تقي زاده

تقي زاده

vendredi, 08 novembre 2013 08:16

L'empoisonnement de Yasser Arafat confirmé

Yasser Arafat est mort empoisonné au polonium en 2004, ont indiqué mercredi la chaîne d'information Al Djazira et sa veuve Souha. Elles se basent sur le rapport de l'Institut de radiophysique de Lausanne, qui a analysé la dépouille de l'ancien dirigeant palestinien, décédé en 2004 à Paris.

"Les résultats soutiennent modérément l'hypothèse que la mort a été la conséquence d'un empoisonnement au polonium-210", selon le texte.

L'Iran et les grandes puissances se retrouvent durant deux jours à Genève pour tenter de négocier un accord sur le programme nucléaire de Téhéran. Les Américains espèrent cette fois "un premier pas" dans la voie d'un règlement.

"Je crois qu'il est possible d'obtenir cet accord cette semaine mais je ne peux parler que de notre point de vue", a dit le ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, qui mènera l'équipe de négociation à Genève.

Côté occidental le ton est plus réservé. "Nous espérons accomplir des progrès concrets", affirme le porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Catherine Ashton qui préside les travaux. Il précise toutefois que les discussions "sont complexes et entrent dans une phase sérieuse".

"Nous avons fait des progrès mais il y a encore beaucoup de suspicion en Iran sur le comportement et l'approche de certains membres du groupe des 5+1" (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), a prévenu M. Zarif.

Détente

Les négociateurs iraniens avaient réussi lors de la réunion de la mi-octobre à Genève a détendre pour la première fois l'atmosphère et à engager un dialogue subtantiel, pour la première fois directement en anglais, entre tous les participants.

Une autre négociation au long cours avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pourrait par ailleurs porter ses fruits. Son chef Yukiya Amano est invité à Téhéran le 11 novembre pour une visite pendant laquelle un accord pourrait être signé.

Les Occidentaux et Israël sont déterminés à stopper le programme iranien d'enrichissement d'uranium, soupçonné d'être destiné à fabriquer une arme atomique, ce que nie Téhéran qui revendique son droit au nucléaire civil.

Le roi du Maroc Mohammed VI a répliqué mercredi soir aux récents propos du président algérien Abdelaziz Bouteflika sur le Sahara occidental, estimant que Rabat n'avait pas à recevoir de leçons.

Les deux pays voisins ont récemment connu une mini-crise diplomatique, avec le rappel durant quelques jours de l'ambassadeur du Maroc à Alger à la suite d'un discours de M. Bouteflika jugeant plus que jamais d'actualité la mise en place d'un mécanisme international de surveillance des droits de l'Homme au Sahara.

Cette ex-colonie espagnole est contrôlée depuis les années 1970 par Rabat mais est revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, avec le soutien de l'Algérie.

S'exprimant à l'occasion de la commémoration de la Marche verte sur ce territoire, en 1975, Mohammed VI a fait valoir que le Maroc refus(ait) de recevoir des leçons (...), surtout de la part de ceux qui bafouent systématiquement les droits de l'Homme.

Le souverain chérifien a accusé les adversaires du royaume de recourir à l'argent et à d'autres avantages pour tenter d'acheter les voix et les prises de position de certaines organisations internationales.

Ils dilapident de la sorte les richesses et les ressources d'un peuple frère, que cette question ne concerne pas mais se dresse plutôt comme une entrave à l'intégration maghrébine, a-t-il ajouté.

Le différend entre Rabat et Alger sur le Sahara occidental entrave la mise en oeuvre de l'Union du Maghreb arabe (UMA).

mardi, 05 novembre 2013 23:05

Imam Hussein ibn Ali, le maitre des Martyrs

L'Imam Hussein (Sayyidous-Shohadâ « Le seigneur des martyrs » le deuxième fils d'Ali et Fatima, est né en l'an 4 de l'Hégire; après le martyre de son frère, l'Imam Hassan al-Modjtabâ, il devint Imam par Ordre divin et selon la volonté de son frère.

L'Imam Hussein fut Imam pour une période de dix ans, dont la totalité, excepté les six derniers mois, coïncida avec le califat de Mou’awiyah.

L'Imam Hussein vécut dans des conditions de répression et de persécution des plus pénibles. Ceci parce que les lois religieuses avaient perdu beaucoup de leur poids et de leur crédit, alors que les édits du gouvernement omeyyade avaient acquis une puissance et une autorité totale.

De plus, Mou'awiyah et ses collaborateurs utilisèrent tous les moyens possibles pour écarter définitivement du pouvoir la famille du Prophète et les chi’ites, et supprimer ainsi le nom d'Ali et celui de sa famille.

Par-dessus tout, Mu'awiyah voulait renforcer l'assise du califat de son fils, Yazid, auquel un important groupe de musulmans était défavorable, en raison de son manque de principes et de scrupules. Afin d'écraser toute opposition, Mou'awiyah prit de nouvelles mesures plus sévères.

L'Imam Hussein dut endurer toutes sortes d'humiliations de la part de Mou'awiyah et de ses collaborateurs; jusqu'à ce qu'au milieu de l'année 60, Mou'awiyah mourut et que son fils Yazid prit sa place.

Prêter allégeance (baye ah) était une vieille pratique arabe accomplie dans les occasions importantes, telles que l'intronisation d'un nouveau roi. Ceux qui étaient gouvernés, et surtout les plus connus d'entre eux, donnaient leurs mains en signe d'allégeance, de consentement et d'obéissance à leur prince ou leur roi, leur manifestant ainsi leur approbation.

Le désaccord après l'allégeance était considéré comme un déshonneur pour une tribu de même que résilier un contrat après l'avoir signé officiellement était considéré comme un crime.

Suivant l'exemple du Prophète, les gens pensaient que l'allégeance, quand elle était prêtée librement et non par force, faisait autorité. Mou'awiyah demanda aux notables de prêter allégeance à Yazid mais n'imposa pas cette requête à l'Imam Hussein, Il avait dit à Yazid dans ses dernières volontés, que si Hussein refusait de prêter allégeance il devait faire comme si de rien n'était, car il avait bien compris les conséquences désastreuses qu'aurait entraînées le recours à la force.

Mais à cause de son égoïsme et de sa témérité, Yazid négligea le conseil de son père et, immédiatement après la mort de ce dernier, ordonna au gouverneur de Médine d'obtenir de force un serment d'allégeance de l'Imam Hussein, ou alors d'envoyer sa tête à Damas.

Après que le gouvernement de Médine eût informé l'Imam Hussein de cette demande, ce dernier demanda un délai de réflexion avant de répondre et partit dans la nuit avec sa famille vers la Mecque. Il chercha refuge dans le sanctuaire de Dieu, lieu officiel de refuge et de sécurité.

Cet événement advint vers la fin du mois de Radjab et le début de Sha'bân de l'an 60 de l'Hégire. Pendant près de quatre mois l'Imam Hussein demeura à la Mecque, en réfugié. Cette nouvelle se répandit à travers tout le monde islamique.

D'une part, beaucoup de personnes qui étaient lasses des iniquités de Mou'awiyah et encore plus mécontentes lorsque Yazid devint calife, écrivirent à l'Imam Hussein et lui exprimèrent leur sympathie.

D'autre part, un torrent de lettres commença à affluer, spécialement de l'Iraq et surtout de la ville de Kouffa, invitant l'Imam à aller en Iraq et à accepter de prendre la tête de la population locale dans le but de provoquer un soulèvement et de réprimer l'injustice et l'iniquité. Une telle situation était certainement dangereuse pour Yazid.

Le séjour de l'Imam Hussein à la Mecque se prolongea jusqu'à l'époque du pèlerinage, alors que des musulmans de toutes les régions du monde arrivaient par groupes pour accomplir les rites du pèlerinage. L'Imam découvrit que quelques uns des partisans de Yazid étaient entrés à la Mecque comme pèlerins, avec mission de le tuer pendant les rites du Hadjdj, à l'aide d'armes cachées sous leurs habits de pèlerins (ihràm).

L'Imam abrégea les rites du pèlerinage et décida de partir. Il se dressa au milieu de la grande foule des pèlerins et, en un bref discours, annonça qu'il s'apprêtait à partir pour l'Iraq. Dans ce discours, il déclara également qu'il tombera en martyr et demanda aux musulmans de l'aider à atteindre le but qu'il s'était fixé et d'offrir leurs vies sur le chemin de Dieu. Le jour suivant, il partit avec sa famille et un groupe de ses compagnons pour l'Iraq.

L'Imam Hussein était déterminé à ne pas prêter serment d'allégeance à Yazid et savait très bien qu'il sera tué. Il était conscient que sa mort était inévitable en face de la puissance militaire effrayante des Omeyyades, favorisée par la corruption dans certains secteurs, le déclin spirituel, le manque de volonté dans le peuple, surtout en Iraq.

Certaines des personnes en vue de la Mecque se tinrent sur le chemin de l'Imam pour le mettre en garde des dangers que comportait son voyage. Il répondit qu'il refusait de prêter allégeance et d'approuver un gouvernement injuste et tyrannique. Il ajouta qu'il savait que, où qu'il aille, il serait assassiné et qu'il quittait la Mecque pour préserver la Maison de Dieu et éviter que son sang y soit versé.

Sur le chemin de Kouffa et à quelques jours de marche de la ville, il reçut la nouvelle que l'agent de Yazid à Kouffa avait exécutée le représentant de l'Imam dans la cité ainsi que l'un de ses sympathisants bien connu à Kouffa. Leurs pieds avaient été attachés et ils furent traînés dans les rues.

La ville et les environs avaient été placés sous stricte surveillance et d'innombrables soldats de l'ennemi attendaient Hussein. Il n'y avait pas d'autre choix pour lui que d'avancer vers la mort. Ce fut là que l'Imam exprima sa ferme détermination à aller de l'avant et à mourir en martyr.

A soixante dix kilomètres de Kouffa dans un désert nommé Karbala, l'Imam et son entourage furent encerclés par l'armée de Yazid : Pendant huit jours, ils demeurèrent là, alors que l'encerclement se rétrécissait et que le nombre des ennemis augmentait. Finalement l'Imam, avec sa famille et un petit nombre de ses compagnons furent encerclés par une armée de trente mille soldats.

Durant ces jours, l'Imam fortifia sa position et fit une sélection parmi ses compagnons. La nuit, il appela ses compagnons et, en une brève allocution déclara qu'il n'y avait rien à espérer sinon la mort et le martyre; il ajouta que, puisque l'ennemi n'était intéressé qu'à sa propre personne, il les libérait de toute obligation afin que, s'ils désiraient fuir dans l'obscurité de la nuit ils puissent sauver leur vie.

Ensuite, il ordonna d'éteindre les lumières et la plupart de ses compagnons, qui l'avaient rejoint par intérêt personnel, se dispersèrent. Seuls restèrent une poignée de ceux qui aimaient la vérité - environ quarante parmi ses proches collaborateurs - et quelques uns des Banou Hâchim. De nouveau, l'Imam rassembla ceux qui restèrent et les soumit à une épreuve.

Il s'adressa à eux, compagnons et proches hâchimites, leur répétant que l'ennemi ne s'intéressait qu'à sa personne. Chacun pouvait tirer avantage de l'obscurité de la nuit et échapper au danger. Mais cette fois, les fidèles compagnons de l'Imam répondirent, chacun à sa manière, qu'ils ne dévieraient pas un seul instant du chemin de la vérité dont l'Imam était le guide et qu'ils ne l'abandonneraient jamais.

Ils dirent qu'ils défendraient sa famille jusqu'à leur dernière goutte de sang et aussi longtemps qu'ils pourraient tenir un sabre à la main.

Au neuvième jour du mois, un dernier ultimatum l'invitant à choisir entre " prêter serment d'allégeance ou la guerre " fut adressé à l'Imam par l'ennemi. L'Imam demanda un délai pour prier toute la nuit et se détermina à entrer dans la bataille le jour suivant.

Au dixième jour de Moharrem de l'an 61 (680), l'Imam s'aligna en face de l'ennemi avec son petit groupe de fidèles, de moins de quatre vingt dix personnes se composant de quarante de ses compagnons, et de trente membres de l'armée ennemie qui l'avaient rejoint pendant la nuit et le jour de la bataille ainsi que de sa famille hâchimite : enfants, frères, neveux, nièces et cousins.

Ce jour là, ils se battirent jusqu'à leur dernier souffle, et l'Imam, les jeunes hâchimites et ses compagnons tombèrent tous en martyrs. Parmi ceux qui furent tués figuraient deux enfants de l'Imam Hassan, qui n'étaient âgée que de treize et onze ans, ainsi qu'un enfant de cinq ans et un nourrisson, tous deux fils de l'Imam Hussein.

L'armée de l'ennemi, après la fin de la bataille, pilla le harem de l'Imam et brûla ses tentes. Elle décapita les corps des martyrs, les dévêtit et les jeta sur le sol sans les enterrer.

Ensuite, elle emmena les membres du harem - des femmes et des filles sans défense - ainsi que les têtes des martyrs, à Kouffa Parmi les prisonniers, il y avait trois hommes de la famille de l'Imam: un de ses fils, âgé de vingt deux ans, qui était très malade et incapable de bouger, Ali Ibn Hussein, le futur quatrième Imam, le fils de ce dernier, alors âgé de quatre ans, Mohammad Ben Ali, qui devait devenir le cinquième Imam et enfin Hassan Moçannâ, le fils du deuxième Imam qui était également le beau-fils de l'Imam Hussein et gisait blessé pendant la bataille, parmi les morts.

Il fut trouvé presque mourant et grâce à l'intervention d'un général ne fut pas décapité. On l'emmena plutôt avec les prisonniers à Kouffa et de là Damas pour paraître devant Yazid.

L'événement de Karbala, la capture des femmes et des enfants de la Maison du Prophète, leur déplacement de ville en ville comme prisonniers et prisonnières et les discours prononcés par Zaynab, la fille d'Ali, ainsi que par le quatrième Imam, tous deux au nombre des prisonniers, provoquèrent la disgrâce des Omeyyades.

De tels abus envers la famille du Prophète neutralisèrent la propagande soutenue par Mou'awiyah depuis des années. L'affaire prit de telles proportions que Yazid désavoua et condamna publiquement les actions de ses agents.

L'événement de Karbala joua un rôle majeur dans le renversement du gouvernement omeyyade, bien que son effet fût retardé. Il renforça également les racines du shiisme. Comme conséquence immédiate, il y eut les révoltes et les guerres sanglantes qui se poursuivirent pendant douze années.

Parmi ceux qui causèrent la mort de l'Imam, aucun ne put échapper à la vengeance punitive.

Quiconque étudie attentivement la vie de l'Imam Hussein et de Yazid et les conditions régnant à l'époque, se convaincra que l'Imam Hussein n'avait d'autre choix que de se faire martyriser. Jurer serment d'allégeance à Yazid aurait signifié une démonstration publique de mépris envers l'Islam, chose impossible pour l'Imam.

Car Yazid, non seulement ne manifestait aucun respect pour l'Islam et ses commandements mais encore, foulait publiquement aux pieds, sans la moindre pudeur, ses fondements et ses lois. Les prédécesseurs, même s'ils s'opposaient aux règles religieuses, le faisaient toujours en conservant les apparences de la religion : ils respectaient la religion au moins dans ses formes extérieures.

Ils s'enorgueillissaient d'être des Compagnons du Prophète et des autres saints personnages en lesquels le peuple avait confiance.

