بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Bi-smi-Allâhi ar-Rahmâni ar-Rahîmi,
Par [la grâce du] Nom de Dieu, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux
وَالْعَصْرِ(١)
Wa-l-‘asr
Par le Temps ! (1)
إِنَّالْإِنسَانَ لَفِي خُسْرٍ (٢)
Inna al-insâna la-fî khusrinn
Certes l’homme est vraiment en perte (2)
إِلَّاالَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ (٣)
Illâ al-ladhîna âmanû wa ‘amilû as-sâlihâti wa tawâsû bi-l-haqqi wa tawâsû bi-s-sabri.
Sauf ceux qui croient, accomplissent les bonnes œuvres, se recommandent mutuellement la vérité et se recommandent mutuellement la patience. (3)
Pour faciliter la lecture du Coran et sa compréhension, nous allons d’abord procéder à une première lecture globale en nous appuyant sur les petits mots clefs d’articulation qui nous permettent de dégager la structure globale de la sourate et nous faire une première idée de son contenu.
Cette sourate comprend trois versets, le « Basmalah »(1) étant inclus dans le premier verset. Selon l’avis le plus répandu, elle fut révélée à La Mecque,
PREMIÈRE APPROCHE GLOBALE
Si on considère la sourate d’une première approche globale, structurale, on peut constater que le premier verset commence par un serment introduit par « wa » suivi par un nom déterminé par l’article défini « al » au cas indirect (« i »). Pourquoi un serment ? Pour qu’un serment ait de la valeur, il doit prendre à témoin quelque chose ou quelqu’un d’important. En quoi ce mot « al-‘asr » représente-t-il quelque chose d’important?
Puis vient l’information dont l’importance a été valorisée par le serment du verset précédent, introduite par cette particule de confirmation « inna » déjà vue précédemment. Et cette affirmation est renforcée par la présence d’une autre particule « la »rattachée au mot sur lequel on veut insister : le « lam at-tawkîd » (de corroboration). Elle est une particule utilisée pour donner plus de force encore à ce propos. Quelle est cette vérité dont Dieu veut que l’on tienne absolument compte et qui est si importante ?
A cette règle générale très importante affirmée dans le second verset, s’ajoute un troisième verset qui commence par la particule d’exception « illâ ». C’est-à-dire, il y a une exception à cette règle générale affirmée avec force. Le pronom relatif « al-ladhîna » (pronom utilisé quand il s’agit de personnes) nous indique qu’il y a un groupe de personnes qui font exception à la règle générale. Qui sont-ils ?
Ce procédé est-il un effet de style pour valoriser l’importance de ce qui suit ?
Ce troisième verset comprend trois conjonctions de coordination. Donc ce groupe de gens qui font exception, qui sont exclus de cette règle générale, représentés par le pronom relatif « al-ladhîna », est caractérisé par quatre particularités énumérées l’une après l’autre que nous verrons plus loin.
Ainsi, par cette première approche globale structurale de cette sourate, on peut savoir qu’elle détient une vérité très importante que Dieu veut absolument nous faire connaître, à laquelle un groupe de gens font exception et qui présentent quatre particularités.
Récapitulation des particules de cette sourate à retenir par cœur
wa al-x La particule « wa » suivie par un nom défini au cas indirect (c’est-à-dire se terminant par « i ») est utilisée pour exprimer un serment. Et d’habitude on fait un serment sur quelque chose d’important. (= par le..) ou (= sur le ..)
inna la particule de confirmation qui doit être suivie d’un nom (au cas direct nécessairement, c’est-à-dire se terminant par la voyelle « a ») ou d’un pronom suffixe. Elle est utilisée pour mettre en valeur le terme de départ. Elle est souvent traduite par « certes ».
la-x Le « lam at-tawkîd » ou de corroboration utilisé pour donner plus de force dans le propos, pour insister. Il est souvent traduit par « vraiment ».
illâ la particule d’exception ou d’exclusion. (= sauf, à l’exception de..)
wa une conjonction de coordination reliant deux éléments de même nature (= et)
Reste à découvrir le sens des principaux mots présents dans la sourate, ce qui nous permettra de savoir de quoi il s’agit, même de façon apparente.
ÉTUDE LEXICALE
« al-‘asr » : Son sens fondamental est la « pression », la « presse », la « compression » de quoi que ce soit pour arriver à un résultat. Par exemple on presse le raisin pour en tirer son jus. Une des applications de ce mot employées dans la langue arabe, est la pression au niveau du temps (et non pas le temps de façon absolue). Dans ce cas, ce mot désignerait un morceau de temps « pressé » limité dans la journée (la dernière partie de la journée avant le coucher du soleil, par exemple), ou dans un temps plus long (une époque particulièrement « pressée » condensée). En résumé, il désignerait un temps avec une particularité remarquable. Nous y reviendrons.
« al-insân » : l’être humain du point de vue de son genre, le genre humain.
« khusr » : la perte, le déficit, la disparition du capital partiellement ou totalement, le contraire du gain et du profit. Le « manque », l’ « égarement », la « perdition », « être lésé » sont des applications, des effets ou des causes de la perte et non pas le sens original.
« âmanû » : du verbe « âmana » (se fier, avoir confiance, croire) à la 3e personne du pluriel au passé. Suffit-il « d’avoir la foi », quel que soit en quoi ? Ou au contraire en des croyances précises ?
« as-sâlihât » : vient du mot « salih » : ce qui est sain, bien, le contraire de la corruption.
= les bonnes actions dont on attend de bons résultats, les actes vertueux.
« tawâsû bi » : 6e forme dérivée du verbe « wasâ bi » (joindre à) = se recommander réciproquement qqch.
« al-haqq » : l’accord et la concordance avec la Réalité.
« as-sabr » : la patience dans le sens de la fermeté, de la constance, de la résistance.
En appliquant cette étude lexicale à ce qui a été dit plus haut, vous aurez une idée générale de quoi parle cette sourate. A suivre....
(1) Voir le sens du « Basmalah » dans la revue N°0 de la revue Lumières-Spirituelles. Nous encourageons le lecteur à y revenir.
*Première approche de la sourate en nous aidant de l’interprétation de cette sourate de Sayyed TabâTabâ’i dans son « Tafsîr al-Mîzan », et de celles de sheikh Makârem Shîrâzî dans al-Amthâl, de sayyed Hassan al-Mustafawî dans son « Tahqîq fî kalimât al-Qurân al-karîm» et de docteur Mahmoud Bostani dans « al-tafsîr al-binâ’î lil-Qorân al-karîm ».