À peine quelques heures après le départ du chef du régime israélien de Paris, le Quai d’Orsay menace l’Iran de sanctions. Étrange coïncidence alors que la France venait à peine d’annoncer sa volonté de donner enfin corps à un mécanisme anti-sanctions US (SPV, Special Purpose Vehicle). Le retrait américain du Plan global d’action conjoint (PGAC, accord sur le nucléaire iranien) a déclenché une série de sanctions extraterritoriales US contre la France, avec en toile de fond le départ de Total et d’autres firmes françaises du marché iranien, au profit des firmes chinoises entre autres. Pour de nombreux analystes, les sanctions pétrolières américaines contre l’Iran sont pour quelque chose dans la hausse du prix à la pompe qui a servi lui-même de déclic au plus grand mouvement de protestation sous la Cinquième République, celui des Gilets jaunes. Pour qui roule la diplomatie française ? Pour Israël et les États-Unis, disent ces mêmes analystes.
« La France adoptera des sanctions contre l’Iran si le dialogue avec ce pays sur ses activités balistiques n’aboutit à rien », a averti vendredi le chef de la diplomatie française.
« Nous avons commencé un dialogue difficile avec l’Iran qui devra se poursuivre. Et nous sommes prêts, s’il n’aboutit pas, à avoir un usage ferme de sanctions. Et ils le savent », a souligné M. Le Drian.
Cela intervient alors que s’exprimant au Sénat, le ministre français des Affaires étrangères avait affirmé que les Européens allaient mettre en place « dans les jours qui viennent » un système qui doit permettre de continuer à commercer avec l’Iran malgré les sanctions américaines.
« Nous sommes en train de mettre en place un mécanisme de financement spécifique permettant d’éviter d’être soumis totalement à l’extraterritorialité des mesures de sanction mises en œuvre par les États-Unis », avait-il dit lors d’une audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat.