قال الامام الکاظِم علیه السلام
مَن سَر مُومنا فَبِالله بَدَا وَ بِالنَبِی تَنی وَ بِنا ثلَث
L’Imam Musâ Al-Kâdhim, les bénédictions de Dieu soient sur lui a dit:
Celui qui contente un croyant satisfait Dieu en premier, puis le Prophète en second et nous (les gens de la Demeure Prophétique) en troisième.
Bihâr ul-Anwâr/Vol.74/P.314
C'est le dimanche 7 Safar 128 Hijra, correspondant au 8 novembre 745 du calendrier grégorien, et à Ab'wa, entre la Mecque et Médine, au retour du pèlerinage à la Maison Sacrée, que Dame Hâmidah al-Mussaffat donna naissance à Abû Ibrâhîm Musâ Ibn Ja`far Al-Kâẓim, أبو إبراهيم موسى بن جعفر الكاظم, autrement dit l’Imam Musâ Al-Kâdhim fils de l'Imam Ja'far As-Sâdiq fils de l'Imam Muhammad Al Bâqir fils de l'Imam 'Alî Zayn Al-Âbidîn fils de l'Imam Al-Hussein fils de l'Imam 'Alî et de la fille du Prophète, Dame Fâtimah Az-Zahrâ (sawas).
L'Imam Mûsa (as), qui fut le septième Imam des Ahl-ul-Bayt (sawas), succéda à son père, par Ordre divin et décret de ses prédécesseurs, à l'âge de 20 ans, suite au Martyre de l'Imam As-Sâdiq (as) qui fut empoisonné par l'abominable Mansûr.
Son Imamat dura 35 ans et coïncida avec les cruels et despotiques régimes abbassides de Mansûr, puis de Mahdî, de Hâdi, et de Hârun, lequel le fera emprisonné puis empoisonné après 14 ans de détention, en 183 Hijra, comme nous le verrons plus loin.
Son immense savoir fut révélé en diverses occasions, éblouissant les gens à chaque fois. Son dialogue avec Buraiha est bien connu car à la suite de ce dialogue l’Imam (as) convainquit son interlocuteur chrétien de se convertir à l’Islam.
Il (as) fut donc le plus grand érudit, le meilleur, le plus généreux, le plus courageux, le plus aimable et le plus intègre de son temps, patient et tolérant même envers les ennemis. Sa grandeur était connue de tous. Son savoir fut inégalable, son engouement pour l’adoration ne saurait être dépassé. C’est parce qu’il contenait toujours sa colère qu’il fut surnommé al-Kâdhim , celui qui contient sa colère. Pour son intégrité, on le surnomma également al-‘Abdu Câlih, le bon serviteur d’Allah. L’Imam (as) récitait le Coran magnifiquement. On rapporte qu’il restait quatre heures debout pour accomplir des actes cultuels, et qu’il récitait le Coran et se prosternait pendant longtemps. Il pleurait souvent par amour d’Allah. Il quitta d'ailleurs ce monde alors qu’il était en prosternation.
Le règne de Mansûr était des plus barbares et la répression avait déjà commencé depuis si longtemps contre le Prophète (sawas) et Sa descendance purifiée (as) comme nous le savons, et pendant l'enfance de l'Imam Mûsa (as), la répression avait également régné. Selon Ahmad bin Ali Najashi, le calife Mansûr avait nommé Ahd al-Jabbar al-Azadi comme gouverneur de Khorasan, en 141 H. (758 A.G.), avec l'ordre d'espionner et de réprimer les activités alidiennes (de la Succession Imamite et des Partisans de 'Alî Ibn Abi Tâlib (as) à travers elle) ainsi que les adeptes de l'Imam Ja'far As-Sadiq (as), le père de l'Imam Mûsa (as). Et Riyah bin Uthman al-Murri, le gouverneur abbasside de Médine en 144/761 n'avait pas hésité à brûler la maison des Ahl-ul-Bayt (sawas)..
Le calife Mansûr s'acharnait à vouloir connaître l'héritier présomptif et successeur de l'Imam As-Sadiq (as) dans le but de l'éliminer, en le fouettant et en le décapitant, car l'Imamat représentait un danger pour ces gens avides de pouvoir et de biens terrestres dont il était le premier représentant. Les enseignements des Imams (as), tels des miroirs mais aussi parce qu'ils permettent à l'Homme de se réformer et de trouver toute sa dimension dans une société équilibrée non seulement pour l'Ici-Bas mais aussi pour l'Au-Delà, remettent en question les comportements des dirigeants et constituent une menace aux yeux des injustes du fait de l'importance de l'Ethique, et notamment en politique, comme nous le voyons encore à ce jour. Le véritable message de l'Islam, transmis par le Sceau des Prophètes (sawas) prône l'Equité et la Justice, et nous en avons vu toute la valeur dans la Révolution Husseinite qui n'en est que la continuité et la sauvegarde.
