- Baisse de la délinquance et des délits
L’être humain en tant qu’être social, est toujours en confrontation avec autrui et les comportements bons ou mauvais, sont des réactions continues entre les membres de la société. L’environnement social exerce une influence sur les comportements, les limite, les contrôle, les transforme ou les organise. Les spécialistes en psychologie sociale ont étudié les règles qui définissent les relations et les comportements sociaux, les comportements individuels et comment l’individu subit l’influence de la société. Ils étudient aussi les déviations comportementales qui sont des réactions à différentes conditions sociales et se manifestent dans des crimes ou des délits.
Il existe trois avis dans ce domaine qui sont la théorie du contrôle, la théorie de l’apprentissage social et la théorie de la réaction.
La théorie du Contrôle s’appuie sur l’idée que pour diminuer les tendances aux délits et au crime, il faut contrôler tout le monde que ce soit au niveau social, individuel et intérieur. Cette théorie estime que les éléments extérieurs peuvent accorder les individus avec les règles sociales et qu’il existe aussi un système de contrôle intérieur qui protège les individus des comportements délictueux. Par conséquent, un des moyens pour faire disparaitre les comportements délictueux, est le contrôle dans la société.
Les organismes sociaux et religieux, en définissant les comportements sociaux et en organisant des cérémonies religieuses, peuvent jouer un rôle important et prévenir l’apparition de nombreux comportements condamnables. La vision sociale dans le domaine des problèmes psychologiques, estime qu’il n’est pas possible de considérer les comportements psychologiques comme des questions d’hygiène ou des défauts personnels, et qu’ils sont en fait, le résultat de l’incapacité de l’individu de faire face aux pressions sociales. D’un autre côté, les mauvais comportements ne sont pas un problème qui existe uniquement dans la personne, mais sont considérés comme un échec des systèmes sociaux de soutien que sont la famille, les proches et les organisation sociales.
Différentes études ont montré que la religion non seulement est un soutien social pour l’individu, mais est aussi un frein à certains comportements sociaux négatifs.
Le sociologue français Georges Gurvitch a déclaré que les pratiquants, grâce au cadre de protection qui existe dans la religion, tombent moins souvent dans le piège de la drogue. Les études expérimentales d’Erik Erikson et de Jensen sur 3268 lycéens d’un niveau social défini, ont mis en évidence une certaine relation entre 17 délits et 4 règles de la religion, et montré que la participation aux cérémonies religieuses était le frein le plus fort aux délits et aux comportements délictueux.
D’autres chercheurs comme Larson, Allen et Gartez, ont étudié les relations entre ces deux éléments dans 7 articles, et conclu que la participation aux cérémonies religieuses et le respect des règles de la religion pouvaient empêcher les délits et être un frein à la délinquance.
Grifith, English et Mayfild (1980), Yung et Smith (1984), ont montré que la participation aux cérémonies religieuses avait les mêmes résultats que les traitements classiques, avec une libération des énergies et une baisse des conflits et des comportements dépressifs. (Gilkes 1980).
Une partie de leurs recherches a été consacrée à l’atmosphère des sites et des centres religieux, et a montré que l’ambiance qui règne dans ces lieux est différente et exerce une influence positive sur les comportements. Par conséquent, les résultats des études psychologiques sur ces endroits, montrent le pouvoir de dissuasion des règles religieuses et de la pratique religieuse, qui est une dissuasion intérieure plus efficace que les mesures de dissuasion extérieures.
Une autre conclusion que nous pouvons tirer de ces études sur les relations entre les cérémonies religieuses (comme le Hadj) et la baisse des délits individuels et sociaux, est le besoin d’être respecté par les autres et de se respecter soi-même malgré une connaissance réaliste de nos défauts et des points positifs de notre personnalité, ce qui oblige constamment à renforcer et à stabiliser en nous, ces valeurs, dans notre regard et dans le regard des autres, sentiment qu’on appelle aussi « recherche
de dignité » et qui est un sentiment permanent et insatiable dont l’absence nous prive du sentiment de certitude de notre valeur et de nos capacités.
