Yahya Bonnaud, islamologue et professeur au centre théologique Jami’at-ul-Mustafa (PSL) en Iran a estimé lors d’une interview accordée à IQNA que l’attentat contre Charlie Hebdo avait pour but de diviser la société française.
En ce qui concerne les motifs de l’attentat, il a expliqué : On peut penser que l’assassinat des journalistes est une opération de manipulation des services secrets. On peut aussi penser que ce sont les événements de l’histoire, que les divers courants, des gens qui sont des enfants de la banlieue qui se sentent rejetés et qui sont rapprochés d’une idéologie comme l’idéologie d’Al Qaeda ou de Daesh, ont mené ces opérations sans être télécommandés ou téléguidés.
Un journal d’un anarchisme libertaire
En résumé, il y a un journal, qui s’appelle Charlie Hebdo, qui depuis qu’il existe, était fondé sur une sorte d’anarchisme libertaire, c’est-à-dire, ni Dieu, ni maître, tout est permis. Depuis l’époque de De Gaulles, ils étaient sans réserve surtout contre la religion chrétienne, parce qu’à l’époque il n’était même pas question de l’islam. Les caricatures qu’ils ont faites à propos de l’église ou à propos des croyances de l’église sont bien plus graves que celles qu’ils ont faites à propos du Prophète [PSL]. Et même encore maintenant, dans le même numéro où il y avait éventuellement des caricatures du Prophète [PSL], ce qui n’est même pas sûr, parce qu’il y a un homme barbu avec un turban, on n’est pas sûr si c’est le Prophète ou un quelconque musulman. Par contre, dans le même numéro, il y a des caricatures qui représentent Jésus et Saint esprit dans une situation grave, qui représentent les cardinaux de Rome dans une situation beaucoup plus offensante.
La fatwa de l’imam Khomeiny au-dessus de leurs têtes
Pourquoi ne vont-ils pas plus loin, à propos des musulmans et de leurs croyances, tout simplement parce qu’il y a depuis des années la fatwa de l’imam Khomeiny (s) au-dessus de leurs têtes.
Ils savent très bien qu’il y a des musulmans partout qui sont prêts à bouger. Donc ils se limitent. Mais leur attaque ne se dirige pas spécifiquement contre les musulmans. Ils sont anti-religieux, quelques soient la religion, sauf qu’à l’intérieur de la rédaction depuis quelques années, se sont glissés des éléments pro-sionistes. On voit dans l’évolution de la ligne éditoriale du journal depuis l’époque de De Gaulle jusqu’à maintenant, une direction de plus en plus pro-sioniste.
Une excellente opération pour les auteurs
Du point de vue de ces gens, c’est une opération excellente, parce que le journal était depuis des années protégés par la police, à cause de la première affaire des caricatures, qui remonte à la reproduction des caricatures danoises. Ils n’ont pas attaqué un lieu public où il y aurait des innocents. Ils ont pris pour cible des gens envers lesquels les musulmans n’avaient pas de sympathie.
Opération qui a partagé la France
Ils ont ainsi partagé la société française en deux groupes qui vont se préparer à la guerre. Les uns considèrent comme sacré le droit de dire ce qu’on veut et de l’autre, des musulmans qui disent que même la liberté d’expression a des limites, que notre religion est sacrée et si vous y touchez, nous sommes prêts à vous combattre.
Pour ces mouvements, c’était une opération excellente qui a réussi à diviser la société. S’il y a derrière ces mouvements, des sionistes qui manipulent, ou bien s’ils en ont profité après, il n’importe parce qu’eux, ils en bénéficient aussi en divisant la société française. Parce que depuis des années, le fameux principe du sionisme international s’appuie sur la division : diviser pour régner, que ça soit pour les intérêts des grandes banques ou pour servir la pensée du sionisme international qui veut dominer le monde.
Il y a une minorité de gens comme Dieudonné qui dit non, c’est eux qui nous font battre les uns contre les autres. Ce sont les maîtres des esclaves qui font soulever certains esclaves contre d’autres esclaves. Réveillons-nous parce que nous avons les mêmes ennemis et faisons une unité contre ces seigneurs !
On a vu l’année dernière que cet esprit de réunification, de réconciliation nationale devenait de plus en plus fort en France. Malgré toutes les pressions exercées par le gouvernement, Dieudonné a réussi à avoir des millions et des millions de gens derrière lui.
