture pour la cause de Dieu, nous ne voulons de vous ni récompense ni gratitude. Nous craignons de notre Seigneur un Jour lugubre et rétif. Ainsi Dieu les prémunit-Il des misères de ce Jour, leur fait-Il rencontrer la splendeur et la joie)) (Coran LXXVI 7, 8, 9, 10, 11, 12).
Le verset a bien précisé qu’ils donnent la nourriture bien qu’ils l’aimaient et bien qu’ils en avaient besoin. Il en est ainsi car ils prennent en considération le fait que Dieu ait dit : ((Vous n’atteindrez pas à la vertu qu’en faisant dépense de ce que vous aimez)) (Coran III, 92). ((Ils les préfèrent à eux-mêmes, même s’ils souffrent de pénurie)) (Coran LIX, 9).
Ils donnent pour la cause de Dieu non pour en être récompensés par les gens. Cela nous fait penser que l’homme doit vivre pour donner, qu’il doit penser aux nécessiteux et leur donner de ce que Dieu lui a donné car il obtiendra ainsi la récompense divine qui est sans limites.
Face à ces versets, l’homme ne peut que réfléchir à sa situation au Jour Dernier ((Nous craignons de notre Seigneur un Jour lugubre et rétif)), car en vivant dans ce monde-ci, l’homme doit agir pour obtenir la satisfaction de Dieu ((Le Jour où ni biens ni fils ne serviront à rien. Sauf pour celui qui vient à Dieu d’un cœur intègre)) (Coran XXVI, 88,89).
Nous devons réfléchir au Jour dernier lorsque nous vivons avec nous-mêmes, avec nos familles et avec autrui. Réflexion accompagnée du don pour que Dieu, le Très Haut, soit satisfait de nous, car ((Biens et enfants ne sont que parures de la vie d’ici-bas. Les perdurables et salutaires valent mieux auprès de ton Seigneur pour la rétribution, mieux pour l’espérance)) (Coran XVIII, 46).
Les Gens de la Famille (p) ont été comblés de la générosité de Dieu car ils ont aimé Dieu comme Il doit être aimé, ils Lui ont obéi comme Il doit être obéi, ils L’ont adoré comme Il doit être adoré. Nous devons suivre leur exemple. Leur exemple est celui de l’action et de l’engagement dans leur voie qui est la voie de l’Islam authentique.