De ceci, on peut conclure du caractère erroné de l'opinion de certains interprètes de ces événements selon qui les deux frères Hassan et Hussein, avaient des goûts différents, l'un choisissant la voie de la paix et l'autre la voie de la guerre, de sorte que l'un des frères fit la paix avec Mou'awiyah tout en étant fort d'une armée de quarante mille hommes, alors que l'autre partit en guerre contre Yazid avec une armée de quarante hommes.

Nous voyons que le même Imam Hussein qui refusa de prêter serment à Yazid pour un jour, vécut pendant dix ans sous le gouvernement de Mou'awiyah de la même manière que son frère qui endura aussi pendant dix ans le règne de Mou'awiyah, sans s'opposer à lui.

SON ENFANCE

L'Imam Hussein est le fils d’Ali (as) et Fatima Zahra (as) il est né le 3 Cha'bane de la 4ème année de l'Hégire.

Le prophète (sas) fut ravi lors de cette naissance, cette bonne nouvelle et dés qu'il en eut connaissance, il accourut auprès de sa fille lorsqu'elle eut accouché de ce deuxième enfant.

Comme pour son aîné al Hassan(as), al Hussein(as) eut comme mentor le prophète(sas) ainsi que ses parents, le meilleur des entourages possibles pour une parfaite éducation.

C'est Mohammed (sas) lui-même qui récita les premières invocations à l'oreille de son petit-fils al Hussein (as) tout comme il l'avait fait auparavant à al Hassan (as).

Le septième jour de sa naissance, l'Imam Ali (as) fit le sacrifice du mouton et distribua la viande aux pauvres et aux orphelins.

Le prophète (sas) aimait beaucoup al Hussein (as) et lorsqu'il lui fut révélé son futur martyr, il ne put plus jamais supporter ses pleurs de nourrisson. Aussi, depuis ce jour, il ne cessa de répéter autour de lui ces paroles concernant al Hussein (as).

"Al Hussein est de moi et moi, je suis d'al Hussein ! Il sera un Imam et est le fils d'un autre Imam ! De sa descendance proviendra neuf autres Imams dont le dernier sera al Mahdi qui réapparaîtra vers la fin des temps pour remplir la terre de justice et d'équité, alors qu'elle aura été remplie d'injustice et d'iniquité."

SA VIE ET SON RÔLE DANS L'ISLAM

Al Hussein (as) passa ses 6 premières années avec son grand-Père, malgré son jeune âge, il apprit toute la morale du sceau de la prophétie jusqu'au jour où Allah décida de reprendre son dernier Messager auprès de lui.

Après cela, al Hussein passa 30 ans dans l'ombre de l'Imamat de son père Ali (as) et endurait avec lui et son frère l'injustice des musulmans. Par la suite, il allait participer pleinement au grand sacrifice qui tentera de préserver l'unité de l'Islam.

Son frère aîné al Hassan (as) devint Imam après le décès de son père. Al Hassan (as) fut assassiné sous l'ordre de Mo'awya ibn abou Soufiane, qui voulait par ce crime créer le vide spirituel et politique, afin de faciliter l'accession future de son fils Yazid au pouvoir de l'Islam.

Après le martyre de son frère, al Hussein (as) devint Imam pour une période de dix ans. Durant ces 10 ans Mo'awya resta Calife excepté les 6 derniers mois, qui coïncideront à l'accession inique de Yazid au Califat.

A la fin de ces 6 derniers mois, al Hussein (as) allait devenir le maître des martyres.

L'Imam al Hussein (as) vécut dans les plus pénibles conditions. Il dû subir les répressions et les persécutions les plus pénibles.

Mo'awya et son gouvernement avaient acquis pendant 10 ans, une puissance et une autorité telle que les lois religieuses avaient perdu beaucoup de leur poids et de leur crédibilité. Le Califat dévié utilisa tous les moyens possibles afin d’n’écarter à jamais la possibilité d'accession au pouvoir de la famille du Prophète et leurs Chiites (Partisans).

Mais en tout premier lieu, le but de Mo'awya était de pouvoir renforcer la future accession au Califat de son fils, Yazid, envers qui une grande partie des musulmans était défavorable. Il faut savoir et ce n'est pas un secret, que l'on soit Chiite ou Sunnite, que Yazid n'avait aucun principe et que ce n'était pas une personne de bien.

Mo'awya décréta des mesures sévères afin d'apposer son autorité et les humiliations envers al Hussein(as) et la famille du prophète(sas) fera partie de ces mesures jusqu'à la fin de l'injuste vie de Mo'awya en l'an 60 de l'Hégire.

Yazid accéda donc au Califat selon les directives et les infamies prévues par son père.

Mo'awya peu de temps avant de mourir avait demandé aux notables musulmans qu'ils prêtent serment d'allégeance à Yazid.

Malgré tout, al Hussein (as) ne fut pas contraint de prêter serment d'allégeance, peut-être est-ce dut au fait que Mo'awya se sentait mourir et que l'approche du jugement se faisait courte ? Ce que nous savons, c'est qu'il avait dit à Yazid dans ses dernières volontés, que si al Hussein(as) devrait refuser de prêter allégeance, qu'il ne devrait jamais le contraindre.

Yazid n'écouta pas les conseils de son père (qui dans la fin de sa vie sentant la mort venir avait eut plus de lucidité).

L'égoïsme et la méchanceté de Yazid l'emportèrent immédiatement après la mort de ce dernier.

Al Hussein (as) se trouvait à Médine et le Califat imposteur se trouvait à Koufa. Donc Yazid donna l'ordre au gouverneur de Médine qu'il fasse prêter serment d'allégeance à l'Imam al Hussein (as) et il ajouta qu'en cas de refus, que sa tête devrait être tranchée et envoyée à Damas.

Al Hussein (as) fut mis au courant par le gouvernement de Médine de l'ordre de Yazid et il demanda un délai de réflexion et profita de ce délai pour partir à la Mecque avec sa famille, où il chercha refuge dans l'enceinte Sacrée d'Allah, lieu qui le mettra à l'abri de l'injustice. Ceci se déroula entre les mois de Rajab et Cha'bane de l'an 60 de l'Hégire.

Durant 4mois al Hussein (as) resta à la Mecque. Toute la nation Islamique fut au courant du geste d'opposition envers le Calife imposteur de Koufa. Beaucoup de musulmans envoyèrent des lettres où se déplacèrent afin de soutenir l'initiative du petit-fils de l'envoyé d'Allah.

Des gens de l'Irak et particulièrement de Koufa, ces derniers en avaient eu assez du Califat de Mo'awya et redoutaient encore plus celui de son fils. Les gens de l'Irak demandèrent à al Hussein (as) qu'il soit leur guide et qu'il accepte de prendre le commandement de la population dans une perspective de soulèvement contre Yazid.

Al Hussein (as) resta à la Mecque jusqu'a la période du Pèlerinage (al Hajj) et lors de cet évènement rituel, quelques fidèles au pouvoir de Yazid se rendirent à la Mecque comme pèlerins, avec l'ordre de le tuer à l'aide d'armes cachées sous leurs habits pendant qu'ils étaient en état d' IHRAM (sacralisation)

L'Imam abrégea les rites du pèlerinage et décida de partir. Il se dressa au milieu de la grande foule des pèlerins et, en un bref discours, annonça qu'il s'apprêtait à partir pour l'Irak.

Dans ce discours, il déclara également qu'il tomberait bientôt en martyr et demanda aux musulmans de l'aider à atteindre le but qu'il s'était fixé, il leurs demanda d'offrir leurs vies sur la voie d'Allah. Le jour suivant, il partit avec sa famille et un groupe de ses partisans vers l'Irak.

Al Hussein (as) était déterminé à ne pas prêter serment d'allégeance à Yazid et savait très bien qu'il serait tué. Il était conscient que sa mort était inévitable, qu'il serait face à la puissance militaire des Omeyyades.

L’Imam (as) se dirigeait vers Koufa et avant d'y arriver, il envoya un émissaire digne de confiance dans la ville, afin de voir si les gens de Koufa qui l'avaient invité comme guide de l'Islam étaient toujours bien disposés et n'avaient pas retournée leur foi.

Mais les gens de Koufa avaient pour la plupart reniés leurs paroles envers al Hussein (as) et pour la plupart avaient peur des hommes de Yazid se trouvant dans les murs de la ville.

Ces derniers étaient commandés par Oubaidallah ibn Zyad qui fit exécuter l'émissaire de l'Imam, ainsi que l'un de ses sympathisants bien connu à Koufa.

Leurs pieds avaient été attachés et ils furent traînés dans les rues. La ville et les environs avaient été placés sous stricte surveillance et d'innombrables soldats de l'ennemi attendaient al Hussein (as). Il n'y avait pas d'autre choix pour lui que d'avancer vers la mort.

Ce fut là que l'Imam exprima sa ferme détermination à aller de l'avant et à mourir en martyr. KOULOU YAWMINE 'ACHOUA WA KOULOU ARDHINE KARBALA "CHAQUE JOUR EST 'ACHOURA et CHAQUE TERRE EST KARBALA"

Parole de l'Imam Ja'far as-Sadeq (as)

Lorsque l'Imam al Hussein (as) et ses compagnons arrivèrent dans le désert de Karbala, ils furent encerclés par l'armée de Yazid.

Débuta alors un siège de 8 jours, al Hussein (as) et ses compagnons restèrent dans ce désert attendant que l'étau se réduise peu à peu autour d'eux. Ils demeurèrent en attente, alors qu'entre-temps, le nombre des ennemis augmentait.

L'armée de Yazid comptait près de 30.000 hommes, un immense détachement contre une poignée d'homme que la sècheresse et la faim avaient pourtant déjà accablé. Pourtant, le fait que Yazid ait détaché autant de moyens contre al Hussein (as) ne doit pas nous étonner.

Pendant le siège, l'Imam mit tout en oeuvre afin de consolider ses positions, pour ce faire, il sélectionna les plus vaillants (les moins affaiblis) parmi les hommes fidèles qui l'avaient suivis.

Durant la nuit, il entama un prône assez bref concernant les espérances à avoir sur l'issue de l'affrontement rendu inévitable.

Il n'y avait rien à espérer sinon la mort et le martyre. L'Imam al Hussein (as) dit alors aux hommes qu'ils n'étaient plus tenus de rester à ses côtés car seule sa personne intéressait l'ennemi. Il les libérait de toute obligation pour qu'ils puissent fuir sans se faire repérer et ainsi sauver leurs vies.

Une quarantaine d'hommes restèrent au près d'al Hussein (as), ainsi que les membres des Beni Hachim présent.

A nouveau, l’Imam (as) dit à ceux qui étaient restés que seule sa personne intéressait les injustes et qu'ils pouvaient fuir s'ils le désiraient. Ceux qui étaient restés lui répondirent qu'ils ne se détourneraient pour rien au monde du chemin de la vérité sur lequel ils étaient à l'instant.

Ils raffermirent leurs convictions concernant l'évidence de la véracité de leurs actions commune avec al Hussein (as) et ils jurèrent qu'ils ne l'abandonneraient jamais.

La dernière goutte de sang de leur corps serait pour sauver la vie d'al Hussein et sa famille.

Le jour précédent l'affrontement, l'Imam al Hussein (as) demanda un délai pour prier toute la nuit et se détermina à entrer dans la bataille le lendemain.

Le 10ème jour du mois de Mouharam de l'année 61 de l'Hégire, l'Imam fit face à l'ennemi avec son petit groupe de fidèles, de moins de 80 personnes.

Parmi eux, figuraient 40 compagnons, et de une trentaine de membres de l'armée de Yazid qui sur un élan de foi, l'avaient rejoint durant la nuit et le jour même du conflit. Le reste de ce petit groupe étaient sa propre famille.

Ce jour est appelé youm al achoura ce jour terrible, l’Imam (as) et ses compagnons se battirent jusqu'à la mort, et ils devinrent à jamais les martyrs de Karbala.

Parmi ces martyrs, il y avait aba Fadhl al Abbas(as) qui lutta jusqu'a avoir les bras coupés pour que l'étendard du prophète(sas) reste levé face à l'armée injustes.

Parmi les martyrs, il y avait 2 enfants de l'Imam al Hassan (as), qui n'étaient âgés que de 13 et 11 ans.

Il y avaient aussi les jeunes enfants de l'Imam al Hussein(as), qui n'étaient âgés que de 5 ans pour l'un et quelques mois pour l'autre. Le bébé fut tué d'une flèche de l'armée maudite.

Les ennemis d'al Hussein (as) et de l'Islam décapitèrent les corps des martyrs, les mirent à nus et les laissèrent sur le sol sans les inhumer.

Après, ils emmenèrent les membres restant de la famille d'al Hussein (as) ainsi que les têtes des martyrs, à Koufa pour les exhibées devant les injustes.

Parmi les prisonniers, il y avait Ali ibn al Hussein, Zayn al abidine (as), ainsi que le futur quatrième Imam, son fils de 4 ans, Mohammad ibn Ali, al Baqr (as) qui devait devenir le cinquième Imam et enfin Hassan Moussanna qui fut trouvé presque mort et sauvé in extremis de décapitation.

La tragédie de Karbala reste et restera l'évènement marquant la cruauté des hypocrites. La manière avec laquelle ils ont traités les survivants, femmes et enfants, leur faisant faire figuration devant les gens de ville en ville comme des prisonniers fut également atroce, pour eux la mort aurait été peut-être moins avilissante.

Les proclamations de face Verdana Zayneb al Koubra(as) ainsi que les discours proclamés par Zayn al abidine, le 4ème Imam, contre l'oppression des Omeyyades, alors qu'ils étaient eux 2 prisonniers, provoquèrent dans les temps qui suivirent, le déclin des Omeyyades.

La fausseté du pouvoir soutenu par Mo'awya depuis des années tomba après que cet atrocité ouvrit les yeux de ceux qui ne l'avaient pas encore fait car, l'affaire prit une telle ampleur que Yazid lui-même nia être mêlé à cet acte injuste et condamna publiquement les actions qu'il avaient ordonnée à ses délégués.

Le peuple après, il faut le dire avoir été passif ou ignorant commençât à organiser des manifestations contre Yazid et tout le pouvoir Omeyyades pendant une douzaine d'année. Durant cette période, beaucoup de sang coula mais le retour aux vraies valeurs de l'Islam, celui de Mohammed (sas) et sa Sainte famille (as) n'en fut que renforcé.

La vie de l'Imam al Hussein (as) fut sacrifiée, mais ce ne fut pas en vain.

Contre l'oppression des tyrans, l’Imam al Hussein (as) lutta d'abord verbalement et puis, le choix ne lui ayant pas été donné, il tomba comme martyr.

Aujourd'hui des millions de musulmans à travers le monde se remémorent chaque année ce récit tragique, pour que personne ne l'oublie.

 

QUELQUES PAROLES DE L'IMAM AL HUSSEIN (as)

-Je ne vois en la mort qu'un bonheur et en la vie parmi les injustes qu'une angoisse.

-Les gens sont les esclaves de cette vie alors qu'ils tâtent à peine la religion. Ils continuent à garder cette dernière tant qu'elle leur rapporte du bien, mais dés qu'ils sont touchés par l'épreuve, les religieux deviennent rares.

