QUI EST L'IMAM AL'HUSSAYN? PartiePartie 11

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QUI EST L'IMAM AL'HUSSAYN? PartiePartie 11
«Je ne me rendrai jamais à vous comme un soumis, ni ne me résignerai jamais comme un esclave».*
Partie26

*Relâchement et retournement de la situation*

*A peine 'Obeidullah Ibn Ziyâd reçut-il le message de Yazid Ibn Mu'âwîyah, il partit le lendemain pour Kûfa, déterminé qu'il était de devancer les événements et de prendre de court les opposants et leurs dirigeants.*
*Sachant sans doute que la plupart des Kufites*
 
*(les habitants de Kûfa) n'avaient pas vu personnellement al-Hussayn et ne connaissaient donc pas ses traits physiques, il dissimula son visage et se coiffa d'un turban noir lorsqu'il entra à Kûfa. Les habitants de cette ville l'ayant pris pour al-Hussayn, lui réservèrent un accueil chaleureux en scandant à son passage: «Bienvenu! Fils du Messager de Dieu...»(97)*
 
*'Obeidullah n'apprécia pas l'attitude des Kûfites et la joie qu'ils exprimèrent en le croyant al-Hussayn.*
 
*Cet accueil et les comportements de la population lui permirent de jauger l'attachement de celle-ci à al-Hussayn, et l'impopularité de son commanditaire Yazid dans cette ville.*
 
*Son compagnon Muslim Ibn 'Amr al-Bâhili, irrité par ce spectacle, et voulant couper court à la joie inopportunément exprimée par la population en faveur d'al-Hussayn, s'écria à son intention:* *«Reculez, c'est l'Emir 'Obeidullah Ibn Ziyâd».(98)*
*Mais le malentendu demeura alors que 'Obeidullah et ses hommes se dirigeaient vers le Palais du Gouverneur encore occupé par al-Nu'mân.*
 
*Lorsque le cortège parvint à la porte du Palais, entouré de la population qui persistait à prendre 'Odeidullah pour al-Hussayn, al-Nu'mân fut pris de panique en se méprenant également sur la personne de l'arrivant.*
*Aussi se mit-il à l'implorer, à travers un créneau du Palais, de partir, de s'en aller:*
*«Je te conjure, par Dieu, de t'éloigner. Je ne te délivrerai pas le dépôt qui m'est confié, et je n'ai pas besoin de te combattre...».(99)*
 
*'Obeidullah Ibn Ziyâd garda le silence et continua de s'approcher du Palais.*
 
*Al-Nu'mân, agité, observait l'arrivant et la foule. Il finit par reconnaître la véritable identité de l'étranger.*
*Il ouvrit la porte au nouveau maître du Palais, lequel ne perdit pas de temps et passa la nuit à penser aux mesures urgentes qu'il devrait prendre dès le lever du soleil.*
*Le lendemain, à l'aube, il surprit la population en appelant, du Palais, à la prière.*
 
*Lorsque les foules se rassemblèrent, il leur tint un discours dans lequel il faisait miroiter aux loyalistes du gouvernement, des perspectives alléchantes, et il promettait aux opposants un sort peu enviable. Il conclut son discours par ces termes menaçants:*
 
*«Mon fouet et mon épée s'appliqueront sur quiconque aura désobéi à mes ordres...».(100)*
*Puis il imposa aux assistants la charge ingrate d'espionner pour le gouvernement et de dénoncer les opposants, en les menaçant des plus sévères représailles s'ils refusaient de coopérer dans ce sens:*
 
