تقي زاده

تقي زاده

En propulsant l'ex-chef d’état major, Gabi Ashkenazi, à la tête de la diplomatie sioniste, Netanyhau a prouvé qu’il est suffisamment naïf pour croire possible l’annexion de la Cisjordanie sans qu’Israël en entier n’implose. Et pourtant, même l’intéressé est pris de panique : « l’annexion de la Cisjordanie menace les relations avec la Jordanie et l’Égypte… Or ce sont les « alliés » avec qui il faut préserver nos accords sécuritaires pour pouvoir relever les défis régionaux ».

 

C’est la confusion la plus totale dans le camp pro-Israël et c’est visiblement l’effet recherché par les forces « alliées » : alors même que depuis une dizaine de jours Américains et Israéliens accompagnés de la presse turque et saoudienne ne parlent que du « retrait forcé de l’Iran » de la Syrie, relatant tantôt une "collusion" Moscou-Tel-Aviv contre Téhéran tantôt un méga lâchage d’Assad par Poutine, The Jerusalem Post fait publier un article où il croit savoir que tout ceci n’est que du bluff et qu’au contraire de ce que veut faire croire l’Amérique de Trump, l’axe de la Résistance et la Russie se mettent en ordre de bataille, là où le front contre USA/Israël est déjà largement ouvert, soit, l’est de Deir ez-Zor sur la frontière avec l’Irak.

Alors que les États-Unis se coupent les quatre veines pour arracher aux membres du Conseil de sécurité une prolongation de l'embargo sur la vente d'arme à l'Iran, Moscou dit ne pas écarter une amorce des négociations sur la fourniture d’armes russes à l’Iran, une fois que l’embargo du Conseil de sécurité des Nations unies aura été levé, à savoir au mois d'octobre. Il y a quelques jours, le représentant spécial du président russe pour l’Afghanistan et directeur du deuxième département asiatique du ministère russe des Affaires étrangères Zamir Affirma Kabulov en évoquait l'idée. 

Après le harcèlement américain sur les pétroliers iraniens qui transportent du carburant pour le Venezuela, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Seyyed Abbas Moussavi, a affirmé que le libre-échange entre les pays indépendants est un acte légitime et ce qui est illégitime est la piraterie maritime dont les États-Unis sont au premier plan.

« L’Amérique de Trump perturbe l’ordre mondial, ignore les normes et cherche l’anarchisme mondial. Ce que les Américains ont dit sans vergogne de nos navires recevra certainement une réponse de notre part », a indiqué Seyyed Abbas Moussavi.

« Nous avons envoyé aux Américains les recommandations nécessaires via l’ambassade de Suisse et notre représentation à New-York. Nous avons fermement averti dans la lettre du ministre iranien des Affaires étrangères à l’adresse du secrétaire général des Nations unies. Nous espérons que les Américains ne commettront pas une telle action illégale », a-t- il ajouté.

Le ministère iranien de la Défense a procédé fin avril à la livraison en masse de nouveaux drones de combat et de surveillance à l’armée de l’air et à la force de la défense aérienne.

Parmi les drones dévoilés figurait le drone Nasseh, un drone avec un turboréacteur utilisé comme cible d’essai lors des exercices des systèmes de défense aérienne, ainsi que pour perturber les systèmes de défense aérienne de l’ennemi. Le drone Nasseh qui a été fabriqué d’après le drone américain MQM-107, est capable de voler pendant une heure à une vitesse de 0,7 Mach.

Le turboréacteur installé sur ce drone est un mini-turboréacteur Tolou'-4 qui a également été utilisé dans les drones Karrar et les missiles de croisière Nour.

La position des ailes du drone lui permet d’avoir une maniabilité à grande vitesse et de créer des conditions réelles pour des systèmes de défense aérienne lors d’exercices.

Suite à la découverte du corps de l’ambassadeur chinois à Tel-Aviv, retrouvé mort le 17 mai à son domicile à Herzylia et alors que le résultat final de l’enquête n’est pas encore publié, les médias du régime israélien tentent de suggérer qu’il est décédé d’une mort naturelle.

