Israël sera-t-il lâché une seconde fois ?

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Israël sera-t-il lâché une seconde fois ?

Pas plus tard que le mardi 3 avril, le prince héritier Ben Salmane, qui croyait avoir conquis les États unis d’Amérique à l’aide de son carnet de chèques, a eu le droit à un cinglant désaveu.

Donald Trump a annoncé que Riyad devrait encore et encore desserrer les cordons de la bourse, s’il veut que le Pentagone reste en Syrie. Il s’agirait de 7 billions de dollars dépensés depuis 17 ans par les États-Unis au Moyen-Orient en échange de quoi, selon Trump, « l’Amérique n’a rien obtenu ». Que « la vache à lait » mette donc la main à la poche, si elle veut que l’Amérique l’accompagne dans sa conquête du Moyen-Orient face aux coriaces adversaires que sont l’Iran et la Turquie. 

S’il est vrai que l’annonce d’un retrait US de Syrie a mis sens dessus dessous le camp saoudien, il est aussi vrai que l’Arabie saoudite n’est pas la seule partie à pâtir d’un retrait US de la Syrie, si toutefois cette annonce s’avérait plus qu’une simple manœuvre de diversion. 

DEBKAfile, site proche du renseignement de l’armée israélienne, revient sur la teneur des entretiens de Ben Salmane avec Trump au cours de son séjour aux États-Unis. « Donnez-moi 4 milliards de dollars pour maintenir l’administration à flot et réhabiliter le nord de la Syrie », aurait dit le 20 mars le président américain à Ben Salmane. Trump aurait ainsi fait allusion à ces régions du nord de la Syrie qu’occupent les USA au mépris de la souveraineté syrienne, soit en y implantant leurs bases militaires, soit par l’entremise des FDS (Forces démocratiques syriennes). Cette déclaration a été le premier défi lancé par Trump à son hôte saoudien. À peine quelques jours plus tard, à savoir le 30 mars, un autre s’est ensuivi : devant une assemblée de diplomates dans l’Ohio, le président US a affirmé : « Les Américains vont partir de Syrie “très vite” maintenant que les terroristes de Daech sont en passe d’être totalement vaincus. Laissons d’autres personnes s’occuper de la Syrie. »

Bien que le président US n’ait fixé ni de calendrier de retrait ni de perspectives pour ce retrait, nombreux sont les experts qui qualifient ses propos de « bien réfléchis ». Mais que les États-Unis aient décidé de faire place nette à leurs supplétifs européens, ou qu’ils aient abandonné la partie en faveur de Damas et ses alliés (ce qui paraît peu probable), cela revient au même : Trump croit que l’Amérique a assez fait en Syrie et qu’il est grand temps que les alliés de Washington y prennent le relais et assurent eux-mêmes leur sécurité. Pour DEBKA, la décision de Trump de suspendre l’aide américaine de 200 millions de dollars aux séparatistes kurdes que les Américains appelaient euphémiquement « aide à la reconstruction » s’inscrit dans la même logique. 

Mais quelle a été la réaction de Ben Salmane à l’annonce du retrait US ?

La réponse de Mohammed Ben Salmane à Trump n’a pas fuité, si toutefois il y a eu une réponse, mais l’homme a mis quelques jours avant de confier au Times sa crainte et son inquiétude face à la terrible perspective qui s’annonce, d’ailleurs pas pour l’Arabie saoudite directement, mais pour Israël : si les troupes US se retiraient de l’est de la Syrie, beaucoup de choses changeraient dans la région. Les Américains perdraient ce point de passage. »

Mais MBS est loin d’avoir peur pour les Américains. L’Arabie saoudite, et à travers elle Israël, vient de subir un second lâchage de la part de son allié américain. Après que les Américains ont laissé aux Russes le contrôle du ciel syrien au risque de réduire sensiblement le marge de manœuvre de l’armée de l’air israélienne, Israël vient de subir un deuxième coup, car tout le monde sait que dans l’est de la Syrie, l’ennemi de la Résistance n’est ni l’Arabie saoudite ni la Jordanie, mais bel et bien Israël. « Le départ des forces américaines de leurs bases situées à l’est de l’Euphrate (et entre autres à al-Tanf, NDLR) exposerait instantanément la Syrie orientale aux incursions iraniennes et pro-iraniennes depuis l’Irak et constituerait une menace directe pour Israël. Le président Trump semble avoir décidé que cette menace ne regarde pas l’Amérique et que ses forces en ont déjà fait assez », conclut le site.

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