Erdogan fera-t-il le jeu de Moscou et de Téhéran ?

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Erdogan fera-t-il le jeu de Moscou et de Téhéran ?

Le sommet du 4 avril à Ankara a été largement dominé par les deux temps forts de ces derniers mois en Syrie : la victoire de l’armée syrienne et de ses alliés dans la Ghouta orientale et la prise d’Afrin par la Turquie.

Le journal russe RBK Daily revient sur ce sommet et écrit : « La libération de la Ghouta reste à cet égard un grand tournant, car elle ouvre la voie à l’effondrement des groupes terroristes dans le sud-ouest et le nord de Hama. Tout porte à croire que les fronts de combat se divisent désormais en plusieurs parties : 1) le centre culturel et commercial de la Syrie contrôlé par l’État, soit 60 pour cent du territoire qui abrite 80 pour cent de la population ; 2) les régions placées sous l’emprise turque ; 3) celles que contrôlent les Kurdes de Syrie ; 4) et enfin une zone située sur la rive est de l’Euphrate et à proximité de Raqqa sur lesquelles les Américains imposent leur contrôle.

Pour l’État syrien, ces trois zones sont sous occupation étrangère et devront être libérées. Et justement c’est en raison de cette situation particulière que le partenariat de la Turquie avec la Russie et l’Iran est bien moins transparent que l’alliance irano-russe. À vrai dire, l’Iran et la Russie pourront ne pas être d’accord dans de nombreux dossiers comme celui des relations avec Riyad ou Tel-Aviv, mais en Syrie, leurs relations vont au-delà d’un simple partenariat et sont devenues une réelle alliance stratégique. Ce qui n’est pas le cas des liens que les deux puissances entretiennent avec la Turquie, dans la mesure où Ankara est un membre actif de l’OTAN.

Il va sans dire que la Turquie entretient d’étroits liens avec des groupes armés en Syrie. Et puis le poids d’Ankara ne cesse de s’accroître à mesure que l’Arabie saoudite perd du terrain. Tout cela n’incite pas la Russie à voir en Turquie un allié et ce n’est pas uniquement en raison de sa présence active au sein de l’OTAN. Depuis le début de la guerre, l’Iran et la Russie se sont battus dans le même camp, ce qui n’a jamais été réellement le cas des Turcs.

Mais pourquoi la Russie a-t-elle fait preuve d’une extrême tolérance envers la Turquie au cours de son offensive à Afrin ? La Russie espère que cette tolérance pourra déboucher sur une victoire stratégique. Comment cela ? Après avoir été violemment défaits à Afrin, les Kurdes devraient finir par entendre raison et accepter de négocier avec Damas. Dans ce cas, ils n’auront plus besoin des Américains. L’aile sud de l’OTAN ne saura résister à un tel choc et c’est sur cela que misent l’Iran et la Russie. Rien qu’à voir cet effondrement, le jeu en valait bien la chandelle pour Ankara.

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