-Si vous n'arrivez pas à être de bons croyants alors au moins soient des hommes libres.

mardi, 05 novembre 2013 23:00

l`Imam Hussein et Achoura

« Achoura », l'événement historique crucial, cette tragédie est l'aboutissement du soulèvement de l'Imam al-Hussayn, qui avait pour but de donner un coup d'arrêt à la légalisation et à la généralisation de la déviation du Message de l'Islam par les Omayyades, et notamment par Yazid qui avait placé son pouvoir personnel et ses vices au-dessus de tous les tabous islamique, et dont les soldats n'ont pas hésité, sur ses ordres, à sévir contre la ville du Prophète, Médine, en s'y livrant à un génocide barbare et à des viols collectifs, avant de marcher sur la Mecque, pour y détruire et incendier la Maison de Dieu, la Sainte Ka'ba.

«Je ne me rendrai jamais à vous comme un soumis, ni ne me résignerai jamais comme un esclave». l’Imam al- Hussein (AS)

La place particulière qu'al-Hussayn occupait dans le coeur du Prophète et des Musulmans, le sacrifice inégalable qu'il a consenti pour défendre la cause sublime à laquelle il s'est identifié, les pratiques odieuses et la répression sanguinaire des autorités illégitimes qu'il a combattues, tous ces facteurs ont fait du soulèvement du petit-fils du Messager de Dieu, le symbole de la résistance à tous les pouvoirs tyranniques et déviationnistes, et l'inspirateur de maintes révoltes et révolutions que les masses musulmanes ont déclenchées depuis lors contre des gouvernants despotiques qui avaient tendance à faire passer le souci de la conservation du pouvoir ou "la raison d'Etat" avant la morale islamique et les préceptes de la Chari'a.

La "Chari'a" islamique définit la conduite politique et la fonde sur des règles morales, doctrinales et juridiques rigoureuses. Elle accorde aux pactes et aux traités une immunité inviolable. Dieu dit, en effet:

«Ô vous qui croyez! Respectez vos engagements...» (Coran, V, 1) et: «Tenez vos engagements, car les hommes seront interrogés sur leurs engagements». (Coran, XVII, 34)

Les Imams d'Ahl-ul-Bayt (l'Imam 'Ali et ses descendants) représentaient à cet égard l'exemple à suivre. En tant que continuateurs de l'expérience du Prophète, et gardiens du Message ils tenaient à ce que leur conduite politique soit l'incarnation et l'application effective de la jurisprudence politique de la chari'a islamique. La devise: «La fin justifie les moyens» n'ait guère la leur.

La morale primait tout lorsqu'ils étaient aussi bien avec les masses populaires qu'avec les adversaires. Cette morale politique leur à certes coûté, très cher, dans la lutte acharnée qu'il ont menée contre la corruption et la déviation des Omayyades et ensuite des Abbassides. Mais qu'importait pour eux! Ce dont ils se souciaient, n'était point de remporter des victoires éphémères et momentanées, mais de fixer des règles et des attitudes que l'histoire devrait enregistrer et que les générations futures devront suivre. Après tout, ils étaient les continuateurs de la Tradition du Prophète, et leur mission ne se limitait pas à leur époque contemporaine, mais s'étendait à toute l'histoire future l'humanité.

En plus des facteurs qui ont attisé les flammes de la révolution et galvanisé l'ardeur de l'opposition qui réclamait l'application des statuts de la justice et de l'égalité que l'Islam avait promulgués, ainsi que le respect de la volonté de la Umma et des valeurs et des principes relatifs au gouvernement, à la politique et à la façon de traiter la Umma, il y avait des facteurs économiques et financiers qui justifiaient le Soulèvement des défenseurs de l'Islam vrai. En effet, le régime Omayyade avait suspendu les lois de la distribution économique (promulguées par l'Islam) établissant l'égalité dans les dons distribués, l'interdiction de l'accaparement, l'obligation de la solidarité l'entraide sociales au bénéfice des classes démunies, et la lutte contre la pauvreté. En effet le Coran dit:

«Annonce un châtiment douloureux à ceux qui thésaurisent l'or et l'argent sans rien dépenser dans le chemin de Dieu». (Coran, IX, 34) et «Ce que Dieu a octroyé à Son Prophète comme butin pris sur les habitants des cités appartient à Dieu et à Son Prophète, aux pauvres, au voyageur, afin que ce ne soit pas attribué à ceux d'entre vous qui sont riches. Prenez ce que le Prophète vous donne, et abstenez-vous de ce qu'il vous interdit. Craignez Dieu! Dieu est terrible dans Son Châtiment!» (Coran, LIX, 7).

L'histoire nous montre clairement la disparité dans le niveau de vie des deux catégories qui composaient la Umma. Une majorité démunie et vivant dans la privation, et une minorité qui ne savait que faire de l'argent dont elle s'accaparait.

Ces fortunes colossales pour l'époque ne pouvaient laisser indifférentes la majorité écrasante des masses Musulmanes qui réclamaient l'application des principes égalitaires de l'Islam.

En voyant Yazid vautré dans une vie de débauche et préoccupé de ses chiens, de ses singes et de ses boissons, et en constatant que son entourage et ses gouverneurs faisaient de même (c'est l'époque de Yazid que le chant public, la consommation d'alcool et l'apparition des clubs de nuit, ont vu le jour à la Mecque et à Médine), les classes défavorisées soucieuse de voir s'appliquer l'égalité islamique, se sont tourné al-Hussayn, pour qu'il rétablisse la situation en tant que dirigeant capable d'appliquer les statuts et les lois islamiques qu'elles avaient connus à l'époque du Prophète.

Situation politique pourrie où prévalaient corruption, népotisme et déviation, doublée d'une injustice économique flagrante, toutes les conditions objectives et légales étaient pour un soulèvement général que l'Imam al-Hussayn ne pouvait pas légalement ne pas déclencher.

Ce petit-fils du Prophète et fils de l'Imam 'Ali, investi qu'il était, par le Texte, de la mission de sauvegarder le Message islamique, ne pouvait pas faillir à cette mission en restant les bras croisés alors que les valeurs de l'Islam étaient bafouées publiquement et ouvertement; même s'il était sans illusion quant à l'issue immédiate de sa révolution. Il lui importait peu qu'il remporte ou non la bataille qu'il devait livrer. Pour lui, ce qui comptait c'était d'accomplir sa Mission divine, et de réaliser la victoire de sa Cause. De là sa grandeur et la noblesse de sa Révolution exemplaire.

En décidant de réagir et de ne pas céder aux pressions omayyades, al-Hussayn savait pertinemment qu'il avait affaire à forte partie: Mu'âwîyah avait pu renforcer solidement le pouvoir des Omayyades; et à une partie difficile et intraitable: si lui-même n'avait pour arme que les principes, les valeurs et les idéaux dont il ne pouvait ni ne voulait n'écart, ses adversaires n'hésitaient devant rien: tous les moyens leur étaient bons: la ruse, le mensonge, l'assassinat, la déviation, l'immoralité.

A un pouvoir solidement assis, à la riche fabuleuse de la Umma islamique dont les Omayyades disposaient, et aux moyens perfides qu'ils utilisaient, l'Imam al-Hussayn ne pouvait opposer que sa foi, son intégrité, son prestige moral et ses principes. De là, la valeur et le symbole de son combat.

Avant de quitter Médine par refus de prêter serment d'allégeance au Califat illégal de Yazid, l’Imam Husseine se rend au tombeau du Prophète et dit:

«Ô mon Dieu! ici se trouve le tombeau de Ton Prophète, et je suis le fils de la fille de Ton Prophète. TU sais ce qu'il m arrive. Ô mon Dieu! J'aime le bien et je renie le mal. Je Te demande, Ô Toi qui es plein de majesté et de munificence, par ce tombeau et celui qui y gît, de ne me faire faire que ce qui Te satisfait et satisfait Ton Prophète».

Et rappelant aux Musulmans leur devoir de s'opposer à Yazid, l'Imam al-Hussayn dit:

«Ô gens! Le Messager de Dieu a dit: Celui qui voit un Sultan injuste qui rend légal ce que Dieu a interdit, qui transgresse le pacte qu'il a conclu devant Dieu, qui dévie la Sunna du Messager de Dieu, qui agresse les Musulmans et commet des péchés contre eux, sans qu'il s'oppose à lui (à ce sultan) ni par une parole ni par une action, Dieu lui réservera obligatoirement le même traitement qu'IL réserve à ce sultan».

Mais consterné par l'attitude passive des Musulmans face à la situation corrompue sous le califat de Yazid, I'Imam al-Hussayn affirma à ses compagnons sa détermination de poursuivre jusqu'au bout sa Révolution:

«Il nous est arrivé ce que vous pouvez vous-mêmes constater. Le monde a changé, s'est renié, et le bien s'est éclipsé... Il n'en reste que quelques égouttures pareilles aux égouttures d'un verre d'eau vidé, et la vilenie, comme dans un pâturage insalubre.

Ne voyez-vous donc pas qu'on néglige le vrai et qu'on ne s'interdit plus réciproquement le faux? Que le fidèle pieux s'attache à rencontrer son Seigneur en étant sur le bon chemin. Car je ne vois la mort que comme un bonheur, et la vie avec les injustes que comme une source d'ennui et de lassitude».

Al-Hussayn ne considérait pas les choses en politicien ni en un simple homme politique avisé, mais en missionnaire ayant vécu dans le giron du Messager de Dieu et de l'Imam 'Ali, élevé dans une atmosphère de révélation et de prédiction, et investi d'une mission divine en tant qu'héritier du Prophète, continuateur de son action, et gardien du Message qu'il avait apporté. Il se préoccupait moins de l'issue immédiate de sa Révolution que de l'avenir d'un Message qui devrait s'étendre au restant de la vie de l'humanité.

Ainsi, alors que les proches et les partisans d'al-Hussayn pensaient que sa présence constituait dans les circonstances actuelles une nécessité historique, al-Hussayn, lui, pensait que c'étaient le sacrifice de sa vie et son martyre qui s'imposaient et qui marquerait bénéfiquement tout l'avenir de la Umma.

Alors qu'ils pensaient que l'incapacité d'al-Hussayn de balayer actuellement le régime omayyade par la force armée, devait l'inciter à reculer et à renoncer à la confrontation, al-Hussayn, lui estimait que faute de force armée et de solution militaire, il devait offrir son sang et sa vie, dont les échos traverseraient les horizons de l'histoire et susciteraient pour toujours l'esprit de martyre qui ébranlerait les trônes de tous les tyrans à venir et dont il voyait l'incarnation actuelle dans le régime omayyade.

mardi, 05 novembre 2013 22:48

Achoura, un jour majeur de l'Histoire

 


 

 


 

A l'occasion de la commémoration du martyre de l'imam Hussein ibn Ali , nous présentons nos condoléances les plus attristés à tous les musulmans du monde entier et aux opprimés.

L'imam Hussein est le deuxième fils sorti de la sainte union entre le commandeur des croyants Ali Ibn Abi Talib et la dame la plus prestigieuse du monde, Fatima Zahra fille du Prophète Mohammad(pslf).

L'imam Hussein est né le 3 Chabane de la 4ème année de l'hégire à Médine. Il fut assassiné le Vendredi 10 muharram en l'an 63 de l’Hégire., à Karbala, au cours de la bataille de l’Âchourâ', après avoir subi la soif et l'oppression pendant plusieurs jours.

L'imam Hussein a vécu six ans à côté de son grand père, le saint Prophète Mohammad(pslf). Après la mort de ce dernier, l'imam Hussein resta avec son père, le commandeur des croyants Ali ibn Abi Talib. Après le martyre de son frère aîné l'imam Hassan ibn Ali, sur ordre divin, l'imam Hussein devient imam de la communauté islamique, une communauté qui fut fondée et dirigée pour la première fois par son grand père.

Lorsque Yazid fils de Mouaviya accéda illégalement au califat, il ordonna au gouverneur de Médine d'obtenir le serment d'allégeance de l'imam Hussein. En cas de refus, il devait lui couper la tête et l'envoyer à Damas.

Après avoir été informé par le gouvernement de Médine sur cette demande, l'imam Hussein partit avec sa famille vers la maison de Dieu à la Mecque, où il resta au moins quatre mois.

Cette nouvelle s'était propagée dans toute la communauté islamique, beaucoup des gens qui étaient contre les califats de Moawiya et de son fils Yazid avaient écrit des lettres à l'imam pour lui exprimer leur affection et soutien. Plusieurs personnes étaient prêtes à se soulever contre le gouvernement de Yazid. C'est pourquoi les habitants de la ville de Koufa en Irak, avaient invité l'imam chez eux pour qu'il soit leur chef. La situation était devenue dangereuse pour Yazid.

Avant de quitter la Maison de Dieu, l'imam Hussein avait accomplit le pèlerinage, mais il du écourter les rites de ce dernier, car il avait comprit que les espions de Yazid étaient venus à la Maison de Dieu en pèlerins afin de le tuer pendant les rites de ce devoir sacré.

Quand l'imam, sa famille et ses partisans arrivèrent à Karbala (nom d'un désert près de la ville de Koufa), ils furent encerclés par une armée composée de trente mille hommes, comme disent plusieurs historiens. Ils restèrent affamés et assoiffés durant toute cette période.

Au neuvième jour du mois de Moharram, l'armée ennemie lança un dernier ultimatum à l'imam Hussein, afin de choisir entre : prêter le serment d'allégeance et la mort. L'imam leur répondit que : " Je ne vois en la mort que le bonheur, et en la vie avec les oppresseurs que l'angoisse ". Et leur demanda un délai pour prier son Seigneur. L'imam Hussein passa la nuit du neuf au dixième jour par des prières.

Ses qualités sont innombrables. Il est «La fleur du Prophète(pslf)» comme l'a dit le Prophète(pslf) lui-même de lui et de son frère Hassan: «Ils sont mes fleurs dans le monde». En outre, le Prophète(pslf) déclara: «Hussein est de moi et je suis de Hussein».

Le credo islamique et la religion de son grand-père ont survécu grâce à son attitude courageuse et incomparable. En réalité, il a permis, par cette attitude, au monde entier de survivre jusqu'à la Fin. Il est le Maître des martyrs et le meilleur de tous après son frère.

Les cérémonies marquant la commémoration de Achoura, réunissant la foule des fidèles, ont lieu dans le mausolée du défunt fondateur de la République islamique d'Iran, l'Imam Khomeiny,dans Les mosquées,....

La foule portant le deuil de l'Imam Hossein organisent  des processions, et participent dans différentes villes d'Iran aux cérémonies du grand deuil de l'Achoura.

L’Imam Hussein fut inhumé à Karbala en Irak où son mausolée se dresse encore de nos jours où de nombreux fidèles continuent à venir se recueillir.

mardi, 05 novembre 2013 22:37

l'Imam al-Husayn (p) et le Jour d'Achoura

Ya Aba Abdillah

L’Imam Ali (que la paix soit sur lui) a rapporté cette histoire ; un jour, en entrant chez le Messager de Dieu (Prière et paix sur lui), j’ai vu que ses yeux débordaient de larmes. Je lui ai demandé :

-Qu’est-ce qui vous fait pleurer, ô ! Messager de Dieu ?

-L’ange Jibrail vient de me quitter répond-il, il m’a informé que Houssayn serait tué prés de l’Euphrate …

Veut-tu sentir la terre ou il sera tué ?

Il tendit la main, ramassa une poignée de terre et me la donna. Alors, je n’ai pu empêcher mes larmes de couler… » (Rapporté par Ahmed Ibn Hanbal).