Avec une telle opération on refait cette fission et on remet Dieudonné en marge. C’est un des buts, soit de l’opération elle-même, soit de la gestion qui se fait ensuite. Faire une grande manifestation en disant nous sommes tous Charlie et demander à tous les enfants de toutes les écoles d’observer une minute de silence. C’est ce jour-là qu’ils ont tous compris que tous ces enfants qui étaient arabes ou africains, des enfants de 9 ou 10 ans, même les enfants des maternelles, qui n’étaient pas des terroristes, ni des enfants des terroristes, des enfants qui n’avaient jamais été à la mosquée, tous ont dit non, on ne fait pas de silence pour ces gens-là. On n’a pas fait une minute de silence pour les enfants de Gaza, on nous a même interdit de manifester pour les enfants de Gaza, il y a quelques mois, nous ne ferons pas une minute de silence et nous ne manifesterons pas. Donc on a deux groupes complètement opposés.
L’éventualité d’une guerre civile
L’événement reste toujours le sujet numéro un des médias en France. On est à un moment, entre deux voies : l’utilisation faite par certains partis politiques, certains groupes et individus et en particulier les sionistes renforce la situation de guerre civile et on arrivera un jour même plus tôt que l’on pense à une guerre civile en France. Entre les français d’origine et les musulmans, les Africains, chrétiens mais immigrés qui vivent dans les mêmes conditions que les immigrés musulmans.
Beaucoup de voix s’élèvent actuellement, voix qui disent : il faut repenser et réviser notre vision de la société et remettre en question le rapport entre la laïcité politique et les religions. Il faut également remettre en question les relations avec l’Arabie Saoudite. Parce que dire que nous partons à la guerre contre le terrorisme n’a pas de sens. Le terrorisme n’est pas un groupe. C’est comme on disait : nous allons faire la guerre contre la guerre. Le terrorisme est une méthode, pas un groupe. Alors on va faire la guerre contre quel groupe ? Ces groupes sont nourris par l’idéologie wahhabite et financé par les Etats wahhabites ou proches des wahhabites.
Comment peut-on avoir de bonnes relations avec l’Arabie Saoudite, lui vendre des armes en espérant que rien ne va tomber sur nos propres têtes. Ces voix s’élèvent de plus en plus en France. A nous, les intellectuels, aussi de pouvoir les aider et renforcer, car finalement c’est un moment crucial. Soit on ira vers la guerre civile soit on ira vers une refonte ou une révision du vivre-ensemble en France.
Les caricatures et la laïcité
Déjà il faut bien voir que l’on est dans un cadre spécifiquement français. C’est-à-dire qu’une telle revue, de telles caricatures auraient été impossibles aux Etats-Unis d’Amérique, en Allemagne, en Angleterre, car le sécularisme anglo-saxon n’a rien à voir avec la laïcité à la française. Dans tous ces pays-là, les journalistes ont écrit, un tel journal n’est pas normal.
L’histoire de France a connu les plus importantes guerres de religions, que n’a pas vues ni l’Allemagne, ni les Etats-Unis, ni l’Angleterre. Trente ans de guerre de religion, où se sont déversées des horreurs. Tous les intellectuels de l’époque ont dit qu’on n’a pas vu de telles horreurs dans toute l’histoire. L’église catholique était particulièrement plus puissante en France, parce qu’elle était considérée comme la fille aînée de l’église. La révolution française était essentiellement animée contre l’autorité de l’église catholique. Les deuxième et troisième révolutions étaient soit anti-religieuse et anticléricales.
La liberté d’expression n’est qu’un slogan
Cette tradition de journal comme Charlie Hebdo remonte à la tradition de l’anticléricalisme français qui est unique en Europe, en France et en Italie. C’était avec le parti communiste. En France ce n’était pas seulement le parti communiste, mais tous les libéraux, les communistes, les anarchistes… Pour eux il n’y a pas de limite à la liberté d’expression, mais c’est le slogan. La réalité est très clair, parce qu’il y a des limites, puisque il y a des lois qui interdisent de mettre en question les résultats du tribunal de Nuremberg concernant les crimes de guerre nazis. Il est interdit de remettre en question ces résultats. Or c’est le tribunal d’un seul groupe, le vainqueur, qui juge les vaincus, ça ne s’appelle pas un tribunal impartial. Cependant il est interdit de le remettre en question. Il y a une loi à ce sujet et ça devient un délit. Alors il y a des limites à la liberté d’expression.
Holocauste…une religion sacrée
Si quelqu’un fait une caricature d’un juif, à moins qu’il soit juif, il aura des problèmes. S’il est lui-même juif, il arrivera à s’en sortir. Donc il y a des limites. La réalité c’est que, la société laïque française actuelle a remplacé le sacré des religions par le sacré d’une nouvelle pseudo-religion qui est la religion de l’holocauste. Tout ce qui concerne l’holocauste est sacré, il ne faut rien dire, rien faire, le reste n’est pas sacré. Voilà le nouveau sacré, un pseudo-sacré.