Dans la culture islamique, faire le pèlerinage a une valeur religieuse et morale, et accorde un prestige social. La société donne au pèlerin un statut spécial et un prestige religieux. Le pèlerin a une place élevée dans la société, les gens lui font confiance et le considère à l’abri des déviations et des faiblesses. Les relations sociales sont l’élément principal des mécanismes de contrôle social par le biais des valeurs et des sentiments. Dans ce mécanisme de contrôle, plus les relations sont fortes, plus les gens sont enclins à éviter des comportements qui risquent de les affaiblir et de ternir leur réputation. En d’autres termes, nous pouvons mettre en lumière le rôle des enseignements religieux dans le programme de contrôle moral fondé sur la religion. Cette influence varie en fonction du niveau d’attachement des individus et de son développement, agit comme une opportunité sociale, définit ce qui est délictueux, précise et renforce les définitions de la morale entre les gens. Cette influence est visible dans la définition des valeurs et leur organisation, et dans le renforcement de la définition des valeurs morales dans la société. Certains chercheurs estiment que les attaches affectives peuvent renforcer les bons comportements mais il faut faire attention au fait que ce sont les significations morales communes qui définissent et renforcent les bons comportements. C’est là que le rôle de la religion et des
enseignements religieux a une influence, et toutes les grandes religions dans le monde, en plus des règles sacrées et de la relation avec Dieu, ont aussi donné une définition des exigences morales à respecter dans les relations de leurs adeptes entre eux.
Comme nous l’avons dit, dans le cadre la théorie du contrôle en psychologie sociale, les organismes sociaux peuvent jouer un rôle dans la baisse ou la disparition des délits mais le contrôle intérieur joue aussi un rôle important. C’est peut-être pour cela qu’on insiste sur les motivations dans ce domaine. Les psychologues définissent la motivation comme un état intérieur qui éveille, active et oriente nos besoins. Les motivations sont au centre de la vie humaine. Sans motivations, il n’y aurait ni pensées, ni actions, ni sentiments organisés et orientés vers un but précis. Les motivations nous permettent de rester attentifs et de poursuivre nos efforts dans les tâches que nous entreprenons. Il est possible d’obliger quelqu’un à faire quelque chose en le menaçant de punitions corporelles ou en lui promettant une récompense, mais ces motivations sont des motivations extérieures qui ne sont ni constructives ni permanentes. Ce sont les motivations intérieures qui sont importantes, non la peur du châtiment ou l’espoir d’une récompense.
Les nouvelles approches en psychologie au 3ème millénaire, consistent à chercher des méthodes pour renforcer ces motivations intérieures et définissent la santé psychologique
dans les actes qui ont des motivations intérieures, notamment les actes qui relèvent de l’identité humaine.
Les socio psychologues et les sociologues quand ils parlent du contrôle intérieur et extérieur, privilégient le contrôle intérieur des déviations morales et pensent que le contrôle extérieur qui consiste à récompenser et à punir, n’a pas l’efficacité nécessaire et que c’est le système culturel de la société qui peut, en s’appuyant sur des garanties morales intérieures, obliger les gens à respecter les lois et les règlements.
Émile Durkheim au sujet du rôle des forces morales intérieures dans l’instauration de l’ordre social, a déclaré : « Les passions humaines ne s'arrêtent que devant une puissance morale qu'elles respectent. Si toute autorité de ce genre fait défaut, c'est la loi du plus fort qui règne et l’hostilité, cachée ou ouverte, deviendra chronique »
D’autres théoriciens comme Albert Bandura ont prêté une attention particulière au contrôle de soi et à la formation intérieure, face au contrôle extérieur pour le changement des comportements, et considèrent le manque de contrôle de soi comme responsable des troubles anxieux.
