Parmi les sept pays qui ont publié la « déclaration de principes » sur la Syrie, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie ne respectent pas les mêmes « principes » à l’intérieur de leurs frontières. Qu'ils soient rois ou présidents, les dirigeants de ces pays désignent eux-mêmes leurs Premiers ministres et ministres. Ils dominent leurs services de sécurité et renforcent l’indépendance du secteur judiciaire de leurs pays. Des élections libres et transparentes sous la supervision internationale n'existent pas dans ces pays. C'est alors à se demander pourquoi de tels principes sont imposés à la Syrie et c'est ce à quoi répond Abdel Bari Atwan, renommé écrivain et analyste du monde arabe et rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm, dans un article au sujet des récents développements concernant la Syrie.
« Le mini-groupe pour la Syrie (la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie) a remis, vendredi 14 septembre, une déclaration de principes à l’envoyé spécial des Nations unies en Syrie Staffan de Mistura. Ce document reflète les points de vue de ce mini-groupe sur l’avenir de la Syrie et les sept pays soulignent qu’ils ne feront pas partie du processus de la reconstruction de la Syrie à moins que les conditions, posées dans cette déclaration, soient remplies.
Le point à prendre en considération est que la déclaration de principes ne parle pas de l’actuelle Syrie dont plus de 85% ont été déjà libérés des mains des groupes armés. Elle parle de la Syrie d’il y a cinq ans où les sept pays tenaient le haut du pavé et leurs mercenaires, c'est-à-dire les groupes armés, contrôlaient plus de la moitié des territoires.
Viennent à l’appui de cette affirmation des conditions irréelles que met en avant la déclaration :
Primo, la déclaration de principes exhorte le gouvernement syrien à rompre totalement ses relations avec l’Iran et tous ses bras politiques et militaires. Par ce terme, la déclaration fait implicitement allusion au Hezbollah.
Secundo, la déclaration de principes traite de l’avenir de la Syrie alors qu’elle fait une distinction entre les régions étant sous le contrôle du gouvernement syrien et les régions dont il a repris le contrôle aux groupes armés. Toutes les conditions dont l’accomplissement est réclamé par la déclaration de principes, qu'il s'agisse de la Constitution ou de la sécurité et de la politique, sont uniquement en conformité avec les régions contrôlées par le gouvernement syrien et elles n’ont rien à voir avec les zones récemment libérées. Je crois que les régions qui ne sont pas mentionnées par la déclaration de principes sont celles qui abritent des gisements pétroliers et gaziers, telles qu’Idlib, Afrin et al-Bab. Il semble que les États-Unis et leurs alliés arabes et occidentaux souhaitent que les zones pétrolifères de la Syrie échappent au contrôle du gouvernement Assad.
Tertio, la déclaration de principes suggère la transformation du poste de président en un poste théâtral ayant des prérogatives très restreintes. À titre d’exemple, la déclaration exige que le président de la Syrie ne désigne pas le Premier ministre et qu’il ne soit pas impliqué dans la nomination des ministres du Cabinet. Elle propose aussi que le président n’ait aucun lieu avec les services de sécurité.
Quarto, la déclaration propose l’octroi de l’autorité à des régions syriennes puisqu’elles peuvent se contenter des relations purement superficielles avec le gouvernement central.
Quinto, la déclaration réclame une Syrie sans armes de destruction massive et elle pourrait même aller plus loin en réclamant une Syrie complètement désarmée.