S’acquitter de responsabilités
قاَلَ اجْعلَْنِي عَلىَٰ خَزَائنِِ الْأرَْضِ ۖ إِنِ ي حَفِيظٌ عَلِيمٌ
Et [Yūsuf] dit:
«Assigne-moi les dépôts du territoire: je suis bon gardien et connaisseur».
(Sūrat Yūsuf No.12, Āyat 55)
Quand le roi d’Egypte annonçait à Nabī Youssouf (a) qu’il souhaiterait le nommer à un poste clé afin qu’il puisse le guider à mieux diriger le pays, Nabī Youssouf saisit l’opportunité. Sa perspicacité et sa sincérité sont évidentes dans sa réponse. Il suggère un poste spécifique pour lui-même et met en avant ses qualités pour prouver qu’il est fait pour ce travail. Il lui propose de l’assigner à la gestion des réserves dans lesquelles seront stockées les récoltes des agriculteurs. Il gèrera celles-ci de telle sorte qu'il resterait assez de nourriture pour les sept années où il n'y aurait pas de récoltes, comme le prédisait le rêve du roi. Il endossa ainsi cette lourde responsabilité.
Cette brève réponse de Nabī Youssouf (a) comprend de multiples leçons pour nous:
1. Reconnaître ce qui ne va pas et ce qui doit être amélioré - Nabī Youssouf était parfaitement conscient des facteurs économiques qui avaient conduit à l'oppression du peuple. La société avait besoin d'un nettoyage financier et maintenant que l'occasion s’était présentée, il s'empressa de présenter sa candidature. Il s'efforcera d'éradiquer la discrimination présente dans la société et de rétablir les droits des opprimés.
2. Être conscient de ses capacités personnelles - Quand une personne connaît ses propres capacités, il devient plus facile de les orienter vers un travail approprié. Nabī Youssouf savait qu’il pouvait mener à bien cette responsabilité de gestionnaire des réserves et il n’hésita pas à le faire savoir.
3. Ne pas craindre le dur labeur - Nabī Yūsuf était disposé à entreprendre la lourde tâche d’organiser la gestion des réserves pendant la période d’abondance pour préparer les années de disette à venir. Il sera amené à encourager le peuple à cultiver davantage et à consommer modérément leurs récoltes afin de les stocker, mais également à administrer la totalité des ressources du pays. Cela nécessiterait beaucoup de travail et lui demanderait d’endosser de nombreuses responsabilités. Mais pour plaire à Allah, il tenait à servir son peuple et n’allait pas passer à côté de cette opportunité.
4. S’autopromouvoir- Il n’est pas approprié qu’une personne chante ses propres louanges. Cependant, certaines situations exigent qu’une personne se présente et mette en avant ses qualités exceptionnelles, pour un objectif plus important que sa propre personne. Cela permet aux autres de le connaître et de tirer profit de ce qu’il a à offrir. Nabī Youssouf explique qu’il sera l’homme de la situation car il est digne de confiance et qu’il gèrera bien les réserves. Il en est également parfaitement connaisseur. Selon le Tafsīr Namūne quand il a été demandé à Imam al-Sādiq (a) s’il était autorisé de faire des éloges de soi il répondit : Oui, si cela est nécessaire. N’avezvous pas écouté les paroles de Youssouf ‘Assigne-moi les dépôts du territoire: je suis bon gardien et connaisseur (Q 12:55)’ et les mots d’‘Abdous Sālīh [Nabī Hoūd], ‘je suis pour vous un conseiller digne de confiance (Q
7:68)’ (Traduit de l’Anglais)
Ce verset montre également qu’il n’y a pas de mal à convoiter une position élevée. Imam al-Sādiq (a) s’en servit pour dissuader un groupe de personnes devenues ascètes et qui encourageaient les autres à les rejoindre. Il leur demanda: Dites-moi ce que vous pensez de Nabī Youssouf qui proposa au Roi d’Egypte ‘Assigne-moi les dépôts du territoire…’ Et il accéda à une position qui lui permit de contrôler les terres du Roi et celles avoisinantes jusqu’au Yémen, et pourtant je n’ai entendu personne contester cela?
Que ce verset nous rappelle la nécessité de nous rendre compte de tout le bien que nous pouvons apporter à la société et de saisir l’occasion quand elle se présente. Cela pourrait être notre vocation et avoir un impact énorme sur ceux qui nous entourent, comme cela a été le cas dans la vie de Nabī Youssouf.
Sources: Āyatullāh Nāsir Makārim Shirāzī (Ed.), Tafsīr-e Namūneh; Agha Muhsin Qarā’atī, Tafsīr-e Nūr; Agha H. M. M. Pūya Yazdī and S. V. Mir Ahmed Ali, The Holy