Le commentaire de versets coraniques selon l’Imam Al-Riḍā(as)

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Le commentaire de versets coraniques selon l’Imam Al-Riḍā(as)

Le commentaire de versets coraniques selon l’Imam Al-Riḍā(as)

 

Stabilité de l’énonciation du Coran

L’une des causes du caractère miraculeux du Coran est que cet éminent Livre contient des éléments à propos du développement de l’être humain et de sa guidance. A ce propos, il évoque notamment les vérités divines, les appels des prophètes, ainsi que les lois religieuses qui sont édictées dans le domaine de l’économie, de la politique, de la société, ou encore à propos des crimes et châtiments.

Le Coran contient également des programmes concernant les actes d’adoration; des guides dans le domaine des vertus morales; des passages au sujet de faits historiques; des discussions concernant les sciences naturelles ou en rapport avec le monde créé, la nature et les cieux; des proverbes, maximes et conseils; des argumentations et raisonnements logiques; une conception du monde; des descriptions et un aperçu de l’inter-monde (barzakh) et de la Résurrection… .

Si le Coran n’était pas une révélation issue du monde de l’Ordre divin, on y trouverait certainement toutes sortes de discordances et de contradictions entre les différents sujets, comme c’est le cas d’un poète qui voudrait réécrire l’un de ses poèmes un an après l’avoir composé: il y trouverait des manques et défauts. Une telle situation n’a jamais existé concernant le Coran:

أَفَلاَ يَتَدَبَّرُ ونَ الْقُرْآنَ وَلَوْ كَانَ مِنْ عِندِ غَيْرِ اللّهِ

لَوَجَدُواْ فِيهِ اخْتِلاَفاً كَثِيراً

«Ne méditent-ils donc pas sur le Coran? S’il provenait d’un autre qu’Allah, ils y trouveraient certes maintes contradic-

tions!» (Coran 4: 82)

Mohammad Ibn Moussâ Râzi rapporte de son père qu’un jour, on en vint à parler du Coran en présence de l’Imam al-Riḍā (as). L’Imam (as) mentionna avec respect et grandeur les «arguments», «signes» et «le caractère miraculeux de son agencement», puis dit: «Le Coran est une corde solide, une attache ferme, et la plus éminente religion de Dieu parmi les serviteurs. Il guide vers le paradis et sauve de l’enfer. Il ne se périme pas avec le passage du temps, tandis que sa valeur et son influence ne sont pas amenuisées par sa répétition, car Dieu ne l’a pas révélé pour une époque particulière, mais il constitue au contraire la preuve et l’argument pour l’ensemble des hommes durant toute leur vie; ni dans le passé ni dans le futur, le faux n’aura de prise sur lui.»[1]

Les versets équivoques et solides

Les notions d’ «équivoque» (mutashâbih) et de «dénué d’équivoque» (littéralement: «solide») (muhkam) sont deux expressions coraniques trouvant leur origine dans ce verset:

هو الَّذِي أنزَلَ عليك الكِتاب مِنهُ آياتٌ مُحكَمَاتٌ هُنَّ

أمُّ الكِتاب و أخَرُ مُتَشابهاتٌ فأمّا الَّذِين في قُلوبهم زَيغٌ فَيَتَّبِعون مَا تَشَابَهَ مِنه ابتِغاءَ الفِتنة وَابتِغاء تَأوِيلِهِ و ما يَعلَمُ تَأويلَه إِلا اللَّهُ و الرَّاسخون في العِلم يقولون آمنّا به كُلٌّ مِن عِندِ ربِّنا و ما يذّكَّر إلا أولُو الألباب

«C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s’y trouve des versets sans équivoque (muhkamât), qui sont la base du

Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à d’interprétations diverses (mutashâbihât). Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égare-

ment, mettent l’accent sur les versets à équivoque cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît

l’interprétation, à part Allah et ceux qui sont bien enracinés dans la science, qui disent: «Nous y croyons: tout est de la

part de notre Seigneur!» Mais, seuls les

doués d’intelligence s’en rappellent.»

(Coran 3: 7)

Les concepts d’équivoque et de solide

Selon les savants en sciences coraniques et les commentateurs du Coran, les versets dits «solides» (muhkamât) sont ceux qui, du point de vue de leur signification, sont si clairs qu’ils ne laissent aucune place à diverses hypothèses et possibilités de sens.[1]

