La France menace, l’Iran répond

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La France menace, l’Iran répond

Le nouvel ambassadeur de France en Iran qui a remis ses lettres de créances ce dimanche au ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a été convoqué aujourd’hui même au ministère des Affaires étrangères.

Philippe Thiébaud, qui s’était rendu dimanche matin au ministère des Affaires étrangères pour remettre ses lettres de créances à Mohammad Javad Zarif, a dû y retourner dans l’après-midi, cette fois-ci convoqué par Hossein Sadat-Meydani, chargé du suivi des affaires liées au Plan global d’action conjoint (PGAC) dont la France est l’un des signataires. Au cours de cette convocation, le ministère des Affaires étrangères a demandé des explications à la partie française concernant les tweets de l’ambassadeur de France aux États-Unis à propos du PGAC et du droit de l’Iran à enrichir de l’uranium pour des usages civils.       

Plus tôt dans la journée, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères avait réagi aux tweets de l’ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud à propos du Plan global d’action conjoint (PGAC) et du droit de Téhéran à enrichir de l’uranium pour des usages pacifiques.

Gérard Araud a écrit sur son compte Twitter : « La Russie fournit de l’uranium enrichi à la centrale nucléaire de Boushehr. Il n’y a donc aucune raison concevable pour l’Iran d’enrichir massivement de l’uranium après l’expiration du PGAC. »

En réaction aux propos de l’ambassadeur de France aux États-Unis, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Araqchi a écrit sur son compte Twitter : « Si les tweets de Gérard Araud représentent la position officielle de la France, nous sommes confrontés à une violation majeure des objectifs et de la finalité du PGAC et de la résolution 2231 du Conseil de sécurité. Nous avons besoin d’une clarification immédiate de la part de Paris, sinon nous agirons en conséquence. »

Dans un autre tweet, l’ambassadeur de France aux États-Unis avait écrit : « Il est faux de dire qu’à l’expiration du PGAC, l’Iran sera autorisé à enrichir de l’uranium. En vertu du TNP et de son protocole additionnel, l’Iran devra prouver, sous un contrôle strict, que ses activités nucléaires sont civiles. »

Gérard Araud avait écrit ensuite : « Comme nous l’avions dit en 2002, il était illégal d’enrichir de l’uranium sans programme civil crédible conforme au TNP. Nous serons en mesure de réagir de la même manière en 2025, si nécessaire. Des sanctions ont été imposées autrefois, elles pourraient être réimposées. Il n’y a pas de “sunsetˮ après l’expiration du PGAC. »

Par ailleurs, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif a déclaré ce dimanche qu’après le retrait unilatéral des États-Unis, la partie européenne s’était engagée à respecter l’accord nucléaire avec l’Iran et que « l’installation d’un “Special Purpose Vehiculeˮ (SPV), dénommé Instex, n’était qu’une mesure préliminaire au regard des nombreux engagements des signataires européens du PGAC. »   

Le ministre iranien des Affaires étrangères a souligné que les Européens étaient très en retard et qu’ils devraient travailler beaucoup pour rattraper le temps perdu. « Nos partenaires européens ne doivent pas croire que la République islamique d’Iran les attendra éternellement », a déclaré M. Zarif.

Interrogé sur la réaction de Téhéran à la décision de la Maison-Blanche de blacklister le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le chef de la diplomatie iranienne a déclaré :

« En premier lieu, un communiqué du Conseil de sécurité nationale iranienne a annoncé que les forces du CENTCOM américain au Moyen-Orient étaient désormais sur la liste noire iranienne des organisations terroristes. Le communiqué a déclaré aussi que le gouvernement des États-Unis était un “parrain du terrorisme”. En outre, le Parlement iranien est en train de préparer un cadre légal pour riposter à la décision de Washington. J’ai écrit des lettres au secrétaire général et au Conseil de sécurité de l’ONU pour protester contre la politique très contre-productive des États-Unis dans notre région. » 

Quant aux entraves mises par les États-Unis aux aides financières aux sinistrées des inondations en Iran, le ministre des Affaires étrangères a souligné que Washington appliquait ses sanctions aux États et organisations humanitaires qui voudraient verser des aides financières au Croissant-Rouge iranien.

M. Zarif a ajouté : « Nous avons dénoncé cette attitude du gouvernement américain qui prétend ne pas créer d’obstacles aux aides financières aux sinistrés. Mais ils mentent. Nous publierons bientôt des documents qui prouvent que même les banques européennes n’acceptent pas le transfert d’aides financières vers les organisations humanitaires en Iran de peur des sanctions impitoyables des États-Unis. »

Le ministre a souligné que le mécanisme d’aides internationales était l’expression de la compassion et de la solidarité parmi les nations, et a condamné les entraves américaines à ce mécanisme international en les qualifiant de « crimes contre l’humanité ».

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