La chaîne 12 de la télévision du régime israélien a rapporté qu’aucun signe ou symptôme de violence n’avait été trouvé sur le corps de l’ambassadeur chinois en Israël, et que les évaluations préliminaires avaient montré que sa mort était naturelle.

Lire aussi: Aide massive chinoise à Israël débordée par la Covid-19

Par ailleurs, alors que la Chine prévoit d’envoyer une équipe d’enquêteurs à la Palestine occupée pour enquêter sur la cause du décès de son ambassadeur, une source israélienne a prétendu que Pékin n’enverrait pas son équipe d’enquêteurs en Israël.

Le 8 mai la presse israélienne a diffusé une nouvelle selon laquelle, l'Iran aurait mené une cyberattaque d'envergure contre le réseau hydraulique de Tel-Aviv, attaque qui représentait, insistait cette même presse, "une menace stratégique": « Cette attaque représente une menace stratégique sérieuse pour Israël, d'autant qu'elle a visé des infrastructures vitales. Elle a été prise très au sérieux par le gouvernement israélien, qui pourrait décider de riposter  », a d'ailleurs souligné au journal Le Point, Ely Karmon, politologue et chercheur des questions stratégiques auprès de The Interdisciplinary Center Herzliya. L'Iran n'a pas revendiqué cette attaque, n'empêche qu'un cyber-assaut de cette taille ne pourrait provenir que d'un ennemi de taille d'Israël. Un ennemi qui dit avoir réussi à coup de missiles à "réduire la présence iranienne en Syrie". Fox News qui a commenté le sujet, met en garde Israël contre un autre aspect de cette attaque, le fait que "les hackers iraniens auraient utilisé des serveurs informatiques situés aux États-Unis pour attaquer Israël". Est-ce la riposte parfaitement calibrée de l'Iran aux frappes balistiques sionistes contre la Syrie? Raï al-Youm y croit. 

Les commandos du Hezbollah, déjà en Galilée? Depuis dimanche 17 mai, les colons tout comme les militaires sionistes se la posent encore cette terrifiante question qui les préoccupent depuis que Hezbollah a crée trois petits "trous" sur la barrière de sécurité, façon de leur rappeler que ce n'est aps uniquement Dôme de fer qui ressemble à une passoire mais tout Israël. Dimanche, les "valeureux" soldats de "l'armée la plus puissante" du Moyen-Orient ont été encore une fois pris de panique quand un individu s'est rapproche de cette même "barrière de sécurité". Ils ont ouvert le feu et l'ont criblé de balle croyant sans doute qu'ils venaient à capturer un "commando" du Hezbollah. La personne se trouve à l'heure qu'il est entre la vie et la mort à l'hôpital mais l'armée israélien ne va guère mieux. Elle est en état d'alerte maximum le long de la frontière nord avec le Liban.

Selon la presse israélienne, les forces militaires sionistes ont augmenté le niveau d'alerte à la frontière nord avec le Liban sur fond d'"événements récents le long de la barrière de sécurité". Quel genre d’événements? 

Un avion-espion américain a survolé près d’une heure une zone à proximité de la base aérienne russe de Hmeimim dans la province de Lattaquié en Syrie.

« Un Boeing P-8A Poseidon de l’armée américaine a décollé de la base aérienne de Sigonella sur l’île de Scissile en Italie avant de survoler pendant plus d’une demi-heure le large des côtes syriennes où est située la base russe de Hmeimim », a rapporté Sputnik.

Cette base a été créée en 2015 lors de la lutte de l’armée russe contre Daech. Elle abrite des avions de combat et un système de défense antimissile S-400.

Indépendamment de l’hystérie antichinoise du groupe qui a imposé les réponses politiques sanitaires occidentales à l’épidémie de Covid-19, celle-ci a montré la dépendance occidentale aux produits manufacturiers chinois. Ce constat a conduit l’administration Trump à passer d’une volonté de rééquilibrage des échanges commerciaux à un affrontement militaire, sans avoir cependant recours à la guerre. Le sabotage des routes de la soie a officiellement débuté.

