L’Ayatollah Sobhani a répondu en ces termes :
« Le terme غلو» » en arabe, signifie exagérer et dépasser les limites, exagérer les capacités de quelqu’un ou ses attraits physiques et ses qualités morales. Dieu dans le Coran, recommande aux chrétiens de ne pas exagérer dans la présentation de Jésus (as) et déclare : [1] .
«يا أَهْلَ الْكِتابِ لا تَغلُوْا فِي دِينِكُم »
Ô gens du Livre (Chrétiens), n'exagérez pas dans votre religion, et ne dites d'Allah que la vérité (Coran 4 : 171)
« Dis : "Ô gens du Livre, n'exagérez pas en votre religion, s'opposant à la vérité » (Coran 5 :77)
L’émir des croyants, l’Imam Ali (as), a déclaré que les paroles et les actes des Ahl-ul-Bayt (as) étaient les critères de la religion et des croyances, ajoutant :
«Nous sommes le juste milieu, ceux qui sont en arrière doivent nous rattraper et ce qui nous devancent doivent revenir vers nous » (Nahjol Balagha, maxime 109)
Accuser les Ahl-ul-bayt (as) d’exagération vient d’un manque de connaissance de leurs idées, de leurs principes et de leur modération.
Dans le domaine du monothéisme, cette exagération consiste à diviniser les saints Imams (as) en dépassant leur statut de serviteurs, et de les considérer comme des dieux ou des gens dont les actes sont divins, c'est-à-dire comme les créateurs des cieux et de la terre, ou penser qu’ils sont chargés de diriger la création, de pourvoir à nos besoins, de faire mourir et de faire vivre. Il s’agit aussi de dire que ce sont eux qui sont chargés de définir les actes permis et interdits (Halal et Haram).
Les partisans des Ahl-ul-bayt (as) à toutes les étapes du monothéisme, n’ont jamais dépassé les limites du vrai monothéisme et considéraient
Allah comme le créateur, le dirigeant de la création et le révélateur des règles de la religion, et les Imams comme des êtres supérieurs.
Selon les chiites, si leurs prières ont entrainé des changements dans la création ou la guérison d’un malade, ils ne l’ont fait qu’avec la permission de Dieu comme le montrent les miracles de jésus (as).
Leur intervention en faveur des croyants le jour du jugement, se fera avec la permission divine et grâce à leur recours, à cause de la position dont ils jouissent auprès de Dieu. (Sunan de Tirmidhi, Manāqib Āli ibn Abī Ṭālib de Muhammad Shahrashub numéro 3772 et 37751, Mostadrak de Hakim vol 3 p 177)
La présentation de leurs qualités est une manifestation de notre amour envers la famille du prophète (as) comme l’exige d’ailleurs le Saint Coran au verset 43 de la sourate « Al chura » :
قُل لَّآ أَسْـَٔلُكُمْ عَلَيْهِ أَجْرًا إِلَّا ٱلْمَوَدَّةَ فِى ٱلْقُرْبَىٰ ۗ
"Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les proches"
et l'Allâmah al-Bahrânî, citant "Al-Musnad" d'Ahmad ibn Hanbal, citant Sa'îd ibn Jubayr, Ibn 'Abbâs a dit : «Lorsque cette Parole : "Dis : "Je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n'est votre amour envers les proches" a été révélée, on demanda : O Messager d'Allah ! Qui sont tes proches que nous avons l'obligation d'aimer? - Alî, Fâtemeh et leurs fils, répondit le Prophète».
Les chiites ont la conviction que les Ahl-ul-bayt (as) possède la science de l’invisible grâce à la volonté divine et Ses enseignements.