L’imam al-Houssayn et le Jour D’achoura

Pour certains, le jour d’Achoura (10 Muharram) est un jour de jeûne et de fête. Pour d’autres, c’est un jour de deuil et de douleur. Pour les premiers, ce jour de fête a pour origine une fête juive qui célèbre la sortie d’Egypte du Prophète Moussa (paix sur lui) et les fils d’Israël, à l’époque préislamique, Quraish jeûnait ce jour. Selon certains hadiths, le Prophète Mohamed (P) aurait perpétué cette tradition. Pourtant, le Prophète ne nous a-t-il pas ordonné de nous distinguer des juifs ?

Les seconds, ceux pour qui c’est un jour de deuil, se rappellent en ce jour, le martyr du petit-fils du Prophète, tué en compagnie de sa sainte famille et de ses compagnons par les soldats du pouvoir en place yazid fils de Muawiyah, le tyran omeyyade.

Cet événement tragique, qui a eu des conséquences importantes pour l’évolution et la construction sociale et politique de la Umma, n’a cessé de peser sur la conscience de cette nation. Mais la dynastie tyrannique et sanguinaire des omeyyades et ses apologistes ont tout fait pour nous rendre amnésiques.

Les rapporteurs et compilateurs de hadiths, à la solde des princes et des rois, ont tout fait pour que l’on oublie, et qui est plus l’on ignore cette tragédie.

A la mémoire, et en l’honneur, de l’Imam Al Houssayn (que la paix soit sur lui), nous sommes heureux de vous présenter cette modeste page qui, nous l’espérons, contribuera à informer les musulmans soucieux de vérité historique et désireux de comprendre les maux qui affectent le monde musulman.

Qui est l’Imam Al Houssayn (as) ?

Al Houssayn (as) est le fils du prince des croyants l’Imam Ali fils d’Abu-Talib et de Fatima Al Zahra, la fille chérie de notre noble Prophète (Paix et prière sur lui et sa famille).

IL naquit à Médine le 25 Sha’aban de l’an 4 Hégirien. C’est le Prophète lui-même qui lui donna son nom. A son sujet le prophète (saw) a dit :

-« Husayn fait partie de moi et je fais partie de Husayn, Dieu aimera celui qui aura aimé Al Husayn »[1]

-« Celui qui aime Al Husayn m'aura aimé, et celui qui le déteste m'aura détesté »[2]

-« Al-Hassan et Al Husayn sont les deux maîtres de la jeunesse du paradis »[3]

Au sujet du verset de la purification (Tat-hir) : « ô vous, les gens de la maison ! Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement ».[4] A Propos de ce verset, le Prophète(saw) a dit qu’il fut révélé au sujet de lui-même, Ali, Fatima, Al Hassan et Al Husayn[5].

Le verset de Mawaddah (affection, amour) : « Dis, je ne vous demande aucun salaire pour cela, si ce n’est votre amour envers les proches », le Prophète (saw), lorsqu’on lui demanda :

-« Qui sont les proches que nous avons obligation d’aimer ? » Répondit : Ali, Fatima et leurs fils.»[6]

Al Husayn (as) est aussi un des Ahlul-bayt (que la paix soit sur eux), au sujet desquels le Prophète (saw) a dit : « Je vous laisse deux charges (al thaqualayn), si vous les suivez, vous ne serez jamais égaré, le Livre d'Allah et les gens de ma maison (Ahlul-bayt). Ils ne se sépareront jamais jusqu’à ce qu’ils me rejoignent prés du Bassin. Faites donc attention à la façon dont vous les traiteriez après moi. »[7]

Qui était Yazid

Yazid est le fils de Muawiyah, fils d’Abou Soufiane, Fils d’Omaya. Omaya était un aristocrate mecquois polythéiste, ennemi acharné du Prophète (saw) et de sa famille. Son fils Abou Soufyan, fut également un farouche ennemi du Prophète et commandait l’armée des polythéistes mecquois contre les musulmans, il se convertit à l’islam, plus par calcul politique que par conviction. Son fils Muawiyah, élevé dans le giron de cette famille hostile au Prophète et à l’islam, se rebella contre l’Imam Ali (as), alors qu’il était calife et lui fit la guerre pour lui prendre le pouvoir.

Après le décès d’Ali (as), Muawiyah continua la guerre contre l’Imam Al Hassan (as) qu’il fit empoisonner, et nomma son fils Yazid comme son successeur, Il instaura ainsi la monarchie.

Le règne de Yazid a duré trois ans. La première année, il fit assassiner Al Husayn et une grande partie de la descendance du Prophète (sa). La deuxième année, il fit attaquer Médine ou ses soldats tuèrent plus de 17.000 personnes et violèrent plus de 1000 femmes, la troisième année, il fit attaquer la Mecque ou ses soldats incendièrent la Kaaba et détruisirent un de ces murs.[8]

L’Imam Al Houssayn (as) a dit à son sujet : « yazid est un libertin qui ne cache pas son libertinage, un ivrogne et un assassin »[9]

Que la paix soit sur lui le jour où il naquit, le jour où il mourra, et le jour où il sera ressuscité vivant !

Notes :

[1] Tirmidhi

[2] Tabari

[3] Tabari

[4] Coran : 33/33

[5] Muslim, Tirmidhi, Ibn-Hanbal, Tabari, Ibn-Kathir et Suyuti.

[6] Muslim, Tirmidhi, Ibn-Hanbal, Tabari, Ibn-Kathir et Suyuti.

[7]Tabari, Tabarani, Ibn Hanbal, Zamakhchari, Al Razi, Ibn Hajar…

[8] Ibn Kathir, Mawdoudi…

[9] Ibn Kathir « istish had al-houssayn »

Chaque année les musulmans shiites commémorent le martyre de notre troisième Imam Hussein (que le salut soit sur lui). Ce martyre représente un évènement fondamental dans l’histoire de l’humanité.

La commémoration de la tragédie de Karbala (ville où l’Imam a été martyrisé) dure en général treize nuits. Les musulmans mettent l’accent sur l’évènement historique et ils en retiennent les leçons en comparant le passé avec le présent.

La présentation de la tragédie de Karbala se fait sous plusieurs formes :

Par les discours prononcés devant une assemblée, les majlisses Hussaynis ou cérémonies de récit de la tragédie, les poèmes décrivant les scènes qui déchirent le cœur de tout homme épris de liberté,...

Ce qui est important dans ces présentations, c’est de faire ressentir l’amour que portait l’Imam Husayn (que le salut de Dieu soit sur lui) pour l’humanité et qui s’est manifesté par son soulèvement contre l’injustice et les forces du mal. De nombreux hadiths évoquent les bienfaits qu’apporte la commémoration du martyre de l’Imam (que le salut de Dieu soit sur lui) : le Pardon de Dieu, Sa Miséricorde et Ses Bénédictions.

L’Imam Hussein disait de lui même :

"Je suis le tué qu’on pleure de larmes intarissables. Aucun croyant ne m’évoque sans qu’il ne se mette à pleurer. "

Le sixième Imam, l’Imam as-Sadiq (as) rapporte de son père l’Imam al Baqir (as) " Celui qui verse une larme, même de la taille d’une aile de mouche, sur ce qui est arrivé à l’Imam Hussein (as), Dieu lui pardonne ses péchés même s’ils étaient de la grandeur de l’écume de mer ".

Ce n’est pas sans raison que nos Imam (que le salut de Dieu soit sur eux) ont dit ; que celui qui pleure ou qui fait pleurer quelqu’un obtient le Paradis et que celui qui s’efforce de pleurer obtient également le Paradis. La question n’est pas de pleurer ni de faire semblant, mais nos Imams désirent grâce à leur clairvoyance et leur profonde vision divine que les rangs du peuple s’unifient et se mobilisent par différentes voies pour se protéger des malfaisances.

Il s’agit d’éduquer notre cœur et de le vivifier à travers notre amour pour l’Imam Hussein (as), pour ce pourquoi il s’est battu et par quoi il s’est battu. Il s’agit de s’attendrir devant l’intolérable évocation du massacre de l’Imam Hussein, de ses enfants, ses frères ainsi que ses cousins et ses compagnons.

Comment ne pas pleurer quand le ciel et la terre pleurèrent l’Imam Hussein (que le salut de Dieu soit sur lui), au moment de la tragédie de Karbala.

mardi, 05 novembre 2013 22:23

Les Captifs

La clarté de la lune ne parvenait guère à traverser l'épais manteau de poussière qui avait envahi le ciel. La nuit était sombre sur la plaine de Karbala, où les tentes du campement de l'Imam Houssein achevaient de brûler.

Peu après le Martyre de l'Imam, la horde sans âme s'était ruée à l'assaut. Tout avait été pillé, dévasté. La Famille du Prophète n'accumulait pas les parures ni les objets de valeur, et les pillards avaient été frustrés du butin qu'ils escomptaient. Ils avaient quand même arraché aux veuves et aux orphelins tout ce qu'ils avaient pu leur prendre, et s'étaient vengés de leur déception en les frappant, en les fouettant...

Avant de quitter le campement qu'ils avaient mis à sac, les suppôts de Yazid avaient incendié les tentes. Zaynab, à qui l'Imam Houssein avait confié les survivants du massacre, s'était précipitée vers Ali Zayn Abidine, qui gisait sans connaissance. Elle l'avait secoué, réveillé, lui avait demandé:

-O fils de mon frère ! O notre Imam ! Les monstres ont mis le feu au campement. Devons-nous rester dans les tentes, et abréger ainsi nos souffrances, éviter les outrages, les humiliations? Ou devons-nous sortir pendant qu'il est encore temps ?

Rassemblant ses faibles forces, Ali Zayn Abidine s'était redressé:

- Ma tante, c'est notre devoir religieux de faire tout notre possible pour rester en vie, aussi pénible et peu désirable que puisse être ce qui nous attend!

Maintenant, ce qui restait de la Famille du Prophète s'était regroupé dans les débris d'une tente à moitié épargnée par l'incendie. Zaynab avait rassemblé les enfants, environ une quarantaine, et les femmes les comptaient, les identifiaient un par un pour s'assurer qu'aucun ne manquait.

Quelle ne fut pas la consternation de Zaynab, d'Omm Rabab, et de tous les survivants en s'apercevant que Soukeina n'était pas là ! Laissant le campement à la garde des autres, Zaynab et Kolsoum se lancèrent à sa recherche. Longtemps elles errèrent dans la nuit sombre, marchant au hasard dans le désert. Elles appelaient:

- Soukeina! Où es-tu? Soukeina! Réponds!

Mais seule la plainte du vent répondait à leurs appels.

En désespoir de. cause, Zaynab se dirigea vers l'endroit où reposait le corps de l'Imam Houssein. Avant même de l'atteindre, elle cria, des sanglots dans la voix:

-Houssein, mon frère! Je ne parviens pas à retrouver Soukeina! Houssein, mon frère! J'ai perdu ta fille chérie, que tu m'avais confiée! Houssein, mon frère! Dis-moi où elle est!

Comme Zaynab arrivait près du corps sans vie de l'Imam, la lune parut dans le ciel. A travers une déchirure dans les nuages de poussière, elle éclaira le champ de bataille endormi. Zaynab vit alors sa nièce. Soukeina dormait, serrée contre son père, le visage reposant sur sa poitrine.

- Soukeina! Soukeina! Réveille-toi ma chérie! Soukeina! Soukeina! Que fais-tu ici?

Soukeina leva vers sa tante son visage encore plein de sommeil. Sous la sombre clarté des rayons de lune filtrés par les nuages de sable, Zaynab vit les yeux de sa nièce. On aurait dit que tout son cœur, toute sa vie avaient été emportés par les larmes que l'enfant avait versées. Zaynab éloigna Soukeina du cadavre décapité de son père.

La petite fille lui raconta comment, après la ruée sauvage des hommes de main du tyran, elle n'avait eu qu'une pensée: retrouver son père, pour lui confier sa peine. Elle avait marché droit devant elle, en l'appelant. Elle s'était laissé guider par le murmure du vent. Quand elle avait ainsi découvert le corps de l'Imam Houssein, elle lui avait tout raconté. Tout! Tout ce qu'elle avait souffert après son départ.

Et tout ce que chacun avait enduré. Et comment un soudard lui avait arraché les boucles d'oreille que son père lui avait offertes, déchirant le lobe des oreilles, couvrant son visage de sang. Et comment cette brute inhumaine, rendue furieuse par les pleurs de l'enfant l'avait fouettée, fouettée, fouettée! A la fin, épuisée, Soukeina avait posé sa tête sur la poitrine de son père, comme elle l'avait fait tant de fois par le passé.

Elle s'était endormie. Zaynab montait la garde. Tout le monde dormait dans ce qui restait de la tente à demi consumée. Les femmes formaient un cercle. Les enfants étaient au centre. Soudain, des pas! Des silhouettes, éclairées par des torches, approchaient.

-Que voulez-vous encore? Vos gens nous ont déjà tout volé. Laissez-nous! Laissez les pauvres enfants prendre un peu de repos. Si vous tenez vraiment à vous assurer qu'il n'y a plus rien à dérober, revenez demain! Il n'y a ici que des femmes et des enfants sans défense... Nous n'allons pas disparaître pendant la nuit !

Une voix féminine répondit, d'un ton poli et plein de respect:

- Madame, nous ne venons pas ici pour vous voler quoi Que ce soit. Nous savons bien que ce que vous venez de dire est vrai. Nous apportons un peu de nourriture, et de l'eau, pour les enfants et les femmes endeuillées de votre camp.

Le petit groupe approcha encore. Zaynab put distinguer une femme, précédant quelques soldats portant des récipients pleins d'eau et de grands paniers remplis de pain. Zaynab demanda à la visiteuse qui elle était:

- Madame, je suis la veuve de Hor. Mon époux était général dans l'armée de Yazid. Il commandait un millier d'hommes. Hier il est venu rejoindre votre frère et a combattu à ses côtés. Quelques-uns des soldats d'Omar fils de Saad ont craint que vous ne mourriez de faim et de soif, et de ne pouvoir vous conduire jusqu'à Yazid, comme celui-ci leur a ordonné de le faire. Ils m'ont demandé de les accompagner pour vous apporter à boire et à manger.

-O ma sœur, répondit Zaynab. Nous avons tous une dette envers votre mari, qui a donné sa précieuse vie pour défendre Houssein. Il était notre hôte, et nous n'avons rien pu lui offrir, ni à boire, ni à manger !

Zaynab se souvint de la promesse qu'elle avait faite à son frère, avant qu'il ne les quitte. Elle prit un broc d'eau et alla réveiller Soukeina.

- Soukeina, mon enfant! Il y a enfin de l'eau pour toi. Lève-toi! Bois! Rafraîchis tes lèvres et ta gorge desséchées!

- Ma tante, toi aussi tu es restée sans rien boire depuis des jours. Pourquoi toi-même ne bois tu pas

- Bois, Soukeina! Ni ton père, ni ton oncle Abbas, ni ton frère Akbar n'ont encore bu l'eau fraîche des sources du Paradis! Ils attendent que tu aies d'abord étanché ta soif. Bois, Soukeina, pour qu'eux aussi puissent boire l'eau de Kawsar !

Après la mise à sac du camp de la Famille du Prophète, les officiers de l'armée de Yazid s'étaient réunis autour de leur commandant. Ils cherchaient un moyen d'assouvir leur soif de vengeance. L'un d'eux suggéra de faire piétiner les corps des Martyrs du camp de l'Imam Houssein sous les sabots des chevaux.