*« ... celui qui nous en amène (les opposants parmi ses connaissances) sera quitte... et celui qui ne le ferait pas, qu'il nous garantisse qu'aucune de ses connaissances ne s'opposera à nous.* *Autrement, il sera déchu de tous ses droits (civils et humains) et nous disposerons, à notre guise, de son sang et de ses biens.* *Quiconque aura trouvé parmi ses connaissances des gens recherchés par Amir al-Mu'minîn (Yazid) et ne l'aura pas dénoncé à nous, sera crucifié sur sa porte et sa famille sera privée de ses dons (allocations)».*
*(101)*
*En instituant la délation et en imposant l'espionnage quotidien et familial, en généralisant et en banalisant la répression, la torture et toutes sortes de pression, et en recourant aux pots-de-vin et aux attributions illégales, le pouvoir de 'Obeidullah put consolider sa position et passer à la contre-attaque en préparant une campagne de propagande, de dénigrement et de désinformation contre la Révolution d'al-Hussayn et de ses partisans.*
 
*Dans ce climat de répression, de peur, d'incertitude et de doute, la position du représentant d'al-Hussayn, Muslim Ibn 'Aqil fut sérieusement ébranlée par la défection de ses partisans. Et on assista à un vrai retournement de la situation.*
 
*Muslim Ibn 'Aqil fut contraint de changer sa méthode d'action et de se cantonner dans la clandestinité.*
*Il changea d'adresse et quitta sa maison habituelle (chez al-Mukhtar Ibn 'Obeidah al-Thaqafi) pour s'installer secrètement chez le leader kufite des partisans d'Ahl-ul-Bayt, Hâni Ibn 'Orwah, loin des regards des autorités et de leur persécution.* *Mais le service des renseignements du gouvernement finit par connaître sa cachette.*
*Les autorités décidèrent de frapper leur coup discrètement et d'éviter toute action de nature à provoquer des troubles qu'elles ne pourraient pas maîtriser.*
 
*'Obeidullah Ibn Ziyâd envoya chez Hâni Ibn 'Urwah une délégation qui l'invita à se rendre au Palais pour dégeler le froid qui marquait ses relations avec le nouveau gouverneur.*
*Lorsque Hâni entra dans le Palais à la suite de cette invitation, il fut surpris de se trouver face à une sorte de tribunal, assisté par des témoins-espions.*
 
*On l'accusa de participer à la résistance, à l'action armée des opposants, à la collecte de fonds et d'armes et au recrutement de partisans pour l'opposition, ainsi qu'à un complot dirigé contre le régime en place. Hâni tenta de nier ces accusations pour protéger Muslim Ibn 'Aqil qui se trouvait toujours chez lui. Mais il n'eut pas le temps de le faire.*
 
*En effet 'Obeidullah Ibn Ziyâd s'élança contre lui et se mit à le frapper avec une barre de fer.*
*Il l'enferma par la suite dans une chambre du Palais sous une surveillance sévère.*
 
*La nouvelle de l'emprisonnement de Hâni Ibn 'Orwah se répandit hors du Palais et parvint à sa tribu, les Mad-haj, lesquels encerclèrent la Résidence du Gouverneur (le Palais).*
 
*Ibn Ziyâd, assiégé, ne put que ruser et manoeuvrer.*
*Il demanda au juge qui se trouvait dans le Palais de sortir et de calmer les assaillants en les assurant du sort de leur chef et du bon traitement qu'il recevait. Ceux-ci se dispersèrent et le drame fut évité de justesse.*
 
*Dans ce climat explosif et d'incertitude, les autorités faisaient circuler des rumeurs qui allèrent bon train:*
 
*«Une armée colossale eut été sur le point d'arriver de Damas pour soutenir le pouvoir, exterminer les opposants et anéantir Muslim Ibn 'Aqil et ses partisans!»*
*La peur et le découragement ne tardèrent pas à entamer sérieusement la volonté des opposants et à s'emparer de l'opinion publique.*
 
*Muslim Ibn 'Aqil qui observait la situation de très près, décida de lancer une offensive contre le Palais pour s'en emparer et en finir avec le gouverneur de 'Obeidullah Ibn Ziyâd.*
*Il rassembla ses hommes et encercla à son tour le Palais.*
 
*'Obeîdullah Ibn Ziyâd et ses partisans qui étaient inférieurs en nombre aux assaillants, se cloîtrèrent dans le Palais.*
 