Violant les règles sanitaires de son administration, le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est rendu en Israël, le 13 mai 2020, c’est-à-dire quatre jours avant la nomination du nouveau gouvernement. À la surprise générale, il a expédié les questions régionales en quelques minutes et a consacré sa visite à passer en revue les investissements chinois dans le pays.

Une des conséquences de l’épidémie de Coronavirus est que les Occidentaux ont réalisé leur dépendance face aux capacités manufacturières chinoises. Ni les Européens, ni les États-uniens n’étaient en mesure de fabriquer les millions de masques chirurgicaux qu’ils entendaient d’urgence distribuer à leur population. Ils ont dû aller les acheter en Chine et se sont souvent battus entre eux jusque sur les tarmacs pour en emporter chez eux au détriment de leurs alliés.

Dans ce contexte de sauve-qui-peut général, le leadership US sur l’Occident n’avait plus aucun sens. C’est pourquoi Washington a décidé non plus de rééquilibrer les relations commerciales avec la Chine, mais de s’opposer à la construction des routes de la soie et d’aider les Européens à relocaliser une partie de leur industrie. Il pourrait s’agir d’un tournant décisif : l’arrêt partiel du processus de globalisation qui avait débuté avec la disparition de l’Union soviétique. Attention : il ne s’agit pas là d’une décision économique de remise en cause des principes du libre-échange, mais d’une stratégie géopolitique de sabotage des ambitions chinoises.

Ce changement de stratégie avait été annoncé par la campagne non seulement économique, mais aussi politique et militaire contre Huawei. Les États-Unis et l’Otan craignaient que si Huawei emportait les marchés publics occidentaux d’installation de la 5G, l’armée chinoise pourrait en intercepter les signaux. Surtout, ils savaient que si les Chinois prenaient ces marchés, ils deviendraient techniquement les seuls à pouvoir franchir l’étape suivante [1].

Il ne s’agit pas d’un ralliement de l’administration Trump aux fantasmes de l’Aube Rouge [2] dont l’obsession anti-chinoise est fondée sur un anti-communisme primaire, mais d’une prise de conscience des gigantesques progrès militaires de Beijing. Certes, le budget de l’Armée populaire de Libération est dérisoire face à celui des Forces armées US, mais précisément sa stratégie très économe et ses progrès techniques lui permettent aujourd’hui de défier le monstre états-unien.

À la fin de la Première Guerre mondiale, les Chinois du Kuomintang et du Parti communiste entreprirent ensemble de réunifier leur pays et de le venger d’un long siècle d’humiliation coloniale. Une personnalité du Kuomintang, Tchang Kaï-chek, tenta d’éliminer le Parti communiste mais fut vaincu par lui et s’exila à Taïwan. Mao Zedong poursuivit ce rêve nationaliste tout en orientant le Parti communiste dans une transformation sociale du pays. Cependant son objectif resta toujours et avant tout nationaliste comme le montra la guerre sino-russe pour l’île Zhenbao en 1969. Dans les années 80, l’amiral Liu Huaqing (celui qui réprima place Tienanmen la tentative de coup d’État de Zhao Ziyang) conçut une stratégie pour repousser les armées US hors de la zone culturelle chinoise. Celle-ci est patiemment mise en œuvre depuis quarante ans. Sans jamais provoquer de guerre, Beijing étend sa souveraineté territoriale en mer de Chine et y harcèle la marine US. Le moment n’est pas loin où celle-ci devra se retirer, laissant la Chine récupérer Taïwan par la force.