Omar fils de Saad trouva l'idée excellente, et ordonna de la mettre à exécution. Mais plusieurs membres du clan des Bani Asad déclarèrent qu'ils ne permettraient pas que l'on profane de la sorte les cadavres de ceux des morts qui étaient leurs parents. D'autres soulevèrent la même objection à propos des compagnons de l'Imam Houssein, qu'ils soient ou non membres de leur tribu. Finalement Omar fils de Saad ordonna que seul le corps de l'Imam Houssein subirait ce traitement.

On ferra spécialement de neuf pour cette occasion plusieurs chevaux. Quand les morts de l'armée de Yazid eurent été enterrés, quand les corps des Martyrs eurent tous été décapités, les cavaliers passèrent et repassèrent sur le corps de l'Imam Houssein, sur le corps de l'enfant préféré du Saint Prophète, sur le corps de l'un des deux Princes de la jeunesse du Paradis...

C'est un soleil de la couleur du sang qui se leva sur le matin du ll Moharram. Etait-ce l'effet de la poussière qui emplissait l'air au-dessus de la plaine de Karbala? Ou bien l'astre du jour avait-il honte de devoir éclairer le spectacle de la profanation des corps des Martyrs, de l'humiliation de la Famille du Prophète? Ou rougissait-il de colère d'être le témoin impuissant de tant de bassesse et d'ignominie?

Omar fils de Saad était parti pour Damas, ne voulant laisser à personne d'autre le soin d'annoncer sa victoire au Calife. Les soldats de Yazid enchaînèrent les femmes et les enfants. Les voiles qui masquaient aux regards les visages des femmes avaient été arrachés. Les cous, les mains, les pieds furent liés de cordes et de chaînes.

Les mains des femmes étaient attachées au cou des enfants. Tous furent hissés sur des chameaux sans selle. La caravane se mit en mouvement. Devant, en procession, venaient les têtes. Les têtes des Martyrs, plantées au bout de piques. Soixante-dix-huit têtes, soixante-dix-huit glorieux combattants de la Foi: outre l'Imam Houssein, dix-sept membres de la Maison du Prophète et soixante fidèles Chïtes.

La tête de l'Imam Houssein précédait les autres. Derrière la caravane, couvert de lourdes chaînes, titubant de fièvre et d'épuisement, Ali Zayn Abidine suivait à pied.

La caravane marchait vite. Quand parfois un enfant glissait et tombait à terre, la femme à laquelle il était lié tombait également. Alors un soudard se jetait sur eux, levait son fouet, et frappait, frappait...

Au milieu de l'après-midi, on arriva sous les murs de Koufa. Pendant qu'un messager était dépêché auprès du Gouverneur Obeidoullah, les soldats se reposèrent à l'ombre, se restaurèrent, se rafraîchirent... Les captifs demeurèrent en plein soleil, sans boire ni manger.

Le messager revint. Obeidoullah fils de Ziyad attendait ses prisonniers au palais. Le cortège devait suivre les principales rues de Koufa et traverser le marché principal. On se remit en marche. Un crieur allait devant:

-Habitants de Koufa ! Houssein fils d'Ali, qui avait refusé de reconnaître l'autorité du Commandeur des Croyants, votre bien-aimé Calife Yazid, a été tué, ainsi que ses Chïtes ! Les femmes et les enfants de sa Famille ont été faits prisonniers. Ils vont être conduits devant le Calife, qui décidera quel châtiment doit leur être infligé. Habitants de Koufa!

C'est le sort qui attend quiconque met en question l'autorité du Calife !.. Habitants de Koufa! Houssein fils d'Ali, qui avait refusé... La foule, muette, accablée, se pressait sur le passage du cortège. Aux fenêtres, sur les terrasses, les femmes et les enfants, les yeux écarquillés, regardaient. Personne ne disait mot. Parfois on entendait un sanglot réprimé.

Le visage masqué par ses cheveux, qui lui tenaient lieu de voile, enchaînée, épuisée, Zaynab se dressa. Elle se tenait droite sur sa monture. Sa voix couvrit celle du crieur qui marchait loin devant:

- Gens de Koufa! Je suis Zaynab, la fille d'Ali, le Commandeur des Croyants, et de Fatima la Resplendissante! Je suis la petite-fille de l'Envoyé de Dieu! Je suis la sœur de Houssein, votre Imam, que vous avez tué! Gens de Koufa! Gens de traîtrise et de perfidie! Vous pleurez maintenant? Que vos larmes ne sèchent jamais!

Que vos cris ne cessent pas! Le mal que vous avez commis est si grand que Dieu est en Colère contre vous. Vous demeurerez immortels dans le Feu! De votre trahison vous ne récolterez que honte et déshonneur. Comment pourriez-vous vous faire pardonner l'assassinat du fils du Saint Prophète, la Preuve de Dieu sur terre, votre Imam? Subissez les conséquences de votre crime! Soyez bannis et écrasés! Soyez humiliés et avilis! Malheur à vous, gens de Koufa! Qu'une pluie de sang s'abatte sur vos tètes! Qu'une torture sans fin soit votre lot dans l'Au-delà !

Les portes du palais du Gouverneur avaient été laissées ouvertes pour permettre à tous de venir féliciter Obeidoullah fils de Ziyad pour sa victoire sur l'Imam Houssein. Il était assis sur son trône, et paraissait joyeux. Il jouait négligemment avec une barre de fer dont il tapotait la tête de l'Imam Houssein, qui avait été déposée à ses pieds. Un vieillard, Compagnon du Saint Prophète, Zayd fils d'Arqam, fut révolté par ce spectacle:

- Ote cette barre de fer de ce noble visage, car j'ai vu de mes yeux les lèvres du Prophète s'y poser je ne sais combien de fois!

Et Il sanglota :

Obeidoullah se mit en colère:

- Si tu n'étais pas un vieillard sénile qui a perdu la raison, je t'aurais fait décapiter à l'instant!

Zayd fils d'Arqam sortit, accablé, se rappelant l'heureux temps où le Prophète jouait avec son petit-fils, le serrait contre lui l'embrassait...

Les captifs furent conduits en présence du Gouverneur, qui se les fit présenter un par un. Quand arriva le tour d'Ali Zayn Abidine, Obeidoullah demanda:

- Qui es-tu?

- Je suis Ali fils de Houssein.

- Mais Ali fils de Houssein n'a-t-il pas été tué?

- J'avais un frère qui portait aussi ce nom. Les gens l'ont tué.

- C'est plutôt Dieu Qui l'a tué!

- Dieu accueille les âmes au moment de leur mort...

- Comment oses-tu me parler sur ce ton? Tu vas voir! Aucun fils de Houssein ne restera en vie! Bourreau, décapite-le!

Zaynab bondit, elle s'accrocha au fils de son frère. Elle cria:

- Ne crois-tu pas que tu as déjà suffisamment répandu notre sang? Par Dieu, je ne le quitterai pas. Si tu le tues, tue-moi aussi avec lui!

Obeidoullah hésita:

- Quel touchant tableau de famille! Tu voudrais que je te tue, Zaynab? Eh bien, je ne te ferai pas ce plaisir! Après tout, le Calife Yazid décidera du sort du fils de Houssein... Tu sais, Zaynab, quand vous êtes entrés, j'ai eu mal à croire que j'avais devant moi la Famille du Prophète... Je pensais plutôt que toi et les autres femmes n'étiez que de vulgaires esclaves qu'on avait achetées au marché!

Zaynab répondit à l'insulte:

- Fils de Ziyad! Nous sommes les sœurs de Houssein, les petites-filles de Mohammad, que tu reconnais comme ton Prophète! Toi et les autres larbins de Yazid, vous avez foulé aux pieds les Principes de l'Islam en échange de quelques menus avantages matériels. Aujourd'hui tu te pavanes, et tu t'enorgueillis de la victoire de tes cinq mille soudards sur une poignée de héros! Tu te crois puissant parce que tu peux insulter impunément des femmes et des enfants sans défense. Mais je te préviens.

fils de Ziyad! Bientôt la mort va s'abattre sur toi! Il te faudra alors rendre compte de tes crimes! Il te faudra payer pour l'assassinat du petit-fils du Prophète et de tous ceux qui étaient avec lui. et à qui tu reprochais de refuser l'autorité religieuse d'un ivrogne et d'un débauché!

Les paroles de Zaynab produisirent l'effet d'un coup de tonnerre. Obeydoullah, en l'écoutant parler, observait les réactions des présents. Il vit que tous écoutaient attentivement. Certains semblaient approuver de la tête, certains essuyaient furtivement une larme qu'ils n'avaient pu empêcher de couler.

Obeydoullah vit que tous, presque sans exception, admiraient le courage de cette femme, et il se dit qu'elle était bien capable de soulever la ville entière contre lui! En hurlant, il lui ordonna de se taire, menaçant des pires châtiments elle-même et les autres captifs si elle n'obéissait pas. Zaynab continua de plus belle. Elle parla des mérites de son frère, l'Imam Houssein, qu'elle mit en parallèle avec les vices du fils de Moawiyah. Elle dénonça les, atteintes que le dictateur omayyade portait à l'intégrité du Message de l'Islam. Elle décrivit en détail les atrocités commises par les hommes de main du Calife à Karbala.

Obeydoullah appela ses gardes, leur dit de faire sortir immédiatement les prisonniers. Il ordonna à Chamir dé prendre à l'instant même la route de Damas, sans laisser un moment de plus Zaynab et les autres a Koufa. Et lui-même, fou de colère, sortit du palais pour aller à la Mosquée.

Du haut de la chaire, Obeidoullah regarda la foule qui était massée à ses pieds. Il était ivre d'orgueil d'être Gouverneur de cette ville, autant que de la perfide victoire que ses troupes venaient de remporter. Il voulait chasser la fâcheuse impression que lui avait laissée le discours de Zaynab. Cette femme lui avait gâché le plaisir qu'il pensait tirer de son succès. Il prit la parole, s'adressant aux habitants de Koufa:

- Gloire à Dieu, Qui a fait triompher la Vérité et ses partisans, Qui a donné la victoire au Commandeur des Croyants, Yazid, et Qui a tué le menteur, Houssein, fils du menteur, Ali, ainsi que ses Chïtes!

Une voix lui répondit. faisant trembler les murs de la Mosquée:

- Tais-toi, ennemi de Dieu! Cesse de blasphémer! Tu es un menteur, de même que ton père, et de même que celui qui t'a nommé à ce poste et que le père de celui-ci! Tu as assassiné les descendants des Prophètes, et maintenant tu oses monter à leur place ici, sur cette chaire!

- Obeidoullah pâlit, incapable de poursuivre:

- Attrapez-le!

Les soldats se saisirent de l'homme, Abdallah fils de Afif, qui était un Chïte de l'Imam Ali. Mais Abdallah lança le cri de guerre de sa tribu, les Azd. Immédiatement sept cents guerriers se rassemblèrent, l'épée à la main. Obeidoullah fut contraint de relâcher Abdallah. Mais la nuit venue, ses hommes de main s'introduisirent chez le courageux Chïte. Ils le tuèrent, et le crucifièrent sur la porte de sa maison.

La caravane des captifs s'était remise en marche, toujours précédée des têtes des Martyrs. Mais plus question de procession triomphale! Obeidoullah avait ordonné aux gardes d'emprunter les pistes les moins fréquentées, de peur que des Chïtes de l'Imam Houssein ne tentent de délivrer les prisonniers et de venger les Martyrs. Les gardes avaient aussi pour instruction d'être sans pitié avec les femmes et les enfants.

L'Imam Ali Zayn Abidine, qui était toujours malade, suivait difficilement. Une lourde chaîne reliait ses pieds à son cou. S'il essayait d'allonger le pas, ou de marcher plus vite, il tombait immanquablement. Alois une brute descendait de cheval, levait le fouet, et frappait...

Pendant cette interminable traversée des déserts de Mésopotamie et de Syrie, il arriva que Soukeina tomba de son chameau. Zaynab, qui se trouvait sur le chameau voisin donna l'alarme. Les gardes ne lui prêtèrent aucune attention. En désespoir de cause, Zaynab dirigea son regard vers la tête de l'Imam Houssein, toujours en tête du cortège, toujours au bout d'une pique:

-Houssein mon frère, tu m'as demandé de veiller de mon mieux sur Soukeina. Mais elle est tombée de sa monture, et je ne puis rien faire pour lui venir en aide!

Après quoi elle demanda à Dieu d'avoir pitié d'elle, et de secourir la malheureuse enfant.

La caravane n'avait pas fait trois pas que la pique supportant la tête de l'Imam Houssein échappa aux mains de l'homme qui la portait. Elle se planta droit dans le sol. L'homme sauta de cheval pour la reprendre et repartir. Il ne parvint pas à l'arracher du sable. C'était comme si elle y avait été cimentée. Cet homme était pourtant un colosse.

Il comprit que si ce qui était en train de se produire venait à s'ébruiter, ta panique risquait de gagner les autres gardes, et que ceux-ci s'enfuiraient de tous côtés.

Sans perdre une minute il alla confier à Chamir ce qui venait de se passer. Chamir réfléchit un instant puis, le fouet à la main, se dirigea vers l'Imam Ali Zayn Abidine.

- Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Qui est responsable de tout cela?

L'Imam Zayn Abidine regarda vers la tête de son père, puis dans la direction de sa tante Zaynab. Celle-ci raconta la chute de Soukeina, et l'indifférence des gardes. Chamir rebroussa chemin. Il découvrit la fillette inanimée. Elle avait été blessée dans sa chute. Dès qu'elle eut été installée dans les bras de Zaynab, la pique supportant la tête de l'Imam Houssein put être retirée du sable, sans le moindre effort.

La traversée du désert de Syrie, parsemé de buissons épineux, fut pour l'Imam Ali Zayn Abidine un supplice épouvantable. D'autant plus que les monstres à forme humaine qui menaient la caravane le forçaient à lutter de vitesse avec les chameaux marchant d'un pas soutenu! La nuit, on s'arrêtait à peine quelques heures, et pendant que les gardes festoyaient, les malheureux captifs recevaient à peine de quoi ne pas mourir de soif et de faim.

Une nuit, la caravane fit halte près d'un ermitage. Le moine qui vivait là avait passé toute sa vie en prière et en méditation, et dans l'adoration de Dieu. Chamir confia les têtes à sa garde, certain qu'elles ne risqueraient pas d'être volées. Un simple regard au visage de l'Imam Houssein convainquit l'ermite qu'il s'agissait là de la tête d'un Saint. Il la prit avec lui et la garda à son chevet pendant qu'il prenait quelque repos. Il vit en songe tous les Prophètes et les Anges descendre du Ciel et se promener sur la tête qui reposait près de lui...

Il s'éveilla, et se demanda ce qu'il devait faire. Il décida d'interroger le chef de la caravane au sujet de l'identité des personnes décapitées et des femmes et des enfants qu'ils détenaient prisonniers. Il sortit donc de son ermitage, réveilla Chamir, et le questionna. Chamir lui révéla que c'était le petit-fils du Prophète Mohammad, qu'il avait refusé de reconnaître l'autorité religieuse de Yazid, et qu'il avait été tué pour cette raison, en même temps que ses parents et ses partisans. Il lui dit que les captifs étaient les survivants de la Famille du Prophète, et qu'ils étaient conduits auprès de Yazid qui déciderait quel châtiment devait leur être infligé. Au comble de l'indignation le saint homme s'écria:

- Que la Malédiction de Dieu soit sur vous! Ne réalisez-vous pas l'horreur du crime dont vous vous êtes rendus coupables en décapitant le petit-fils de votre Prophète? Nul doute que cet homme était un grand Saint! Honte à vous, lâches! Non contents de l'ignominie que vous avez commise, vous brutalisez des femmes sans défense et des enfants innocents!