*Le Gouverneur assiégé envoya quelques-uns de ses agents pour s'infiltrer dans les rangs des nouveaux assaillants et de la foule, dans l'intention d'y créer un climat de peur, de doute et de suspicion, et de gagner du temps.*
 
*Ils réactivèrent la rumeur de l'arrivée imminente de l'armée de Damas et feignirent de se soucier de préserver la paix et la sécurité de la ville et d'éviter l'effusion de sang. Leur stratagème ne tarda pas a s'avérer astucieux. Les hommes de Muslim commencèrent à se disperser et à se démobiliser.*
 
*A la tombée de la nuit, lorsque celui-ci se dirigea vers la mosquée il n'y avait guère plus de 10 hommes sur les 4 mille combattants qui l'avaient suivi au départ de sa marche sur le Palais.*
 
*(102) Lorsqu'il termina sa prière du crépuscule il fut surpris de ne voir personne derrière lui pour le guider ou l'héberger dans ce pays étrange et étranger.(103)*

*Cette situation dramatique et poignante ne terrifia pas cet étranger qui se trouva subitement esseulé, abandonné par ses partisans, suivis par les espions du Pouvoir et traqué par ses agents.*
 
*Il sortit de la mosquée avec un seul souci majeur: trouver le moyen de prévenir al-Hussayn pour lui éviter de tomber dans les pièges de la trahison.*
*Il traversa les rues désertes de cette ville plongée dans la peur. Il marchait sans savoir où aller.*
 
*Son chemin le conduisit près d'une porte où il vit une femme nommée Taw'ah.* *Il s'arrêta là, et, désemparé et timide, il lui demanda de l'eau. Après l'avoir bue, il s'assit là, ne sachant pas vers où il devait poursuivre cette marche sans but.* *Ses apparences d'étranger, et son air désemparé poussèrent la femme à lui demander:*
*«N'as-tu pas bu l'eau?*
*- Si, dit-il.*
*- Pourquoi ne t'en vas-tu pas? insista la femme, perplexe.*
 
*- Je suis étranger ici. Je n'y ai ni maison ni famille.* *Je suis Muslim Ibn 'Aqil, l'ambassadeur et le messager d'al-Hussayn à Kûfa. Je suis aussi son cousin».*
*Taw'ah lui ouvrit la porte et le laissa se cacher pour la nuit dans sa maison.(104)*
 
*Entre temps lorsque 'Obeidullah Ibn Ziyâd apprit la nouvelle de la défection des hommes de Muslim avant et pendant la prière du Crépuscule (Maghrib), il ordonna au muezzin de demander aux gens de se rassembler impérativement dans la mosquée pour la prière de la Nuit, et de les prévenir que quiconque ne répondrait pas à l'appel n'aurait pas la vie sauve.*
 
*Les foules affluèrent donc vers la mosquée sous l'effet de la peur. Après avoir guidé la prière devant elles, 'Obeidullah Ibn Ziyâd prononça un discours chargé de menaces pour les assistants et d'injures contre Muslim.*
 
*Il s'adressa ensuite au directeur de la police de la ville et lui ordonna sèchement de perquisitionner dans toutes les maisons jusqu'à ce qu'il arrête Muslim Ibn 'Aqil.*
*Le hasard a voulu que le fils de Taw'ah, apprenne que Muslim se cachait chez sa mère.*
 
*La peur d'une part et la récompense alléchante de l'autre, le conduisirent à dénoncer Muslim.*
*Le lendemain matin 70 hommes parmi les agents de 'Obeidullah encerclèrent la maison de Taw'ah et commencèrent à s'y infiltrer.*
 
*Muslim Ibn 'Aqil leur opposa une résistance farouche. Ils se mirent à jeter sur la maison, des pierres et des flammes pour l'obliger d'en sortir. Il sortit, l'épée à la main, malgré ses blessures. Il continua de résister. Les attaquants qui remarquèrent ses graves blessures, lui dirent: «Cesse de résister, tu vas te faire tuer. Tu as la vie sauve».*
 