Les versets dits «équivoques» (mutashâbihât) sont au contraire susceptibles de se voir attribuer plusieurs significations proches. De ce fait, leur signification apparente n’est pas visée et leur signification profonde nécessite d’être dégagée. Dans ce contexte, il est possible que ces versets soient interprétés de façon juste et convenable, ou au contraire de manière fausse. La méthode de l’Imam al-Riḍā (as) pour l’ex-

plication des versets solides et équivoques

En nous basant sur les paroles des Imams (as), nous comprenons qu’il n’y a pas, dans le Glorieux Coran, d’ «équivoque» au sens où la signification véritable d’un verset ne pourrait être connue par aucun moyen. Ainsi, si un verset ne permet pas à lui seul de transmettre sa signification réelle, il peut néanmoins être compris par l’intermédiaire d’autres versets: c’est cela que l’on appelle le fait de renvoyer ce qui est équivoque à ce qui est «solide» et dénué d’ambigüité. A titre d’exemple, les versets:  الرَّحْمَنُ عَلَى الْعَرْشِ اسْتَوَى

«Le Tout Miséricordieux S’est établi (istawâ) sur le Trône.» (Coran 20: 5)

وَجَاء رَبُّكَ

«Et ton Seigneur viendra» (Coran 89: 22)

Deviennent compréhensible lorsqu’ils sont renvoyés au verset:

لَيْسَ كَمِثْلِهِ شَيْءٌ

«Rien ne Lui ressemble» (Coran 42: 11)

Ce dernier verset permet de comprendre que la signification de «s’établir» évoquée dans le premier verset et de «venir» évoquée dans le second et qui sont attribuées à Dieu est autre que le fait de s’établir dans un lieu ou de se déplacer d’un lieu à un autre.[1]

Il est rapporté que l’Imam al-Riḍā (as) a dit: «Quiconque renvoie les versets équivoques du Coran aux versets solides sera guidé dans le droit chemin». Puis il dit: «Parmi nos traditions [paroles], certaines sont ambigües comme les [versets] ambigus du Coran; dès lors, renvoyez celles qui sont ambigües à celles qui sont solides et claires, et ne suivez pas les équivoques, sinon vous vous égarerez.»[2]

L’Imam al-Riḍā (as) a expliqué le sens du contenu de certains versets équivoques en les renvoyant aux versets clairs et solides. Shaykh Sadough en rapporte un exemple en citant Abou Salt Héravi[3] qui a dit: «Au cours d’une assemblée organisée par Ma’moun à laquelle des savants juifs, chrétiens, zoroastriens, sabéens, ainsi que des théologiens et d’autres savants des diverses sectes islamiques étaient présents, après avoir posé plusieurs problèmes, une personne du nom de ‘Ali ibn Mohammad Jaham se leva et demanda à l’Imam al-Riḍā (as): «Croyez-vous à l’impeccabilité (‘isma) des prophètes?» L’Imam (as) répondit: Oui, je crois à cela. Ibn Jaham dit alors: Dans ce cas, que dites-vous à propos de ses versets du Coran:
  وَ عَصَى آدم رَبَّهُ فَغَوَى

 «Adam désobéit ainsi à son Seigneur et
il s’égara» (Coran 20:121)و لقَد هَمَّت به و هَمَّ بِها لَولا أَن رَّأَى بُرهانَ رَبِّه
 «Et elle [Zoleykhâ] le désira. Et il [Joseph] l’aurait désirée n’eût été ce qu’il
vit comme preuve évidente de son Sei-
gneur» (Coran 20:24)
و ظنّ داوُودُ أَنَّما فتنَّاه فَاستَغفَرَ رَبَّه

 «Et David pensa alors que Nous l’avions mis à l’épreuve. Il demanda donc pardon à son Seigneur» (Coran 38:24)
Ou encore, à propos de son excellence Mohammad,
وَتُخْفِي فيِ نَفْسِكَ مَا اللَّهُ مُبْدِيهِ

 «Et tu cachais en ton âme ce qu’Allah allait rendre public»? (Coran 33:37)


L’Imam al-Riḍā (as) dit: Malheur à toi, ô ‘Ali Ibn Jaham! Crains Dieu et n’attribue pas de vils actes aux prophètes. N’interprète pas et ne commente pas le livre de Dieu selon ton avis personnel, laisse cela aux spécialistes, ainsi que Dieu l’a dit:

  وَمَا يَعْلَمُ تَأْوِيلَهُ إِلاَّ اللّهُ وَالرَّاسِخُونَ فيِ الْعِلْمِ

 «Et nul ne connaît son interprétation, à

part Allah et ceux qui sont bien enracinés dans la science». (Coran 3:7)

En réponse à votre difficulté concernant le verset «Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s’égara», en réalité, Dieu a créé son excellence Adam en tant que Sa preuve et Son lieu-tenant sur terre, et Il ne l’a pas créé pour le paradis; or, Adam a effectué cet acte au paradis, et non sur terre. Il va de soi que l’impeccabilité (‘isma) sur terre est nécessaire afin que les mesures de l’Ordre divin soient accomplies. Lorsqu’Adam fut amené sur terre, il devint la preuve et le lieu-tenant de Dieu, et avait la station de l’impeccabilité. Dieu dit:

ثُمَّ اجْتَبَاه رَبُّهُ فَتَابَ عَلَيْهِ وَهَدَى وَعَصَى آدَمُ رَبَّهُ فَغَوَى

 «Adam désobéit ainsi à son Seigneur et il s’égara. Son Seigneur l’a ensuite élu, agréé son repentir et l’a guidé».

