Le Noble Coran fait état que le Prophète Jésus (‘Isâ) (as) a fait l’annonce à ses fidèles et ses contemporains en général de la venue prochaine, après lui, d’un prophète nommé « Ahmad ».
« Lors Jésus fils de Marie dit : ‘’ Fils d’Israël, je suis l’envoyé de Dieu vers vous, venu confirmer la Torah en vigueur et faire l’annonce d’un envoyé qui viendra après moi et dont le nom sera Ahmad ’’. Or, quand il leur eut apporté les preuves, ils dirent : « C’est de la sorcellerie flagrante ». (Sourate Al-Saff (En rangs) ; 61 : 6)
Pour les musulmans, aux yeux de qui le Coran est la vérité divine, ce verset est évidemment une preuve que Jésus fils de Marie – que la paix soit sur eux deux – a bien annoncé à son peuple la venue prochaine après lui d’un prophète dont le nom est Ahmad. Un non-musulman va normalement se permettre d’en douter, mais il aura du mal à trouver des arguments pour cela. Parce que les spécialistes de chacune des grandes religions savent que la révélation présente cette caractéristique d’être cohérente et homogène. Elle s’explique par un principe général de la bonne foi du prophète de la religion, qui est indiscutable dans le cas du Prophète de l’islam (s). Les musulmans ayant une confiance totale lui en acceptent tout ce qu’il transmet, parce que rien ne permet d’en douter. Les Arabes de La Mecque et de Médine à qui il s’adressait n’avaient pas été convertis en masse par la prédication chrétienne. Et le Prophète aurait bien pu se passer de confirmer l’existence de Jésus (as), rien ne l’obligeait à parler de lui, si on envisage les choses « politiquement ». Or, le Prophète obéit à un ordre divin ; il ne se livre pas à des calculs de circonstances. C’est pourquoi le Coran réserve une place considérable, un rôle clé et une fonction axiale à la personne et à la prédication de Jésus, fils de Marie (as).
C’est en cela que consiste l’harmonie de l’action des envoyés de Dieu ; chacun d’eux soutient et confirme l’autre dans les principes généraux. Il en est de même pour tous les autres prophètes mentionnés dans le Coran : Adam, Noé, Abraham, Moïse, Jean le Baptiste, Joseph, David et Salomon, etc., paix à eux tous.
C’est parce qu’ils sont mentionnés dans le Coran que les musulmans croient en leur existence historique. Autrement, rien ne prouve que ces personnages aient vécu réellement dans l’histoire. Aucun historien ne peut attester de leur existence, avec peut-être quelque exception pour Jésus (as) au sujet de qui on trouve quelques références rares et floues.
Dieu a donc voulu que la religion soit essentiellement une affaire de croyance, de conviction dans le cœur. Les personnages de Moïse, de Jésus, etc., qui sont mentionnés dans le récit coranique sont plus importants que l’établissement de l’argument définitif et matériel de leur existence historique. Le Coran n’est pas un traité d’histoire.
C’est pourquoi, le Coran se présente comme la parole divine, comme un livre issu de Dieu, qui est une copie d’un Livre Original qui se trouve auprès de Dieu. La vérité du Coran est donc le critère de la vérité historique, et pas l’inverse. La foi en Dieu est un phénomène qui ne dépend pas de l’œuvre historienne, même si elle s’en nourrit, comme objet de leçons à méditer.
Nous nous en tenons donc au récit coranique et affirmons que chacun des prophètes du passé a annoncé la venue du prophète qui lui succédera, à plus ou moins brève échéance. Ils ont en outre enseigné et annoncé la venue d’un prophète qui clôturera le cycle prophétique.
Il est évident que les prophètes, tant ceux qui ne sont pas mentionnés dans la Bible et ceux qui le sont, reçoivent de Dieu des enseignements concernant le passé et le futur afin de leur permettre d’accomplir leur mission d’avertissement ou de bonne nouvelle de la part de Dieu. Il est donc normal, à plus forte raison, que Dieu leur enseigne le nom du Prophète qui clôturera le cycle des envoyés divins et leur ordonne de le faire connaître aux gens. De même qu’il a été annoncé par les prophètes avant lui, Jésus a lui-même annoncé le nom du prophète qui viendra après lui.
La raison commande qu’un homme de Dieu, missionné par Dieu, possède une connaissance du cycle dans lequel il se retrouve lorsqu’il débute sa mission. Il a conscience de poursuivre une mission accomplie par d’autres avant lui, et il est nécessaire qu’il sache qui viendra après lui. Il ne peut pas forcément donner son nom, ni la date exacte de son avènement, mais il en connaît quelques signes. Il s’agit ici de questions que son peuple ne manquera pas de lui poser. Dans la Bible, nous savons que certains prophètes ont fait connaître de leur vivant le prophète qui leur succédera et parfois même ils le lui ont présenté.
La Bible fait état de certains cas à ce sujet, comme la succession d’Aron à Moïse et de Salomon à David, par exemple. Dans l’Evangile de Jean, nous lisons ce qui suit :
« Voici le témoignage de Jean, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Toi, qui es-tu ? Il déclara, et ne le nia point, il déclara qu’il n’était pas le Christ. Et ils lui demandèrent : Quoi donc ? Es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non. Ils lui dirent alors : Qui es-tu ? Afin que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ? Moi, dit-il, je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit Esaïe, le prophète. » (Jean ; 1 : 20 à 24).
Signalons que dans les textes en grec et en syriaque, le terme prophète (nabî) est désigné par l’article défini et se rapporte à un prophète bien identifié.