*Mais dès qu'il cessa sa résistance, ils l'entourèrent, le désarmèrent, le mirent sur une mule et le conduisirent au Palais. Là, 'Obeidullah Ibn Ziyâd ordonna qu'on le décapitât et qu'on jetât son corps et sa tête du haut du Palais.*
 
*Puis les bourreaux ne tardèrent pas à conduire Hâni Ibn 'Orwah qui avait hébergé Muslim Ibn 'Aqil chez lui, au marché des moutons de Kûfa pour lui couper la tête. Ils expédièrent les têtes de ces deux premiers martyrs de la Révolution d'al-Hassayn à Damas, pour y être remises entre les mains de Yazid Ibn Mu'âwîyah.*
 
*Quant aux corps, les vigiles de 'Obeidullah les attachèrent avec des cordes et les traînèrent dans les ruelles de Kûfa pour terroriser les gens et servir d'exemple.*

Caravane d'Imam Hussein Vers Karbalâ*

*Avant le retournement de la situation à Kûfa, et alors que l'enthousiasme et l'ardeur populaires des Kufites pour la cause d'al-Hussayn et sa venue dans cette ville, étaient à leur zénith, Muslim Ibn 'Aqil avait écrit à son cousin pour confirmer la volonté réelle de la population de défendre sa Révolution et de la soutenir.*
 
*Al-Hussayn n'attendait que cette lettre pour quitter la Mecque et entrer dans la phase active da sa Révolution.* *Aussi, dès qu'il reçut le message de Muslim, il rassembla ses femmes et enfants, ses neveux et nièces, ainsi que ses cousins, et s'apprêta à quitter la ville en direction de Kûfa.*
 
*Mais ses amis, ses partisans et ses proches tentèrent là encore de le dissuader d'entreprendre ce voyage en arguant des différents inconvénients que représentait une entreprise aussi incertaine. Mais al-Hussayn resta inébranlable.*
 
*Pourtant, ceux - comme 'Omar Ibn 'Abdul Rahmân Ibn Harith Ibn Huchâm, Muhammad Ibn al-Hanafiya (le frère d'al-Hussayn), 'Abdullah Ibn 'Abbas (son cousin) et 'Abdullah Ibn Ja'far al-Tayyâr -* *qui lui conseillaient avec tant d'insistance d'abandonner ce projet plein d'embûches, n'étaient pas n'importe qui; ils savaient ce qu'ils avançaient et connaissaient bien la gravité de la situation d'al-Hussayn.*
 
*Leurs craintes n'étaient pas passionnelles, mais bien réelles et bien fondées. Et mieux, al-Hussayn le savait très bien lui aussi.*
 
*C'est pourquoi lorsqu'il refusait de répondre positivement à leurs conseils, il n'essayait guère de récuser leurs arguments, et encore moins de les contredire.* *Seulement, il leur opposait une vision différente de la situation et de la mission qu'il devait accomplir.*
 
*En fait, mis à part leur crainte sentimentale compréhensible pour sa vie, ses proches amis appréhendaient deux dangers objectifs concernant l'avenir de sa cause qui était également la leur:*
 
*1- Ils avaient peur que la Umma perde la direction missionnaire - par la perte d'al-Hussayn - et que cela crée un vide doctrinal qui permettrait au pouvoir de Yazid de mener à sa guise le destin des Musulmans et l'avenir du Message.*
*Cette appréhension transparaît dans les propos que 'Abdullah Ibn Muti' adressa à al-Hussayn, en guise de mise en garde, lorsque ce dernier était venu lui faire ses adieux avant son départ:*

*«S'ils te tuaient, ils ne craindraient plus personne après toi. Et, par Dieu, l'immunité de l'Islam serait violée».(105)*

*2- Evaluant la victoire en termes de prise de pouvoir et de triomphe militaire, ils craignaient que l'entreprise d'al-Hussayn ne puisse pas assurer dans les circonstances actuelles une telle victoire.*
 
*En revanche al-Hussayn ne considérait pas les choses en politicien ni en un simple homme politique avisé,*
 
