La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne semble avoir donné des ailes à la France et à l'Allemagne au moins en termes militaires
Les deux pays cherchent désormais à jouer un rôle de premier plan dans la politique de défense de l'UE et appellent à une coopération militaire plus étroite entre les pays européens. Est-ce le début de la naissance d'une Otan affranchie du joug américain ?
Les réformes proposées par les deux pays se concentrent, d'abord et avant tout, sur la création d'une armée européenne commune, si on en croit le journal allemand Süddeutsche Zeitung.
Au seuil de la tenue du prochain sommet de l'UE, Paris et Berlin viennent de proposer aux membres de l'UE une mesure ambitieuse qui prévoit la création d'un siège militaire conjoint et permanent de l'Europe, des missions de reconnaissance communes menées à l'aide des satellites européens, la formation d'un commandement médical et de la logistique commun, ainsi que la synchronisation du financement et de la planification militaire.
Un document de six pages rédigé conjointement par la ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen et son homologue français Jean-Yves Le Drian a déjà été envoyé aux membres de l'UE avant le sommet à Bratislava qui va se dérouler jeudi. Le texte doit être discuté et approuvé lors de la réunion. Selon le journal allemand, qui a eu accès au document, la chancelière Angela Merkel et le président français François Hollande chercheraient à démontrer leur rôle de premier plan dans l'UE et à valoriser ce que le document appelle "l'esprit d'entreprise" à la suite de la décision du Royaume-Uni de quitter l'UE.
Jusqu'ici, de nombreux projets dans le domaine de la défense étaient en suspend en raison des vetos constants de Londres. Maintenant, sans la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne espèrent prendre rapidement des décisions. Selon le nouveau plan de défense potentiel, la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Pologne créeraient des structures militaires permanentes qui agiront au nom de l'UE. Le centre de planification et d'opérations militaires se trouverait à Bruxelles, ce qui, selon certains experts, peut éventuellement conduire à l'émergence d'un rival pour l'Otan.