Au début de ce mois, le mois de sha'bân, nous célébrons plusieurs anniversaires de naissance : Celui de l'Imâm al-Hussein (p), au troisième jour de ce mois, celui de Abû al-Fadl al-'Abbâs (p), au quatrième jour, et celui de l'Imâm Zayn al-'Abidîn (p), au cinquième jour.
En vivant les souvenirs de ces naissances, nous vivons tout l'Islam dans toutes ses valeurs et ses significations, dans tout son mouvement et dans tous les mystères du sacrifice que représente chacun de ceux qui ont enrichi la réalité islamique de mystères qui, avec abondance, ont offert à l'histoire beaucoup de science et de spiritualité, et beaucoup de dynamisme et de valeurs.
Dieu, le Très-Haut, dit dans Son Noble Livre : ((Dieu ne veut qu’écarter de vous la souillure, ô Gens de la Famille et vous purifier totalement)) (Coran XXXIII, 33).
Al-Hussein (p), une éducation dans l'ambiance de la Prophétie et de l'Imâmat
Al-Hussein (p) qui était le bien-aimé du Messager de Dieu (P), qui était le bien-aimé de Fâtima az-Zahrâ' (p), et qui -avec son frère al-Hassan (p)- est le seigneur des habitants du Paradis, a vécu avec son grand-père (p) et, lors de sa petite enfance, a reçu ses souffles et s'est baigné dans toute son affection, dans tout son amour et dans tous ses soins. Il a vécu avec sa mère (p), la dame pure et infaillible qui, dès sa tendre enfance, a vécu avec Dieu, et a passé avec le Messager de Dieu (P) une partie de sa jeunesse. Elle a été instruite par lui et elle a acquis ses bons caractères au point que le Messager de Dieu (P) s'est introduit dans la raison de az-Zahrâ' (p) et dans son cœur et a été présent dans toute sa vie. Elle était une femme qui a accumulé dans sa personnalité le sens du Messager de Dieu (P). La relation de Fâtima (p) avec son père, le Messager de Dieu (P), et sa relation en retour avec elle étaient particulièrement profondes, et ce en raison de ses dons qui jaillissaient de son cœur, de ses sentiments et de ses émotions. Cela a permis au Prophète (P) de retrouver une nouvelle mère dans sa fille. Il a dit à son compte qu'elle est la mère de son père, car elle a compensé pour lui la tendresse de la mère qu'il avait perdue dès sa première enfance.
Al-Hussein (p) a donc vécu avec sa mère, lui et son frère, puis il a continué de vivre avec son père, 'Alî (p). Il a connu toutes les valeurs de son père qui lui a appris tous les mystères de la spiritualité et de l'amour de Dieu. Il a aussi connu toutes les douleurs de son père. 'Ali (p) était un homme qui a vécu pour la vérité et le droit, mais la vérité et le droit ne lui ont pas laissé aucun ami. Il a pu agir avec toute son énergie pour mettre l'Islam en application même dans les conditions les plus difficiles. Il voulait affermir la politique islamique qui élève le niveau des gens et qui résout leurs problèmes. Al-Hussein (p) vivait également dans cette ambiance. Il a vécu le courage de son père, sa spiritualité et la force des positions qu'il a prises dans la défense de l'Islam. Et c'est ainsi que sa personnalité était une copie de celle de son père (Que la paix soit sur eux).
C'est pour ces raisons que l'action entreprise par al-Hussein (p) était celle de l'Imâmat qu'implique son statut, et non pas une action personnelle. Il ne recherchait pas le pouvoir. Il était plutôt un Imâm convaincu que l'Imâmat l'obligeait de se pencher sur toutes les causes du peuple pour lui assurer la valeur suprême vue sous l'angle de la spiritualité et du dynamisme ainsi que sous l'angle de tout ce qui est susceptible de l'élever et de promouvoir sa situation. Al-Hussein (p) veut que le gouverneur musulman soit l'incarnation de l'Islam dans sa raison appelée à être entièrement faite de bien, dans son cœur appelé à être entièrement fait de bien. Il veut que ce gouverneur soit l'incarnation de la justice dans sa vie pour que toute sa vie soit faite de justice. Ce gouverneur doit vivre les souffrances des gens et leurs problèmes, afin de pouvoir assainir leur vie : "Je me suis révolté pour la réforme de la Nation de mon Grand-père, je veux ordonner le bien et déconseiller le mal". Al-Hussein (p) n'était pas un homme violent, mais un homme doux : "Celui qui m’accepte ne fait qu’accepter le vrai. Et c’est à Dieu que revient la rétribution pour le vrai. Et si l'on ne m'accepte pas, je me résigne jusqu'à ce que Dieu donne Sa sentence entre moi et eux par la vérité. Il est le meilleur des juges".
