Au sommet d’Helsinki, le président russe aura une position bien précise et hautement stratégique à défendre: Assad devra rester et ce, à tout prix. Mais qu'en est-il du président américain? Selon Rateb Shabo, l’analyste du quotidien qatari Al-Araby Al-Jadeed, Donald Trump n'a pas grande chose à défendre. Aux yeux de Trump, "les doléances israéliennes ne valent pas assez pour laisser perdre l'occasion que représente ce sommet qualifié d'historique".
« À Helsinki, le président russe Vladimir Poutine sait sur quoi manœuvrer. Il demanderait le démantèlement des "rebelles anti-Assad" et le maintien au pouvoir du président syrien. Quant au président américain Donald Trump, il se contenterait d’évoquer ses conditions pour un retrait des troupes US sans oublier évidement rappeler la nécessité que représente l’éloignement des forces iraniennes des frontières avec la Jordanie et Israël. Mais ni Trump ni Tel-Aviv n’insisteront plus sur le retrait total des forces iraniennes de Syrie, non pas parce qu’ils ont accepté par se conformer à la présence militaire iranienne aux portes d'Israël, mais parce qu'ils ont fini par comprendre qu'il est impossible de mettre l'Iran à la porte de la Syrie sans passer au préalable par une guerre d'envergure, une guerre à l'issue incertaine dont ne veulent ni Israël ni les États-Unis. À vrai dire le feu vert israélien au maintien d'Assad au pouvoir inclut en soi cet aveu d'échec et d'impuissance. Car sans l'Iran, Assad ne pourra pas se tenir à la tête de l'État. Il y a d'abord cet affaiblissement par des années de guerre qui touche directement l'armée syrienne. Des conseillers militaires iraniens et des forces supplétives pro-iraniennes font désormais un avec l'armée syrienne. Aucune opération militaire digne de ce nom n'est désormais menée en Syrie sans présence iranienne et ou des forces pro-iraniennes. Mais à cela s’ajoute un autre facteur non moins important : les failles économiques auxquelles fait face la Syrie et qui ne peuvent être colmatés sans l'appui de l'Iran. Rappelons que les recettes nationales syriennes ont diminué de 500% en sept ans de guerre, passant de 60 milliards de dollars à 12 milliards de dollars. Il y a donc une aporie à soutenir le maintien d'Assad et à vouloir dans le même temps expulser l'Iran de la Syrie. Aussi bien sur le plan militaire qu'économique, l'Iran s'est rendu indispensable à la pérennité de l'État syrien et c'est cela qu'Américains et Israéliens feignent d’ignorer mais qu'ils sont amenés désormais par la force des choses à reconnaître. Car pour le grand malheur de Tel-Aviv et de Washington, ce ne serait pas la Russie de Poutine qui pourrait apporter cette double caution au gouvernement Assad. Que faire?