Chamir, qui était déjà de fort mauvaise humeur d'avoir été réveillé en pleine nuit, fut pris d'un accès de rage.

Il saisit son épée et, d'un coup, trancha la tète de l'ermite. Il n'eut pas le moindre respect pour les injonctions du Saint Prophète concernant la protection qui doit être accordée à ceux qui se retirent du monde et vouent leur existence à la prière et à la pénitence. Mais celui qui avait montré tant de mépris pour la vie du petit-fils du Prophète, pouvait-il accorder quelque importance aux Commandements de l'Envoyé de Dieu?

Progressant à marche forcée, la caravane atteignit bientôt Damas.

Elle fit halte devant les remparts qui ceinturaient la ville. Un messager fut envoyé au palais du Calife, pour recevoir les instructions de Yazid. Celui-ci avait été averti par Obeidoullah des incidents qui s'étaient produits à Koufa. Il avait juré prudent de ne pas dévoiler l'identité des captifs, et avait fait répandre la rumeur qu'un prince arabe s'était révolté contre son autorité, qu'il avait affronté son armée invincible et avait été défait, avec ses quelques partisans.

Un crieur public confirma officiellement cette nouvelle, précisant que pour servir d'exemple les têtes des coupables avaient été tranchées et apportées devant le Calife, en même temps que la famille du prince félon. La journée d'aujourd'hui était proclamée jour de fête, pour célébrer la victoire du Commandeur des Croyants.

On décora la ville à la hâte, on prépara le festin offert au peuple, et tous les courtisans et les ambassadeurs en poste à Damas furent convoqués à la grande réception qui devait avoir lieu le soir même au palais. Pendant que les préparatifs battaient leur plein. les captifs attendaient. en plein soleil. Des groupes de curieux approchaient pour apercevoir les prisonniers qu'on menait au Calife.

Le spectacle de ces femmes, et surtout des enfants, à moitié morts de faim et de soif, maigres à faire peur, enchaînés, couverts de poussière et de sang séché émut plus d'un témoin. Quelques-uns des curieux lancèrent aux enfants des dattes sèches, qu'on utilisait alors pour faire l'aumône.

Les malheureux enfants affamés se saisirent des dattes et s'apprêtaient à soulager leur faim, mais Zaynab et les autres femmes leur interdirent d'en manger une seule, et leur ordonnèrent de les renvoyer à ceux qui les lançaient. Zaynab, le visage toujours caché derrière ses cheveux, prit la parole:

- Je vous remercie de votre sollicitude envers nos enfants affamés. Mais nous sommes la Famille du Prophète, et l'Envoyé de Dieu nous a interdit de manger les aum6nes. En aucun cas il ne nous est possible de transgresser ses ordres.

Les gens étaient abasourdis d'entendre cette réponse. Ils ne savaient ce qui était le plus étonnant, du refus de laisser manger les enfants ou du fait que des membres de la Famille du Prophète soient captifs et dans un tel état. La rumeur s'enfla en ville, les interrogations et les suppositions allaient bon train.

L'ordre arriva enfin de conduire les captifs au palais. Quand ils parurent devant lui, Yazid ne put croire que c'était là la Famille du Prophète. Quoi, ces gens hagards, décharnés, presque des fantômes... Ces squelettes en haillons recouverts de poussière, saignant par endroits des dernières blessures infligées par les chutes ou les coups de fouet... Ces spectres enchaînés, affamés, épuisés...

- Omar fils de Saad! Tu t'es moqué de moi! Ce ne sont pas là les sœurs et les filles de Houssein... Où as-tu acheté ceux-ci, et où as-tu caché les autres?

Yazid était ivre. Il était assis sur un trône élevé. A ses pieds, dans un plat d'or massif, il avait fait placer la tête du petit-fils du Prophète. A la main, il tenait une coupe de vin qu'un échanson remplissait avant qu'elle soit vide. Yazid écumait de rage, les yeux injectés de sang. Omar fils de Saad se jeta à ses pieds.

- Aie pitié de moi, Commandeur des Croyants! Ton humble esclave a agi exactement selon tes ordres.

Ceux qui sont devant toi sont bien Zaynab et Kolsoum, les sœurs de Houssein, Omm Layla et Omm Rabab ses veuves, Soukeina et Rokayya ses filles, et les autres sont les parentes et les orphelins de ses proches et de ses Chïtes. Et devant toi j'ai amené aussi Ali Zayn Abidine, le fils de Houssein.

Yazid regardait les captifs. Il ne pouvait dévisager les femmes qui, toutes, cachaient leur visage derrière leurs cheveux. L'une d'elles semblait en outre se cacher derrière une très vieille femme. Yazid la désigna du doigt:

- Celle-là là-bas qui se cache! Qui est-ce?

- Majesté, c'est Zaynab, répondit Omar, qui s'était relevé. C'est la fille d'Ali et de Fatima. La vieille qui la cache s'appelle Fizza. Elle se glorifie de se nommer elle-même l'esclave de Fatima et de Zaynab!

Yazid éructa:

- Je ne permets à personne de cacher mes prisonniers à ma vue. Chamir! Fais dégager la vieille, que je puisse contempler à loisir la fille de Fatima!

Chamir approcha, le fouet levé. Fizza, avisant les esclaves abyssins qui se tenaient, sabre au poing, derrière le trône du Calife, les interpella:

- O mes frères! Qu'est il advenu de votre sens de la fraternité et de votre honneur? Laisserez-vous molester devant vous, sans réagir, une vieille dame de votre peuple, une princesse de votre pays, alors que chacun de vous tient une arme à la main?

A ces mots de Fizza, plusieurs esclaves firent un pas en avant. L'un d'eux s'adressa à Yazid:

- Commandeur des Croyants! Dis à cet homme de ne pas lever son fouet sur notre princesse. Sinon le sang va couler à flots dans ton palais! Il avait beau être ivre, Yazid se rendit compte que l'homme parlait sérieusement. Ses esclaves se révoltaient! Le couard déguisé en prince paniqua. Il répondit, avec un large sourire:

- Mes fidèles serviteurs! Je suis fier de voir à quel point vous avez su conserver le sens de l'honneur. Je vous promets que personne ne maltraitera votre compatriote.

Yazid calma son angoisse en avalant encore un peu plus de vin. Il tremblait de fureur. Comment laver l'affront qu'il venait de subir publiquement? Autour de lui, près de mille courtisans et ambassadeurs étaient rassemblés. Tous avaient été témoins de son humiliation. Dans la main qui ne tenait pas la coupe de vin, il avait une canne, ornée d'un pommeau en or. Il s'en servit pour frapper les lèvres de l'Imam Houssein. Il ricana:

- Ah, les jolies lèvres qu'a embrassées Mohammad! Comme mes ancêtres seraient heureux de contempler ce spectacle! Tous mes valeureux ancêtres qu'a tués Mohammad, de Badr jusqu'à Honayn! Leurs âmes doivent être contentes aujourd'hui en voyant que moi, Yazid, je les ai vengés en détruisant la famille de leur ennemi!

Les captifs restaient silencieux. Ni Zaynab, ni Ali Zayn Abidine ne voulurent s'abaisser à donner la réplique à l'ivrogne. Mais l'ambassadeur d'un pays étranger, écœuré, révolté par tant d'ignominie, se leva. Il s'appelait Abdoul-Wahab:

-O roi ! J'aimerais savoir qui était l'homme dont la tête est à tes pieds, et quels crimes impardonnables il a commis pour que tu traites ainsi sa dépouille et sa famille, même après sa mort!

- Ce sont les gens de la Famille du Prophète de l'Islam! Ils ont osé défier mon autorité. Ces femmes et ces; enfants sont mes esclaves, et je vais leur faire subir un traitement que personne encore n'a jamais fait subir à un être humain. Ainsi, plus personne n'osera plus jamais lever le petit doigt contre moi!

Abdoul-Wahab était un homme instruit. Il avait aussi beaucoup étudié la vie et les Enseignements du Saint Prophète et de ses Descendants. Il réfléchit un moment. Pleinement conscient de ce que lui vaudrait ce qu'il allait dire, il laissa de côté toute diplomatie:

- O roi! Tu as commis le plus odieux des crimes contre ta Religion et contre l'humanité. Tu as massacré de la façon ta plus odieuse la Famille de ton propre Prophète, des gens qui étaient pieux et qui vivaient saintement! Tu traites leurs survivants plus brutalement que tu ne traiterais des animaux! Les gens de mon peuple me montrent du respect pour la seule raison que je suis le descendant de l'un de leurs Prophètes. Mais toi, tu es tombé dans la plus basse abjection!

Se tournant alors dans la direction d'Ali Zayn Abidine, Abdoul-Wahab poursuivit:

-Ali fils de Houssein, ce que j'ai vu et entendu aujourd'hui m'a convaincu que ton père était la plus noble âme sur toute la surface de la terre, et le plus courageux des hommes pour avoir ainsi combattu l'injustice, la tyrannie et l'oppression. Je déclare ma Foi dans la Religion de ton père, cette Religion pour la défense de laquelle il a versé son sang. Je te choisis comme témoin de ma profession de Foi!

Un flot d'injures sortit de la bouche de Yazid. Il ordonna que l'on arrête l'ambassadeur et qu'on l'exécute séance tenante. Un silence pesant régnait maintenant. Tous les témoins étaient restés muets d'admiration devant le courage d'Abdoul-Wahab et la vérité de ses paroles...

Yazid essayait de calmer ses nerfs en buvant coupe sur coupe. Il fallait absolument qu'il rétablisse son autorité en se vengeant sur quelqu'un. Il se leva, tendit le bras vers Ali Zayn Abidine. Il hurla:

- Toi ! C'est toi qui es responsable de tout cela! C'est toi qui as encouragé ce fou à m'insulter! Il se tut un instant, comme s'il essayait de réfléchir à travers les vapeurs de l'alcool.

- Je vais te faire trancher la tête ici même, devant moi! Devant tout le monde! Devant ta mère, et tes soeurs, et tes tantes, et tous les autres!

Il vida encore une coupe.

-Non, cette mort serait trop douce pour toi! Je vais te torturer pour que tu meures à peu. Je vais te faire souffrir ce que personne n'a encore jamais souffert. C'est toi-même qui viendras me supplier de t'achever! A ces mots, Yazid éclata de rire. C'était le rire hystérique d'un démon ivre, qui avait perdu tout contrôle de lui-même.

L'Imam Ali Zayn Abidine répondit, d'une voix faible mais claire et ferme:

- Yazid! Les tortures que tu nous as déjà infligées ne peuvent pas être surpassées en honneur par tout ce que ton esprit malade pourrait imaginer. Pour moi, la pire des tortures, c'est être en ta présence, avec les femmes de la Famille du Prophète sans voile pour préserver leur visage de ton regard vicieux. Ne crois surtout pas que ni moi ni mes proches soyons effrayés ou intimidés par tes menaces. Nous, Gens de la Famille du Prophète, sommes éduqués depuis l'enfance pour être à même de supporter toutes les épreuves, toutes les souffrances. Ceux que Dieu aime, IL les soutient dans toutes les épreuves et, dans l'Au-delà, ils jouiront de Ses Faveurs!

Des murmures d'admiration s'élevèrent dans l'assistance. Tous étaient forcés de reconnaître qu'Ali Zayn Abidine était bien le digne descendant de l'Envoyé de Dieu. Yazid se rendit compte des sentiments qui animaient les gens présents. Il craignit que certains ne songent à le renverser pour installer sur le trône le fils de l'Imam Houssein. Le caractère rusé qu'il avait hérité de son père vint à son secours. Il éclata de rire.

- Ali, tu me blâmes! Mais n'est-ce pas Dieu Lui même Qui a fait mourir ton père? N'est-ce pas Dieu Qui l'a puni pour s'être rebellé contre le Commandeur des Croyants?

- Non tyran! Ne déforme pas les Versets coraniques. Ne change pas leur signification! Dans Son Infinie Sagesse, Dieu donne à chacun le temps et les occasions pour agir en bien ou en mal, avec justice ou en oppresseur. Le Châtiment Divin atteint toujours les tyrans, tôt ou tard! Le Saint Coran ne raconte-t-il pas les tribulations des Prophètes, qui ont souffert mille maux de la part des peuples auxquels ils avaient été envoyés?

Yazid ne savait que répondre. Son esprit était trop imbibé d'alcool pour trouver une réplique. Un courtisan, toujours à l'affût d'obtenir une faveur, eut une idée pour faire baisser la tension qui montait dangereusement: Il s'avança vers le trône et, se prosternant aux pieds de Yazid, demanda:

- O Commandeur des Croyants! O mon Maître! J'implore ta Majesté de m'accorder une récompense pour les services que je lui ai rendus. Offre-moi en esclave Soukeina, la fille de Houssein.

Zaynab serra Soukeina dans ses bras. Elle répliqua:

- Pour qui te prends-tu, minable larbin de Yazid? As-tu perdu tout sens de la mesure? Crois-tu être d'une si haute naissance que l'on te donne en esclave la petite-fille du Prophète?

- Tais-toi, coupa Yazid! C'est moi qui décide ici, et je fais ce que je veux!

- Non, Yazid. Ce n'est pas toi qui commandes! Ni ici, ni ailleurs! Dieu ne te laisserait commettre une telle abomination que si tu rejetais publiquement l'Islam et embrassais une autre religion.

- C'est à moi que tu parles de la sorte? A moi, le Commandeur des Croyants? C'est ton père, qui est sorti de la Religion, et aussi ton frère!

- Tu mens, ennemi de Dieu! Tu te prétends le Commandeur des Croyants alors que tu ordonnes l'injustice, que tu combats la vertu, que tu opprimes les faibles sans défense!

Le courtisan insista:

- Donne-moi cette fille...

Yazid le repoussa:

- Reste plutôt célibataire! Que Dieu te donne la mort!

Le cachot était plongé dans l'obscurité. Pourtant au dehors, brillait un soleil éblouissant. L'Imam Ali Zayn Abidine priait, le front posé sur le sol. Les autres survivants de la Famille du Prophète aussi priaient, dans les ténèbres de la prison. Zaynab priait assise, tant ses forces avaient décliné. La nourriture était si mesurée qu'elle laissait sa maigre part aux enfants, se contentant pour elle-même d'un peu d'eau. Elle était trop faible maintenant pour tenir debout.

Les heures passaient. Les prisonniers priaient toujours. Ils n'interrompaient leurs actes de dévotion que pour pleurer amèrement au souvenir des êtres chers qu'ils avaient perdus à Karbala. Dehors la nuit avait succédé au jour, mais qu'est-ce que cela changeait dans la nuit du cachot ?

Un cri et des pleurs redoublés attirèrent Zaynab près de Soukeina.

- Ma tante! Dans mon rêve j'ai vu mon père! Je ne l'avais pas vu depuis qu'il m'a quitté, ce jour horrible... Alors je lui ai tout raconté. Tout ce que nous avons enduré jusqu'à aujourd'hui. Il m'a dit : "Soukeina, tes souffrances ont assez duré! Soukeina, ma fille chérie, je suis venu te chercher!"