Al-Hussein (p) a tout fait pour être l'homme du dialogue avec ses adversaires et ennemis qui ont laissé les désirs de ce monde-ci s'infiltrer dans leurs raisons. Leurs cœurs étaient de son côté mais leurs épées étaient pointées contre lui. Il les haranguait de temps à autre, pendant le combat, afin de les instruire et de leur montrer la vérité dans sa plénitude. Mais ils ont été pris par ce bas-monde et séduits par ses attraits… Quand ils ont demandé à al-Hussein (p) de reconnaître la légalité du gouvernement de Yazîd et de Ibn Ziyâd et de se soumettre à leur volonté, il s'est révolté de la révolte de l'homme que la vérité habite tout son être. Et avec toute responsabilité, il leur a répondu : "Le bâtard, fils de bâtard, nous réduit à choisir entre deux choses : Entre la mort et l’humiliation. Loin de nous l’humiliation ! Dieu, Son Prophète et les croyants ne l’acceptent pas pour nous. Ne l’acceptent non plus pour nous des seins immaculés, des fronts hautains et des âmes nobles. Nous ne préférons pas l’obéissance aux ignobles à la mort à la manière des personnes nobles". Et il leur a dit avec courage : "Non par Dieu ! Je ne me soumettrai pas à vous comme un humilié, car la gloire appartient à Dieu, à Son Messager et aux croyants, ni ne me baisserai devant vous à la manière des esclaves", car je jouis de la liberté que Dieu a offert à l'homme. Dieu ne permet pas à l'homme de se faire humilier.
Il a donc avancé avec tout son courage, lui qui a hérité le courage de son père. Ibn Sa'd s'est alors adressé à son armée en criant : "Ne savez-vous pas contre qui vous êtes en train de vous battre? C'est le fils du Chauve au gros ventre. C'est le fils du tueur des Arabes". Ils l'ont alors attaqué par milliers. Mais al-Hussein (p) équivalait à toute une nation en les confrontant tout seul. L'un des ennemis a dit à ce propos : "Par Dieu, je n'ai jamais vu un homme vaincu qui a vu ses enfants, les membres de sa famille et ses compagnons assassinés sous ses yeux, aussi ferme, aussi lucide et aussi audacieux que al-Hussein. Par Dieu, je n'ai jamais vu avant lui ou après lui un homme qui lui ressemblerait. Attaqué par les fantassins, il ripostait en les attaquant. Ils fuyaient à gauche et à droite comme des chèvres qui fuient l'attaque du loup".
Al-Hussein (p) était le représentant exemplaire de l'Imâmat responsable, du Message défiant et du courage patient. C'est vrai qu'il a été tué; mais il est resté vivant dans la Nation, pour devenir une révolte dans toutes les générations, et une action dans toutes les places de la lutte contre l'arrogance.
Al-'Abbâs (p), l'incarnation de la foi et du jihâd
Al-Hussein (p) était secondé par son frère al-'Abbâs Ibn 'Alî (p). Al-'Abbâs (p) était pour lui ce qu'était son père, 'Alî (p), pour le Messager de Dieu (P). Ceux qui ont écrit à son sujet disent : ''Al-'Abbâs était un homme courageux, beau, magnifique et chevaleresque. Il montait une jument aux formes parfaites mais ses pieds touchaient le sol tellement il était grand de taille. Il portait l'étendard de son frère al-Hussein Ibn 'Alî (p) lorsqu'il a été tué au combat". L'Imâm as-Sâdiq (p) a dit à son sujet : "Notre oncle al-‘Abbâs était clairvoyant et de foi ferme. Il a lutté aux côtés de Abû ‘Abdullâh (al-Hussein) (p). Il a fait des exploits au combat et il y est tombé en martyr''. Quant à l'Imâm Zayn al-'Abidîn (p), il a dit : "Que la miséricorde de Dieu soit sur al-'Abbâs. Il a préféré son frère à soi-même, il a lutté à ses côtés et il s'est sacrifié pour lui".