(Coran 20:121-122)

 Quant au verset «Et elle [Zoleykhâ] le désira. Et il [Joseph] l’aurait désirée n’eût été ce qu’il vit comme preuve évidente de son Seigneur», Zoleykha eut l’intention de commettre un péché, et si Joseph n’avait pas vu la preuve de son Seigneur, il aurait également eut cette intention. Néanmoins, il était impeccable (ma’soum), et l’impeccable n’a jamais l’intention de pécher ni ne commet de péché. On a ainsi rapporté de l’Imam Sadiq (as) que Zoleykha décida de passer à l’acte mais Joseph décida de ne pas la suivre. Joseph était si incommodé qu’il décida de tuer Zoleykha si elle l’obligeait [à pécher]. C’est pour cela que Dieu l’a éloignée et lui a évité de commettre un meurtre et un acte vil, et a dit:

كَذَلِكَ لِنَصْرِفَ عَنْهُ السُّوءَ وَالْفَحْشَاء إِنَّهُ مِنْ عِبَادِنَا الْمُخْلَصِينَ

«Et c’est ainsi que Nous avons écarté de lui le mal et la turpitude»; (Coran 20:24)

le mal signifiant le meurtre, et la turpitude dési-

gnant la fornication. Concernant le verset «Et David pensa alors que Nous l’avions mis à l’épreuve. Il demanda donc pardon à son Seigneur», il fut révélé à propos de David et fait référence au fait que ce dernier a cru que Dieu n’avait créé personne de plus savant que lui. Pour cette raison, Dieu envoya deux anges vers lui qui montèrent en haut de mihrab, puis apparurent face à David [et l’un d’eux] dit: «Nous sommes deux frères et il y a une dispute entre nous: mon frère a 99 moutons et j’en ai seulement un. Il me demande de le lui donner, quel est votre jugement à ce propos?» David fit preuve de précipitation, et sans avoir demandé de preuve au plaignant ni avoir cherché à s’informer de l’avis de la partie adverse, il prononça un jugement contre la partie adverse et dit: 

لَقَدْ ظَلَمَكَ بِسُؤَالِ نَعْجَتِكَ إِلَى نِعَاجِهِ

 «Il a été certes injuste envers toi en demandant de joindre ta brebis à ses

brebis» (Coran 38:24)

 Ceci alors que Dieu a dit:

يَا دَاوُودُ إِنَّا جَعَلْنَاكَ خَلِيفَةً فيِ الْأَرْضِ فَاحْكُم بَيْنَ النَّاسِ بِالْحَقِّ وَلَا تَتَّبِعِ الْهَوَى

 «Ô David, Nous avons fait de toi un calife sur la terre. Juge donc en toute équité parmi les gens et ne suis pas la

passion». (Coran 38:26)

 Et enfin, concernant son excellence Mohammad (s) à propos de qui Dieu a dit «Et tu cachais en ton âme ce qu’Allah allait rendre public», cela concernait le fait que Dieu l’avait informé des noms de ses épouses dans ce monde et dans l’Au-delà. L’une d’entre elles était Zaynab bint Jahsh qui, à l’époque, était l’épouse de Zayd ibn Hâritha. Son excellence (s) cachait donc le nom de Zaynab dans son cœur et ne l’avait jamais divulgué afin que les hypocrites ne disent pas que le Prophète considérait comme sa propre épouse la femme d’un autre.»

 

[1] . ‘Allāma Tabātabāī, Mohammad Hossein, Quran dar islām, p. 38.

[2] . Shaykh Sadūq, ‘uyūn akhbār al-Riḍā, Vol. 1, p. 290; ‘Atārudī, Azīzullāh, Musnad al-Imām al-Riḍā (as), Vol. 1, p. 308.

[3] . Shaykh Sadūq, ‘uyūn akhbār al-Riḍā, Vol. 1, p. 388.

[1] . Shaykh Sadūq, ‘uyūn akhbār al-Riḍā, Vol. 2, p. 130; ‘Atārudī, Azīzullāh, Musnad al-Imām al-Riḍā (as), Vol. 1, p. 309.

 

 

 

 

Source:Livre: Le commentaire de versets coraniques selon l’Imam Al-Riḍā(as)
Auteur: Ali Sékandari, Reza VatanDoost

Traduction par: Reihaneh Ebrahimi

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