Après la dissolution de l’URSS, le président George Bush Père considéra que les USA n’avaient plus de rivaux et qu’il était temps de faire de l’argent. Il démobilisa un million de soldats et ouvrit la voie de la globalisation financière. Les multinationales US délocalisèrent leurs entreprises en Chine où leurs produits furent fabriqués par d’innombrables ouvriers sans formation, vingt fois moins payés que les ouvriers états-uniens. Progressivement, presque tous les biens consommés aux USA furent importés de Chine. La classe moyenne US se paupérisa, tandis que la Chine forma ses ouvriers et s’enrichissait. De par le principe de libre-échange, le mouvement s’étendit à tout l’Occident, puis au monde entier. Le Parti communiste décida de rétablir un équivalent moderne à l’antique route de la soie et, en 2013, élit Xi Jinping pour réaliser ce projet. Lorsqu’il sera réalisé, s’il devait l’être, la Chine pourrait avoir le quasi-monopole de fabrication des biens manufacturiers dans le monde.

En décidant de saboter les routes de la soie, le président Donald Trump tente de repousser la Chine hors de sa propre zone culturelle comme celle-ci repousse les USA hors de la sienne. Pour cela, il pourra compter sur ses « alliés » dont les sociétés sont déjà dévastées par d’excellents produits chinois à bas prix. Certains d’entre eux ont connu des révoltes à cause de cela, comme celle des Gilets jaunes en France. Jadis, l’antique route de la soie apportait en Europe des produits inconnus, tandis que les actuelles routes acheminent les mêmes produits que ceux fabriqués en Europe, mais beaucoup moins chers.

Contrairement à une idée reçue, la Chine pourrait renoncer aux routes de la soie pour des motifs géostratégiques quel que soit le montant de ses investissements. Elle l’a déjà fait par le passé. Elle avait pensé ouvrir une route de la soie maritime au XVème siècle, avait envoyé à la tête d’une formidable armada l’amiral Zheng He, « l’eunuque aux trois joyaux », jusqu’en Afrique et au Moyen-Orient, avant de se retirer et de saborder sa gigantesque flotte pour ne plus revenir.

Le secrétaire d’État Mike Pompeo s’est rendu en plein confinement en Israël. Il a tenté de convaincre les deux futurs Premiers ministres, Benjamin Netanyahu (colonialiste juif) et son adjoint et néanmoins adversaire le général Benny Gantz (nationaliste israélien), d’interrompre les investissements chinois chez eux [3]. Les sociétés chinoises contrôlent déjà la moitié du secteur agricole israélien et devraient assurer dans les prochains mois 90 % de ses échanges commerciaux. Mike Pompeo devrait identiquement s’attacher à convaincre le président égyptien, Abdel Fattah el-Sissi. En effet, le canal de Suez et les ports israéliens d’Haïfa et d’Ashdod devaient être les terminaux de la route moderne de la soie en Méditerranée.

Après diverses tentatives, la Chine a évalué l’instabilité de l’Iraq, de la Syrie et de la Turquie et a renoncé à les traverser. Un accord tacite a été conclu entre Washington et Moscou pour laisser une poche djihadiste, n’importe où à la frontière syro-turque, afin de décourager les investissements chinois dans cette zone. Moscou entend fonder son alliance avec Beijing sur des routes de la soie traversant son propre territoire et non pas les pays occidentaux. C’est le projet du « Grand partenariat eurasiatique » du président Vladimir Poutine [4].

On en revient inlassablement au même dilemme (« le piège de Thucydide ») : face à la montée d’une nouvelle puissance (la Chine), la puissance dominante (les États-Unis) doit soit lui livrer une guerre (comme Sparte face à Athènes), soit céder un espace au nouveau venu, c’est-à-dire accepter la division du monde.

 
 
 

[1] « Huawei », Réseau Voltaire.

[2] « Le Covid-19 et l’Aube rouge », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 28 avril 2020.

[3] « La « route de la soie » passera par la Jordanie, l’Égypte et Israël », « La route de la soie et Israël », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 16 et 30 octobre 2018.

[4] « Discours de Sergueï Lavrov devant la 74e session de l’Assemblée générale des Nations unies », par Sergueï Lavrov, Réseau Voltaire, 27 septembre 2019.

[5] « Mort bien à propos de l’ambassadeur Du Wei en Israël », Réseau Voltaire, 17 mai 2020.