*mais en missionnaire ayant vécu dans le giron du* *Messager de Dieu et de l'Imam 'Ali, élevé dans une atmosphère de révélation et de prédiction, et investi d'une mission divine en tant qu'héritier du Prophète, continuateur de son action, et gardien du Message qu'il avait apporté.*
 
*Il se préoccupait moins de l'issue immédiate de sa Révolution que de l'avenir d'un Message qui devrait s'étendre au restant de la vie de l'humanité.*
 
*Ainsi, alors que les proches et les partisans d'al-Hussayn pensaient que sa présence constituait dans les circonstances actuelles une nécessité historique,* *al-Hussayn, lui, pensait que c'étaient le sacrifice de sa vie et son martyre qui s'imposaient et qui marquerait bénéfiquement tout l'avenir de la Umma.*
 
*Alors qu'ils pensaient que l'incapacité d'al-Hussayn de balayer actuellement le régime omayyade par la force armée, devait l'inciter à reculer et à renoncer à la confrontation,*
 
*al-Hussayn, lui estimait que faute de force armée et de solution militaire, il devait offrir son sang et sa vie, dont les échos traverseraient les horizons de l'histoire et susciteraient pour toujours l'esprit de martyre qui ébranlerait les trônes de tous les tyrans à venir et dont il voyait l'incarnation actuelle dans le régime omayyade.*
 
*En un mot, alors que les interlocuteurs et amis d'al-Hussayn ne voyaient la victoire qu'en termes de: conquête militaire, al-Hussayn, lui, considérait que la seule victoire valable consistait à ce moment-là à défendre à tout prix la vérité et à réorienter la marche de la Umma vers la voie que le Prophète lui avait tracée.*
 
*On comprend dès lors pourquoi les raisonnements tenus par les interlocuteurs d'al-Hussayn qui lui demandaient de renoncer à sa marche vers Kûfa, et les réponses qu'il leur donnait paraissaient se situer sur deux ondes tout à fait différentes, et traduisaient en fait, la différence profonde des soucis et des préoccupations respectives des deux parties.*
 
*Ainsi lorsque 'Abdullah Ibn Ja'far al-Tayyâr obtint de 'Amr Ibn Sa'ïd Ibn al-'Âç, représentant de Yazid à la Mecque la promesse de ne pas inquiéter al-Hussayn s'il restait dans cette ville, et qu'il parla de cette promesse à l'intéressé, celui-ci (al-Hussayn), lui dit:*
*«J'ai fait un rêve dans lequel j'ai vu le Messager de Dieu, et reçu de lui l'ordre de faire quelque chose que je vais exécuter jusqu au bout».*
 
*Lorsque son interlocuteur lui demanda quelle était la teneur de ce rêve, il répondit:*
*«Je n'en ai parlé à personne, et je n'en parlerais pas jusqu'à ce que je rencontre mon Seigneur».(106)*
 
*Il est clair qu'al-Hussayn loin de se soucier d'avoir la vie sauve, était conscient du sort qui l'attendait, et se préparait à affronter courageusement le destin que son grand-père et son père lui avaient prédit.*
*Et lorsque 'Abdullah Ibn al-Zubayr le conjura de ne pas quitter la Mecque pour Kûfa, il lui répondit:*
 
*«Mon père m'a dit qu'elle (la Mecque) aura un bouc(107)*
*par lequel on violera son immunité (de cette ville). Or, je ne voudrais pas être ce bouc».* *(108)* 
*Et d'ajouter:*
*«Par Dieu j'aimerais mieux être assassiné à un empan de la Mecque qu'à l'intérieur (de cette cité); et à deux empans d'elle, qu'à un empan(109). Par Dieu, même si j'étais dans le nid de l'une de ces chouettes, ils(110) m'en sortiraient pour obtenir de moi ce qu'ils veulent».* *(111)*

*Al-Hussayn quitta la Mecque, le 8 Thil Hijja de l'an 60 hégirien et prit le chemin de Kûfa.*
 