L’étude des cérémonies du Hadj montre que le pèlerin, grâce à cette initiation personnelle, est à l’abri de tous les problèmes psychologiques et des troubles comportementaux sociaux, grâce à une motivation intérieure. Poussé par cette motivation, il demande alors à ses proches, ses amis, ses voisins, ses collègues et les autres personnes qu’il connait, de lui pardonner
s’il a mal agi à leur égard. Il sait qu’il faut commencer et terminer les parcours autour de la Kaaba (les tawafs), à la pierre noire située dans l'angle sud-est de la Kaaba, et à chaque passage devant la pierre noire, en la touchant ou par un signe et la formule « Allah Akbar », réitère son alliance avec Dieu et promet de s’éloigner des péchés et des infractions. La pierre noire est le symbole de cette alliance et de cette promesse.
Le prophète de l’islam (as) a déclaré :
« الحجر یمین الله فی الارض فمن مسح یده علی الحجر فقد بایع الله ان لا یعصیه »
« La pierre noire est la main de Dieu sur terre. Celui qui la touche promet à Dieu de ne pas Lui désobéir »
L’Imam Bagher (as) a aussi comparé la pierre noire à une alliance et le fait de la toucher à une promesse.
» الحجر کالمیثاق و استلامه کالبیعه «
L’attention à cette promesse et sa répétition à chaque tour, oblige le pèlerin à revoir ses comportements et à renforcer ses capacités intérieures de contrôle. Cette promesse est en fait, le résultat de l’existence de ce contrôle intérieur. On attend des croyants qu’ils soient moins responsables de délits que les incroyants, à cause de leur connaissance de la laideur des délits. Les personnes qui ont acquis un enseignement religieux, ne peuvent pas se rendre coupables de délits et de mauvais comportements. Une autre raison plus importante, est que le croyant est arrivé à contrôler en partie, les passions et la colère qui sont à l’origine de nombreux troubles du comportement, et
n’a pas de raisons à cause de sa foi, de se rendre coupable d’actes délictueux.
Nous pouvons peut-être dire que la lutte contre les déviations morales n’est possible que dans le cadre religieux, car ces délits sont en général, en relation avec les questions morales et parce qu’une morale sans religion, n’a ni soutien ni garanties. Une grande partie des systèmes moraux et d’éducation, fondent leurs méthodes sur le contrôle de soi, l’interdiction de violer les droits d’autrui et le respect des règles de morale sexuelle et de justice, et encouragent à préférer les intérêts d’autrui aux intérêts personnels.
Tant que l’être humain n’a pas dépassé son moi, il est inutile d’attendre de lui un respect des questions morales et le rejet des déviations. En fonction des enseignements religieux, le pèlerin pendant son séjour à la Mecque, est obligé d’éviter toute déviation car il pense que toute infraction dans l’espace de la Mecque (la Kaaba et ses environs) est une forme d’athéisme interdite par le Coran qui dit à ce sujet au verset 25 de la sourate AL Hadj :
وَ مَنْ یُرِدْ فِیهِ بِإِلْحَادٍ بِظُلْمٍ نُذِقْهُ مِنْ عَذَابٍ أَلِیمٍ
« Quiconque cherche à y commettre un sacrilège injustement, Nous lui ferons goûter un châtiment douloureux »
L’Imam Sadegh (as) à qui on demanda le sens de ce verset, répondit : « Cela signifie toute forme d’oppression et même frapper un serviteur innocent ».
Dans une autre revayat, Abi Al Sabah Kanani a rapporté que l’Imam Sadegh (as) avait déclaré que ce verset faisait allusion à toute oppression envers soi-même ou les autres, car le mot «لْحَادٍ » signifie se détourner de la voie droite et de la vérité, et que l’oppression est une façon de se détourner de la vérité.