Soukeina éclata en sanglots. Alors toutes les femmes, et les enfants aussi se mirent à sangloter. Yazid, qui passait à ce moment-là près d'un soupirail de la prison, demanda ce qui se passait. Des gardes lui dirent que Soukeina, la fille de l'Imam Houssein voulait voir le visage de son père. Yazid donna des ordres.

Des gardes entrèrent bientôt dans le cachot. L'un d'eux portait un plateau d'argent recouvert d'une étoffe de soie. Le garde déposa le plateau devant Soukeina. Il retira l'étoffe. La torche qu'il brandissait éclaira la tête de l'Imam Houssein.

Soukeina s'empara de la tête de son père. Elle la serra contre elle, l'embrassant comme elle l'avait embrassée des milliers de fois quand il était vivant. Au bout d'un moment ses sanglots se calmèrent.

Zaynab s'approcha de Soukeina qui était immobile, recroquevillée autour de la relique de l'Imam.

- Soukeina ma fille, ne reste pas ainsi courbée sur la tête de ton père.

Soukeina ne répondait pas. Zaynab voulut secouer doucement l'épaule de l'enfant. Mais Soukeina avait cessé de vivre. Son père tant aimé avait tenu la promesse qu'il lui avait faite en rêve. Maintenant elle était avec lui, au Paradis.

Les rapports de sa police ne laissaient pas de préoccuper Yazid. Trop de gens murmuraient contre lui. Trop de rumeurs circulaient à propos du sort cruel qu'il avait infligé à la Famille du Prophète. Des femmes allaient même jusqu'à traiter de lâches leurs maris parce qu'ils ne s'opposaient pas au tyran.

Yazid avait perdu le sommeil. Il craignait maintenant sérieusement d'être renversé. Malgré presque cinquante ans de présence omayyade, malgré un quart de siècle de pouvoir absolu, aux mains de son père d'abord, ensuite entre .les siennes, malgré tous les efforts déployés pour inculquer aux masses la haine de la Famille du Prophète, d'Ali, de Hassan, de Houssein, malgré la crainte, à défaut d'amour; qu'éprouvaient les gens pour les descendants d'Abou Soufiane, malgré tout cela, dans son fief de Damas, Yazid tremblait pour son trône!

Alors il décida de faire sortir de prison les survivants du massacre. Il affirma publiquement qu'on l'avait trompé, que Houssein n'était pas aussi rebelle qu'on le lui avait dit.

Il jura que jamais il n'avait ordonné qu'on tue le petit-fils du Prophète et que si lui, Yazid, avait été présent à Karbala, il n'aurait pas permis qu'on lui fasse ce qu'on lui avait fait. Il offrit à Ali Zayn Abidine, à Zaynab, à Kolsoum, à toutes et à tous de leur donner tout ce qu'ils pourraient souhaiter. La seule chose qu'Ali Zayn Abidine et les Gens de la Maison du Prophète demandèrent fut qu'on leur restitue les pauvres biens qu'on leur avait volés.

Ils emportèrent avec eux ces reliques, et aussi les tètes des Martyrs.

Voyageant de nuit, et accompagnés d'une escorte qui éloignait d'eux tous les importuns, ils revinrent sur le lieu du Sacrifice, dans la plaine de Karbala. Ils enterrèrent les têtes auprès des corps des Martyrs. Des pasteurs nomades avaient vaguement recouvert de sable les cadavres mutilés, et un Compagnon du Saint Prophète, Jaber fils d'Abdallah Ansari, leur avait donné une véritable sépulture.

L'Imam Ali Zayn Abidine, et les femmes et les enfants de la Famille du Prophète, regagnèrent ensuite Médine. Ils y arrivèrent le 8 du mois de Rabioul-Awwal de l'an 61 de l'hégire... Médine qu'ils avaient quittée six mois et demi plus tôt, le 28 Rajab de l'an 60, derrière l'Imam Houssein.

mardi, 05 novembre 2013 21:46

Islam grace a Imam Hussein (AS)

I - NAISSANCE

L'Imam Houssain (A.S) est né à Médine le 3ème jour du mois lunaire de Cha'bane de l'an 4 de l'Hégire. Il est le fils de Hazrat-é-Ali ibn-é Abu Talib et de Hazrat-é-Fatéma bint-é Mohammad (S.W.A.), donc petit-fils de notre Saint Prophète Mohammad (S.A.W.).

Pour bien connaître la vraie personnalité de l'Iman Houssain (A.S) il est nécessaire de voir le milieu dans lequel ce saint enfant a vu le jour.

Le grand-père maternel de l'Imam Houssain (A.S) qui est le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) est bien connu de tous les musulmans. Il est envoyé de Dieu et le propagateur de l'Islam.

Il a sacrifié toute sa vie pour l'Islam dans le total dévouement à Dieu. L'illustre père de l'Imam Houssain (A.S), Hazrat-é Ali (A.S) est né à Beytullah à la Mecque. Possédant une très grande piété et un courage inégalé, Hazrat-é-Ali (A.S) donna sa vie dans le chemin d'Allah, avant d'être assassiné à la Mosquée de Koufa.

Hazrat-é-Fatéma (A.S), la mère de l'Imam Houssain (A.S) est la fille unique et bien aimée de notre Saint Prophète qui disait : "Fatéma est une partie de mon âme."

Ainsi l'Iman Houssain (A.S), qui a reçu son nom de Mohammad (S.A.W.) est issu de la Sainte Famille de notre Prophète dont le seul but sur cette terre était d'apporter le message de Dieu qui est l'Islam. Le frère aîné de l'Imam Houssain (A.S) est l'Imam Hassan (A.S) qui est le premier fils de Hazrat-é Ali (A.S).

Par sa lignée, nul ne peut se comparer à la place de l'Imam Houssain (A.S) dans l'Islam. En effet, son grand-père paternel fut Abou Talib, le tuteur et le protecteur du Saint Prophète (S.A.W.), son grand-père maternel fut le Saint Prophète lui-même, son père fut le lion d'Allah, le héros incomparable de l'Islam, Ali (A.S), sa mère fut la Dame du Paradis Fatema Zahra (A.S)

II - ENFANCE

L'amour et l'affection interne que le Saint Prophète (S.A.W.) avait pour l'Imam Houssain sont indescriptibles.

Les historiens rapportent que quand l'Imam Houssain était petit et qu'en jouant, s'il montait sur le dos du Saint Prophète en pleine prière (Salât), Mohammad (S.A.W.) prolongeait ses prosternations pour laisser l'Imam Houssain comme il l'entendait

Abou Huraira rapporte qu'un jour, il vit le Saint Prophète (S.A.W.) prendre les deux mains de l'Imam Houssain (A.S) tandis que ses pieds étaient sur ceux du Saint Prophète.

Ensuite l'Imam Houssain (A.S) monta sur lui de sorte que ses pieds étaient sur la poitrine de Hazrat-é Mohammad (S.A.W.). Il demanda ensuite à son petit-fils d'ouvrir la bouche et l'embrassa.

Par ailleurs, on peut voir dans le Mishkat que l'Envoyé de Dieu disait souvent : "Houssain est de moi et je suis de Houssain. Celui qui aime Houssain est à son tour aimé par Allah et celui qui hait Houssain est à son tour haï par Allah."

III - ADOLESCENCE

Le Saint Prophète (S.A.W.) s'est occupé personnellement de montrer à l'Iman Houssain (A.S) à affronter tous les dangers pour la sauvegarde de l'Islam et il a donné l'exemple au moment de "Moubahela" qui fut une sorte de confrontation de l'Islam avec le Christianisme.

Moubahela fut une épreuve pour l'établissement de la vérité entre les musulmans et les chrétiens, dans la mesure où il s'agissait de venir avec les enfants, les femmes et les membres de la famille de chaque partie et d'invoquer la malédiction de Dieu sur ceux qui n'étaient plus sur le droit chemin (citation du Coran).

Le Saint Prophète y est venu avec Hazrat-é Ali, Hazrat-é Fatéma, l'Imam Hassan et l'Imam Houssain, bénis soient-ils, pour montrer au monde qu'il était prêt à risquer tout ce qui lui était cher sur la terre pour l'Islam et que ces personnalités étaient celles sur qui on pourrait compter pour sauver l'Islam contre tout danger.

L'Imam Houssain (A.S) vivait de manière simple à l'exemple de son père Hazrat-é Ali (A.S) et de son grand-père Mohammad (S.A.W.) et enseignait de manière subtile les pratiques de l'Islam aux musulmans. Ainsi un jour, alors qu'il se préparait à faire la prière (Salât), il a vu qu'un vieil homme a fait ses ablutions (vozou) d'une manière erronnée.

Pour ne pas porter atteinte à l'honneur de ce vieil homme et afin de pouvoir lui montrer que son "vozou" n'était pas correct, il s'approcha de lui et lui demanda de voir si son propre "vozou" était bon. Puis il se mit à le faire. Le vieil homme, regardant comment l'Iman Houssain (A.S) faisait le "vozou" comprit de lui- même que le "vozou" de l'Imam était correct, mais que le sien était faux.

Les exemples sont nombreux pour apprécier la philosophie profonde de l'Imam Houssain (A.S) en ce qui concerne le côté humanitaire dont il usait dans sa vie courante. le petit-fils du Saint Prophète de l'Islam était un homme très pieux, que ce soit en actions, en pensées et en paroles.

Un jour, après une des guerres saintes, Hazrat-é Ali (A.S) avait ramené les prisonniers de guerre. Parmi ces prisonniers se trouvait un homme nommé Chimre.

Cet homme appela l'Imam Houssain (A.S) et lui demanda de faire une intervention auprès de son père Hazrat-é Ali (A.S) en faveur de sa libération. Quand l'Imam Houssain (A.S) fit part de cette demande à son père, celui-ci lui demanda s'il connaissait bien cet homme.

L'Imam Houssain (A.S) savait, grâce à sa sainteté que Chimre était l'homme qui le tuera à Karbalà. Néanmoins, il insista auprès de son père pour obtenir la libération de Chimre.

IV - IMAMAT (Khalifat)

L'Imam Houssain (A.S) est le Saint qui a sauvé l'Islam de l'extermination par son sacrifice.

Au cours des siècles, la religion de Dieu a toujours rencontré des difficultés qui ont failli la faire disparaître. Pour comprendre le comment de "l'Islam grâce à l'Imam Houssain (A.S)", il faut remonter dans le temps.

Le Prophète Adam (A.S) affronta le premier ennemi de Dieu qui est Iblis (le Satan). Iblis désobéit à l'ordre de Dieu de se prosterner devant le Prophète Adam sous prétexte que lui-même a été créé du feu, et que le Prophète de la terre. Iblis, ennemi de Dieu, a depuis toujours continué sur la terre de détourner les hommes du chemin d'Allah.

Ainsi , à travers l'histoire des Prophètes de Dieu, on trouve Iblis sous d'autres formes, telles que Nemrod, contre le Prophète Ibrahim (A.S) (Abraham), Pharaon contre le Prophète Moussa (A.S) (Moïse), Judas contre le Prophète Issa (A.S) (Jésus), Abou Soufian contre le Prophète Mohommad (S.A.W.) et on a encore retrouvé le même Iblis sous le manteau de Yazid contre le Saint Imam Houssain (A.S)

Après la mort de Hazrat-é Ali (A.S), les choses changèrent complètement, Moawiya devint calife et il transféra la capitale islamique de Médine à Damas. Avant sa mort, Moawiya, qui voulait perpétuer sa dynastie, nomma son fils Yazid comme son successeur.

Cette action était le coup de grâce pour le principe islamique.

Yazid s'adonnait librement à toutes sortes de vices et ne pratiquait aucun culte religieux. Il n'était nullement apte à devenir un gouverneur ni à être le chef religieux de l'Islam.

L'Iman Houssain (A.S) qui était alors à la tête de la Sainte Famille du Prophète Mohammad (S.A.W.), remplissait toutes les conditions d'un chef temporel et spirituel à l'image même du Saint Prophète de l'Islam comme son successeur légal.

V - BEY'AT

Comme Yazid n'avait pas les qualités nécessaires pour devenir Calife, il essaya de renforcer sa position et de maintenir son autorité par la force et par la brutalité.

Yazid savait que des mécontents existaient parmi les Musulmans quant à son khalifat et que la seule façon de rétablir l'ordre était de faire l'Imam Houssain (A.S) lui jurer fidélité (bey'at).

Une fois l'Imam Houssain (A.S) aurait offert le "bey'at" à sa personne, la position de Yazid deviendrait sûre et légale.

Alors, il envoya une lettre à Walid qui était son gouverneur à Médine, lui ordonnant de demnder la fidélité (bey'at) de l'Imam Houssain (A.S), et en cas de refus de sa part lui trancher la tête. Cette obsession de Yazid pour obtenir la fidélité (bey'at) de l'Imam Houssain (A.S) était due au fait que celui-ci représentait directement le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) à cette époque.

Il portait avec lui tout l'héritage des prophètes précédents, en particulier celui du Saint Prophète Mohammad (S.A.W.), à savoir la responsabilité pour la protection, la sauvegarde et la préservation de la justice, le bien et la vertu dans les formes islamiques. En effet, l'Imam Houssain (A.S) qui était alors l'aîné des descendants vivants du Saint Prophète à l'époque, avait l'obligation de prendre en charge ces responsabilités et il le fit comme l'aurait voulu le Saint Prophète.

L'Imam Houssain (A.S) savait que jurer fidélité (bey'at) à Yazid signifiait la signature de la mort de l'Islam. En voulant cette fidélité, Yazid cherchait la carte blanche de la part de l'Imam Houssain (A.S) comme chef suprême des affaires religieuses.

Une fois cette carte obtenue, Yazid aurait pu effectuer tout changement ou transformation relatifs aux commandements, lois, principes et aux pratiques de l'Islam et de sa Shari'a.

L'Imam Houssain (A.S), qui était venu au monde par l'Islam, comment pourrait-il signer la mort de cet Islam si cher à son grand-père le Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) et à lui- même, en accordant le "bey'at" à Yazid.

L'Imam Houssain (A.S) refusa donc de jurer fidélité à Yazid tout en sachant que celui-ci aura recours à la plus grande violence pour accomplir sa décision.

VI - VOYAGE INFINI

D'une part, l'Imam Houssain (A.S) n'ignorait pas que le refus de "bey'at" à Yazid risquait de dégénérer en lutte armée à Médine, ville sainte de l'Islam. Il se décida donc à quitter Médine pour éviter une guerre fratricide entre les Musulmans là où le Saint Prophète reposait.

L'objectif de l'Imam Houssain (A.S) n'était pas de faire la guerre, car si telle était son intention, il aurait levé une armée pour partir en expédition. Il prit la direction de La Mecque avec 72 personnes composées de ses proches parents, femmes et enfants, pour accomplir le pèlerinage et clarifier les raisons de ses différents avec Yazid pour les habitants de la Mecque.

D'autre part, les habitants de Koufà savaient très bien que Yazid était indigne de devenir le dirigeant des Musulmans. Ils demandèrent à l'Imam Houssain (A.S) d'accepter d'être leur chef suprême en lui envoyant des émissaires, des représentants, des délégations et des centaines de lettres. L'Imam Houssain (A.S) consentit à leur demande, mais ne voulait nullement devenir un homme de pouvoir politique. Son seul vœu était de vivre selon les principes islamiques.

