L’Épopée de Mu'ta
Bien avant le départ de l'expédition musulmane, les nouvelles parvinrent aux byzantins qui prirent l'affaire trop au sérieux et décidèrent de porter un coup mortel à la force militaire musulmane, vraisemblablement surestimée. Très rapidement une armée impériale de 200 000 soldats professionnels fut mobilisée. Théodore, le frère de l'empereur Héraclite, commanda lui-même cette armée et se dirigea à la rencontre des troupes musulmanes.
Arrivées sur les lieux, les musulmans furent surpris par la grande mobilisation des byzantins et comprirent qu'il ne s'agissait plus d'une expédition punitive limitée mais d'un choix entre le martyre certain et retraite , plus réaliste mais sans aucun honneur.
L'existence du trio : Zayd, Ja'far et Abdullah à la tête de l'expédition transforma cet évènement en une grande épopée, unique dans les annales de l'histoire. en effet, bien que la retraite semblât être les choix le plus raisonnable, les commandants musulmans choisirent le raccourci le plus court vers le Paradis! Ils décidèrent donc de combattre cette armée cent fois plus nombreuse sans toutefois manquer de croire à leur chance que le terrain: il s'agissait d'infliger à l'ennemi le plus de pertes possibles.Et pour cela ils choisirent un terrain de combat qui convenait bien à leur petit nombre. c'était un lieu appelé mota, situé vers le sud-est de la mer morte ( en Jordanie actuelle)
Les deux armées étaient tres motivées : l'une enchanté par sa supériorité numérique écrasante et l'autre sublimée par une impatience d'en finir avec une vie qui ne faisait qu'ajourner la rencontre des biens-aimées au Paradis.
Sans minimiser l'impatience d'aucun autre héros de cette épopée éternelle il est légitime de croire que Ja'far espérait depuis le début ne pas revenir vivant de cette expédition et il avait plusieurs fois raisons pour être,parmi tous les participants à l'expédition, le plus motivé pour le martyre. En effet , le long de son séjour en Abyssinie, il avait du porter le deuil des plus cher : a commencer par abou Taleb(que Dieu soit satisfait de Lui) , le premier protecteur du Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) et passant par son oncle Hamza, son défenseur le plus courageux et le plus brave.
Le déroulement de la bataille peut confirmer ce que nous venons d'avancer . Zayd lança l'ordre de l'attaque et la petite armée musulmane plongea dans la mer de fer et d'acier.La couleur rouge des tuniques byzantines offrit à la bataille l'aspect d'une mer de sang engloutissant des petits voiliers qui , rassemblés par une détresse collective, essayaient de se coller les uns aux autres comme pour empêcher leur naufrage inéluctable.
La bravoure de Zayd enflamma l'ensemble des combattants musulmans. Et il était clair pour tous que leur commandant ne voulait aucunement sortir viavant de la bataille puisqu'il s'était jeté, l'étendard à la main,en plein coeur de l'armée ennemie. L'attitude suicidaire de Zayd entraina aussitôt un explosion éclatante d'un héroïsme de Ja'far qui se précipita derrière Zayd pour empêcher la chute de l'étendard de l'Islam qui fléchit un instant par l'effondrement de son porteur, déchiré par les dizaines de lances byzantines auxquelles il ne pouvait opposer que son corps.
Dans toute cette épopée, l'épisode signé par Ja'far se distingua par quelques nuances d'hyper héroïsme dont on ne peut retrouver l'équivalent que dans les mythologies et chez les produits des imaginations fertiles de leurs auteurs.
Ja'far prit l'étendard par une main , brandit son épée d'une autre et commença à défier les soldats ennemis qui , bien que pris de panique, étaient repoussés en avant par des flots des dizaines de milliers d'autre derrière eux. Ainsi sous la pression de lignes arrières, les soldats de la ligne frontale byzantine commencèrent à renfermer le cercle autour de Ja'far et quelques uns de ses braves compagnons .