Ce commentaire du Coran par l’Imam Sadegh (as) montre que l’islam considère toute infraction aux règles et aux ordres moraux, à notre détriment ou au détriment des autres, comme un péché qui sera puni plus sévèrement s’il est commis pendant le Hadj et dans l’enceinte sacrée de la Mecque. Le pèlerin qui a cette vision du Hadj, pourra mieux respecter les limites dans son comportement, grâce à un contrôle intérieur qui le dirige et l’oriente. Dieu a rejeté tout péché pendant le Hadj et déclaré au verset 197 de la sourate Baqara :
» الْحَجُّ أَشْهُرٌ مَعْلُومَاتٌ فَمَنْ فَرَضَ فِیهِنَّ الْحَجَّ فَلاَ رَفَثَ وَ لاَ فُسُوقَ وَ لاَ جِدَالَ فِی الْحَجِّ «
« Le pèlerinage a lieu dans des mois connus. Si l'on se décide de l'accomplir, alors point de rapport sexuel, point de perversité, point de dispute pendant le pèlerinage »
Le pèlerin doit donc éviter tout comportement considéré comme condamnable et se plier aux directives de la religion pour assurer la validité de son pèlerinage. C’est donc le contrôle intérieur qui peut empêcher les comportements condamnables, et qui est plus efficace que les contrôles extérieurs comme les encouragements ou les punitions.
La première chose que le pèlerin doit faire dans le Hadj est de revêtir l’habit de l’Ihram après avoir procédé au lavage rituel de tout le corps (grandes ablutions).
Les pèlerins de sexe masculin doivent porter un habit composé de deux pièces d'étoffe blanche non cousues et doivent veiller à ce que leur tête et leur visage ne soient pas couverts. Les femmes ont le droit de porter des habits couvrant tout le corps, mais elles ne doivent pas couvrir leurs mains et leur visage. Tant qu’ils sont dans cet état de sacralisation, les pèlerins doivent respecter certaines règles et certains interdits.
Ces règles qui sont au nombre de 24 ou plus, imposent au pèlerin certains comportements et interdisent certains actes dont certains sont aussi interdits en temps normal. Parmi les règles spéciales au Hadj, notons l’interdiction pour les hommes seulement, de porter des habits cousus, pour tous de se parfumer, de se regarder dans un miroir et d’avoir des rapports sexuels, et pour les hommes, de porter des chaussures et de se couvrir la tête.
Ce contrôle intérieur issu de la volonté, contribue à la naissance d’une discipline intérieure qui oriente les comportements qui sont en relation directes avec les intentions et jouent un rôle dans les efforts, les activités journalières et leur programmation.
Dans ce cas, la valeur de l’acte est estimée en fonction de l’objectif et des comportements, et au cas où cette estimation ne serait pas positive, elle nécessitera une réforme du
comportement avec une nouvelle compréhension et de nouvelles comparaisons. Quand le pèlerin revêt d’habit de l’Ihram, il se soumet à des rites qui exigent un contrôle intérieur et un contrôle des actes, et indirectement contribuent à cette réforme du comportement.
La protection de ce statut par le pèlerin, qui est une des nécessités du Hadj, exige des efforts et il est naturel qu’il veuille ensuite conserver le prestige qu’il a obtenu auprès des gens, après beaucoup d’efforts et de dépenses. Cette motivation intérieure l’aide à abandonner les déviations et les mauvais comportements qu’il pouvait avoir avant le pèlerinage, et à poursuivre après le pèlerinage, ce mouvement de réforme personnelle qu’il a entrepris avec le Hadj.
Si dans ce voyage, il se libère de certains comportements narcissiques comme le fait de se regarder dans le miroir, de se parfumer, de porter des bijoux, s’il évite pendant ces cérémonies, de gêner les autres, de se montrer violent ou agressif, s’il protège sa langue, ses yeux et ses membres des péchés, évite de dénigrer et d’insulter, et respecte les règles nécessaires à la validité de son pèlerinage, il sera capable après le pèlerinage, de poursuivre ce contrôle de soi et de ses actes, face aux déviations morales, d’éviter la négligence des ordres religieux et de protéger la valeur qu’il a acquise avec le Hadj.
