Sourate ash-Shu‘arâ’ (en arabe : سورة الشعراء) est la 26e sourate située dans le chapitre (Juz’) 19 du Coran et fait partie des sourates mecquoises. Cette sourate s’appelle ash-Shu‘arâ’ (les poètes), parce qu'elle parle des poètes dans les versets 224 à 226.
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La sourate ash-Shu‘arâ’ parle du mouvement des prophètes (a), du Prophète Noé (a) au Prophète Muhammad (s) et rappelle le sort de leurs ennemis, met l'accent sur les principes de croyances, le Monothéisme, al-Ma‘âd, l'appel des prophètes (a) et l'importance du Coran. Aussi, l'objectif principal de la sourate est une consolation du Prophète (s) face aux réfutations et aux calomnies de son peuple.
Un verset bien connu de la sourate est le verset al-Indhâr, dans lequel Dieu ordonne au Prophète (s) d'appeler ses proches parents à l'islam.]
Lieu et ordre de la révélation
La sourate ash-Shu‘arâ’, à l’exception des quatre derniers versets, tous ses versets furent révélés à La Mecque et c’est pour cette raison, elle est considérée comme une sourate mecquoise. Elle est la 26e sourate dans l’ordre actuel qui se situe dans le chapitre (Juz’) 19 et la 47e sourate du Coran qui fut révélée au noble Prophète (s).
Contenu
‘Allâma Tabâtabâ’î écrit que l'objectif principal de la sourate ash-Shu‘arâ’ est de consoler le noble Prophète (s) de réfutations et les calomnies de son peuple ; car cette sourate met en garde les négateurs du Prophète (s) en racontant les histoires des prophètes antérieurs et le sort de leurs ennemis.[9]
On dit que les buts de la sourate consistent en le Monothéisme, la peur de l'au-delà, la confirmation de la révélation pour le Prophète Muhammad (s) et sa mission mondiale, l'appel à la piété, le mauvais sort de ceux qui se sont opposés au mouvement des prophètes (a), le plan du bonheur et que toute réforme commence par l’homme lui-même.
Le ton de la sourate est en harmonie avec d'autres sourates mecquoises qui mettent principalement l'accent sur les principes de croyances, le Monothéisme, al-Ma‘âd, l'appel des prophètes (a) et l'importance du Coran.
Le livre Tafsîr Nimûni divise le contenu de la sourate al-Shu‘arâ’ en trois parties :
- La première partie : la grandeur du Coran ; la consolation du Prophète (s) sur l'obstination des polythéistes, la mention aux signes du Monothéisme et les attributs divins ;
- La deuxième partie : l’histoire du destin et des luttes de prophètes (a) tels que Noé (a), Abraham (a), Lot (a), Houd (a), Sâlih (a), Shu‘ayb (a) et en particulier le Prophète Moïse (a) ; exprimer les arguments des négateurs des prophètes (a) et leur similitude avec les arguments présentés par les négateurs du Prophète Muhammad (s) ; et enfin le sort des opposants des prophètes passés ;
- La troisième partie : une conclusion des parties précédentes ; la recommandation au Prophète (s) concernant la façon d'appeler les gens à l'islam et comment traiter les croyants ; la consolation du noble Prophète (s) et la bonne nouvelle aux croyants.
