Aperçu des positions de la Turquie en Syrie

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Aperçu des positions de la Turquie en Syrie

Le sommet de Téhéran sur la Syrie a eu des résultats concrets. Mais malgré ses objectifs communs avec l’Iran et la Russie, la Turquie a d’autres préoccupations.

Les efforts diplomatiques des trois parrains des pourparlers d’Astana au sommet de Téhéran sur la Syrie ont porté leurs fruits dans un pays en crise depuis deux ans. L’Iran, la Russie et la Turquie ont accordé leurs violons dans les dossiers de l’Euphrate et d’Idlib. Mais la partie turque aurait d’autres préoccupations.

La Turquie, l’Euphrate et Idlib

Avec 900 kilomètres de frontières communes, la Turquie et la Syrie ont presque la même histoire, ils comportent tous deux de fortes communautés kurdes, sunnites, alévis ou alawites. Les zones à majorité kurde, proches des frontières communes, dont la province d’Idlib au nord-ouest de la Syrie, et le fleuve de l’Euphrate qui longe le nord du pays, sont devenues les lieux d’intervention des troupes turques.

À Idlib se concentrent d’importants groupes de l’opposition syrienne. Mais la situation démographique de la ville empêche la mise en œuvre d’opérations militaires contre les terroristes. Forts du soutien d’Ankara, ces derniers se sentent donc à l’abri ; d’autant plus que dans une déclaration conjointe à Sotchi ce 17 septembre, les présidents russe et turc ont annoncé un accord pour créer une « zone démilitarisée », écartant potentiellement une offensive de l’armée syrienne sur Idlib.

Autre point sensible : la situation militaire et la stratégie adoptée à l’ouest de l’Euphrate par la Turquie, qui y empêchent les activités des groupes kurdes. Ankara estime que le renforcement de sa présence politico-militaire à Idlib conduirait au contrôle de la ville kurde d’Afrin et contiendrait l’avancée du PKK vers la mer Méditerranée.

La Turquie, al-Bab et Manbij

La Turquie contrôle désormais la ville d’al-Bab au nord de la Syrie, depuis le 23 février 2017. Al-Bab, dernière place forte aux mains de Daech dans la province d’Alep, était la cible, depuis décembre 2016, d’une offensive conjointe des forces turques et de groupes de l’opposition syrienne.

Par ailleurs, la ville de Manbij est aussi dans le collimateur turc. Les Unités de protection du peuple (YPG), la principale milice kurde de Syrie, ont annoncé en juin leur retrait de Manbij, une ville stratégique du nord du pays qui a fait l’objet d’une feuille de route entre la Turquie et les États-Unis. « L’objectif de la feuille de route est d’éradiquer les YPG et le PKK de Manbij, puis nous travaillerons pour établir un cadre sécuritaire, et nous déciderons ensemble de qui gérera la ville », avait affirmé le chef de la diplomatie turque Mevlüt Çavusoglu.

De ce fait, les armées turque et américaine ont commencé à patrouiller dans les zones frontalières autour de Manbij et d’Idlib.

La Turquie et l’est de l’Euphrate

L’Euphrate est d’une importante capitale pour Ankara, encore plus que les dossiers relatifs à Idlib ou au maintien ou non au pouvoir de Bachar al-Assad. La Turquie est riche en ressources hydriques ; l’Irak et la Syrie dépendent, en grande partie des eaux du Tigre et de l’Euphrate, deux fleuves qui prennent leur source sur le plateau anatolien. Le partage des eaux dans cette partie du Moyen-Orient, plus riche en pétrole qu’en ressources aquifères, est donc fortement influencé par les jeux politiques et géostratégiques.

Or, la formation d’un État kurde lié au PKK aux frontières turco-syriennes s’est transformée en un enjeu de sécurité nationale pour le président Recep Tayyip Erdogan.

Le plan des USA de créer un État kurde en Irak ne doit pas se reproduire en Syrie, estiment les analystes proches du Parti de la justice et du développement (AKP). Car Ankara pourrait envisager des actions militaires à l’est de l’Euphrate, c’est-à-dire contre les forces kurdes liées au PKK à Kobané, Ayn Issa, Qamishli, Dirak et dans d’autres régions sur la rive est du fleuve.

Mais les États-Unis y ont renforcé leur présence militaire et il est peu probable que l’armée turque puisse pénétrer dans ces régions à population kurde par voie terrestre. Mais par la voie aérienne, des frappes contre les bases et les positions des Kurdes syriens ne sont pas à exclure.

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