Par conséquent, nous pouvons dire que le pouvoir dissuasif du Hadj ne se limite pas à la période du Hadj mais continue à fonctionner après le Hadj, en fonction des efforts du pèlerin et
de sa prise de conscience de son nouveau statut. Les enseignements religieux contribuent à un renforcement et à la pérennité de l’union sociale qui est aussi le résultat des différentes cérémonies du Hadj, et à l’instauration de valeurs et de croyances communes à tous les pèlerins.
Le Hadj est une cérémonie annuelle qui étend les valeurs et les croyances communes aux adeptes de l’islam. Ces liens entre les adeptes de la religion contribuent à l’union des musulmans et renforcent leur union sociale, peuvent aboutir à l’existence d’un contrôle social qui peut aider dans la lutte contre les comportements délictueux, et grâce à ces liens affectifs, augmenter le nombre et le potentiel des ressources sociales, comme c’est aussi le cas dans les autres cérémonies religieuses, les prières du vendredi et les rassemblements religieux.
Il est nécessaire de préciser que les acquis du Hadj et ce contrôle intérieur peuvent être préservés durant toute la vie. L’éveil des motivations intérieures positives et constructives, peut être cette lumière que les religieux considéraient comme le « cadeau » de Dieu aux pèlerins qui devait les protéger après leur retour de l’obscurité et leur montrer la voie à suivre. Les pèlerins sont ainsi appelés à garder et à approfondir leurs motivations, et à programmer leurs comportements spirituels.
Le renforcement de l’amour de Dieu est un des sujets importants du développement affectif de l’être humain. L’être humain après la naissance, s’attache à la personne qui s’occupe de lui, plus tard aux autres adultes qui l’entourent, et plus tard
à un « être puissant et complet » qui fait attention à lui. D’après les psychologues, l’amour de Dieu est un besoin naturel qui évolue et franchit diverses étapes avant de devenir une réalité.
Ce besoin est un des besoins de l’être humain qui est attiré vers Dieu et ressent en lui-même, l’existence de ce lien affectif. Cloud a déclaré que cet attachement à Dieu était intrinsèque à la nature humaine. Les êtres humains ont été créés de telle sorte qu’ils ressentent en eux-mêmes, ce lien avec Dieu, à condition qu’ils observent avec précision ce qui est en eux.
Bien que de nombreuses études aient été publiées sur la psychologie de la religion, il est nécessaire que les chercheurs en définissent les bases et expliquent comment elle exerce une influence sur la santé morale.
Un des cadres théoriques pour l’étude des effets de la pratique religieuse qui a été proposé est celui de l’attachement qui explique l’apparition, le modèle et l’évolution des attaches affectives. Un de ces cadres est celui de « l’attachement » présenté récemment pour classifier et expliquer les comportements religieux.
John Byng-Hall a expliqué que le fait de savoir que quelqu’un se soucie de vous et pense à vous, joue un rôle important à tout âge et dans toute condition, et est sécurisant.
Cette image de la personne qui sécurise, même en son absence, soutient et encourage les comportements indépendants. Par
conséquent, la signification de l’attachement chez l’adulte, est un autre chapitre de cette théorie.
Donald Kirk Patrick estimait que la religion pouvait être envisagée dans le cadre de la théorie de l’attachement d’où dérivent les comportements et les croyances. Ce système de comportements définit les relations entre le nouveau-né et la personne qui s’en occupe (sa figure d’attachement) et permet aux enfants d’avoir un sentiment de sécurité qui lui permet en toute sécurité, d’explorer monde qui l’entoure.
