La Russie est-elle prête à soutenir militairement l'Iran

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La Russie est-elle prête à soutenir militairement l'Iran
Depuis que les Américains ont décidé de jouer avec le feu dans la région hautement névralgique du golfe Persique, une question ne cesse de tarauder l'esprit des analystes: au cas où une confrontation militaire venait à éclater dans le golfe persique opposant les États-Unis aux forces armées iraniennes, quelle sera l’identité des parties en présence? Côté américain, il y aurait évidemment ces États-satellites dont les intérêts sont directement exposés à la puissance du feu iranienne. Mais dans le camp d'en face, la Russie appuiera-t-elle l'Iran dans son combat?
Il va sans dire que la première balle américaine tirée dans le détroit d'Hormuz, cela provoquerait un blocage immédiat de cette voie de transit maritime stratégique et dans la foulée, une hausse immédiate des cours du pétrole, pouvant aller selon certaines estimations jusqu'à 200 dollars par baril.

Lors d’une rencontre avec son homologue iranien, dans le cadre de la Conférence de Moscou sur la sécurité internationale, le ministre russe de la Défense a souligné le haut niveau de coopération militaire qui existe entre l’Iran et la Russie.

Certains analystes estiment que cette hausse du prix n'irait toutefois pas bénéficier aux producteurs "arabes" de l'OPEP puisque le supposé conflit armé irano- américain interromprait immédiatement le flux des exportations pétrolières de quatre pays producteurs du golfe Persique que sont l'Arabie saoudite, les Émirats, le Koweït et l'Irak. Mais ceci n'est pas le cas de la Russie dont le pétrole et le gaz s'acheminent vers l'Europe par d'autres voies de transit que le détroit d'Hormuz. Une hausse du prix du baril bénéficierait, au contraire, bien largement aux producteurs russes qui selon Bloomberg, pour chaque dollar de hausse sur baril, encaisserait 4 milliards de dollars de surplus de recettes pétrolières.

C'est une manne non négligeable pour une Russie durement frappée par les sanctions occidentales. Mais de là à dire que les Russes resteront les bras croisés à assister à une escalade militaire irano-américaine avec des répercussions énormes sur les équilibres géostratégiques, c'est une hypothèse qui ne ratisse large dans les rangs des analystes. Il y a une semaine en effet, le ministre iranien de la Défense, le général de brigade Hatami se rendait à Moscou à l'invitation officielle de son homologue Serguei Choïgou, dans le cadre de la conférence de Moscou sur la sécurité internationale. Des entretiens "serrés" ont eu eu lieu de part et d'autre liés aux diverses questions sécuritaires. À peine quelque jours après ces entretiens, on apprend la tenue prochaine des exercices navals conjoints irano-russe dans le golfe Persique.

L’Iran et la Russie prévoient d’organiser des manœuvres maritimes dans les eaux du sud iranien.

Pour les observateurs, l'annonce de ces manœuvres conjointes au moment où les États-Unis déploient de grosses flottes navales dans l'est de la Méditerranée n'est guère anodine. Accompagné de 10 navires de guerre, le porte-avions USS Abraham Lincoln vient de débarquer avec quelques 10 000 marines à bord,  à proximité de la côte syrienne dans l'est de la Méditerranée. La démarche semble en premier lieu destinée à l'Iran qui est déterminé à bloquer le détroit d'Hormuz et de Bab el-Mandeb, si le flux de ses exportations pétrolières s’interrompait. Mais en seconde lieu, les Américains semblent vouloir aussi défier la Russie. Dans un geste diplomatiquement sans précédent, l'ambassadeur US à Moscou, Jon Huntsman, qui se trouvait à bord de la flotte, a littéralement menacé la Russie en ces termes : " Quand vous avez 200 000 tonnes de diplomatie en croisière en Méditerranée, c'est une diplomatie d'avant-garde - rien d'autre n'est à dire."

La Russie met l'accent sur son soutien à Damas et rejette toute tension avec l'Iran au sujet de la Syrie.

Dans peu de temps, l'Iran et la Russie organiseront un exercice naval conjoint dans le golfe Persique, puisque désormais le golfe Persique fait partie d'une même aire géostratégique que la Méditerranée. C'est dans cette zone que se joue l'avenir d'ordre international. Interrogé sur les détails de cette manœuvre conjointe, une première du genre, le commandant en chef de la marine iranienne, l'amiral Khanzadi a confirmé que sur la base de négociations avec la marine russe, la Russie enverrait une flotte dans les régions du sud de l'Iran cette année". Cette manœuvre s’enchaînerait à une autre à se dérouler, celle-ci dans la région de la mer Caspienne, manœuvre  axée sur les questions tactiques, de secours, de sauvetage et de lutte contre la piraterie.
   
 Commentant la visite du ministre iranien de la Défense à Moscou, Fars News a dévoilé le contenu des entretiens au cours desquels les deux parties ont renouvelé leur détermination "à renforcer la coopération militaire et de défense sur le plan régional  et international. "Les interactions entre la République islamique d'Iran et la Russie en matière de défense et de sécurité se développent sous les auspices des dirigeants des deux pays", a déclaré Hatami, ajoutant que les deux pays "jouissent de capacités et d'un potentiel accru en matière d'interactions bilatérales croissantes" militaire et défense. Dans l'intervalle, Choïgou a mis l'accent sur la poursuite des consultations militaires entre Téhéran et Moscou et a appelé à l'intensification des interactions entre les deux forces armées. "La coopération et l'interaction des deux pays ont joué un rôle important en Syrie", a-t-il déclaré. Mais il semblerait que la Syrie ne serait pas le dernier terrain de coopération militaire irano-russe.
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