Ja'far sauta de son cheval sur terre pour combattre à pied, et commença à improviser quelques vers de poésie qui retentirent partout dans le champ de bataille et galvanisèrent les troupes musulmanes qui ne virent alors plus rien-devant elles que la voie du Paradis:
"... Plût à Dieu le Paradis;
Dans l'Immédiat;
Quel délice infini;
Doux et froid;
et voila ces byzantins;
leur supplice est certain;
Incrédules et mécréants;
Du et doive leur rencontre ;
Les maudire et les combattre..."
Cette bravoure inouïe de Ja'far ne pu se poursuivre très longtemps sous cette forme lyrique; l'image sobre et irréductible du chevalier de Bani Hachim reprit surface pour occulter celle du poète hardi. Mais tout cela va s'estomper aussitôt devant la scène sublime du dévouement du commandant musulman qui , démembré de sa man droite, sait ferment l'étendard par sa main gauche pour que ses fidèles ne vissent pas un instant le symbole de leur résistance fléchir et l'image de leur dignité flétrir.
L'ennemi comprit alors l'importance de l'étendard. D'innombrables sabres convergèrent vers la prise de Ja'far et lui coupèrent la main gauche. Mais ce chevalier paradisiaque ne désespéra pourtant pas et il embrassa l'étendard de toutes ses forces par ses bras sanglants jusqu'à ce que le coup de grâce lbérat définitivement son âme pur de son corps déchiqueté et lui permit d'aller retrouver les siens au Paradis. Son Martyre fut le 10ème de Jamada-II (8 AH)
L'étendard de l'Islam se vit redressé par Abdullah , le 3ème commandant qui en tarda pas à retrouver les siens, au Paradis, là où il espérait.
Deuil À Médine
Bien avant l'arrivée de Khalid et ses troupes à Médine , la nouvelle de l'épopée de Mota était déjà parvenue au Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille). En fait, l'importance de la bataille et le rang exceptionnel de ces martyrs firent d'elle le sujet d'un message spécial apporté par l'Ange Gabriel de la part du Seigneur des mondes.
La bravoure et le dévouement exceptionnel de Ja'far récompensés d'une manière tout aussi exceptionnelle: Il fut révélé au Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) que Dieu , à Lui purté, avait compensé à Ja'far le sacrifice de ses deux mains, par deux ailes à l'aide des quelles il pourrait voler dans le Paradis, tout comme un ange! Depuis lors, Ja'far fut surnommé " L'homme aux deux ailes" ou encore "Tayyâr" (l'homme volant )
Dès la réception de la nouvelle, notre maître Muhammad (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) alla à la mosquée de Médine ou il annonça le martyre des vaillants commandants de l'expédition et décrivit le déroulement de la bataille devant une assistance doublement attristée : Par la perte de ces grandes personnalités et pour avoir raté une telle occasion de sublimation!
Ensuite , Le Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) se précipita vers la maison de Ja'far pour devancer la nouvelle de martyre de son cousin.
L'attitude du Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) envers les enfants de Ja'far et ses larmes qu'il ne put contenir, annoncèrent la triste nouvelle pour Asmâ' qui demanda aussitôt au Messager de Dieu si son mari fut bien tué à la bataille ! Le Prophète (Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille) lui révéla l'histoire du martyre de Ja'far et la récompense exceptionnelle auquel il eut droit. Et il partit aussitôt chez sa fille Fatima (Que la Paix de Dieu soit sur elle) pour lui recommander d'aller soutenir la famille de Ja'far .
Les troupes musulmanes ne tardèrent pas à rejoindre Médine; et les combattants n'en eurent jamais assez de raconter toutes les épisodes de l'épopée de Mota et de faire l'éloge de leur commandant martyrs et particulièrement de celui dont le surnom reste toujours gravé dans les mémoires des vertueux: "Ja'far aux deux ales " Plutôt pourrait on le surnommer " le paradisiaque aux deux ailes"