L’enfant en fonction de sa première expérience d’attachement, élargit ses connaissances sur les relations entre les personnes et cette évolution peut s’accompagner par la suite, d’un attachement métaphysique. En quelques sortes, la confiance chez l’enfant peut évoluer vers une confiance religieuse chez l’adulte, et Donald Kirk Patrick estimait que « l’image » de Dieu peut réparer les échecs initiaux dans la constitution de « l’attachement sécurisant », et que beaucoup d’expériences religieuses et de croyances, spécialement dans le domaine de la relation avec Dieu ou le monde métaphysique, étaient en partie du moins, le reflet des expériences d’attachement étudiées dans la psychologique cognitive. Dieu est le reflet de toutes les particularités nécessaires à l’attachement en psychologie cognitive, et a toutes les particularités du « refuge de sécurité ». Le croyant avance avec la foi que dans les dangers, Dieu sera présent pour l’aider et le rassurer. La confiance en l’idée qu’une figure de soutien, protectrice, sera accessible et
disponible, quel que soit l’âge de l’individu, en cas de besoin, permettra à l’individu de se sentir en sécurité.
La théorie de l’attachement de Bowlby, psychologue anglais, a été l’objet de nombreuses études. Les théoriciens ont étendu les études sur l’attachement qui se résumaient aux relations de l’enfant avec la mère, à l’attachement dans d’autres domaines comme l’attachement à l’église ou à la patrie.
Dans les années 90, Kirk Patrick considérait l’attachement comme un cadre efficace pour comprendre et unifier les croyances religieuses, et les études ont montré que la religion pour la majorité des gens, signifie avoir une relation étroite et affective avec Dieu. Cette relation entre l’être humain et Dieu, et la notion d’amour, existent dans les religions monothéistes, et en islam, le signe de la foi est l’amour de Dieu. Le Coran dit à ce propos au verset 165 de la sourate Baqara :
وَ مِنَ النَّاسِ مَنْ یَتَّخِذُ مِنْ دُونِ اللَّهِ أَنْدَاداً یُحِبُّونَهُمْ کَحُبِّ اللَّهِ وَ الَّذِینَ آمَنُوا أَشَدُّ حُبّاً لِلَّهِ
« Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d'Allah, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allah. Or les croyants sont les plus ardents en l'amour d'Allah »
Cela signifie que les croyants considèrent le sommet de l’amour dans l’amour de Dieu. On peut donc attendre d’un amoureux qu’il considère sa relation avec Dieu comme un refuge sûr, et ce n’est pas une chose étonnante qu’en cas de crises, Dieu soit considéré comme un refuge, comme l’ont déclaré et reconnu de nombreux chercheurs.
Paul Tillich a prouvé l’existence d’un attachement intérieur absolu chez tous, qui peut être parfois interprété de façon différente et qui correspond pour lui, à la vérité de la religion. L’être humain est attaché à tout ce qui lui sert, comme l’alimentation ou le logis, et cet attachement est commun aux êtres humains et aux animaux, alors que l’être humain a des attaches spirituelles spéciales comme l’attachement absolu qui exige une soumission complète et exclue tous les autres attachements. Nous pouvons donc considérer l’attachement de l’être humain à Dieu comme un besoin humain qui se manifeste dans la relation affective avec Dieu.
Cloud a dit à ce sujet, que le besoin d’une relation avec Dieu a été placé dans la nature humaine et que dans toute l’Histoire, malgré les différences de race et de situations géographiques, l’être humain a toujours été à la recherche de Dieu et la religion a toujours existé.
Cette relation, bien sûr, a des exigences et la connaissance de Dieu est nécessaire pour que cette relation prenne forme. La connaissance que nous avons de Dieu a une grande influence sur notre comportement et notre relation avec Dieu. Les gens qui considèrent que Dieu est violent, exigeant, méchant et ne pense qu’à punir l’être humain et à le confronter à toutes sortes de difficultés, ne peuvent pas avoir avec Dieu, une relation affective et profonde.
Ces gens pendant toute leur vie, ne pensent qu’à se dissimuler, à fuir Dieu ou cherchent à le satisfaire dans l’angoisse, par des
prières. Une image négative de Dieu non seulement nuit à la relation avec Lui mais porte de lourdes atteintes au niveau psychologique, aux relations entre les gens et à l’image que les gens ont d’eux-mêmes. La relation avec Dieu exige donc une connaissance et une image positive de Dieu.
D’après les chercheurs, les cérémonies du Hadj peuvent apporter une réponse à ce besoin. Les gens qui décident de faire le pèlerinage, sont l’objet de la bonté et des bienfaits divins.
