Hariri éliminé : Riyad et Tel-Aviv ont-ils remporté une première manche?

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Hariri éliminé : Riyad et Tel-Aviv ont-ils remporté une première manche?

En poussant vers la porte le Premier ministre libanais, l'axe Washington/Tel-Aviv/Riyad a-t-il remporté une manche ? Alors que les rues du Liban ne désemplissaient pas mardi, soit au 13ème jour des manifestations, Saad Hariri a remis sa démission au président Michel Aoun qui n'a toujours pas annoncé son avis. Réagissant à cette démission, Aoun a même refusé de concéder à ce que l'aile la plus occidentalisée du gouvernement souhaite depuis le début du mouvement à savoir mettre à la porte le ministre des Affaires étrangères.

Jibran Bassil, bête noire des États-Unis et d’Israël pour ses positions trop patriotiques au goût des puissances qui ont eu pendant très longtemps l'habitude de voir à travers le Liban, un "non État" au service des projets israéliens. Hariri qu'on savait n'être plus en odeur de sainteté auprès de Riyad depuis son enlèvement par Ben Salmane en 2018, a tout de même péché en choisissant de se désengager de ses responsabilités.

Car à l’exception de deux courants (Geagea et Joumblatt), tous les autres partis politiques ont apporté leur soutien à son paquet de réformes, quitte à le soutenir dans sa démarche. Jamais un pareil alignement n'avait eu lieu autour d'un gouvernement que les Libanais ont mis, rappelons-le, près de 19 mois à tirer du néant. Pour l'universitaire Sadeq Nabulsi, Hariri aurait craqué sous pression des puissances étrangères, dont et surtout l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui souhaiteraient, de concert avec Tel-Aviv et Washington, que la crise s’aggrave au Liban et que le chaos s'installe définitivement. D'où le slogan "régime change" qui a surgi soudain au milieu des cris "A bas la corruption" scandés par les manifestants. 

Mais la démission de Hariri, est-ce une victoire pour Israël et son camp?   

Pas forcément. Que Saad Hariri soit obligé de former un nouveau gouvernement ou que quelqu’un d’autre en assume la responsabilité, seules deux options sont désormais envisageables : Continuer la voie avec un gouvernement présidé toujours par Saad Hariri ou l'un de ses proches, ou alors tomber dans une nouvelle crise à l’ombre d’un gouvernement par intérim. Aoun ne voudra pas de cette seconde option. Et c'est là que Riyad sera perdant : Qu'on le veuille ou pas, l'élimination du saoudo-libanais Hariri de la scène politique libanaise est une perte pour Riyad qui portera atteinte à la "capitale de sympathie saoudienne" au Liban. Parmi les manifestants présents dans les rues de la capitale le 29 octobre, les pro-Riyad auraient été les plus dégoûtés à l'annonce de la démission de Saad. Sa "disparition" pourrait par ailleurs ouvrir la voie à l'arrivée au pouvoir d'un Premier ministre totalement pro-Résistance et l'Arabie saoudite sait qu'il y en a au Liban. De nombreuses figures sunnites libanaises aussi bien au Parlement qu’à l’extérieur en font partie et Abdul Rahim Murad, député sunnite de Tripoli, est à ranger dans cette catégorie. Il peut obtenir les votes nécessaires du Parlement.

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