Récits historiques
La sourate ash-Shu‘arâ’ raconte des parties d'histoires d'un certain nombre de prophètes (a) et la réaction des peuples des prophètes (a) à leurs appels :
- La mission du Prophète Moïse (a) ; le dialogue avec le Pharaon ; le combat avec les magiciens ; l’immigration de Banî Israël avec le Prophète Moïse (a) et leur passage à travers la mer ; se noyer le Pharaon et ses disciples (versets 10 – 68)
- Le dialogue du Prophète Abraham (a) avec Azar et son peuple, demandant le pardon divin pour Azar (versets 69 – 89)
- Le dialogue du Prophète Noé (a) avec son peuple ; se noyer son peuple et être sauvé Noé (a) et ses compagnons (versets 105 – 120)
- Le dialogue du Prophète Houd (a) avec le peuple de ‘Âd et sa punition (versets 123 – 140)
- Le dialogue du Prophète Sâlih (a) avec le peuple de Thamûd, égorger la chamelle de Sâlih ; la punition des gens de Thamûd (versets 141 – 158)
- Le dialogue du Prophète Lot (a) avec son peuple ; la punition de nation de Lot (a) (versets 160 - 176)
- Le dialogue du Prophète Shu‘ayb (a) avec les gens d’Aykah et leur punition (versets 176 – 189)
Circonstance de la révélation
Derniers versets de la sourate :
وَالشُّعَرَاءُ يَتَّبِعُهُمُ الْغَاوُونَ ﴿٢٢٤﴾ أَلَمْ تَرَ أَنَّهُمْ فِي كُلِّ وَادٍ يَهِيمُونَ ﴿٢٢٥﴾ وَأَنَّهُمْ يَقُولُونَ مَا لَا يَفْعَلُونَ ﴿٢٢٦﴾ إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَذَكَرُوا اللَّـهَ كَثِيرًا وَانتَصَرُوا مِن بَعْدِ مَا ظُلِمُوا ۗ وَسَيَعْلَمُ الَّذِينَ ظَلَمُوا أَيَّ مُنقَلَبٍ يَنقَلِبُونَ ﴿٢٢٧﴾
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De même les poètes sont suivis par les Errants. ﴾224﴿ Ne vois-tu point qu'en chaque vallée ils divaguent ﴾225﴿ Et disent ce qu'ils ne font point ? ﴾226﴿ Exception faite de ceux qui ont cru, ont accompli des œuvres pies, ont beaucoup invoqué Allah et qui bénéficient de Notre aide après avoir été traités injustement. Ceux qui sont injustes sauront vers quel destin ils se tournent. ﴾227﴿
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Coran, s XXVI, v 224 à 227, Traduction de Régis Blachère
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À propos de la circonstance de la révélation des versets 224 à 227 de la sourate ash-Shu‘arâ’, il est rapporté à l'époque du Prophète (s), deux personnes se moquaient l’un l’autre avec des poèmes et certains d’hommes ignorants les suivaient. Après cela, ce verset fut révélé :
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- « De même les poètes sont suivis par les Errants. ﴾224﴿ »
Quand le verset ci-dessus fut révélé, Abd Allah b. Rawâha, Ka‘b b. Mâlik et Hassân b. Thâbit allèrent chez le Prophète (s) et lui dirent :
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- « Allah savait que nous étions des poètes et la descente de ce verset nous détruirait. »
Après cette conversation, le verset 227 fut révélé en disant :
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- « Exception faite de ceux qui ont cru, ont accompli des œuvres pies, ont beaucoup invoqué Allah et qui bénéficient de Notre aide après avoir été traités injustement. Ceux qui sont injustes sauront vers quel destin ils se tournent. ﴾227﴿ »
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Versets réputés
Certains versets de la sourate ash-Su‘arâ’ font partie des versets bien connus, y compris le verset al-Indhâr (214), les versets contenant les invocations du Prophète Abraham (a) (83 à 89) et le verset 215 dans lequel le Prophète (s) est invité à pratiquer l'humilité envers les croyants.
Invocations du Prophète Abraham (a)
