Les milieux sécuritaires israéliens craignent désormais une influence croissante de la Chine en Syrie, a déclaré un journal israélien.
Le Journal israélien Yediot Aharonot s’est penché dans un article sur la présence de la Chine au Moyen-Orient, et notamment en Syrie. « Le gouvernement israélien est jusqu’ici resté dangereusement indifférent aux projets chinois d’investir des centaines de millions de dollars en Syrie au cours des 30 prochaines années, renforçant ainsi leur présence dans cet État voisin ravagé par la guerre », a-t-il indiqué.
Évoquant le rôle de Pékin dans le processus de reconstruction du pays arabe après huit ans de guerre, Yediot Aharonot a souligné que le gouvernement israélien devait se préparer à un nouveau Moyen-Orient dans lequel la Chine jouera un rôle clé.
« Les instituts de recherche et d’analyse israéliens — aussi bien gouvernementaux que militaires — auraient déjà dû planifier ce qui se passera une fois que la Chine aura établi sa présence sur le territoire syrien. Le gouvernement israélien semble toutefois ne prendre des décisions qu’une fois que le mal est déjà fait », a écrit le journal israélien.
Par ailleurs, il évoque les grands investissements de la Chine dans les ports israéliens qui mettent les intérêts américains en danger.
« En 2015, Israël a autorisé une société chinoise à exploiter une partie du port de Haïfa pour les 25 prochaines années, avec la possibilité de prolonger le bail de 25 ans de plus. La décision a été prise sans comprendre pleinement les implications à long terme de la Chine dans les infrastructures stratégiques du régime israélien », a noté le journal israélien avant d’ajouter :
« Les Américains affirment que l’implication de la Chine dans les activités du port de Haïfa est un coup dur pour la sécurité nationale des États-Unis et que le jour où Israël devra faire un choix entre les États-Unis et la Chine n’est pas loin. En conséquence, le gouvernement tente maintenant de modifier en toute hâte l’accord avec les Chinois afin d’atténuer le choc en ce qui concerne la Maison-Blanche. »
L’implication de la Chine en Syrie pourrait, selon la source israélienne, se révéler beaucoup plus dramatique et compliquée.
« La reconstruction de ce pays déchiré par la guerre est un projet qui coûtera des milliards de dollars et durera probablement des décennies. Depuis le début de la guerre en 2011, l’économie syrienne a perdu quelque 250 milliards de dollars, la moitié des infrastructures du pays a été détruite, six millions de Syriens ont fui le pays et quatre autres millions ont été déplacés dans leur propre pays ».
Soulignant le fait que la reconstruction de la Syrie durera jusqu’à 30 ans, le journal israélien énumère ensuite les différentes possibilités et les acteurs majeurs de ce processus :
« Les Russes n’ont pas la capacité d’investir en Syrie au-delà des infrastructures militaires, tandis que l’Iran (un autre allié de Bachar al-Assad) doit se concentrer sur sa propre économie, fragilisée suite au rétablissement des sanctions américaines. Les Américains n’ont aucun intérêt à investir dans ce pays. Les Européens n’ont pas d’argent, tandis que les États du golfe Persique, à la tête desquels l’Arabie saoudite, ne feront jamais rien qui puisse potentiellement renforcer le pouvoir d’Assad en raison de sa relation étroite avec Téhéran. »