L’émir des croyants après la conquête de Bassora, est monté en chaire et a prédit ce qui arriverait dans cette ville dans l’avenir. Un des compagnons de l’Imam Ali (as) lui demanda s’il connaissait l’avenir et les choses invisibles, l’Imam rit et dit : « Ce que je dis n’est pas des prédictions mais des choses que m’a enseignées le maitre des sciences c'est-à-dire le prophète (as) (Nahjol Balagha, sermon 128)
La science de l’invisible est une science infuse qui ne s’acquiert pas par l’enseignement, elle vient de Dieu alors que les gens l’apprennent. Si le
Coran parle d’une science accordée par Dieu au verset 65 de la sourate « Naml » :
" قُلْ لا يَعْلَمُ الْغَيب فِي السَّماواتِ وَالأَرْض إِلاّ اللّه"
« Dis : « hormis Dieu, personne dans les cieux et sur la terre ne connait l’invisible »
Il s’agit de la science de l’invisible du créateur de l’univers et tout ce qui existe a besoin de Lui. Par conséquent, il est impossible de parler d’exagération au sujet des Ahl-ul-bayt (as) qui se sont toujours distingués des gens qui exagéraient leur statut et les repoussaient.
Le huitième Imam (as) dans une de ses prières, se distingue d’eux et rejette ceux qui considéraient que les Imams étaient à l’origine de la création du monde et responsables de la survie des créatures.
Cette prière est celle-ci :
« Mon Dieu ! Je désapprouve les paroles de certains qui disent des choses que nous n’avons pas dites. Mon Dieu ! C’est Toi qui a créé le monde et pourvoit aux créatures. Nous T’adorons et demandons Ton aide. Mon Dieu ! Tu nous as créés et Tu as créé nos pères et nos enfants. Mon Dieu ! Tu mérites notre adoration et notre soumission. Je rejette ceux qui pensent que nous sommes leur Dieu, que nous les avons créés et que c’est nous qui pourvoyons à leurs besoins. Mon Dieu ! Ce n’est pas nous qui leur avons dis cela, ne nous punis pas pour ce qu’ils disent ». (Bihar al Anwar vol 25 p 243)
Par cette prière, l’Imam rejetait ces mensonges et ceux qui pensaient que la direction du monde avait été remise aux Imams (as) et au prophète (as) qui sur l’ordre de Dieu, auraient créé la terre et les cieux, pourvoiraient aux besoins des créatures et les feraient vivre et mourir dans ce monde et le jour du jugement.
Les Imams et leur recours aux causalités naturelles
Aucun être humain même d’un niveau supérieur, ne peut se considérer comme le transmetteur des bénédictions divines qu’il reçoit lui-même par le biais d’intermédiaires comme les autres créatures. Le rayonnement du soleil, la pluie, la neige, l’éclosion des bourgeons assurent la vie des prophètes, des Imams et des Amis de Dieu, l’ange transmet la révélation
et c’est l’ange de la mort qui lui prend la vie, et dès le premier jour, des gardiens sont nommés pour le protéger et l’aider à franchir les étapes de l’épanouissement moral.
A ce sujet, le Coran au verset 61 de la sourate « An’am »
"وَيُرْسِلُ عَلَيْكُمْ حَفَظَةً حَتّى إِذا جاءَ أَحَدَكُمُ الْمَوتُ تَوَفَّتْهُ رُسُلُنا "
« Il vous fixe des gardiens et au moment de la mort, nos envoyés lui prennent la vie »
L’émir des croyants dans le Nahjol Balagha, au sermon 234, déclare :
" وَلَقَدْ قَرَنَ اللّهُ بِهِ(ص) مِنْ لَدُنْ أَنْ كانَ فَطيماً أَعْظَمَ مَلَك مِنْ مَلائِكَته يَسْلُكُ به ِ طَريقَ الْمَكارِمِ وَمَحاسِنَ أَخلاقِ العالَمِ"
« Quand le prophète (as) a été sevré, un ange a été envoyé par Dieu pour le guider dans la voie du bien et de la morale »
Par conséquent, nous pouvons dire que tous les êtres humains même les êtres parfaits comme les Imams (as), sont dirigés par la causalité qui règne dans l’univers et ne sont jamais les intermédiaires des bénédictions divines, matérielles ou spirituelles.
Cependant, cela n’empêche pas qu’ils sont parfois pour des raisons spéciales et sans rechercher cela pour eux-mêmes, à l’origine de « miracles » et capables d’intervenir dans les affaires du monde et de la création.