Aussi l'Imam Mûsa Al-Kâdhim (as) dut-il toujours faire acte de patience et de prudence afin de préserver et de transmettre ce Trésor pour l'Humanité, malgré la persécution de ces califes sanguinaires. Voici quelques histoires très explicites, quant à son érudition et à son intelligence, sa patience et sa sagesse:
-Le calife Hârun Al-Rachid convoqua l’Imam (as) un jour et lui tint ce discours : «Pourquoi vous a-t-on préférés à nous alors que nous sommes les descendants d’Al ‘Abbas, l’oncle du Prophète et que vous aussi vous êtes les descendants d’Abu Tâlib, l’oncle du Prophète (sawas)» ?
L’Imam (as) répondit : «Nous sommes plus proches du Prophète (as) car Abu Talib et ‘Abdullah sont de même père et mère tandis qu’Al ‘Abbas n’était leur frère que du côté du père ».
Hârun lui posa une autre question : «Pourquoi vous appelle-t-on les enfants du Messager alors que vous les enfants de ’Ali (as)» ?
L’Imam (as) répondit : «Si le Messager était ressuscité pourriez-vous le marier avec l’une de vos filles» ?
Hârun : «Cela serait une source d’orgueil pour moi devant arabes et non-arabes».
L’Imam (as) : «Quant à nous il lui est interdit de demander nos filles en mariage car il nous a mis au monde et pas vous.»
-Un jour, Abu Hamza, voyant l’Imam al-Kâdhim (as) en train de travailler dans son jardin alors que la sueur perlait de sa tête jusqu’à ses pieds, lui demanda où étaient ses serviteurs. L’Imam (as) lui répondit qu’il y avait quelqu’un de meilleur que l’Imam et son père, qui travaillait lui-même de ses propres mains. Lorsque Abu Hamza lui demanda qui était cet homme, l’Imam (as) répondit que c’était le Prophète d’Allah, Muhammad (sawas), ainsi que Amir Al-Mu'minin ‘Alî (as), et que tous ses ancêtres travaillaient de leurs propres mains. Tel fut donc la Sunna (la Tradition) des Prophètes, des Délégués d’Allah et des gens droits.
· Un jour, l’un des disciples de l’Imam As-Sadiq (as), Abu Hanifa, vint voir l'Imam pour l’interroger sur un sujet religieux. L'Imam dormait et, ainsi, Abu Hanifa attendit que l'Imam soit réveillé. Pendant ce temps, le vénéré Kâdhim, qui n'avait, alors, que cinq ans, sortit et vit Abu Hanifa qui s’adressant à lui, demanda son avis en ces termes:
-«Ô petit-fils du Prophète ! Quel est ton avis au sujet des actes d'un homme? Les accomplit-il par lui-même ou parce qu'Allah l'incite à les faire?»
-«Ô Abu Hanifa, les actes d'un homme pourraient être classés en trois catégories: Premièrement, les actes qu'Allah lui enjoindrait indépendamment de sa volonté. En second lieu, les actes que l'homme accomplirait avec l'assentiment d'Allah. Troisièmement, les actes que l'homme accomplirait seul. La logique humaine pourrait faire croire, alors, que dans les 2 premiers cas, Allah pourrait être responsable, mais il n'en est rien. Si la première déduction était vraie, cela voudrait dire qu'Allah pourrait être injuste et pourrait punir les hommes pour des péchés qu'ils n'ont pas commis. Si la deuxième condition était acceptable, cela voudrait dire qu'Allah pourrait être injuste et pourrait punir les hommes pour les crimes dans lesquels Il est associé. Mais l'impossibilité de ces deux premières conditions est évidente, car Allah ne peut être injuste. Donc, la troisième alternative est que les hommes sont absolument responsables de leurs propres actes.» Abu Hanifa était réputé pour être partisan de la déduction par syllogisme ou analogie. Or, cet entretien avec le jeune Imam (as) lui montra que sa méthode était fausse.
Pendant la première décennie de son Imamat, le vénéré Imam Musâ Al-Kâdhim (as) avait pu prodiguer les préceptes de l'Islam et les enseignements du Prophète (sawas), lui qui avait passé 20 ans sous l'instruction de son vénéré père (as). Après cette période, il passa la plupart de son temps en prison, selon le bon vouloir du calife en place. L'Imam Musâ Al-Kâdhim (as) a vécu sous les régimes les plus despotiques des Califes Abbasides, les mêmes qui prenaient plaisir à tyranniser les descendants du Prophète (sawas), à les torturer, à les enterrer ou à les emmurer vivants ou dans le moins pire des cas, à les mettre en prison, durant toute leur vie.
A l’époque du septième Imam (as), ses partisans vivaient sous une pression terrible.
Mohammad fils de 'Alî a dit: A Nichâpur, Les partisans m’ont confié 30000 dinars, 50000 dirhams et des vêtements pour que j’aille à Médine et que je les mette à la disposition de l’Imam.