رَبِّ هَبْ لِي حُكْمًا وَأَلْحِقْنِي بِالصَّالِحِينَ ﴿٨٣﴾ وَاجْعَل لِّي لِسَانَ صِدْقٍ فِي الْآخِرِينَ ﴿٨٤﴾ وَاجْعَلْنِي مِن وَرَثَةِ جَنَّةِ النَّعِيمِ ﴿٨٥﴾ وَاغْفِرْ لِأَبِي إِنَّهُ كَانَ مِنَ الضَّالِّينَ ﴿٨٦﴾ وَلَا تُخْزِنِي يَوْمَ يُبْعَثُونَ ﴿٨٧﴾ يَوْمَ لَا يَنفَعُ مَالٌ وَلَا بَنُونَ ﴿٨٨﴾ إِلَّا مَنْ أَتَى اللَّـهَ بِقَلْبٍ سَلِيمٍ ﴿٨٩﴾Seigneur !, accorde-moi une Illumination (hukm) et adjoins-moi aux Saints ! ﴾83﴿ Prête-moi un langage véridique aux yeux des générations futures ! ﴾84﴿ Place-moi parmi les héritiers du Jardin de Délice ! ﴾85﴿ Pardonne à mon pète : il était parmi les Égarés. ﴾86﴿ Ne me confonds pas, au jour où ils seront ressuscités ﴾87﴿ Au jour où ne seront utiles ni richesse, ni enfants mâles ﴾88﴿ exception faite pour ceux qui seront venus à Allah, avec un cœur pur ﴾89﴿Coran, s XXVI, v 83 à 89, Traduction de Régis BlachèreLes versets 83 à 89 de la sourate ash-Shu‘arâ’ consistent en des invocations coraniques du Prophète Abraham (a). Ces supplications sont après le rappel des bénédictions de Dieu mentionnées dans les versets précédents, à la suite desquels le Prophète Abraham (a) a dû exprimer son besoin à Dieu[14] afin de montrer à peuple idolâtre qu'ils devraient demander à Allah ce qu'ils veulent dans ce monde et l’au-delà et pas aux idoles et c'est un symbole de la Seigneurie absolue d’Allah.[15]
Dans ces invocations, le Prophète Abraham (a) demande à Dieu : la connaissance et la sagesse, adjoindre aux Saints, le bon nom et bon souvenir pour les générations futures, la bonne fin et le Paradis, le pardon des péchés des parents et ne pas être déshonoré au Jour de la Résurrection.[16] Les versets 88 et 89 sont employés dans la supplication de l'Imam Ali (a) dans la mosquée de Koufa et pour cette raison, ils comptent comme des versets bien connus de cette sourate.[17]
Verset al-Indhâr
وَأَنذِرْ عَشِيرَتَكَ الْأَقْرَبِينَ ﴿٢١٤﴾Avertis ton clan le plus proche ! ﴾214﴿Coran, s XXVI, v 214, Traduction de Régis BlachèreLorsque le verset al-Indhâr fut révélé, le Prophète (s) reçut l'ordre d'appeler ses proches parents à l'islam et de les avertir. D’après les exégèses chiites du Coran et quelques exégèses sunnites du Coran, le Prophète Muhammad (s) invita 40 personnes de ses proches parents chez lui, puis leur demanda de se convertir à l'islam en leur disant :
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- « Ô enfants de Abd al-Muttalib ! Allah m’a ordonné de vous inviter à Lui. Qui va m’aider dans cet objet et qu’il soit mon frère, mon légataire (al-Wasîy) et mon successeur ? »
Tout le monde s’abstint excepté Ali qui dit :
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- « Moi, ô Prophète d’Allah. »
Le Prophète Muhammad (s) prit sa main et dit alors :
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- « Il est mon frère, mon légataire et mon successeur parmi vous ; écoutez ce qu’il dit et obéissez-lui. »
Dans les livres chiites et sunnites, il y a des hadiths concernant ce verset, y compris le hadith Yawm ad-Dâr. Ce hadith prouve la véracité de l'École d'Ahlulbayte. [1] Allâma Tabâtabâ’î considère l'interdiction du polythéisme par le Prophète (s) dans le verset précédent et l’avertissement de ses proches dans ce verset comme impliquant qu'il n'y a pas d'exception dans l'invitation religieuse.
Verset 215وَاخْفِضْ جَنَاحَكَ لِمَنِ اتَّبَعَكَ مِنَ الْمُؤْمِنِينَ ﴿٢١٥﴾Sois tutélaire pour ceux des Croyants qui te suivent ! ﴾215﴿Coran, s XXVI, v 215, Traduction de Régis BlachèreDans ce verset, Dieu ordonne au noble Prophète (s) de pratiquer l'humilité envers les croyants qui lui obéissent. L'expression métaphorique « abaisse ton aile » pour les croyants, implique la gentillesse et l'affection, tout comme les oiseaux qui baissent leurs ailes pour leurs bébés. Ainsi, le Prophète (s) protège ses compagnons contre les éventuels incidents et les divisions.
De plus, une phrase affectueuse modère l'avertissement énoncé dans le verset précédent, car si un avertissement est émis à des buts de formation, l'accent doit immédiatement être mis sur la gentillesse et l'affection, de sorte qu'une combinaison appropriée soit fournie.
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[1]:
- Cheikh at-Tabrisî, Majma‘ al-Bayân, vol 7, p 322 – 323 ; Ayatollah Makârim Shîrâzî, Tafsîr Nimûni, vol 15, p 367 ; Al-Fakhr ar-Râzî, At-Tafsîr al-Kabîr, vol 24, p 536
- Ibn Shahrâshûb, Manâqib Âl Abî Tâlib (a), vol 2, p 24 ; At-Tabarî, Târîkh al-Umam wa al-Mulûk, vol 2, p 279 ; Sayyid b. Tâwûs, At-Tarâ’if, vol 1, p 21 ; Al-Hasakânî, Shawâhid at-Tanzîl, vol 1, p 543
- Mulâ’î nyîâ et Mu’minî, Tafsîr Tatbîqî Ayi Indhâr az Dîdgâh Farîqayn, p 143