Emmanuel Macron s’est entretenu mardi 2 janvier par téléphone avec son homologue iranien Hassan Rohani. ©ReutersLe président iranien a estimé que les relations et coopérations bilatérales, régionales et internationales irano-françaises s’inscrivaient dans le cadre de l’essor et du renforcement de la paix, la stabilité et la sécurité de la région, sans manquer d’insister sur la poursuite des consultations et le développement des liens Téhéran-Paris.
Dans un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron, mardi soir, le président iranien Hassan Rohani a présenté ses vœux du Nouvel An au peuple et au gouvernement français, souhaitant qu’en cette nouvelle année 2018 les relations amicales et tous azimuts entre les deux pays s’élargissent de plus en plus.
« C’est à l’invitation officielle des gouvernements syrien et irakien que nous avons combattu le terrorisme dans ces deux pays et aujourd’hui, il est évident pour tout le monde que les efforts et les aides de l’Iran ont abouti à l’anéantissement du terrorisme takfiriste de Daech dans la région », a souligné le président Rohani.
En allusion à l’impératif de la fin du blocus imposé aux peuples yéménite et syrien, et de l’acheminement des aides humanitaires aux civils et aux blessés dans ces régions, M. Rohani a plaidé pour la poursuite du processus des négociations constructives sur la réconciliation nationale en Syrie.
Qualifiant de positif, le rétablissement de la paix au Liban, le président iranien a affirmé que les propos provocateurs des autorités israéliennes contre le Liban ainsi que la violation de l’intégrité territoriale et de l’espace aérien libanais par Israël n’étaient nullement acceptables.
Dans une autre partie de cette conversation téléphonique, M. Rohani a tenu à faire allusion à la récente prise de position du président américain Donald Trump au sujet du statut de Qods, appelant les Européens à prendre une position claire et nette contre cette décision dévastatrice de Trump et à ne pas emboîter le pas aux États-Unis.
Par ailleurs, les deux présidents ont évoqué l’accord nucléaire de 2015, dont la France soutient l’application stricte, sous supervision internationale.
M. Rohani a demandé l’appui de la communauté internationale pour défendre cet accord international et respecter les engagements pris.
Le président iranien a également précisé que les programmes balistiques et défensifs du pays n’étaient nullement en violation des résolutions internationales, avant de dire : « Notre arme sert à défendre notre pays et nous n’hésiterons pas à nous en procurer pour protéger notre patrie. »
Selon M. Rohani, la démocratie règne en Iran et l’exemple manifeste est la participation enthousiaste du peuple aux élections présidentielles.
« La propagation de la violence ne fait pas partie de la liberté légitime d'expression. Aucun pays ne tolère la violence lorsque la sécurité du peuple est menacée », a-t-il ajouté.
M. Rohani a demandé à M. Macron de prendre des mesures contre les activités du groupe terroriste des Moudjahedin-e Khalq basé en France et impliqué dans les récentes manifestations émaillées de violence en Iran.
«Nous critiquons le fait qu'un groupe terroriste ait une base en France et agisse contre le peuple iranien et encourage la violence. Nous attendons du gouvernement français qu'il agisse contre ce groupuscule terroriste», a déclaré le président iranien.
L’Organisation des Moudjahedin-e Khalq (MEK) se trouvait sur la liste européenne des organisations terroristes jusqu'en 2008 et sur la liste noire des USA jusqu'en 2012. À partir de cette date et consécutivement à la guerre lancée tour à tour contre la Syrie et l'Irak par Daech, elle a retrouvé sa grâce, aux yeux des Américains et des Européens.
Le président français a rejeté l’idée considérant l’Iran comme l’axe du mal dans la région, avouant que ceci attiserait le feu des tensions. « Il nous faut poursuivre les consultations et négociations afin de rétablir la paix et la sécurité dans la région », a-t-il dit.
Il a également reconnu le rôle incontestable qu’a joué le Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) dans la destruction de Daech, et s’est également déclaré reconnaissant envers la présence iranienne dans la région.
« Paris n’a jamais soutenu les groupes terroristes et ne permettra jamais à aucun groupe de mener des activités contre un pays tiers depuis la France », a rappelé le président français.
Dans ce contexte, les deux dirigeants ont décidé de reporter à une date ultérieure la visite que devait effectuer le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, à Téhéran à la fin de la semaine.