Présentation des arguments de ceux qui sont opposés au retour dans ce monde, dans la croyance chiite qui considère la Raj'a comme une époque de vie qui précède la vie après la mort, connue aussi comme jour du jugement. Les chiites estiment qu’à la Raj'a, Dieu ramènera certaines personnes qui ont été oppressées dans leur vie, avec leurs oppresseurs, pour leur faire justice.
Première question : Le retour des oppresseurs est rejeté dans le Coran, au verset 95 de la sourate « Les prophètes » :
« وَحَرامٌ عَلى قَرْيَة أَهْلَکْناها أَنَّهُمْ لا يَرْجِعُونَ »
95.Il est défendu [aux habitants] d'une cité que Nous avons fait périr de revenir [à la vie d'ici-bas]!
Réponse : Ce verset concerne les oppresseurs qui ont été punis dans ce monde et ne reviendront jamais. Cependant, certains oppresseurs qui ont quitté ce monde sans avoir été punis, reviendront et seront punis pour leurs actes, et encore plus punis lors du jugement dernier. Ce verset n’a donc rien à voir avec la Raj’a.
Seconde question : En fonction des verset 99 et 100 de la sourate « Les croyants » aucun retour n’est possible après la mort :
» حَتّى إِذا جاءَ أَحَدَهُمُ الْمَوْتُ قالَ رَبِّ ارْجِعُونِ لَعَلِّي أَعْمَلُ صالِحاً فِيما تَرَکْتُ کَلاّ إِنَّها کَلِمَةٌ هُوَ قائِلُها وَمِنْ وَرائِهِمْ بَرْزَخٌ إِلى يَوْمِ يُبْعَثُونَ «
99.... Puis, lorsque la mort vient à l'un deux, il dit : "Mon Seigneur ! Fais-moi revenir (sur terre), 100.afin que je fasse du bien dans ce que je délaissais". Non, c'est simplement une parole qu'il dit. Derrière eux, cependant, il y a une barrière, jusqu'au jour où ils seront ressuscités”.
Réponse de l’Ayatollah Makarem Chirazi : Ces versets parlent d’une règle générale qui a certaines exceptions comme la résurrection des morts qu’ont connue certaines générations passées. Si l’impossibilité du retour dans le monde, était une règle générale qui ne supportait aucune exception, le retour de ces personnes serait contraire à cette règle et à ce verset.
Cette règle est comme les autres règles divines au sujet de l’être humain, qui veut qu’après la mort naturellement la vie n’existe plus jusqu’au jour de la résurrection, et cela n’est pas en contradiction avec le fait que dans certains cas, pour des raisons supérieures, « une raja’ » c’est-à-dire « un retour dans ce monde » soit possible.
Troisième question : L’argument en faveur de ce retour semble exister au verset 83 de la sourate « les fourmis » qui parle d’un évènement qui se déroulera avant la résurrection :
« 83.Et le jour où Nous rassemblons, de chaque communauté, une foule de ceux qui démentaient Nos révélations, et qu'ils seront placés en rangs. »
mais il peut aussi s’agir d’un évènement qui se déroulera le jour de la résurrection cité au verset 87 de la même sourate :
« 87.Et le jour où l'on soufflera dans la Trompe, tous ceux qui sont dans les cieux et ceux qui sont dans la terre seront effrayés, - sauf ceux qu'Allah a voulu [préserver]! - Et tous viendront à Lui en s'humiliant ».
où « les groupes de chaque communauté » représentent les oppresseurs et de leurs dirigeants.
Réponse de l’Ayatollah Makarem Chirazi : Si premièrement, on considère que le verset « Et le jour où Nous rassemblons, de chaque communauté, une foule de ceux qui démentaient Nos révélations, et qu'ils seront placés en rangs » fait allusion à un évènement du jour de la résurrection, le fait qu’il soit placé avant le verset : « Et le jour où l'on soufflera dans la Trompe…. » pose problème au niveau chronologique.
De plus, les versets parlent de deux jours, un jour où un groupe de chaque communauté ressuscitera et un autre jour où on soufflera dans les trompes. Si nous estimons que ce jour est le jour de la résurrection, il faut que ces deux jours ne soient en fait, qu’un seul et même jour, ce qui est contraire au sens du verset et en opposition avec ce que Mahmud al-Alusi a écrit dans son commentaire de ce verset au vol 20 page 26. Pour plus de détails, vous pouvez aussi consulter le livre sur « les principes du chiisme » de l’Ayatollah Sobhani, page 303.