En plein rapprochement entre deux Corées, les États-Unis jouent les trouble-fêtes

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En plein rapprochement entre deux Corées, les États-Unis jouent les trouble-fêtes

Alors que la Corée du Nord a réussi une belle diplomatie sportive pour détendre le climat avec son voisin du sud, Washington se prépare à déployer les forces de la Garde côtière américaine sur la région Asie-Océanique pour ainsi élargir les interceptions de navires suspectés de violer les sanctions contre la Corée du Nord. Une tentative visant à faire capoter les efforts de rapprochement entre les deux Corées.

Les autorités américaines parlent désormais de leurs coopérations « plus étroites » avec leurs partenaires asiatiques pour un plan qui pourrait inclure le déploiement de forces de la Garde côtière américaine en vue d’arrêter et fouiller ceux des navires dans les eaux régionales qui contourneraient les sanctions anti-nord-coréennes, rapporte Reuters.

« Si les sanctions ne sont pas efficaces et ne permettent pas de faire évoluer la position du dirigeant nord-coréen », le président américain a promis de lancer « la phase 2 ». Cette menace est brandie peu après que le département du Trésor a introduit vendredi 23 février le régime de sanctions le plus dur de l'histoire à l'encontre de Pyongyang.

Dans le cadre des mesures contre le programme nucléaire et balistique nord-coréen, le département américain du Trésor a sanctionné 27 sociétés de transport et de navigation, 28 navires et une personne physique. L'administration américaine a précédemment annoncé que ce nouveau train de sanctions était «le plus sérieux jamais imposé à la Corée du Nord». Elle a ajouté que la pression sur Pyongyang irait croissant au fur et à mesure de l'application des sanctions et que l'effet était d'ores et déjà évident.

Cette prise de position américaine intervient au moment où un soudain réchauffement du climat politique a galopé pendant les Jeux olympiques dans la péninsule coréenne mouvementant un dialogue directe inter-coréen. Des analystes ont salué le coup de maître du dirigeant nord-coréen qui a contribué à contourner "des médiateurs" et à amorcer le dialogue entre Pyongyang et Séoul. Pour Pyongyang les États-Unis cherchent à freiner ce réchauffement.

L'Amérique refait le coup des exercices militaires

Les exercices conjoints annuels mobilisent habituellement des milliers de soldats américains, des moyens militaires des États-Unis dont des chasseurs de combat et des navires de guerre, ainsi que les armées de la Corée du Sud. La Corée du Nord a pendant longtemps protesté contre ces exercices conjoints, les considérant comme des simulations d’attaque visant à  renverser le gouvernement de Pyongyang.

Le report des exercices à l'après les Jeux olympiques, a d'ailleurs été salué par la communauté internationale, après que la Corée du Nord et ses alliés, la Chine et la Russie, ont proposé la suspension des exercices militaires Corée du Sud-États-Unis en retour de l’arrêt des essais militaires de la Corée du Nord pour que les deux parties puissent reprendre les discussions sur le programme nucléaire du Nord.

Or Washington cherche à provoquer un retour à la case départ: il a signalé la reprise des exercices cette année avec Séoul alors que la Corée du Nord a demandé à la mi-janvier la fin définitive des exercices militaires conjoints.

 

Le président sud-coréen Moon Jae-in serre la main de la sœur du leader nord-coréen Kim Jon UN, à Séoul, le 10 février 2018. ©AFP
En plein rapprochement entre Corées, le vice-président américain Mike Pence affirme qu'il faut "continuer à isoler la Corée du Nord, après avoir assisté à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques d'hiver de Pyeongchang". ©Gettyimages

La réponse de Séoul à la provocation US

Recevant hier vendredi la fille de Trump et sa conseillère, Ivanka, à Séoul, le président sud-coréen a qualifié d’« échec » la stratégie américaine exercée depuis maintenant 25 ans contre son voisin nord-coréen et son désarmement nucléaire. Le président sud-coréen a exhorté Washington à soutenir le réchauffement des relations entre les deux Corées, condition sine qua non à un "désarmement en bonne et due forme de la Corée du Nord". 

Les États-Unis incitent par tout dans le monde à une escalade des tensions, ce qui leur permettrait de vendre davantage d'armes, seul secteur qui fonctionne dans un pays en proie à différentes crises. La péninsule coréenne n'est pas à l'abri de cette logique, fût-ce au prix d'y déclencher une crise nucléaire. 

 

Ivanka Trump avec le président sud-coréen Moon Jae-in à la Maison Bleue, le 23 février 2018. ©Reuters

 

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