Avant de partir pour Koufà (Iraq) l'Imam Houssain (A.S) envoya son cousin Hazrat-é Mouslim (A.S) en émissaire pour étudier la situation sur place. Peu de temps après son départ, ce dernier lui envoya un rapport très favorable.

Pour que l'Imam Houssain (A.S) ne puisse parvenir à Koufà, Yazid envoya ses agents pour le tuer secrètement à la Mecque même. Celui-ci apprenant cette intention de Yazid, et pour ne pas souiller de sang l'enceinte sacrée de la Mecque, précipita son départ vers Koufà.

Entre temps, Yazid envoya un gouverneur nommé Obeidollah Ben Ziad à Koufà, y vit renverser la situation contre l'Imam Houssain (A.S) et fit assassiner son cousin Hazrat-é Mouslim (A.S). Cette dernière situation était encore méconnue par l'Imam Houssain (A.S) qui était en route pour Koufà suite au rapport favorable de Hazrat-é Mouslim (A.S)

VII - DESERT DE KARBALA

La petite expédition familiale de l'Imam Houssain (A.S) composée de 72 personnes était encore en route vers Koufa lorsque toute une armée comprenant 30.000 hommes envoyée par Obeidollah sur l'ordre de Yazid et sous le commandement d'un certain officier Hour força l'Imam Houssain (A.S) et ses compagnons à camper dans le désert brûlant de Karbalà.

L'armée ennemie campa près du fleuve Euphrate (Fourate). Obeidollah Ben Ziad envoya un autre contingent, recueilli de Koufà, à Karbalà sous le commandement d'Omar Saad qui augmenta le nombre de l'armée ennemie à environ 100.000 hommes.

Pour éviter l'effusion de sang, l'Imam Houssain (A.S) négocia avec le chef de l'armée de Yazid pour lui permettre de quitter la Mésopotamie et même l'Arabie pour pouvoir vivre suivant les principes islamiques soit aux Indes, soit ailleurs.

Cela montrait qu'il désaprouvait le gouvernement de Yazid, mais Obeidollah Ben Ziad refusa en disant que l'Imam Houssain (A.S) devait reconnaître Yazid comme Khalife de l'Islam à titre temporel ou bien il devait être mis à mort.

Comme l'Imam Houssain (A.S) refusait à tout prix d'accepter Yazid comme Khalife de l'Islam, Omar Saad commença à appliquer la violence qui débuta avec le blocage du fleuve Euphrate. A partir du 7ème jour du mois de Moharram, l'Imam Houssain (A.S) et ses compagnons n'avaient plus aucune goutte d'eau, et Omar Saad espérait que sous l'atroce effet de la soif l'Imam Houssain (A.S) changerait d'avis.

L'Imam Houssain (A.S) ne craignait point le sort de sa propre personne, mais il se souciait du massacre des femmes et des enfants qui l'accompagnaient. Devait-il se soumettre aux exigences de l'ennemi? Mais alors, ce serait accepter Yazid comme guide de l'Islam face au Saint Prophète.

Un Saint homme comme l'Imam Houssain (A.S) pourrait-il vendre l'Islam, religion d'Allah contre sa vie et celle de ses compagnons? Penser que l'Imam Houssain (A.S) abdiquera en faveur de Yazid, ce serait mal le connaître.

Par ailleurs, il faut comprendre que l'Imam Houssain (A.S) a voulu négocier avec Yazid, non pas parce qu'il cherchait un moyen quelconque pour sauver sa vie, mais qu'il a voulu laisser le temps de réfléchir à ses ennemis qui prétendaient être Musulmans et admettaient que le Saint Prophète Mohammad était l'envoyé de Dieu, mais qui feignaient d'ignorer que l'Imam Houssain (A.S) était le vrai successeur du Saint Prophète.

Celui qui penserait que l'Imam Houssain (A.S) était allé vers le suicide collectif à Karbalà, se trompe lourdement dans la mesure où l'Imam avait usé de tous les moyens pour éviter cet affrontement que désormais Yazid lui imposait pour pouvoir maintenir son pouvoir politique dont il n'avait pas les capacités intellectuelles et religieuses.

Le 9ème jour de Moharram, Obeidollah Ben Ziad envoya un ultimatum à l'Imam Houssain (A.S) pour réclamer le bey'at avec Yazid et mettre un terme aux négociations.

Voyant le refus inconditionnel de l'Imam Houssain (A.S), Omar Saad ordonna une attaque immédiate, en réponse à laquelle l'Imam Houssain (A.S) envoya son frère Hazrat-é Abbas pour demander une nuit de repos, l'Imam voulait ainsi procurer une occasion à ses compagnons qui voudraient éventuellement le quitter et une chance aux hommes de l'armée ennemie de réfléchir une dernière fois et peut-être de vouloir venir de son côté.

Il voulait aussi passer cette nuit en offrant des prières et invocations à son Créateur pour la gloire duquel il se trouvait dans cette situation. Il faut remarquer que l'Imam Houssain (A.S) n'a oublié aucun détail pour qu'après cette historique journée d'Achourà, le 10ème jour de Moharram de l'an 61 de l'Hégire, on ne puisse l'accuser de n'avoir pas essayé telle ou telle situation pour sortir de la crise, sauf bien entendu celle de vendre l'Islam.

VIII - ACHOURA

Après l'aube de 10ème jour de Moharram (Achourà) pour accomplir son dernier devoir, avant l'éventuel engagement des deux armées largement disproportionnées, l'Imam Houssain (A.S) monta sur son chameau, considéré comme un animal de paix contrairement au cheval, pour venir devant les rangs ennemis et délivra un long sermon dans lequel il clarifia sa position sur sa personnalité en tant que le petit-fils du Saint Prophète (S.A.W.) qu'il représentait, le dernier membre vivant des "cinq purifiés" (Pandjatan) et les raisons pour lesquels il avait refusé le "bey'at" à Yazid.

Ainsi, aucun des hommes de l'armée ennemie ne pourrait dire qu'il ne savait pas la raison exacte de cet affrontement. L'Imam Houssain (A.S) rentra ensuite à son camp.

Hour, l'un des commandants de l'armée ennemie, qui avait intercepté l'Imam Houssain (A.S) sur sa route vers koufà, réalisa que l'Imam Houssain (A.S) était le vrai chef de l'Islam. Il quitta aussitôt l'armée de Yazid, vint demander pardon à l'Imam Houssain (A.S), se convertit à son idéal et rejoignit son camp avec son fils et son esclave.

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand Omar Saad tira la première flèche vers le camp de l'Imam Houssain (A.S) déclarant ainsi le commencement de la bataille. Malgré la soif et la fain de trois jours, imposées par l'armée de Yazid, la petite formation de l'Imam Houssain (A.S) s'installa dans la position défensive.

Les premiers qui furent volontaires pour engager les combats, étaient les amis de l'Imam Houssain (A.S), notamment Hour qui partit le premier vers le champ de bataille et qui inscrit courageusement son nom sur la liste des Martyrs de Karbalà.

Ce fut ensuite le tour des autres amis comme Zobayr Ibn-é Quain, Mouslim Ibn-é Awsadja, Habib Ibn-é Mazahire, ainsi que les autres volontaires qui ont donné leur âme au bénéfice de l'Islam et qui ne voulaient qu'aucun membre de la Sainte Famille du Prophète aille combattre tant qu'ils seraient vivants.

Lorsque tous les amis furent tués, Onne et Mohammad, deux fils de Djanab-é Zaynab (A.S) et neveux de l'Imam Houssain (A.S) demandèrent l'autorisation d'aller combattre. L'Imam Houssain (A.S) fut obligé de leur accorder son consentement suite à l'insistance de Djanab-é Zaynab (A.S), sa sœur, qui voulait aussi prendre part à la souffrance de Karbalà.

Onne et Mohammad partirent donc au combat et furent tués héroïquement. L'Imam Hassan (A.S), frère aîné de l'Imam Houssain (A.S), marqua sa présence à Karbala par son fils Djanab-é Kassim (A.S) qui fut tué après avoir mené une lutte acharnée contre les ennemis.

Dans le camp de l'Imam Houssain (A.S), de nombreux enfants en bas âge, notamment Bibi Sakina, étaient présents pendant cet affrontement et ils ne pouvaient plus supporter l'effet de la faim et de la soif qui duraient depuis trois jours.

Hazrat-é Abbas (A.S), frère et bras droit de l'Imam Houssain (A.S) était réputé pour sa bravoure, son courage et sa résistance devant les pires situations.

Il demanda à l'Imam la permission d'aller combattre et d'anéantir l'ennemi pour pouvoir apporter de l'eau du fleuve Euphrate (Fourate) pour les enfants. le but de l'Imam Houssain (A.S) n'était pas de gagner la guerre, mais de sauver l'Islam.

Il autorisa Hazrat-é Abba (A.S) à partir, mais uniquement pour aller chercher de l'eau et prit le chemin du retour. A ce moment, l'ennemi reçut l'ordre de tuer coûte que coûte Hazrat-é Abbas (A.S) pour que l'eau ne parvienne pas jusqu'au camp de l'Imam Houssain (A.S).

Hazrat-é Abbas (A.S) a dû se défendre durement à son tour, mais les ennemis étaient trop nombreux et ils ont pu lui trancher successivement les deux bras. Hazrat-é Abbas (A.S) continuait sa route en sauvant l'outre d'eau, quand il reçut une flèche frontale qui traversa l'outre tenue par ses dents et qui le tua. La perte de Hazrat-é Abbas (A.S) fut ressentie très cruellement par l'Imam Houssain (A.S).

Ali Akbar (A.S), le premier fils de l'Imam Houssain (A.S), se prépara à partir pour le combat. Il était âgé de 18 ans seulement et ressemblait tellement au Saint Prophète Mohammad (S.A.W.) que les hommes de l'armée ont cru voir la présence du Saint Prophète au milieu de ce brûlant champ de bataille de Karbalà. Malgré cet effet visuel et psychologique, les adversaires en nombre se sont regroupés et rués sur Ali Akbar (A.S) dont le courage fut exemplaire, et l'ont tué.

Après la mort de ses compagnons, l'Imam Houssain (A.S) était maintenant le seul qui pourrait aller combattre l'ennemi.

Il refusa la permission d'aller lutter à son fils Hazrat-é Zaynal- Abédine (A.S) qui était tellement souffrant qu'il ne pouvait pas monter à cheval. D'autre part, il considérait Zaynal-Abédine (A.S) comme successeur garant de l'Islam après sa mort.

L'Imam Houssain (A.S) prit alors son fils âge de 6 mois nommé Ali Asghar (A.S) et vint devant les rangs ennemis. Il leur dit que cet enfant n'avait rien fait contre eux et qu'ils pourraient au moins accorder un peu d'eau à ce bébé qui meurt de soif.

Devant cette scène, exprimant la plus grande injustice à son égard, les hommes de Yazid furent atteints d'émotion. Omar Saad, craignant un renversement de la situation en faveur de l'Imam Houssain (A.S) donna l'ordre de tuer sur le champ ce Saint enfant.

Aussitôt, une flèche tirée par Harmalla arriva en plein cou de l'enfant qui fut ainsi tué pour l'Islam. L'Imam Houssain (A.S) regagna son camp. Il était maintenant seul contre tous. Même le soleil semblait tester la force morale de l'Imam qui n'avait pas arrêté d'essuyer les coups les plus durs depuis le matin.

La cruauté des ennemis dépassait l'imagination. Le spectacle autour de lui était désolant. Sur le sable brûlant jonchaient les corps inertes des siens, dans les tentes, les femmes et les enfants pleuraient. Mais l'Imam Houssain (A.S) avait avec lui, sain et sauf, l'Islam.

Dans cette situation qui démoraliserait n'importe quel être humain, l'Imam Houssain (A.S) garda une présence d'esprit inégalée. Il se prépara pour la dernière du combat, pris congé des siens et partit vers le champ de bataille. Il a conduit un combat exemplaire et sans merci face à l'ennemi qui, malgré la supériorité numérique, ne parvenait pas à sa fin dans un combat légal.

Les ennemis décidèrent alors de s'y mettre tous, lâchement. Malgré une résistance inexprimable, l'Imam Houssain (A.S) subit un assaut désordonné et tomba de son cheval, épuisé. Chimre, celui que l'Imam Houssain (A.S) avait fait libérer de la prison, s'approcha de lui pour accomplirl'abominable acte.

L'Imam Houssain (A.S), ensanglanté, demanda à Chimre de lui donner un peu d'eau avant de le tuer, mais celui-ci refusa impitoyablement. L'Imam Houssain (A.S) demanda alors de lui permettre d'accomplir la prière (Salât) ce que le bourreau accepta. Mais Chimre n'a pas laissé à l'Imam Houssain (A.S) le temps de finir complètement sa prière et le frappa, en position de prosternation, sur la nuque avec un sabre mal aiguisé.

L'atrocité cruelle de l'ennemi ne s'arrêta pas là. Après avoir été décapité, la tête tranchée de l'Imam Houssain (A.S) fut montée sur une lance et son corps foulé aux pieds des chevaux des ennemis dans le but volontaire de le déshonorer.

Après le Martyre de l'Imam Houssain (A.S), les tentes où se trouvaient les femmes et les enfants dans le camp de l'Imam furent mises à feu par les ennemis qui ont pillé et maltraité la Sainte Famille, et enlevèrent le tchàdar des femmes, avant de les envoyer, les mains liées au cou, sur les chameaux sans palanquin, ainsi que les têtes tranchées montées sur les lances à Damas auprès de Yazid pour y subir le déshonneur le plus extrême et se faire prisonnières pendant plus de douze mois.

IX - CONCLUSION

A travers ce bref résumé biographique de l'Imam Houssain (A.S) et en particulier le sacrifice qu'il a effectué sur l'autel de l'Islam, il faut bien dire que l'Imam Houssain (A.S) a donné sa vie pour la cause de la vérité et pour les principes de l'Islam.

Si l'Imam Houssain (A.S) avait accepté le "bey'at" à Yazid, l'Islam aurait été de passage sur la terre. Grâce donc à l'Imam Houssain (A.S), l'Islam put subsister pour prendre ensuite de l'ampleur sur notre planète.

Les bases du soulèvement "Je ne me suis pas soulevé par l'orgueil, corruption et iniquité. En vérité, je me suis soulevé pour réforner l'Ummat de mon grand-père. Je veux ordonner le recommandable, interdire le blâmable et agir comme mon père et mon grand-père."

(Extrait du testament de l'Imam Houssain, béni soit-il, à Mohammad Hanifa-Moghtel Khwarazmi)

Le tracé du destin "La mort est pour le fils d'Adam, comme un collier à l'instar de la parure portée par les jeunes filles. J'aime avec ardeur mes ancêtres comme Jacob a aimé Joseph.

Ils ont choisi l'endroit où ils me tueront et je me rendrai à ce rendez-vous. Je vois mon corps déchiqueté que les loups du désert déchirent entre Karbalà et Navaviss, et dont ils rassasient leurs ventres affamés. Point de recours contre ce que la plume du destin a tracé pour cette journée.

Dieu est satisfait de notre soumission, nous, les membres de la famille du Prophète. Nous nous résignons aux maux décrétés par Lui car Il nous accordera la récompense accordée aux résignés." (Extrait dus discours prononcé par l'Imam Houssain, béni soit-il, avant de quitter la Mecque pour l'Irak, Maghtal al-Houssain).