Les Iraniens et les fidèles d’autres pays commémorent ce mardi le 30e anniversaire du décès du père fondateur de la République islamique, l’imam Khomeiny (Que sa demeure soit au paradis).
Des personnes en deuil de tout horizon devraient se rendre au mausolée de l’imam Khomeiny, dans le sud de Téhéran, pour rendre hommage au fondateur de la République islamique et renouveler leur allégeance aux idéaux de la Révolution de 1979.
L'actuel Leader, l'Ayatollah Ali Khamenei, devrait prononcer un discours lors de l'événement plus tard dans la journée. Quelque 50 correspondants étrangers et 300 reporters iraniens couvriront l'événement.
L’imam Khomeiny est décédé le 3 juin 1989 à l'âge de 87 ans.
Il a consacré de nombreuses années de sa vie à tenir tête à la dynastie Pahlavi, soutenue par les États-Unis, et a finalement ouvert la voie à sa chute en 1979 en menant la Révolution islamique.
Avant la Révolution, l’imam Khomeiny a passé plus de 15 ans en exil en raison de son opposition au dernier Shah d’Iran, Mohammad Reza Pahlavi, qui était dépendant des impérialistes occidentaux. Il n’est retourné en Iran que le 1er février 1979 après que le Shah a fui le pays sous la pression de la grogne populaire. Le régime tyrannique de Pahlavi est définitivement tombé dix jours plus tard, le 11 février.
Les cérémonies de deuil précèdent l'anniversaire des manifestations du 5 juin 1963, dont on se souviendra en Iran comme d'un prélude à la victoire de la Révolution. L'imam Khomeiny a été arrêté en 1963 après avoir prononcé un discours historique dans la ville sainte de Qom, où il avait critiqué la « loi de capitulation » accordant l'immunité aux Américains sur le sol iranien.
La même année, les Iraniens sont descendues dans la rue pour protester contre son arrestation. Surpris de l'ampleur des manifestations populaires, le régime Pahlavi a décidé une répression sanglante de celles-ci.
Khomeiny fait partie de rares dirigeants révolutionnaires à être un stratège visionnaire: Alors que le monde bipolaire venait à éclater et que l'URSS disparaissait au grand bénéfice de l'impérialisme US, Khomeiny a prédit le déclin de la puissance américaine tout comme la fin d'Israël. Son discours unificateur appelait sans cesse à l'union sunnites et chiites contre des puissances hégémoniques dont l'éternelle politique consiste à "diviser pour mieux coloniser". Plus de 30 ans après sa mort, les États-Unis se cherchent une voie de sortie au Moyen-Orient et un Israël qui totalement encerclé, se sentent menacé par des nations musulmanes qui rejettent jusqu'à son existence même. L'auteur égyptien, Fathi Abd al-Azizécrivait en 1979 :
"La révolution de l’Imam Khomeiny n’est pas la révolution d’une secte contre une autre... Ce qui constitue le fond commun aux sunnites et aux chiites est au cœur même de cette révolution, lui fournissant ses fondements, ses principes et ses objectifs. Les divergences qui subsistent entre sunnites et chiites, à propos de la question des douze imams, réputés impeccables, ne saurait intervenir — ni positivement ni négativement — dans la définition de la nature de cette révolution ni influer sur son cours. C'est une révolution contre des puissances qui ont colonisé les masses musulmanes, et contre qui personne avant Khomeiny n'a osé tenir tete (...)"
Fathi Abd al-Aziz : Khomeiny, l’alternative islamique. Le Caire, 1979 Dar al-l’tisam. P. 48 et 49.