L’Imam Bagher (as) a déclaré à ce sujet :
»ان الحاج اذا اخذ فی جهازه - لم یخط خطوه فی شیء من جهازه الا کتب الله عزوجل له عشر حسنات و محا عنه عشر سیئات و رفع له عشر درجات حتی یفرغ من جهازه متی ما فروغ فاذا استقبلت به راحلته لم تضع خفا و لم ترفعه الا کتب الله عز و جل له مثل ذلک حتی یقضی نسکه «
« Dieu accorde dix bienfaits et pardonne dix péchés à celui qui se prépare à aller au pèlerinage pour chaque pas qu’il fait dans ce but. Il l’élève de dix degrés jusqu’à ce qu’il termine ces préparatifs et prend la route (du Hadj) où il obtiendra des bienfaits encore plus grands »
L’Imam Sadegh (as) a déclaré : « من مات فی طریق مکه ذاهبا او جائیا امن من الفزع الاکبر یوم القیامه » c’est-à-dire : « Celui qui meurt en allant au Hadj ou en revenant du Hadj, sera à l’abri du châtiment du jour de la résurrection »
D’autres revayats qualifient le pèlerin « d’invité de Dieu » ou de « délégué de Dieu »
Le pèlerin qui entre dans la mosquée (de la Mecque), même s’il n’arrive pas à effectuer les rites du pèlerinage, est l’objet des bontés et du pardon de Dieu. Avant d’aller à Arafat qui est la première étape du Hadj, il doit être sûr d’être l’objet des grâces divines et de voir ses péchés pardonnés. Le pèlerin ne doit avoir aucune inquiétude car tout ce qui pouvait l’inquiéter et le tourmenter au sujet de son passé, a laissé la place à la quiétude et à la sérénité.
Dans les revayats, il est dit que Dieu pardonne à tous à la fin du jour d’Arafat. Anas ben Malik a déclaré : « En fin d’après-midi, le prophète (as) s’est levé, a demandé à Bilal de faire taire les gens et a dit : « L’Ange Gabriel est venu à moi et m’a dit que Dieu me saluait et avait pardonné ceux qui étaient à Arafat et à Mahchar, et avait assuré leur salut ». Quelqu’un demanda si cela les concernait, le prophète (as) a répondu : « Cela vous concerne et concerne tous ceux qui viendront ici jusqu’au jour de la résurrection ».
Certains commentateurs coraniques, s’appuyant sur le verset 203 de la sourate Baqara :
»فَمَنْ تَعَجَّلَ فِی یَوْمَیْنِ فَلاَ إِثْمَ عَلَیْهِ وَ مَنْ تَأَخَّرَ فَلاَ إِثْمَ عَلَیْهِ «
« il n'y a pas de péché, pour qui se comporte en piété, à partir au bout de deux jours ou à s'attarder »
ont déclaré que le pèlerin qui va à Ména, est l’objet d’une miséricorde spéciale de Dieu et voit ses péchés pardonnés. Le pèlerin en entrant dans l’enceinte de la révélation, sent qu’il a
trouvé un refuge sûr et qu’il peut s’attacher à ce Dieu puissant et entrer en relation avec lui.
