Si Washington pratiquait ce qu'il prêchait...

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Si Washington pratiquait ce qu'il prêchait...

Lors d'une escale à Beyrouth, la capitale du Liban, jeudi 15 janvier, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a appelé le Hezbollah à se retirer des conflits en Syrie.

Le journaliste iranien Emad Abshenas décrypte la situation dans une colonne de Sputnik.

La veille de son départ pour le Liban, Rex Tillerson, avait reconnu à Amman que le Hezbollah faisait partie d'un processus politique au Liban. Mais sa rhétorique antipathique envers le mouvement libanais n'a pas tarder à reprendre le dessus, l'appelant à se retirer des conflits en Syrie pour le bien de la sécurité du Liban.

A Amman en Jordanie, le haut diplomate américain a finalement reconnu le rôle important joué par le Hezbollah au sein du gouvernement libanais. "Nous devons reconnaître la réalité que le Hezbollah fait également partie du processus politique au Liban", a-t-il indiqué dans un discours jugé rarissime.  

Reste à savoir de quelle façon les États-Unis reconnaissent le rôle du Hezbollah dans le processus politique du Liban, alors qu'ils l'ont déjà placé sur la liste noire des organisations terroristes.

Cette reconnaissance conditionnelle est donc assujettie à son retrait du territoire syrien: le mouvement libanais pourra facilement être accepté par Washington en tant que parti politique, mais il devra se soumettre avant aux desiderata des États-Unis.

Le secrétaire d'État américain Rex Tillerson (G) et le Premier ministre libanais Saad Hariri, le 15 février 2018, à Beyrouth. ©AFP

Le retrait du Hezbollah de la Syrie ? Laissez-nous un peu généraliser cette option ! Et si toutes les parties se retiraient de toutes les régions où elles sont considérées comme étrangères: les Américains se retireraient de la Syrie, de l'Irak, du Yémen, de l'Afghanistan et les Israéliens, des territoires qui appartiennent aux Palestiniens...

Le retrait des forces militaires américaines desdits pays redorera certes le blason des États-Unis auprès de la population mondiale, d'autant plus que le retrait des Israéliens des territoires occupés palestiniens plongera la région dans un havre de sécurité.

En réalité, si les États-Unis et leurs alliés régionaux cessaient d'occuper divers pays et d'importuner leurs peuples, les groupes de Résistance perdraient aussitôt leur raison d'être et seraient naturellement intégrés dans les processus politiques, sans même avoir besoin des conseils de M. Tillerson qui aurait mieux fait de rappeler pourquoi les habitants du Liban - ce magnifique pays du Moyen-Orient - ont été obligés de prendre en main des armes afin de défendre leur patrie et leurs familles.

M. Tillerson aurait mieux fait de dire quel sort aurait attendu les nations de la région si l'Iran et ses alliés ne les avaient pas défendues face à Washington et son partenaire israélien.

Le secrétaire d'État américain, peut-il dénoncer le rôle de l'Iran et ses alliés dans la libération de l'Irak des mains de Daech qui aurait pu l'occuper entièrement et massacrer des millions d'innocents ?

Les Américains sont-ils vraiment contents de voir Daech reculer des majeures parties de la région ? Ou auraient-ils préféré que ces terroristes se soient emparés du Moyen-Orient ?

Sans l'occupation des territoires palestiniens par Israël, les Palestiniens, parmi les peuples les plus pacifiques du monde, auraient-ils été obligés d'entrer dans un conflit armé ?

A vrai dire, si les Israéliens n'avaient pas attaqué le Liban, les Libanais n'auraient pas été contraints d'avoir recours aux armes et si les États-Unis n'avaient pas vendu des milliards de dollars d'armes à leurs alliés arabes sous prétexte des menaces provenant de l'Iran, celui-ci n'aurait pas multiplié sa production d'équipements militaires dans le seul but de renforcer sa Défense.

Sans ces politiques déstabilisatrices, adoptées par la Maison Blanche, y aurait-il même une crise ou une guerre au Moyen-Orient ?

Lire aussi: le Hezbollah fait partie du "processus politique" au Liban (Tillerson)

La réponse à toutes ces questions se résume dans un simple principe: sans aucune puissance étrangère qui menace les États de la région, tous les groupes et mouvements, actuellement impliqués dans les luttes armées, s'occuperaient naturellement d'activités purement politiques.   

Dans la conjoncture où les États-Unis, par la force de leurs intérêts, se donnent la peine de s'implanter dans une région située à des centaines de kilomètres de leur territoire, il est naturel que l'Iran et le Hezbollah défendent, à leur tour, leurs propres intérêts, dans une région qui leur est si proche.

Pratiquez ce que vous prêchez !

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