Nous devons avoir à l'esprit cette personnalité de al-'Abbâs en tant que porteur de message et d'homme de foi, avant de penser à son jihâd, car son jihâd était issu de son message et son sacrifice était issu de sa religion. C'est ainsi que al-'Abbâs représentait un exemple à suivre pour les hommes de résistance et les combattants pour Dieu, pour ceux qui portent le Message et font face à tous ses ennemis.
L'Imâm Zayn al-'Abidîn : L'incarnation de l'attitude juste
Quant à l'Imâm 'Alî Ibn al-Hussein (p), il a été évoqué par az-Zuhrî qui a dit : "Je n'ai jamais vu un Hachémite qui fût meilleur ou plus versé dans la jurisprudence que Zayn al-'Abidîn". De son côté, l'imâm ash-Shâfi'î a dit à son compte : "Il est le plus versé dans la jurisprudence parmi les habitants de Médine". Il était le professeur des professeurs du monde musulman de l'époque. Il était le professeur de l'étape qu'il a vécue. Il accueillait les savants et les étudiants et leur donnait de sa science, de sa crainte révérencielle et de sa dévotion.
Sufyân Ibn 'Uyayna a dit : "J'ai dit à az-Zuhrî : 'As-tu rencontré 'Alî Ibn al-Hussein ?'. Il m'a répondu : 'Oui je l'ai rencontré, et je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui l'égalait. Par Dieu je n’ai jamais su qu’il avait un ami en secret ni un ami déclaré'. Et lorsqu’on lui a demandé l’explication de ces propos, il a répondu : « tous ceux qui le connaissaient l’enviaient pour ses vertus même s’ils l’aimaient, et tous ceux qui le connaissait le ménageaient pour sa longanimité même s’ils le haïssaient".
L'Imâm Zayn al-'Abidîn (p) a vécu le drame de Karbala avec tous ses détails, et il était très patient, lui que son père al-Hussein (p) s'asseyait à côté de lui, de temps à autre, pour le préparer à être son successeur dans les affaires de l'Imâmat. Il a éprouvé les douleurs de la capture et, avec courage et force, il a fait face à Ibn Ziyâd et à Yazîd qu'il les a confondus et réduits au silence. Après cela, il a pris en charge les fonctions de l'Imâmat et son Imâmat était un mouvement multidimensionnel. Il n'était pas seulement un dévot qui adorait Dieu jour et nuit. Il instruisait les gens et les guidait. C'est pour cette raison que ses invocations étaient des invocations culturelles qui expriment, dans leur profondeur, toutes les valeurs de l'Islam.
'Alî Fils de al-Hussein (p) était jour et nuit occupé de l'Islam. Il cultivait dans les âmes de la société islamique la spiritualité qui la lie à Dieu, à la crainte de Dieu, à l'amour de Dieu et au jihâd pour la cause de Dieu. L'Imâm (p) a pu remplir toute sa vie de jihâd dans les places de l'appel à l'Islam. Comme le Messager de Dieu (P), comme son père al-Hussein (p) et son grand-père 'Ali (p), il agissait à partir de son sentiment de responsabilité.
Les Imâms appartenant aux Gens de la Maison (p) : des symboles de la guidance !
Ceux-là sont nos Imâms, nos dirigeants et nos guides. Ils sont ceux dont nous reconnaissons l'Autorité de toutes nos raisons, par notre raison, notre cœur et notre vie. Ce qui nous lie aux Imâms appartenant aux Gens de la Maison (p) n'est pas une question d'affection, mais une question imâmique, islamique et responsable. Les Imâms appartenant aux Gens de la Maison (p) ne nous demandent pas de les aimer d'un amour personnel. Ils nous demandent de les aimer pour le Message. Pour ce qui est des lamentations de l'Imâm Zayn al-'Abidîn (p), il voulait en pleurant raviver la cause de al-Hussein (p) afin de l'approfondir dans la conscience de tous les gens. Il ne pleurait pas parce qu'il était le descendant de al-Hussein (p), mais parce qu'il voyait en lui l'Imâm qui a hérité, sur le plan de l'appel à Dieu et de la fidélité à l'égard de Dieu, Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jésus et Muhammad.
Voilà ce qu'étaient les Imâms appartenant aux Gens de la Maison (p), Ceux que Dieu a écarté d'eux la souillure et les a purifiés totalement.
Nous invoquons Dieu, le Très-Haut, d'accepter leur intercession en notre faveur et de nous ressusciter avec eux dans l'Autre monde ! Que la paix soit sur eux, le jour où ils sont nés, le jour où ils sont morts et le Jour où, vivant, ils seront ressuscités.