Un deux poids deux mesures
Quand il s’agit de la majorité des gens, ils ne comprennent pas cela. C’est la réalité, la majorité des gens, quand on dit il n’y a pas de limite à la liberté d’expression, ils disent oui, nous voulons ça. Ils ne se rendent pas comptent qu’il y a ce deux poids deux mesures. Il faut parler à ces gens, avec intelligence. On a deux valeurs morales : quand ces deux valeurs sont toutes seules, tout le monde est d’accord. Quand il s’agit de la liberté d’expression, on dit oui je suis d’accord, et si on demande vous êtes d’accord avec le respect des autres, ne pas inciter les autres, on dira que oui. Quand on met l’un à côté de l’autre, il y a des contradictions. Si je m’exprime entièrement librement, je vais dire ou écrire quelque chose qui va blesser une personne, ou groupe ou un ensemble immense de personne, que ça soit pour des raisons religieuses ou d'autres raisons, ça peut être un simple insulte. Donc en règle générale, quand il y a ce genre de problèmes, dans l’éthique, dans la morale politique, il faut gérer la chose de manière à ce que l’une des valeurs ne soit entièrement écartée et sacrifiée au profit de l’autre, mais d’arriver à avoir des limites rationnelles compréhensibles, qui sont acceptables, par l’immense majorité des gens.
Les lois nationales valent sur les lois internationales
De toute façon, les lois nationales prévalent sur les lois internationales. Sauf pour certaines choses très rares, comme les crimes contre l’humanité qui passent dans les tribunaux internationaux. Mais pour une loi internationale, il faudrait qu’elle soit au niveau des droits de l’homme, qui a une convention. Si on veut une loi qui interdit sous peine de poursuite, il faut qu’il soit un crime contre l’humanité, premièrement, ce qui n’est quand même pas le cas et deuxièmement tous les pays ne sont pas signataires du Tribunal Pénal International. En particulier les Etats-Unis n’ont pas signé. Donc cela paraît très difficile. C’est plutôt une question de rationalité, d’éveil, d’information, d’éveil des consciences nationales dans chaque pays. Aucun pays n’a intérêt à avoir une guerre civile.
Alors il suffit d’arriver à faire comprendre à la majorité dans un pays. Quand il y avait la guerre de religion en France, entre catholiques et protestants, la situation est devenue tellement horrible que les gens ont compris qu’on ne pouvait pas continuer comme ça et qu’il faut avoir un respect mutuel et qu’on accepte deux religions. Il s’agit d’avoir la même réaction et de l’étendre encore plus, de l’étendre aux musulmans aussi.
Le devoir des musulmans
Le devoir d’un musulman est d’abord de condamner aussi bien un côté que l’autre, mais de ne pas appeler à une situation qui serait la guerre, mais au contraire d’appeler à une solution intelligente, morale et conduisant à une paix civile. Parce que non seulement nul pays ne gagne pas à la guerre civile, mais les conditions mondiales sont telles qu’il faut veiller à ce qu’une guerre civile ne dégénère pas en une guerre internationale.
L’islamophobie chez les Français
L’islamophobie en France est une islamophobie construite. Les Français en grande majorité, ne sont ni racistes, ni islamophobes. En chaque être humain, il y a une sorte d’égoïsme collectif, qui fait qu’on est toujours plus proches de ceux qui nous ressemblent le plus. On est plus proche de sa famille, puis des gens qui ont la même religion, ou la même idée politique etc. Parce qu’on aime soi-même et on aime ceux qui sont comme nous-mêmes. Ça c’est normal. Mais hors de cette proportion, il n’y a pas un racisme institutionnalisé ou spécifiquement fort chez la population française, ni envers une race, ni envers une religion.
Tout cela a été construit d’abord après l’indépendance algérienne en 1962. Il y avait beaucoup d’immigrés algériens à cette époque, il y en a eu encore plus après. Beaucoup d’immigrés venaient d’autres pays, parce qu’il y avait l’expansion économique et beaucoup d’immigrés sont venus des pays musulmans. Comme il y avait la guerre d’Algérie qui était une choque pour les Français, parce que l’Algérie n’était pas considérée comme une colonie, mais comme un département français. Ni le Maroc ni la Tunisie n’étaient pas comme ça. L’Algérie était considérée comme partie de la France. Beaucoup de Français y vivaient qui sont revenus en France. Donc c’est un choc.
Un racisme créé par la politique
A partir de ces années-là, jusqu’à la révolution islamique, on a construit une idée du racisme et de l’anti-racisme. Le parti socialiste pour monter, a dit : les français sont racistes, nous sommes avec vous, avec les ouvriers immigrés, votez pour nous, nous allons vous aider. C’est une stratégie qui a été faite par le parti socialiste. A partir de la révolution islamique, on parlait de moins en moins du problème de l’émigration arabe pour le remplacer par la notion de l’immigration musulmane. Avant on disait ce sont des arabes, qui sont venus nous embêter, maintenant on dit des immigrés musulmans. Ça a changé à partir de la révolution islamique d’Iran.
