Le martyr de Hazrat Qasim ibn Hassan
En voyant chaque membre de la famille du Messager de Dieu tomber en martyr le jour d’Achoura, Hazrat Qasim s'était hâté d'aller voir sa mère et lui demanda :
- Ô mère ! Si je ne dois pas mourir en martyr aujourd'hui, quel intérêt présentera pour moi la vie ?
Hazrat Umm Farwa se souvint alors de ce que l'Imam Hassan, son époux, lui avait confié juste avant de mourir. Il lui avait remis une lettre cachetée qu'elle devrait lui donner lors de cette grande calamité, elle chercha la lettre et la tendit à Hazrat Qasim, les doigts tremblants d’impatience et d’angoisse, celui-ci brisa le sceau, déplia la lettre et lut :
- Mon enfant. Quand cette lettre te parviendra, j'aurai cessé de vivre depuis longtemps. Quand tu liras ceci, tu seras déchiré par un conflit entre ton désir intense de faire ton devoir et de montrer ton amour pour ton oncle Hussain. C'est en prévision de ce jour que je t'écris cette lettre, j'y joins une autre, qui est destinée à ton oncle, remets-la, il te laissera accomplir ce que ton cœur désire ! Qassim, quand tu liras cette lettre, le temps de notre séparation sera prêt de finir. Hâte-toi. Mon enfant ! Je t'attends !
Hazrat Qasim, transporté de joie, replia la lettre et courut porter le message à son oncle.
L'Imam Hussain reconnut au premier regard l'écriture de son frère. Surpris, il l'ouvrit. Il lut le message qui lui était destiné :
- Mon cher Hussain, quand tu liras cette lettre, tu seras assailli de toutes parts de soucis et de chagrins. Les corps sans vie de tes proches joncheront le sol partout autour de toi. Je ne serai plus là pour donner ma vie pour toi, mais je laisse derrière moi Qasim, qui sera mon représentant auprès de toi. Hussain, je te demande de ne pas repousser mon offre. Au nom de l'amour que tu me portes, laisse Qasim combattre pour te défendre. Laisse-lui connaître la gloire du martyr.
L'Imam Hussain fut soudain submergé par le souvenir de son frère, et il ne put retenir ses larmes à la pensée de cette ultime preuve d'amour.
L'Imam Hussain leva les yeux vers Hazrat Qasim puis lui dit :
- Mon cher enfant, la volonté de ton père est pour moi un ordre. Il ne me laisse pas le choix. Va Qasim ! C'est ce que veux ton père. Le martyr est ton destin, je dois l'accepter.
Hazrat Qasim retourna faire ses adieux à sa mère. Hazrat Umm Farwa lut la satisfaction sur le visage de son fils et comprit que l'heure était arrivée.
Lentement, elle se leva et dit :
- Mon fils, toutes ces années, j'ai attendu le jour où tu atteindrais l'âge de te marier, et pour cette occasion j'ai gardé le vêtement que portait ton père le jour où il m'a épousée... Je souhaite que tu revêtes aujourd'hui ce vêtement de mariage, pour entreprendre le voyage dont on ne revient pas.
Revêtu des habits de noce de son père, il embrassa sa mère puis vint embrasser avec respect les mains de son oncle.
L'Imam Hussain eut à cœur de tenir lui-même la bride du cheval pendant que Hazrat Qasim montait en selle.
Hazrat Qasim s’en alla affronter l’armée de Yazid, Omar ibn Sa’d ordonna de lancer l'assaut contre le jeune homme, toute une armée contre un enfant d’une dizaine d’années à peine. Des milliers de poignards, d'épées, de lances, de flèches venant de toutes les directions pour venir à bout d'un enfant.
Hazrat Qasim, couvert de blessures de la tête aux pieds tomba finalement de son cheval et lança son dernier cri d'adieu à son oncle :
- Ô mon oncle je suis tombé ! Venez à mon secours !
L'Imam Hussain sauta en selle et avança comme une foudre vers Hazrat Qasim, il se fraya un chemin au milieu des ennemis, et dans leur course éperdue pour sauver leurs vies minables, les chevaux des milliers de soldats de Yazid piétinèrent le corps de Hazrat Qasim.
Quand le champ de bataille fut néttoyé de tous ces maudits, et qu'il put enfin s'approcher de son neveu, l'Imam Hussain découvrit que le corps du garçon avait été déchiqueté en morceaux !
Il fallut un long moment à l'Imam Hussain pour se ressaisir. Il entreprit de rassembler les morceaux du corps de Hazrat Qasim dans un morceau de tissu. Il chargea le paquet sur ses épaules fatiguées, et c'est d'un pas pesant qu'il repartit vers le campement en disant d’une voix enrouée :
- Mon pauvre Qasim ! Ta mère t'a envoyé au combat vêtu comme un jeune marié, et je te ramène à elle le corps coupé en morceaux !
L’Imam Hussain arriva péniblement au campement et appela les femmes de sa famille, il confia à Hazrat Fidha, la servante dévouée de Hazrat Fatema az-Zahra, le soin de réconforter autant qu'elle le pourrait Hazrat Umm Farwa, car le spectacle de la dépouille de Hazrat Qasim était bien de nature à la tuer.
Hazrat Fidha fit de son mieux pour la préparer à la vision cruelle, puis elle dénoua le macabre paquet. Les hurlements d'horreur et les sanglots des femmes retentirent longtemps dans la plaine de Karbala.
PERSONNALITÉ AU KARBALA, QASIM IBN HASSAN(AS)
PERSONNALITÉ AU KARBALA, QASIM IBN HASSAN(AS)
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