Dans un récent article signé Anna Borovskaya, Foreign Policy revient sur les relations irano-russes et y voit une donne parfaitement nouvelle.
"Des intérêts et des ennemis communs rapprochent chaque jour davantage la Russie de l'Iran. Ce rapprochement est potentiellement de nature à porter atteinte aux intérêts à long terme des États-Unis."
L'auteur revient ensuite sur les raids aériens russes menés contre les terroristes en Syrie via le ciel iranien et poursuit :
"Depuis des siècles que durent les relations Moscou-Téhéran, les deux parties n'ont jamais entretenu des relations si proches. C'est une déveine pour les États-Unis que Russes et les Iraniens aient enfin compris à quel point leurs intérêts sont convergents et à quel point ces intérêts communs contredisent ceux des États-Unis."
L'auteur se penche ensuite sur divers aspects des intérêts que partagent Moscou et Téhéran et écrit :
"La montée en puissance de la menace terroriste, les intérêts économiques, l'instabilité en Afghanistan ou encore la perspective de coopérations en Asie centrale font partie des facteurs qui motivent les deux parties à coopérer étroitement. Il y a trois ans, les responsables russes et iraniens ont amorcé le dialogue pour l'adhésion de l'Iran à l'Union douanière (entre la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan et l'Arménie, NDLR) et ce, en vue de rééquilibrer les rapports des forces avec l'Union européenne. La crise syrienne est venue toutefois créer ce qui pourrait être qualifié de point d'orgue des relations irano-russes. La Russie voit dans la Syrie une opportunité pour étendre son influence et le soutien de Téhéran au régime d'Assad sert les intérêts russes.
Certes les Russes ne perdent pas de vue la qualité de leurs relations avec les pays arabes du Moyen-Orient, mais c'est un fait qu'ils se penchent en ce moment davantage du côté de l'axe Iran/Syrie/Hezbollah".
L'auteur prévoit en guise de conclusion la poursuite et le renforcement des relations entre la Russie et l'Iran :
"Cette coopération, quand bien même elle ne durerait pas longtemps, ne peut que nuire aux intérêts des États-Unis. Même une alliance de courte durée entre l'Iran et la Russie pourrait porter gravement atteinte aux intérêts de Washington. Tout le monde sait que des victoires tactiques contribuent toujours aux gains stratégiques. Ni les États-Unis ni les Européens ne devront prendre à la légère les ambitions moyen-orientales de Poutine. Il en va de même des défis que la coalition entre la Russie et l'axe non arabe du Moyen-Orient est capable de lancer à l'adresse de ses adversaires, défis qui pourraient bien s'avérer paralysants."