D’abord je devais présenter à la personne concernée une lettre cachetée dans laquelle quelques questions étaient posées. Ils m’ont donné une énigme et ils m’ont conseillé de ne lui remettre les biens qui m’ont été confiés que si cette personne parvenait à résoudre l’énigme.
Il a ajouté: Je suis arrivé à Médine et je me suis mis à la recherche de l’Imam mais personne n’était parvenu à résoudre cette énigme. J’ai erré dans la ville. Finalement un jeune homme m’a guidé vers la maison de l’Imam Musâ Al-Kâdhim. L’Imam a deviné l’énigme de la lettre. Finalement j’ai trouvé l’Imam puis je lui ai donné les biens.
Ces califes n'avaient aucune pitié et ils faisaient assassiner ou torturer pour le plaisir qu'ils prenaient des souffrances de leurs victimes. L'Imam (as) a été préservé de la tyrannie de Mansûr, celui-ci étant décédé en 157 de l'Hégire. Peu de temps après, son frère, Mahdi, lui succéda. Les premières années de son califat, Mahdi feignit l’indifférence, à l’égard de l’Imam (as) et de ses activités.
Les dix dernières années du règne de Mansûr s'étaient passées comme nous l'avons vu, puis douze ans du règne de Mahdi et de Hadi se sont écoulés. Mahdi recevait des rapports défavorables aux activités de l’Imam (as) et il a décidé de mettre l’Imam (as) en prison.
Car, en 164 de l'Hégire, le calife abbasside fit un voyage à Médine, où il s’aperçut de la grande notoriété dont jouissait l’Imam (as), auprès des populations musulmanes. Ce contact avec la réalité attisa sa jalousie, ainsi que l'étincelle de cette ineffable rancœur que les Abbassides ne cessaient de nourrir envers les descendants du noble Prophète (sawas).
Aussi, fit-il emmener de force l’Imam (as), à Bagdad, avant de l’incarcérer. Mais Mahdi craignait fort la réaction des nombreux disciples de l'Imam Al-Kâdhim (as), ce qui le conduisit à le libérer au bout d’un an. Cela fut-il le cas de ses successeurs? L’un des plus cruels et des plus tyranniques d’entre eux ne supporta point la popularité du vénéré Al-Kâdhim (as).
Ce fut pendant le règne de Hârun Al-Rachid que l’Imam (as) passa la plupart de son temps en prison et qu’il fut empoisonné. Dès son intronisation Hârun Al-Rachid décida de réserver un traitement plus sévère à l’Imam (as), car le message de celui-ci, son comportement, sa verve, son être au monde séduisaient les foules musulmanes, les attiraient de plus en plus vers l’Islam. Hârun Al-Rachid s’efforça, ainsi, d’obtenir, par tous les moyens possibles, des informations sur les activités secrètes de l’Imam (as); ses fonctionnaires lui envoyaient des rapports continuels. Ayant reçu la promesse d’obtenir une grande somme d’argent, l’un d’entre eux, un dignitaire de la ville de Médine, envoya un rapport à Harûn, en y ajoutant, accessoirement, le commentaire suivant:
«Comment peut-il y avoir deux Califes en même temps? Tu es le Calife, dans cette ville, et l’Imam Kâdhim (as) est celui de Médine, puisque les gens se confient à lui, lui réclament conseils et instructions, sur presque tous les sujets».
Le Calife lui donna, pour ce rapport insidieux, 200.000 dirhams, et ne tarda pas à ordonner l’arrestation de l’Imam. Il prépara deux chameaux, envoyant l’un, en direction de Bagdad, et l’autre, en direction de Bassora, afin que les gens ne sachent pas où l’Imam a été amené. En fait, l'Imam Al-Kâdhim fut conduit à Bassora.
Bien qu’il ait exigé des gouverneurs de différentes villes de martyriser le descendant du Prophète (sawas), cependant, ces derniers refusèrent cette requête et répondirent qu’ils ne pouvaient rien, parce que tout ce qu’ils savaient de lui, c’était sa piété et sa vertu, sa générosité, sa magnanimité et qu’ils ne voulaient point tremper leurs mains dans ce crime odieux.
Mais le mal finit par l’emporter. Cet ordre abject fut transmis aux geôliers de sa dernière prison qui l’empoisonnèrent, discrètement, en faisant croire à une mort naturelle, mais l’Histoire ne se trompe que rarement. Quelques 14 siècles après son Martyre, celle-ci a gravé le nom de Harûn comme l’auteur de ce crime
قال الامام الکاظِم علیه السلام
مَثَل الدنیا مَثل الحَیة مَسُها لَین وَفی جَوفها السم القاتلُ یحذرها الرجال ذُوُوا العقولِِِ وَیَهوی اِلیها الصبیان بایدیهم.
L’Imam Musâ Al-Kâdhim, les bénédictions de Dieu soient sur lui, a dit:
Ce monde ressemble à un serpent dont l’extérieur est doux et dont l’intérieur est empoisonné; les sages évitent un tel serpent alors que les enfants s’en approchent pour le posséder.
Al-Kâfi/Vol.2/P.315