Le capitalisme international qui n’a pas de patrie a alors divisé la société volontairement. Ces gens qui sont des multinationales, des banques, ont divisé la société, en disant nous sommes avec vous, eux, ils sont racistes. Eux, ils disent attention, les musulmans veulent vous islamiser.
Bénédiction de l’Internet
Donc la seule chose que l’on peut faire, c’est d’informer, maintenant la grande bénédiction de l’Internet c’est que la majorité des gens de plus en plus ni ne regardent la télévision officielle ni n’écoutent la radio officielle, ni ne lisent les journaux officiels, qu’ils soient les médias de l’Etat, ni les médias privés. Maintenant nous sommes à l’ère digitale, c’est une révolution, les gens, surtout les jeunes s’informent de plus en plus sur Internet. Donc le travail que l’on a à faire c’est sur Internet.
Sur Internet, s’il y a une chose intéressante, quelle que soit la religion, la langue, etc. les gens viendront regarder. Car c’est comme ça que fonctionne sur Internet. Chaque chose a le même potentiel au départ. C’est la révolution de l’Internet, si nous n’en profitons pas, nous en sommes nous-mêmes les responsables.
Il suffit de comparer la différence de ce qui s’est passé pour Roger Garaudy et ce qui se passe pour Dieudonné. M. Garaudy était avant Internet. Des milliers de personnes se réunissaient à chaque conférence. Il était un penseur exceptionnel sur lequel il y a des dizaines de thèses écrites dans le monde entier. A partir du moment où il a écrit sur le sionisme, il a été tellement boycotté et démoli, tué médiatiquement que sa dernière conférence à laquelle j’ai participé à Paris à Saint Germain des près il y avait trente personnes.
Ça c’était possible à cette époque, de tuer quelqu’un socialement et médiatiquement. En fait, il n’existe plus pour la société, même s’il est là en personne. Maintenant avec Internet, pour Dieudonné on a bien vue l’année dernière que tous les moyens du gouvernement, tous les médias, étaient mobilisés pour le descendre, le tuer de la même manière, socialement et médiatiquement sauf que ça n’a pas marché. Parce qu’il y avait Internet. Dès qu’il mettait une vidéo sur Internet, en une semaine il y avait deux millions de personnes qui allaient la voir. Dès qu’il avait une représentation, même s’il n’y avait aucune information sur ses représentations, la plus grande salle de spectacle de France qui contienne 3000 à 5000 personnes était remplie tous les soirs deux fois. C’est-à-dire 10 mille personnes.
Evidemment, ça s’adresse aux jeunes et évidemment les générations qui ont grandi avec la télévision, la radio, les journaux restent encore avec ces médias. Mais de plus en plus les jeunes, de moins de 20 ans, et de moins de 30 ans, n’utilisent plus aucun de ces médias du passé et se nourrissent et se documentent uniquement sur Internet. Nous devons porter le maximum de nos efforts sur Internet.
Les politiciens ont leurs intérêts dans ces manipulations
La gestion de l’affaire actuelle par le parti socialiste, disons que le parti socialiste était au plus bas dans les sondages, Hollande était près de 20%. C’est-à-dire un cinquième des Français qui sont derrière lui. Il est clair qu’elle a été utilisée pour remonter le parti socialiste et préparer les futures élections présidentielles. Tout le monde prévoit que ça sera probablement le Front National en face d’un candidat socialiste ou d’un candidat UMP. Alors on a fait monter cette affaire pour dire que le parti socialiste peut défendre les valeurs de la république, sans laisser ces gens les détruire. Voilà une sorte de monter sur cette vague pour servir les intérêts proches alors qu’il y a des conséquences graves à longs termes. On garde cette tension sociale pour les intérêts d’élections.
Les sionistes les vrais vainqueurs du complot
La véritable partie à profiter de cette affaire-là et de ses conséquences ce sont les sionistes. Toute personne, toute autorité, en Europe, en Afrique, en Amérique ou n’importe quel continent qui met de l’huile sur le feu, travaille au profit des sionistes. Même s’il n’est pas sioniste, même s’il n’est pas conscient de le faire. Il faut travailler au contraire à faire baisser la tension, à faire que les uns et les autres comprennent qu’ils n’ont rien à gagner à s’affronter et qu’au contraire ils ont à gagner à s’unir contre un ennemi commun. Une telle personne travaille véritablement contre la domination financière, sioniste, impérialiste.
Il y a une volonté sioniste de domination, c’est très clair, il y a certains dirigeants occidentaux qui plus ou moins travaillent pour les intérêts sionistes, et actuellement l’actuel gouvernement français est le plus sioniste de toute l’histoire de la France. On n’a jamais vu un gouvernement aussi sioniste. Actuellement en France, le gouvernement est beaucoup plus sioniste que le gouvernement américain.