Washington a changé de position vis-à-vis de la crise, en Syrie. Selon les analystes, le changement radical de la position de Washington vis-àvis de la crise syrienne, pour reconnaître la place et la légitimité du gouvernement du Président Bachar al-Assad, serait le coup de grâce donné au corps agonisant des opposants syriens que la Maison Blanche considère, depuis longtemps, comme «modérés». Les experts évoquent plusieurs raisons, pour expliquer cette évolution. Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, a surpris tout le monde, en faisant état de la décision de la Maison Blanche de négocier avec le gouvernement de Damas. Les propos de John Kerry interviennent, deux semaines après les déclarations du Président des Etats-Unis, Barack Obama, qui avait dit que le Président Bachar al-Assad avait perdu, selon lui, sa légitimité, et qu’il devait être écarté du pouvoir. Les observateurs rappellent que, chaque fois que les autorités américaines veulent changer, radicalement, de position, ils prennent des précautions nécessaires et préparent le terrain, progressivement, avant d’annoncer leur décision. Mais, cette fois-ci, de nombreux facteurs interviennent, pour obliger Washington à changer de politique envers la Syrie. Les analystes estiment qu’il s’agit de cinq raisons principales, qui pèsent sur la politique syrienne de la Maison Blanche.
En premier lieu, les Etats-Unis reconnaissent l’échec de leurs raids aériens, pour affaiblir ou anéantir les terroristes, en Syrie, où les groupes que Washington considère comme «modérés» s’effacent de plus en plus, sur le terrain. Parmi ces groupes, nous pouvons évoquer le sort du Mouvement «Hazm», qui a, officiellement, reconnu son échec. Les paramilitaires de ce mouvement, qui recevaient leurs armes et dispositifs militaires des pays occidentaux, ont subi d’importantes défaites militaires devant les terroristes du Front Al-Nosra. En deuxième lieu, une constante de la crise syrienne a obligé les dirigeants américains à changer de discours, au sujet de la Syrie. Cette constante indéniable sont la résistance et la loyauté de l’armée syrienne, depuis quatre ans, tandis que Damas profite de plus en plus du soutien de l’étranger, étant donné que la plupart des gouvernements commencent à réaliser que les opposants syriens n’ont aucune chance de changer la donne syrienne. Sur le terrain, les Syriens sentent, plus que jamais, qu’ils sont exposés à la perfidie et à l’hypocrisie des Etats-Unis et de leurs alliés, d’où le retour progressif de dizaines de milliers de réfugiés dans leur pays. Troisièmement, un autre élément, qui a conduit Washington à changer de position envers la Syrie, c’est le soutien efficace que Damas reçoit, de la part de ses alliés, dont la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais. Ensuite, Washington et ses alliés occidentaux et régionaux ont compris que la chute éventuelle du gouvernement de Damas ne suscitera que le chaos, la violence et le vide, qui ne sera comblé que par les groupes extrémistes. L’effondrement de l’Etat, en Syrie, pourrait entraîner les problèmes comparables à ceux qui se sont produits, en Libye, après la chute du régime de l’ancien dictateur de Tripoli, Mouammar Kadhafi. En dernier lieu, les analystes soulignent que, dans un contexte, où Téhéran et Washington s’approchent de la conclusion éventuelle d’un accord, au sujet du programme nucléaire iranien, et, en conséquence, la levée des sanctions imposées à l’Iran, les Etats-Unis se voient contraints de reconnaître la place notoire de la République islamique d’Iran et son influence régionale, ce qui renforcera, sans aucun doute, la position de l’allié syrien de Téhéran.
Syrie: pourquoi Washington a-t-il fait volte-face?
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Reportage