D’après ce que nous avons dit au sujet du Hadj et de son rôle dans l’attachement à Dieu, nous voyons que le pèlerin entre dans l’enceinte de la révélation avec l’idée que Dieu est son hôte, celui qui a créé le monde, le maitre de son destin et son refuge. Le Hadj et Dieu qui est l’hôte des pèlerins, ont les particularités suivantes :
- Dieu est l’hôte et le pèlerin l’invité
- Les prières du pèlerin devant la Kaaba sont acceptées, à ce sujet le prophète (as) a déclaré :
«تفتح ابواب السماء و یستجاب الدعاء فی اربعه مواطن ... و عند رؤیه الکعبه »
« Les portes du ciel s’ouvrent quatre fois et les prières sont acceptées, au moment où les combattants dans la voie de Dieu se rangent par rangs, quand il pleut, au moment des prières et à la vue de la Kaaba »
- Cet endroit est un endroit sûr pour les choses et les êtres humains, à ce sujet Dieu a déclaré au verset 67 de la sourate Ankabut
« أَ وَ لَمْ یَرَوْا أَنَّا جَعَلْنَا حَرَماً آمِناً وَ یُتَخَطَّفُ النَّاسُ مِنْ حَوْلِهِمْ أَ فَبِالْبَاطِلِ یُؤْمِنُونَ وَ بِنِعْمَةِ اللَّهِ یَکْفُرُونَ »
« Ne voient-ils pas que vraiment Nous avons fait un sanctuaire sûr [la Mecque], alors que tout autour d'eux on enlève les gens ? Croiront-ils donc au faux et nieront ils les bienfaits d'Allah ? »
- Le pèlerin pendant les parcours autour de la Kaaba est l’objet de la miséricorde divine.
L’Imam Bagher (as) à ce sujet a dit :
« ما من عبد مومن طاف بهذا البیت اسبوعا و صلی رکعتین و احسن طوافه و صلاته الا غفر الله له »
Il n’y a aucun croyant qui ne soit pas pardonné après avoir fait les sept tours autour de la Kaaba et la prière de la meilleure manière »
Le prophète (as) a déclaré : «الحاج اذا سعی بین الصفا و المروه خرج من ذنوبه »
« Le pèlerin est débarrassé de ses péchés quand il a terminé les parcours entre Sâfâ et Marwah »
- Le jour d’Arafat, les péchés sont pardonnés et le prophète (as) a dit :
« الذی ینصرف من عرفات و هو یظن انه لم یغفر »
« Celui qui revient d’Arafat pensant que ses péchés n’ont pas été pardonnés, fait un grand péché »
L’Imam Sadegh (as) a déclaré que cela concernait celui qui doutait de la miséricorde divine :
«یعنی الذی یقنط من رحمه الله عز وجل »
Le prophète (as) a déclaré :
L’Imam Sadegh (as) a déclaré que cela concernait celui qui doutait de la miséricorde divine :
«یعنی الذی یقنط من رحمه الله عز وجل »
Le prophète (as) a déclaré :
«ایما مسلم خرج من بیته حاجا الی بیت الله الحرام ثم نزل به الموت قبل بلوغه اوجب الله الجنه »
« Celui qui meurt sur le chemin de la Mecque pour le pèlerinage, obtiendra le salut éternel et sera conduit au paradis »
Le pèlerin qui vient à la Mecque dans cet état d’esprit, effectue les rites du pèlerinage, et à toutes les étapes, sent auprès de lui la présence de Dieu et la sécurité de ce lieu, voit son amour pour Dieu augmenter. En fait, le pèlerin trouve dans le pèlerinage la réponse à un besoin que les psychologues considèrent comme un besoin essentiel de l’être humain.
Dans les enseignements islamiques, nous pouvons trouver cette image positive de Dieu dans l’esprit des croyants et dans les vertus du Hadj pour le pèlerin.
Le pèlerin dans les cérémonies du Hadj arrive à cette connaissance de Dieu et à cet attachement. Les gens qui ont un « attachement sécurisé » selon l’expression des psychologues, sont ceux qui ont une image positive de Dieu, le considère comme le Dieu pardonneur et bon, toujours présent et prêt à répondre à leurs besoins et à les soutenir.
Conclusion
Le pèlerinage joue un rôle important dans l’éducation religieuse. L’étude des enseignements religieux montre que le Hadj et ses cérémonies, peuvent aider à une nouvelle connaissance des vérités et des enseignements religieux, aider à se détacher de ce qui nous lie à ce monde, contribuer à une connaissance, au renforcement de l’identité religieuse, au renforcement de l’identité culturelle, à la baisse des délits et des déviations, et au renforcement de l’attachement à Dieu.