*Le gouverneur de Hejâz, 'Omar Ibn Sa'ïd Ibn al-'Âç, ayant appris la nouvelle de son départ, envoya quelques hommes à sa poursuite pour lui couper la route. Une échauffourée eut lieu entre les deux parties, et les hommes de 'Omar Ibn Sa'ïd furent contraints de rebrousser chemin.*
*Alors qu'il poursuivait sa route, al-Hussayn rencontra le célèbre poète arabe* *(al-Farazdaq) et lui demanda de lui donner une idée de la situation en Irak lors de son départ. Le poète répondit:*
 
*«Les gens y sont avec toi de coeur, mais leurs épées sont plutôt du côté des Omayyades.* *Après tout, le destin se décide au Ciel, et Dieu fait ce qu'IL veut».*
*Al-Hussayn acquiesça:*
 
*«Tu as raison. Le destin est entre les mains de Dieu, et IL fait ce qu'IL veut. Chaque jour notre Seigneur prend la Décision qu'IL juge bonne.* *Si cette Décision coïncide avec ce que nous aimons, nous remercions Dieu pour Ses bienfaits. C'est Lui qui est notre Soutien. Et si la Décision ne coïncidait pas avec notre souhait, nous n'aurions pas commis une transgression, tant que notre intention est de servir la vérité, et que la crame révérencielle nous habite».(112)*
*Cet avertissement n'a pas découragé al-Hussayn de continuer son avance en direction de Kûfa. Au fur et à mesure qu'il progressait, son cortège grossissait, et à chaque point d'eau où il s'arrêtait, il voyait des bédouins venir se joindre à lui.*
*Lorsque 'Obeidullah Ibn Ziyâd, le gouverneur de Kûfa fut mis au courant de la marche d'al-Hussayn sur sa ville, il mobilisa ses hommes et établit un plan en vue d'arrêter ou d'entraver cette marche qui, si elle arrivait à destination, pourrait menacer tout le pouvoir omayyade. Il confia l'exécution de son plan au directeur de sa police, Huçine Ibn Namir al-Temimi.* *Celui-ci rassembla ses hommes et choisit pour quartier général une position stratégique située sur l'itinéraire qu'al-Hussayn suivrait pour venir à Kûfa. Cette position dont il fit son quartier général s'appelait al-Qadisiyya.*
*Il établit une ligne militaire entre Qadisiyya et Khaffan, et une autre entre Qadisiyya et Qatqatâna, et étendit la présence de ses forces jusqu'à la montagne de La'la'.*
*Al-Hussayn s'approchait de plus en plus de son objectif.* *Lorsqu'il arriva à un endroit qui s'appelait al-Hâjir, il écrivit une lettre à l'intention des Kufites, leur annonçant son arrivée imminente et exaltant leur ardeur révolutionnaire.*
*Il confia ce message à un compagnon, Qaïs Ibn Mes-her al-Çaydâwi, lequel se hâta en direction de Kûfa. Mais sa mission ne put être accomplie, car il fut arrêté par les forces de Huçine, disséminées aux environs de Qadisiyya, et conduit à 'Obeidullah Ibn Ziyâd, lequel lui demanda de monter à la tribune et d'injurier al-Hussayn.*
*Fidèle inébranlable d'al-Hussayn, il monta sur la tribune, et au lieu de proférer des injures à l'encontre de ce dernier, il appela les gens à le soutenir, et attaqua courageusement et violemment 'Obeidullah Ibn Ziyâd. Celui-ci ne put supporter ce camouflet et ordonna qu'on le jette du haut du Palais jusqu'à ce que la mort s'en suive.*
*Alors que la situation de ses partisans* *(d'al-Hussayn) continuait à se dégrader à Kûfa après l'assassinat de Muslim Ibn 'Aqil, de Hani Ibn 'Urwah et du dernier messager qu'il venait d'envoyer, al-Hussayn n'en sut rien. Aussi dépêcha-t-il un nouveau messager, 'Abdullah Ibn Yaqter(113)*

 

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